04. Jamais le premier soir
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Quelques jours étaient passés, les choses allaient relativement bien. Manas et Elle, essayait tant de repartir à zéro, poser les bases histoires de se retrouver correctement et ne plus avoir à se prendre la tête pour des choses absurdes. Mila avait peur qu'au final son ami, n'avait plus rien avoir avec celui qu'elle avait quitté. Mais pour son plus grand bonheur, Manas était resté fidèle à lui-même. Il passait pas mal de temps chez Sidjil, le voisin de Mila. Il arrivait en début de soirée quand Mila rentrait du boulot, il passait la voir une bonne heure et continuait chez Sidjil pour bosser tout les deux ou avec leurs autres copains.. Et contre toute attente ils étaient plutôt silencieux. Même des fois, dans le couloir, elle les entendaient faire « chut » comme des enfants, elle trouvait ça presque mignon.
Mais comme toute bonne chose avait une fin, le robinet de l'évier venait de lâcher. Mila était en panique total face à la scène qui se déroulait sous ses yeux. Elle était incapable de faire quoi que cela soit, elle était impuissante. Mila n'arrivait pas à fermer l'arrivée d'eau, des mains glissaient et le métal lui faisait mal au main. L'eau n'arrêtait pas de s'écouler par tout sur son plan de travail, le long des meubles pour venir s'écouler sur le sol. Le tapis absorbait une grosse partie mais le reste continuait son chemin jusque sous la porte d'entrée, dans le couloir. A ce moment précis, tous les problèmes qu'allait engendrer ce dégât des eaux l'angoissait au plus au point. Mila prise de panique, s'arrêta au milieu de son salon, essayant de réguler sa ventilation entre deux sanglots. C'était la panique totale. Jusqu'au moment où la porte d'entrée s'ouvrît en grand.
— Mila ?
Sidjil venait d'entrer comme une flèche dans son appartement, les pieds dans l'eau, le regard à la recherche de la jeune femme.
— Mila ? Demanda-t-il à nouveau en s'approchant d'elle. Ça va ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
C'était impossible qu'elle lui réponde dans l'état dans lequel elle se trouvait. Il s'était mis à sa hauteur, par terre, quitte à être trempé lui aussi. Il hésitait à la toucher, mais ne le connaissait pas plus que ça et ne prendrait pas l'initiative. Il était respectueux des autres.
Il se releva pour se diriger vers l'évier. Il évalua le problème, indiqua à Mila de ne pas bouger qu'il allait revenir. Il se mit à courir jusqu'à son appartement pour revenir quelques secondes après, une pince à la main. Ce que Mila n'arrivait pas à faire à la main, il le fit avec une pince et ses quelques muscles. L'eau s'arrêta de couler. Lorsqu'elle se rendit compte que le bruit de cascade venait de se stopper, Mila s'arrêta instantanément de sangloter bruyamment. Elle releva la tête vers Sidjil, les sourcils en arc et le regard vitreux. De la morve lui couler sous le nez, clairement pas son meilleur moment.
Il revint vers elle lorsqu'il se rendit compte qu'elle réagissait enfin.
— Est-ce que ça va ? Est-ce que tu veux que je t'aide à sortir prendre l'air ?
Elle fronça les sourcils, toujours le regard sur lui, perdu dans ses yeux couleurs noisettes.
— Alors oui, je, j'ai longtemps fait des crise de panique, donc je suis au courant que le froid aide à remettre les idées en place, etc.
Il était presque gêné de parler de ça, pourtant elle appréciait grandement l'attention. Il ne se moquait pas d'elle, c'était surtout ça qui la surprenait.
— Tu veux de l'eau ? Un sucre ? Tu as besoin de quoi ?
Ses mains n'arrêtaient pas de gesticuler. Il avait envie de la toucher pour lui montrer qu'il était là avec elle, mais par respect il ne voulait pas entrer dans son intimité. Alors il paniquait à son tour et n'arrivait pas à se contenir.
Mila ne parlait toujours pas, elle venait de reprendre ses esprits tout de même, et constata le merdier qui se trouvait autour d'elle.
— Comment je vais faire, soupira la brune.
— Je vais t'aider, crois-pas.
Il l'avait presque engueulé.
— Je vais descendre au rez-de-chaussée demander si ils ont pas de problème au plafond, savoir si tu préviens l'assurance, dit-il était se redressant. Ça va aller, j'en ai pour 5 minutes ?
Elle lui fit signe que oui ça irait même si elle aurait préféré qu'il reste avec elle. Une fois partie, à tout moment, elle craquait. Le parquet était vieux et maintenant remplie d'eau, elle se demandait sincèrement comment elle allait réussir à nettoyer tout cela. Elle commença à faire le tour de l'appartement pour constater les dégâts. Les pieds du canapé étaient imbibés d'eau mais c'était moindre, le pouf en velour était bon à faire sécher au soleil, le tapis n'en parlons pas. Contre toute attente, l'intérieur des meubles avait été épargnés.
