Chapitre 28
PDV de Jin
Lorsque je me réveille ce matin, je me dis que les choses semblent enfin s'arranger. Ae-Sook devrait maintenant être sortie de l'hôpital d'après les nouvelles que J-Hope a donné et le message que j'ai reçu cette nuit me met tout de suite de bonne humeur. Après un court appel téléphonique pour confirmer la nouvelle, j'ai la certitude de pouvoir en informer Jee-Hee. Je m'empresse de la rejoindre dans le salon, tout sourire et remarque sa petite mine qui ne s'est pas améliorée depuis que nous sommes arrivés.
- Jee-Hee ! m'exclamais-je un peu trop enthousiaste.
- Oui ? se retourne-t-elle face à moi.
- J'ai eu l'agence au téléphone, annonçais-je. Ils ont enfin publié un article officiel sur la rumeur qui nous concerne. Et pour l'instant, ça porte ses fruits. L'information est relayée partout.
- C'est vrai ? demande-t-elle en écarquillant les yeux.
- Oui. Notre équipe juridique s'occupe des articles qui essaient de nous contredire donc ne t'en fais pas trop. L'opinion publique a plutôt l'air d'être de notre côté. Cette histoire devrait enfin se calmer.
- Je peux aller lire l'article ? s'empresse-t-elle de demander.
- Oui, vas-y, rétorquais-je soulagé par la tournure des évènements tandis qu'elle se dirige précipitemment vers sa chambre.
Lorsque je me retrouve tout seul dans le salon, mes pensées divaguent et je repense à Hae-Won qui est actuellement avec J-Hope. Ces deux-là n'ont pas quitté l'hôpital depuis qu'Ae-Sook y a été affecté. Je me demande s'ils rentreront aujourd'hui, maintenant qu'Ae-Sook peut rentrer chez elle.
J'aimerai que tout ça s'arrange vite. Ce n'est pas bon du tout pour le moral de J-Hope et je ne sais pas s'il pourra aussi bien performer que d'habitude. Je ne sais pas non plus si j'arriverai à me concentrer entièrement et à mettre de côté ma situation avec Hae-Won même si je sais que je le dois. Je dois savoir faire la part des choses.
PDV de Jee-Hee
Les mains légèrement tremblantes et la respiration sacadée, je décide enfin de rallumer mon téléphone après tout ce temps. Je ferme les yeux pour ne pas apercevoir directement le nombre de notifications malveillantes que j'ai reçu et prends le temps de respirer pour me donner le courage de rouvrir les yeux et d'y faire face.
Alors que j'ai les yeux toujours fermés, mon téléphone s'envole soudainement de mes mains ce qui me fait les rouvrir instantanément. Le visage de Jimin apparaît devant moi et l'air sérieux qu'il arbore m'empêche de hausser la voix contre lui.
- Qu'est-ce que tu fais ? demandais-je simplement en fronçant les sourcils.
- Je vais le faire pour toi. Tu n'as pas besoin de voir toutes ces idioties.
Ses doigts s'agitent rapidement sur mon téléphone et je peux voir du coin de l'oeil qu'il supprime tous les messages et menaces que j'ai pu recevoir jusqu'à maintenant. Véritablement soulagée qu'il le fasse à ma place, un mince sourire se dessine sur mon visage.
- C'est du harcèlement Jee-Hee. C'est puni par la loi. Tu n'as pas à te laisser marcher dessus par ce genre de messages.
Mon sourire disparaît aussitôt même si au fond de moi, je sais qu'il a parfaitement raison. Néanmoins avoir le monde entier contre soi n'est pas facile à gérer, surtout quand on a rien fait. Je comprends un peu mieux ce que peut ressentir Ae-Sook maintenant. Et ça ne peut plus durer. Ça a déjà beaucoup trop duré. Je m'affaisse sur mon lit et décide de rentrer dans le vif du sujet tandis que Jimin prend place à côté de moi.
- Je me demande comment va s'en sortir Ae-Sook. Vous êtes tous là pour me soutenir et grâce à vous j'arrive à tenir le coup tant bien que mal mais Ae-Sook elle, elle se sent terriblement seule. Et elle ne se fait pas harceler qu'à distance contrairement à moi.
- Ae-Sook n'est pas seule, conclut-il après avoir réfléchit un moment. C'est ce qu'elle s'obstine à croire, dit-il en me regardant tristement. Je suis sûr qu'elle va bientôt le comprendre. Et puis, tu es là pour elle aussi non ? Ton aide est précieuse pour elle. Bien plus que tu ne le penses.
J'acquiese en silence et me remémore l'évolution d'Ae-Sook à mes côtés. C'est vrai qu'elle n'a plus rien à voir avec celle que j'ai connue les premiers jours, entièrement renfermée sur elle-même. Et je suis plutôt fière de voir qu'elle ne se laisse plus aussi facilement marcher dessus qu'avant.
