"J-je crois que je t'aime..."

Je l'observais à l'autre bout du couloir jeter négligemment son sac sur son épaule et s'avancer silencieusement dans ma direction pour rejoindre la cour comme la majorité des élèves encore présents après la sonnerie stridente annonçant la pause en cette fraiche matinée du 14 février. Son air blasé me faisait hésiter mais je ne pouvais me dérober, c'était aujourd'hui. Aujourd'hui que moi, Eren Jäger, simple élève de deuxième année à l'université allait déclaré sa flamme au très énigmatique Livaï Ackerman, brillant étudiant de cinquième année.
Cela faisait maintenant plus d'un an que je l'observais de loin, cet homme aux manières froides, aux expressions fleuris et à la sublime beauté froide. Oui, j'étais tombé sous le charme de ce petit homme bien mystérieux et à la réputation peu recommandable. J'étais gay et c'était pour lui que mon coeur avait craqué alors que je n'étais qu'un jeune première année qui découvrait l'université. Je me cherchais un coin tranquille et agréable pour pouvoir réviser calmement à l'extérieur et profiter du soleil. J'étais tombé en longeant les bâtiments sur un élève les yeux fermés et les écouteurs dans les oreilles, adossé au mur de pierres froides face au soleil. Il paraissait si calme et sa peau si blanche semblait briller ainsi sous les chauds rayons de lumières contrastant avec ses fins cheveux d'un noir profond. Je l'ai immédiatement trouvé d'une beauté à couper le souffle, cet air doux et innocent sur son visage s'est gravé directement dans mon coeur. Je l'ai détaillé de longues minutes avant de réussir à détourner les yeux de ce spectacle apaisant aux seuls sons de sa lente respiration. Je ne connaissais pas encore son nom et ne savais rien de sa réputation mais je voulais le connaître et, avant de tourner les talons, je n'avais pu m'empêcher de prendre en photo cet être si vulnérable sous mes yeux émerveillés. Après cela j'avais toujours laissé mon regard dériver autour de moi en espérant tomber sur mon bel endormi mais ce n'est que bien plus tard que je le recroisai cette fois parfaitement réveillé. Il était en train de se battre contre deux cinquième année qui, apparemment, l'avait bien cherché. J'avais senti mon coeur s'emballer face à ce spectacle, à deux contre un j'avais peur que mon mystérieux inconnu ne finisse gravement blessé mais alors que je ne savais quoi faire, l'homme qui hantait mes pensées avait mis ses deux adversaires à terre avec une effrayante facilité. Ce jour là j'avais appris deux choses sur cet homme : qu'il savait se battre et son identité qu'il avait craché à la figure de ses adversaires à terre. Sa voix m'avait fait vibrer et s'était gravée directement dans mon esprit comme chacune des images que j'avais eu de lui en le croisant sur le campus.
Avec ces informations il m'avait été plus aisé de me renseigner sur le noiraud. J'avais appris tout ce qu'en connaissais l'université, très peu de choses. Il vivait apparemment seul dans un petit appartement à un quart d'heure de l'établissement, il n'hésitait pas à se battre, il aimait la solitude et parlait peu, gardant toujours une mine froide et blasée. Et apparemment, il n'aimait personne, des cinq années qu'il avait déjà passé ici, on ne l'avait jamais vu avec quelqu'un autrement que pour se battre. Bien peu étaient les courageuses et courageux, à s'être déclaré à lui mais il les avait tous poliment écarté de son habituel ton froid. Ainsi de nombreuses rumeurs l'avaient encerclés et le seul réel conseil que j'avais pu recevoir le concernant était de l'éviter.
Mais je ne voulais pas l'éviter, je ne savais pas ce que je pouvais ressentir mais je crois bien que je l'aimais. Car malgré toutes ces histoires que j'avais pu entendre, je ne gardais en tête que la première rencontre que j'avais eu avec cet être. Et même si je l'avais vu se battre et blesser ses adversaires sans la moindre trace d'hésitation, ce n'était aujourd'hui que la peur du rejet qui me faisait hésiter. Je me trouvais ridicule car je ne comprenais pas vraiment les battements affolés de mon coeur alors qu'il s'approchait dangeureusement de moi. Je ne le connaissais pas alors comment avais-je pu tomber amoureux sous la simple vision de son visage rendu paisible par le sommeil et les quelconques songes qu'il pouvait faire. Je ne le savais pas, tout comme je ne savais pas vraiment ce que j'allais bien pouvoir dire ou faire.