— Bonne nouvelle, ils n'ont rien. Je leur ai donné mon numéro au cas où, qu'il me préviennent si y a un problème.
— Je... te remercie.
— C'est normal, entre voisins.
Il lui cala gentiment cette petite piqûre de rappel. La première fois qu'elle l'avait vu, si elle avait pu l'étriper, aujourd'hui le corps de Sidjil serait enterré six pieds sous terre.
— Bon, maintenant faut nettoyer ça. Je vais chercher ma serpillière, je pense que ça ne sera pas de trop.
Elle hocha simplement la tête, et partit elle aussi chercher la serpillère pour essorer tout ça.
Elle commençait doucement à se remettre doucement de ses émotions. Sidjil revint, Mila se frotta le visage désespéré. Il s'approcha d'elle gentiment.
— Tu fais souvent des crises de panique ?
— J'en faisais quand j'étais plus jeune, aujourd'hui c'est mieux, mais à partir du moment où je me sens impuissante, la panique prend le dessus et je deviens une statue.
— Réaction d'un être humain normal, je dirais, sourit-il. Je suis un peu pareil.
— Ah bon ? S'etonna-t-elle.
— On dirait pas comme ça, mais je suis un grand stressé, rigola le brun. Je panique pour un rien, genre tout ce que je gère pas moi-même, frère je panique.
— Les apparences sont parfois trompeuses, en conclut-elle.
— A qui le dis-tu !
Elle leva les yeux au ciel à la suite de sa petite pique.
— Les amis ça sert à pouvoir se reposer sur eux en cas de besoin. Ou les voisins, c'est pareil.
— Je me disais qu'on avait sauté une étape.
— Non t'inquiète, jamais le premier soir.
Elle se retenait de rire à gorge déployée. Puis il tapa dans les mains pour se motiver.
— Avant de commencer à nettoyer ce merdier, je vais me changer, je suis trempée.
Il fit un simple mouvement de tête, les lèvres pinçaient pour lui montrer qu'il avait entendu. Mila se dirigea vers sa chambre en prenant soin d'essuyer le reste des larmes sous ses yeux et sur ses joues. Par chance, on était Dimanche, elle ne s'était pas maquillé. Elle attrapa un short en coton et un sweat à capuche qu'elle enfila par dessus son tee-shirt. Elle retira ses chaussettes trempé pour rester pieds-nus. Lorsqu'elle revint dans le salon, elle sursauta en même temps que Djilsi lorsqu'il laissa échapper une musique de l'enceinte qu'il avait dans les mains.
— Je me fais des frayeurs tout seul, enfin bref. Un peu de musique, non ? Histoire de mettre un peu d'ambiance.
— Vas-y, je t'en prie.
Ni une, ni deux, il avait lancé une musique, un gros rap. Mila s'était arrêtée pour le regarder faire des mouvements ridicules même pas en rythme. Elle avait envie de rire très fort mais en même temps elle ne supportait pas cette musique vide de sens. Sidjil chanta le refrain, puis tourna la tête vers Mila amusée.
— Que, quoi ? Begaya-t-il. T'as quoi ? Vas-y, dis-moi ?
— Autant je veux bien faire des efforts, autant tes goûts musicaux... je me dis que c'était mieux quand on ne s'entendait pas.
— T'abuses, sérieux !
Elle lui fit signe que non.
— Je parie, tout ce que tu veux que tu connais même pas !
— Non, et mes oreilles s'en portaient très bien !
— Je vais finir par me vexer !
Elle attrapa sa serpillère amusée de le voir vexé.
— Beh alors, je t'en prie Mozart ! Mets la musique !
— Donnes-moi ton tel.
— Non tu vas pourrir mon Deezer !
— Bon déjà tes sur Deezer, souffla-t-elle.
— Eh mais, ça va ? T'as pas fini de me tailler, toi, un peu ?
Mila rigolait de bon cœur. Il fallait avouer que Sidjil était particulièrement drôle. Entre ses expressions débiles, ses mimiques lorsqu'il était vexé et simplement l'aura qu'il dégageait, Mila appréciait sa compagnie. Elle ne l'aurait jamais cru, mais tout semblait naturel. Si elle avait été seule, dans cette situation, elle aurait ruminé toute la soirée, pleurait deux ou trois fois en plus et se serait abattue sur son sort. Tandis qu'avec lui, son esprit était occupé ailleurs et elle l'en remerciait.
Mila connecta son téléphone et une chanson sur deux, ils échangeaient. De quoi satisfaire tout le monde ! Contre toute attente, Sidjil ne put se retenir d'éclater de rire lorsqu'il entendit que Mila écoutait Ramstein. Il rigola si fort qu'il en manquait d'air.
— Mais tu sors d'où toi ? Comment un petit bout de femme pareil peut écouter ça ? T'es incroyable !
— T'es pas au bout de tes surprises !
