Je pose ma tête sur l'épaule de Samy, en souriant. Il s'est endormi il y a déjà un bon moment, et il ronfle assez fort. En plus, il a un petit filet de bave qui coule au coin de sa lèvre. Je trouve ça drôle.

Hier soir, quand ma mère est rentrée, elle a été ravie de rencontrer Samy. Ils ont parlés ensemble toute la soirée, et je suis content qu'ils s'entendent bien. Par contre, vu qu'on a fini de manger vers minuit, ma mère a insisté pour qu'il reste à la maison. Elle ne voulait pas qu'il rentre seul chez lui.

Et heureusement qu'elle l'a laissé dormir ici, parce que comme ça, j'ai tout mon temps pour profiter de lui. Enfin, il passe son temps à dormir, mais bon...

Je sors mon téléphone de ma poche, et prends un selfie avec mon copain endormi. Je souris en regardant la photo, et sursaute en sentant mon téléphone vibrer dans ma main. Ça y est, il m'appelle encore. Décidément ! Je crois qu'il ne me lâchera jamais...

Je raccroche directement, et décide de lui envoyer un message. Il faut que je lui fasse comprendre que je ne veux plus qu'il m'appelle. Je ne veux plus entendre parler de lui. Cet homme n'apporte que du malheur.

- Vas te faire foutre, et arrête de m'appeler.

L'ex de ma mère me répond presque aussitôt.

- Donne moi juste ton adresse... J'ai envie de te revoir, pour qu'on rejoue ensemble... Rappelle toi de tout ce qu'on se faisait...

Je lui envoie un doigt d'honneur, et jette immédiatement mon téléphone sur mon lit quand je reçois une photo de nous deux... Nus. Une photo qu'il m'avait obligé à prendre.

Je ferme les yeux et secoue vivement la tête de gauche à droite, en essayant d'effacer tout ce qui s'est passé. D'effacer tous ces souvenirs qui reviennent. Je ne veux plus y penser. Je ne peux plus.

- A... Ama ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Je sursaute en entendant la voix de Samy, et je verrouille immédiatement mon téléphone. Hors de question que Samy ne voit ma discussion avec Tony.

- Rien, t'inquiète, tout va bien.

- Tu mens. T'as les yeux mouillés. Ça se voit que t'es à deux doigts de pleurer.

- Je... Je ne veux pas en parler.

Samy soupire, mais il n'insiste pas. Il me frotte doucement le dos, et me prend le téléphone des mains. Il le pose sur ma table de chevet, puis s'étire en baillant.

- Il est quelle heure ?

- Dix heures, je crois.

Il se fait craquer les articulations des doigts, puis se lève de mon lit.

- Faut que j'aille pisser.

Il sort de ma chambre, et je l'entends aller jusqu'aux toilettes. Je ferme les yeux, et prends une profonde inspiration. J'essaye de calmer les battements de mon cœur. Quand Samy revient dans la pièce, je fais comme si de rien n'était.

- Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse aujourd'hui ?

- J'en sais rien... Je pense que je ne vais pas rentrer trop tard, parce que j'ai des devoirs à faire.

- Ah, d'accord...

Il me sourit, et saute sur le lit pour atterrir à côté de moi. Il me regarde dans les yeux, puis me tire par les pieds pour venir se coucher au dessus de moi. Il s'aplatit de tout son poids, et j'ai du mal à le repousser. C'est qu'il est beaucoup plus lourd que moi.

- Sam... T'es lourd...

- Attends, tu viens de me donner un surnom ?

- Euh, oui...

Il tourne la tête vers moi et me regarde en souriant, puis me fait un bisou d'esquimaux. Je le laisse faire, les joues un peu rouge, mais il a l'air vraiment content.

- Je suis content. C'est la première fois qu'on m'appelle autrement que par mon nom.

- Vraiment ?

- Bah, pour beaucoup de personnes, "Samy" c'est déjà un surnom.

Je l'embrasse, puis il se lève de mon lit en me tendant sa main.

- On va déjeuner ?

- Si tu veux.

Je me lève aussi, et on descend tout les deux dans la cuisine. Ma mère est déjà partie travailler, mais elle a laissé une grosse assiette de crêpes sur la table, ce qui me fait sourire.

- Tu veux une crêpe à quoi ?

- J'en veux bien une au Nutella.

Je garnis nos crêpes, qu'on avale rapidement. On mange en silence, mais Samy ne fait que me regarder, ce qui me gêne un peu. Quand il finit de manger, il pose ses coudes sur la table, et s'avance vers moi.

- Ama... Dis moi ce qu'il s'est passé ce matin. C'est à cause de moi ?

- Quoi ? Non, pas du tout... Mais je t'ai dis que je ne voulais pas en parler.

- T'es sûr que ce n'est pas de ma faute ? Tu me le dirais, hein ?

- Oui, promis.

Je me lève et m'approche de lui, pour le prendre dans mes bras. Il est mignon, à s'inquiéter pour moi. Je le serre contre moi, et il cale sa tête dans mon cou en souriant.