Alors je le vis s'approcher et quand il arriva devant moi, j'étais simplement figé face à lui. Il releva la tête avec un soupir en retirant l'un de ses écouteurs.
- Reste pas comme ça au milieu du passage gamin, tu gênes, grommela-t-il en me contournant.
- H-heu... Li-Livaï, balbutiais-je pour le retenir alors qu'il se tournait vers moi les sourcils légèrements froncés.
- On se connaît, demanda-t-il en me détaillant du regard.
- N-non, pas... pas vraiment mais je... marmonnai-je en tentant d'éviter son regard.
Agacé de mes réactions, je fermai les yeux quelques instants en inspirant profondément. Puis, je bloquai résolument mes yeux dans les siens.
- Non, on ne se connaît pas Livaï m-mais... j'aimerais bien apprendre à te connaître parce que... je crois que je t'aime, dis-je en rougissant sans lâcher son regard bleu-gris que je pouvais enfin observer tout mon soûl.
- Je vois, répondit-il sans afficher la moindre expression sur son beau visage. Qu'est-ce qui peut bien te faire croire ça gamin, tu as pourtant bien dû entendre tous ces bruits de couloir sur mon compte, demanda-t-il en haussant l'un de ses fins sourcils.
- Eren, je m'appelle Eren Jäger, dis-je tout d'abord alors qu'il s'appuyait sur le mur du couloir avec nonchalance. Et oui j'ai entendu toutes les rumeurs qui circulent sur toi et sur tes... hésitai-je en me tordant les mains.
- Mes préférences sexuelles, c'est cela que tu cherches à dire, compléta Livaï en levant les yeux au ciel.
- Ouai... mais ça ne change rien, dis-je avec un léger sourire. Je crois bien que je suis tombé amoureux de toi dès la première fois que je t'ai vu alors que tu t'étais endormi au soleil au début de l'année scolaire dernière, continuai-je tandis que Livaï ne semblait pas vraiment me suivre. J'ai effectivement cherché à te connaître en tendant l'oreille à la moindre information à ton égard. Je crois avoir compris qu'il n'est pas très conseillé de sortir avec un mec comme toi pour une vraie relation... en plus un couple gay ne sera déjà sans doute pas bien perçut... mais j'en ai rien à foutre, je veux essayer quand même. Puis je ne peux pas me faire une opinion de toi juste avec quelques rumeurs et... même si j'avais voulu t'oublier, tu restes bloqué quelque part entre mon coeur et ma logique, concluai-je légèrement rouge alors que je croyais discerner un très léger sourire se dessiner sur les lèvres de mon vis-à-vis, faisant accélérer encore les battements déjà irréguliers de mon coeur.
- T'as du cran de dire tout ça Eren Jäger mais, et si toutes ces rumeurs étaient parfaitement fondées, s'enquérit-il en me sondant du regard.
- Honnêtement, j'ai aucune idée de ce que je ferais, soupirai-je avec un demi-sourire.
Livaï resta face à moi sans un bruit ou un geste alors que je commençais à trouver cette situation pesante... Cependant je ne voulais pas que ce moment se termine car enfin je discutai avec celui qui hantait mon coeur, enfin je pouvais l'observer de près et me perdre dans ces yeux que j'avais tenter de détailler des centaines de fois. Ce mélange si particulier de bleu glacé et d'un doux gris clair m'hypnotisait et me faisait, je crois bien, encore une fois tomber sous son charme et chavirait doucement mon coeur.
- Pourquoi pas, me coupa Livaï dans mes réflexions en se redressant.
- Comment, questionnai-je sans comprendre.
- Tu dis vouloir apprendre à me connaître... Alors attends-moi à la sortie principale du campus à midi et demie et sois pas en retard, je ne supporte pas les gens qui ne sont pas ponctuels, dit-il en se retournant. Enfin, si ça te tente, ajouta-t-il en s'arrêtant pour se tourner vers moi avec, cette fois j'en suis sûr, un petit sourire espiègle.
- Bien sûr, m'exclamai-je sans vraiment réaliser.