Il commençait réellement à l'apprécier. Elle sortait de nulle part et elle avait du gout. Il la trouvait mystérieuse et elle était loin d'être facile, encore moins prête à se laisser marcher dessus. Même si les rapports au début étaient tendus et qu'il commençait à se remettre en question, il avait calmé un peu les conneries, histoire d'essayer de communiquer avec elle. Après tout, c'était sa voisine et surtout la meilleure amie de Manas. Pour faire plaisir à tout le monde, il fallait que chacun y mette du sien.
Ce fut dans une bonne ambiance, plutôt enfantine qu'ils nettoyèrent l'appartement. Sidjil n'arrêtait pas de faire le pitre, surtout que Mila avait décidé de mettre du Britney Spears, là c'était parti. Impossible de le retenir. Il dansait avec son balais, se frottant contre celui-ci alors qu'elle n'en pouvait plus de rire, jusqu'à la fin de la chanson. Il jouait de ses talents de cascadeurs, faisant deux, trois frayeurs à sa nouvelle amie. Mila ne se retint pas de le frapper, l'insultant au passage de lui avoir fait peur ainsi. Il en profita donc pour lui faire son speech sur ses capacités en cascade, son histoire avec le parcours, etc. Elle fut rapidement rassuré, mais lui remit gentiment une petite tape sur l'épaule. Jusqu'au moment où il se loupe et se tape le nez contre le parquet.
— Cette fois-ci, je marche pas !
Il redressa la tête en bégayant, avant de se mettre à rire. Il avait le nez en sang.
— Oh non, Sidjil ! On venait de nettoyer le parquet !
— Eh beh, connasse ? Râla-t-il.
— Ça va ! Je rigole !
Elle affichait un large sourire avant de revenir vers lui avec des mouchoirs. Elle l'invita à s'assoir sur le canapé à côté d'elle avant d'attraper son menton entre ses doigts pour poser les mouchoirs sur le haut de son nez, elle fit pression.
— M'tord pas le nez encore plus qu'il ne l'est déjà !
— T'as déjà salie mon parquet, j'ai pas envie que tu salisses mon canapé.
— Ouais d'accord, même le chien peut monter dessus lui.
— J'ai pas de chien ?
Il pouffa de rire.
— C'était pour imager.
Elle appuya un peu plus sur son nez avant de retirer les mouchoirs imbibés de sang. Avec son pouce, elle poussa légèrement son visage pour observer la blessure de côté.
— Je crois que ça la remis en place, dit-elle en l'observant attentivement.
Il tourna la tête vers elle avec un regard noir, alors qu'elle s'amusait de lui. Avant de se relever, elle tapota sa joue gentiment comme on pourrait le faire avec un petit chiot. Mila avait pris la confiance, Sidjil aimait bien cette complicité qui s'installait.
Pendant qu'elle était partie jeter les mouchoirs, il en avait profité pour s'étaler dans le canapé dans l'angle. Mila fit de même, se mettant perpendiculaire à lui, leur tête se rejoignant dans le coin.
— Je suis claquée, dit-elle. Il est 2h du mat !
— Tu bosses demain ?
— Oui, je commence à 7h en plus... Je prends le premier service.
— Je vais pas te retenir plus.
— Non, reste. Ça m'évite de repenser à tous ce merdier, ça m'occupe la tête.
Sidjil hocha simplement la tête avant de couper la musique de son téléphone pour rester dans une ambiance plus calme et posée.
— Je suis désolée, dit-elle sans aucun contexte.
— Beh t'excuses pas pour le robinet, t'inquiète. J'allais pas te regarder galérer.
— Non, je te parles pas de ça.
— Ah !
— Je suis désolée de t'avoir mal jugé.
Il ne répondit pas de suite, surpris des révélations. En soi, il s'en doutait au vu de l'évolution de la situation, mais le fait qu'elle en parle maintenant le surprenait.
— C'est pas à moi que tu dois des excuses, mais à Manas.
— Je lui en ferais, je sais.
— T'es au courant qu'il te voue une réelle admiration ?
Mila se retourna pour se mettre sur le ventre pour regarder Sidjil, les sourcils froncés.
— Comment ça ?
— Même quand vous étiez en froid, il passait pas mal de temps a se remettre en question et à se remémorer tout ce que vous avez vécu. Quand il parle de toi, il a des étoiles dans les yeux, c'est impressionnant.
Mila sourit bêtement, elle apprécie ce qu'il lui dit.
— C'est un mec incroyable, ajouta Sidjil.
— Je peux pas te contre dire.
Ils continuèrent sur leur lancée à discuter de leurs petites vues respective, leurs réussite, leurs erreurs, les temps dur et les meilleurs moments. Mila saura une grande partie de sa vie après son accident, mais Sidjil n'insistait pas, il était curieux tout en restant respectueux, ça lui faisait du bien.
Alors allongés sur le canapé comme des enfants, ils passèrent une grande partie de la nuit à discuter de tout et de rien. Ce fut à 6h lorsque Mila se réveilla de sa seule heure de sommeil, qu'elle partie prendre sa douche et laissa dormir Sidjil sur le canapé. Elle lui laissa ses clés et partit travailler, fatiguée mais heureuse.
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