PDV d'Ae-Sook 

Après m'avoir gardé deux jours en observation à l'hôpital, les médecins m'autorisent enfin à quitter les lieux. Je m'empresse de ranger les affaires que So-Youn m'avait apporté, impatiente de rentrer chez moi. J'ai l'impression d'être restée ici très longtemps. À l'hôpital, le temps ne passe pas aussi vite qu'en dehors. 

Ne plus avoir de bandage à la main ni de perfusion est agréable, je peux bouger ma main comme je le souhaite. Leurs injections m'ont remise sur pied plus vite que je ne l'aurais cru. Ce repos m'a visiblement été bénéfique. Un faible sourire aux lèvres, je ferme mon sac lorsque j'y ai mis tout ce qu'il fallait et attrape mon téléphone pour regarder l'heure. 

So-Youn ne devrait plus tarder. Alors que je m'apprêtais à descendre à la cafétéria pour l'attendre, des toquements sur ma porte me font relever la tête de mon téléphone et la surprise se lit sur mon visage lorsque je vois celui qui se tient devant moi. 

- Min-Ho ? m'exclamais-je. 

- On m'a dit que tu sortais aujourd'hui. Je venais t'apporter ça, dit-il tout sourire en me tendant un bouquet de fleurs que j'accepte volontiers. 

- Merci beaucoup, il ne fallait pas ! 

- Ce n'est pas grand chose, rétorque-t-il. 

- Pour moi si, déclarais-je sincèrement touchée par son geste. 

- J'ai failli te rater à ce que je vois, annonce-t-il en posant son regard sur mes bagages bouclés près de la porte.  

- Tu es arrivé au bon moment ! le contredis-je. On descend à la cafèt ? proposais-je égayée par sa présence. 

- Je te suis, accepte-t-il. 

On reste silencieux jusqu'à la cafétéria et après avoir passé commande, nous nous asseyons sur une table de deux collée à la fenêtre. Ça me fait du bien de voir ce qu'il se passe dehors. Quand on est à l'hôpital, c'est un peu comme-ci on était isolé du monde extérieur. Même si je suis plutôt casanière, j'aime beaucoup observer les paysages et être restée cloîtrée dans mon lit tout mon séjour ici ne m'a pas permis de voir quoi que ce soit. 

- Alors, que t'ont dit les médecins ? me demande-t-il en me coupant dans mes rêveries.

- Je vais bien. Il me faut juste du repos. J'étais affaiblie ces derniers jours. 

Je vois dans ses yeux qu'il est rassuré et qu'il se soit déplacé pour demander de mes nouvelles me touche. Après tout, nous ne sommes pas réellement amis même si nous ne sommes pas des inconnus non plus.

 - J'étais là le soir où tu t'es évanouie. À l'hôpital, je veux dire. Ta tante m'a dit que tu ne voulais parler à personne alors je suis rentré chez moi, même si j'étais très inquiet à ce moment. Elle m'a envoyé un message hier soir pour me dire que tu sortais aujourd'hui. Je lui avais demandé de me prévenir, ajoute-t-il en voyant l'expression perplexe de mon visage. 

- Tu étais chez moi lorsque je me suis évanouie, je me trompe ? répondis-je.

- Oui. Je venais te rendre un cahier que tu avais oublié en cours. 

- Tu es au courant alors... Des révélations à propos de ma famille, ajoutais-je fébrile. 

- Oui. Je n'ai pas cru ce monsieur lorsqu'il a dit qu'il était ton frère. 

- Ce monsieur ? répétais-je surprise par l'appellation qu'il lui donne. 

- Oui, cet inconnu sorti de nul part. Je ne l'avais jamais vu avant. Et tu m'avais toujours dit que tu étais fille unique. 

Soulagée qu'il n'est pas reconnu une telle célébrité, j'esquisse un sourire car je ne voulais pas le supplier de garder un tel secret. 

- Ce n'est pas un inconnu, répliquais-je bien que sceptique de ne pas avoir su qu'il était mon propre frère. 

- Donc c'est vrai ? C'est vraiment ton frère ? me questionne-t-il les sourcils froncés. 

- Oui c'est vrai. Ça te pose un problème ? ajoutais-je face à son expression fermée. 

- Non. Je pensais qu'il mentait c'est tout. 

Moi aussi je pensais la même chose. Mais je m'abstiens de faire cette réflexion à haute voix et prend une gorgée de mon café qui n'est plus aussi brûlant que tout à l'heure. Mon regard se pose sur les passants en dehors de l'hôpital et je reconnais So-Youn au loin qui marche à grands pas, l'air pressée comme toujours. 

Je m'empresse de boire mon café avant qu'elle n'arrive et préviens Min-Ho de sa présence qui m'imite aussitôt et termine son café avant moi. Lorsqu'elle nous rejoint, nous remontons dans ma chambre afin de prendre mes affaires et pendant qu'elle discute une dernière fois avec les médecins, j'en profite pour remercier une nouvelle fois Min-Ho pour son cadeau et lui dire au revoir. 

- Tu comptes retourner en cours bientôt ? m'interroge-t-il. 

- Je ne sais pas encore, avouais-je.

- J'espère te revoir bientôt, confie-t-il en me regardant dans les yeux.

Je souris timidement et acquièsce. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi sereine en présence de quelqu'un, mes interactions avec les autres étant très limitées. Je repense soudainement à Jee-Hee dont je n'ai pas eu de nouvelles depuis un moment et mon coeur se serre.  

Ma tante revient vers moi à ce moment là et m'annonce qu'on peut y aller. Nous quittons l'hôpital et une fois devant, je fais signe de la main à Min-Ho qui s'éloigne en prenant la direction opposée de la nôtre. Me retrouvant seule avec So-Youn, nous regagnons la voiture et à ma grande surprise deux personnes nous attendent à l'intérieur. 

En reconnaissant mes soi-disant frère et soeurs, mes mains deviennent subitement moîtes et une boule se forme dans ma gorge. Maintenant que je suis sortie de l'hôpital, je ne peux plus me cacher sous l'excuse de la fatigue et du repos. Je vais bien devoir les confronter un jour ou l'autre.

J'ouvre la portière à l'avant et m'installe sans rien dire pendant que So-Youn range mes affaires dans le coffre. À ma grande surprise, J-Hope et Hae-Won qui sont installés à l'arrière gardent aussi le silence et lorsque So-Youn démarre le moteur et prend la route en direction de chez moi, je me dis que le trajet ne sera peut-être pas aussi horrible que ça. 

Je me détends alors un peu et augmente même le volume de l'enceinte radio. Lorsque J-Hope se met à chanter les paroles de la chanson qui passe, des frissons me parcourent tout le corps et le souffle coupé, je me concentre sur le moindre son qu'il prononce, la musique nous unissant à cet instant plus que jamais. 

Fin du chapitre 26