- Ok, à tout à l'heure, lança-t-il par dessus son épaule en se dirigeant vers la cour pour le peu de temps de pause qu'il restait.
Quand il eut disparu derrière les lourdes portes vitrées, je me laissai glissé au sol avec un sourire idiot scotché au visage. Je n'en revenais pas, j'avais osé me déclarer à Livaï Ackerman et nous avions en quelques sortes rendez-vous dans quelques heures. C'était... bien mieux que tout ce que j'aurais pû rêver en cette merveilleuse matinée de Saint-Valentin.
Alors quand la cloche retentit une seconde fois pour indiquer à tous de retourner en cours, je me levai par automatisme pour rejoindre ma salle et passai le temps qui me séparait de ma rencontre avec Livaï dans une douce euphorie, le coeur plein d'espoir et la tête ailleurs. Je ne fus de retour dans la réalité que quand je pu entendre tous les élèves quitter la classe et se diriger vers l'extérieur des bâtiments. Je relevait la tête subitement en regardant mon téléphone qui affichait 12h26. Je rangeai ma trousse dans un sursaut et fermai mon sac dans le même mouvement. Je sautai de ma chaise pour me précipiter dehors. Les couloirs étaient entièrement bouchés alors que tout le monde tentait de s'extirper maladroitement de la cohue. Je bousculai sans scrupules toutes les personnes devant moi en lâchant quelques excuses sur mon passage. Enfin dehors, je passai par les pelouses humides en risquant de glisser de nombreuses fois dans ma course alors que mon souffle laissait apparaître quelques nuages blanc dans les airs pendant que le vent froid me brûlait la gorge et les poumons, me rosissant le visage.
J'arrivais finalement le coeur battant face à Livaï qui m'attendait au point de rendez-vous à 12h30 pile. Quand je relevait le visage vers mon compagnon, je lui souris bêtement en le saluant.
- Tu as couru, demanda-t-il en commençant à marcher devant moi.
- Oui, je suis sorti un peu en retard alors j'ai dû me dépêcher un peu pour être à l'heure, m'expliquai-je avec une légère gêne. D'ailleurs.. on va où là, demandai-je en lui emboîtant le pas.
- Je pensais aller manger chez-moi, répondit-il en se tournant vers moi.
- Génial, dis-je avec un réel enthousiasme.
- Content que ça te plaise, dit-il dans un souffle en reprenant sa marche.
Je souris doucement en le rattrapent pour marcher à ses côtés. J'étais simplement heureux d'être en compagnie de Livaï et de pouvoir lui parler normalement.
- C'est quoi le programme après, demandai-je toujours souriant.
- Je ne sais pas vraiment, qu'est-ce que tu voudrais faire, me demanda-t-il sans un regard.
- Juste apprendre à te connaître, pour voir s'il serait un jour possible que l'on s'aime, répondis-je avec honnêteté en regardant l'homme à mes côtés.
- D'accord, dit-il en me jetant un bref coup d'oeil. On a qu'à commencer maintenant, qu'est-ce que tu aimerais savoir ?
- Je ne sais pas, j'aurais envie de te répondre tout mais tu ne vas pas tout dire à quelqu'un que toi non plus te ne connais pas, dis-je en laissant mes yeux glisser dans la rue lentement. Pourquoi moi ?
- Comment ça, interrogea Livaï.
- Tu avais toujours rejeté quiconque se déclarait à toi avant...
- Pourtant tu t'es tout de même déclaré, souleva le noiraud.
- Je suis sérieux, pourquoi tu ne m'as pas éconduit comme tous les autres, questionnai-je en tournant les yeux vers lui.
- Tu vas t'en plaindre peut-être, répliqua-t-il en me regardant.
- Non, récriai-je en m'arrêtant soudainement pour le fixer avec affolement.
- Je rigole gamin, lâcha le plus petit en s'arrêtant à son tour.
Je soupirai de soulagement en le dévisageant mais mes yeux s'attardèrent sur lui. Je détaillai son visage, ses yeux, ses lèvres puis laissai mes yeux parcourir son corps pour retourner à ces yeux et ce visage que je rêvais de décoder.