- Combien de temps penses-tu que ça va encore durer ? ajoutais-je curieuse de connaître son point de vue. Elle ne sera jamais vraiment heureuse si elle se fait harceler continuellement même après vous avoir rencontré.
- Il faut qu'elle tienne tête à ceux qui la font souffrir, rétorque-t-il. C'est comme ça qu'elle s'en sortira. Elle doit en finir là où ça a commencé.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Qu'elle doit affronter ceux qui l'ont harcelé en premier ? demandais-je perplexe.
- Exactement. Si elle trouve le courage d'affronter ceux qui ont débuté ce calvaire, elle n'aura plus peur d'affronter les autres. Et il n'y aura plus d'autres, déclare-t-il persuadé par ses propos.
- Tu as peut-être raison, acquiescé-je devant ses hypothèses qui n'avaient finalement pas l'air si idiotes que ça.
- Tu sais qui sont ceux qui ont commencé à la harceler ? me demande-t-il l'air sérieux. Et depuis quand ça dure ?
- Non, je ne sais pas, avouais-je.
- Tu devrais lui demander. Plus on en saura, plus on pourra lui venir en aide.
- Je le lui demanderai.
-Je suis convaincu qu'elle s'en sortira, proclame-t-il. Et que tu y seras pour quelque chose, ajoute-t-il avec un clin d'oeil à mon intention.
Espérant que ses paroles se réalisent, j'esquisse un sourire qu'il me rend aussitôt et l'énorme poids que je ressentais ces derniers jours semblent enfin diminuer.
PDV d'Hae-Won
Lorsque j'entrouvre la porte de la chambre d'Ae-Sook, celle-ci semble surprise par ma présence. J'hésite un instant et finis par prendre mon courage à deux mains avant d'entrer et de refermer la porte derrière moi.
- Je te dérange ? demandais-je hésitante.
Elle se contente de me fixer sans me donner de réponse et je remarque qu'elle tient dans sa main la lettre que je lui ai écrite. Visiblement, oui je dérange. La nervosité me gagne de plus en plus et je me râcle la gorge comme pour l'inciter à me répondre. Elle détourne le regard et se décide enfin à parler après quelques instants.
- Qu'est-ce que tu veux ? me questionne-t-elle sèchement. J'étais occupée, ajoute-t-elle d'un ton un peu plus doux.
- Tu veux que je te laisse ? me dégonflais-je.
- Non. Parle maintenant que tu es là, déclare-t-elle le souffle court.
Ne sachant sur quel pied danser avec elle, je décide de la jouer décontractée en espérant qu'elle se décrispe un peu comme ça.
- Je voulais juste qu'on discute un peu toutes les deux. Ta chambre est jolie, complimentais-je en la parcourant des yeux pour combler le silence.
- Tu y es déjà rentrée non ? Pour déposer ça, lâche-t-elle placidement en me montrant la lettre qu'elle tient dans sa main.
- Oui, affirmais-je légèrement tendue.
- Tu pensais que tout rentrerait dans l'ordre avec quelques mots écrits sur du papier ? explose-t-elle finalement après quelques minutes d'hésitation. Tu pensais qu'en me réveillant, je vous sauterai dans les bras ? Que je serai heureuse de m'être réveillée ? Que je vous en serai reconnaissante de vous être fait du souci pour moi alors que vous n'avez jamais été présents ? crie-t-elle presque. Non, je ne suis pas du tout heureuse, affirme-t-elle sans l'ombre d'un doute. Absolument pas. Et c'est à cause de vous, crache-t-elle plein d'amertume en me regardant droit dans les yeux.
Les larmes me montent rapidement aux yeux face à ses paroles et je me rends compte qu'elle ne nous pardonnera peut-être jamais d'avoir caché ce secret aussi longtemps. Cette simple pensée me terrifie. Je n'ai pas le temps de réfléchir à ses propos et la vois se lever de son lit les poings serrés avant de déchirer la lettre que je lui ai écrite sans ménagement.
Mon regard abattu se mèle une nouvelle fois au sien et la rage que je peux y lire m'effraie à tel point que je m'abstiens de tout commentaire. Elle finit par me laisser en plan dans sa chambre et se dirige vers le couloir. Je décide de la suivre le coeur battant, sans prendre la peine d'essuyer les larmes qui se mettent à couler sur mon visage.
Une fois dans le salon, je l'aperçois debout à quelques mètres de J-Hope qui lui est assis près de So-Youn. Il relève la tête vers Ae-Sook lorsqu'il l'aperçoit et comme lui, je m'inquiète de l'affront qui s'apprête à avoir lieu.
Fin du chapitre 28
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