- Si tu veux savoir, soupira finalement le plus vieux. C'est parce que tous les autres disaient m'aimer. Ils étaient sûr de leurs sentiments alors qu'ils ne me connaissaient même pas. Je ne pouvais pas leur retourner leurs sentiments et correspondre à leurs attentes s'ils étaient amoureux de ce qu'ils avaient entendu ou imaginer à propos de moi ; ce n'était pas juste, ni pour eux ni pour moi.
- Mais, et toi ? Tu n'as jamais été amoureux, demandai-je doucement.
- Je ne m'en suis jamais laissé l'occasion, rétorqua-t-il en haussant les épaules.
- Pourquoi ?
- Il n'y a pas vraiment de raison, juste pas d'utilité, dit-il en reprenant sa marche.
- D'accord, dis-je en riant doucement.
Nous marchâmes encore quelques minutes avant que Livaï ne m'indique un petit immeuble de quatre étages comme il en existait des dizaines dans cette rue. Je le suivis jusqu'au deuxième étage et entrai timidement dans l'appartement de Livaï.
Mon hôte posa son manteau sur un patère près de la porte et m'invita à faire de même puis il se dirigea directement vers la cuisine et je le suivis silencieusement.
- Je peux aider, demandai-je doucement.
- Non c'est bon occupe toi de mettre la table, les assiettes sont dans ce placard et les couverts dans le tiroirs à côte, répliqua-t-il en désignant l'un des meubles. Et fous pas le bordel chez moi, compris, ajouta-t-il alors que je suivais ses indications.
- Compris, assurai-je en sortant de la cuisine vers le salon/salle à manger que j'avais aperçu en entrant.
Un fois ma tâche accomplit, je me permis d'observer plus en détail mon environnement. La décoration était très minimaliste, presque simpliste, mais en même temps elle correspondait tellement au maître des lieux. Je n'aurais pu imaginer Livaï vivre dans un joyeux fouillis coloré. Cette ambiance calme et pure lui correspondait parfaitement. Ces tons noirs et blancs me le rappelaient tout aussi bien, ils étaient comme lui, comme sa peau blanche et ses cheveux noirs... et comme lui c'était agréable à regarder, pensai-je avec un petit sourire.
Je retournai finalement dans la cuisine en silence et l'observai préparer le repas calmement. Chacun de ses gestes me captivaient et j'essayais d'enregistrer chaque seconde en sa compagnie pour pouvoir réchauffer mon coeur de ces souvenirs plus tard. Quand le repas fut prêts, nous nous attablâmes toujours en silence et je passais mon temps à le regarder. Il me fascinait et je pensais bien être amoureux de lui par une magie étrange.
- Eren, m'interpela Levi vers la fin du repas. Tu m'as demandé la différence entre toi et les autres mais et toi, est-ce que tu m'aimes, demanda-t-il.
- Cela va te paraître étrange mais je crois bien que oui, fis-je en baissant les yeux dans mon assiette. Et toi, tu penses un jour pouvoir m'aimer, demandai-je à mon tour.
Il ne me répondit pas et je n'insistai pas, à la place je lui parlai de moi un peu et il ne rejeta pas cette idée. Ainsi nous en apprîmes plus l'un sur l'autre au fur et à mesure. Je lui parlais de mes années de collège pleines de bêtises et d'idioties faites avec mes amis, de ma mère parfois trop affectueuse et surprotectrice, de mon père souvent absent et lui me parla de son père inexistant, de sa mère morte il y a quelques années et de ses quelques amis qui habitaient aujourd'hui loin. Nous rangeâmes nos assiettes une fois que nous fûmes rassasiés sans stopper notre conversation. Puis nous abordâmes des sujets bien plus vastes assis face à face dans son grand canapé de cuir noir comme nos hobbies et les choses que nous détestions par-dessus tout. Nous confrontâmes nos idées sur des livres ou des jeux. Nous évoquâmes l'éducation et la société, la vie, la mort et encore nombre d'autres choses... Nous n'avions pas vu le temps passer et j'avais l'impression de le connaître depuis des années et il me connaissait lui aussi maintenant. Alors quand finalement il s'était penché vers moi et avait déposé ses lèvres sur les miennes avec douceur, j'ai su que mon coeur ne s'était pas tromper en me faisant tomber amoureux de Livaï Ackerman.

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Désolée pour les fautes s'il y en a mais c'était un long Os et j'avais pas l'énergie de les chasser ^^'

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