02. Mimi et ses grands-parents


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— Bon Mimi, est-ce-que tu comptes rentrer chez toi ?

Mila était affalée sur le canapé de ses grands-parents, à côté de son grand-père en train de regarder la télé. Son plaid habituel se trouvait sur elle et elle en profita pour cacher sa tête sous celui-ci, espérant que sa grand-mère comprendrait la subtilité.

— Moi j'aime bien quand elle est là, Mimi, répondit son grand-père.

— Charles, tu ne m'aides pas.

— Pourquoi est-ce-que tu veux renvoyer notre Bretonne préférée chez elle ?

Mila sortit la tête presque immédiatement de sous la couverture et lança un regard noir à son garnd-père qui rigolait tout ce qu'il pouvait.

— Je suis Toulousaine ! Respecte-moi !

Sa grand-mère en profita pour attraper le plaid et le lui retirer. Mila râlait tout ce qu'elle pouvait alors que son grand-père était fier de lui et de son action de maître.

— Tu es un traître, Papy.

— Oh et Mila, vas-tu répondre à ce téléphone !

— Non ! hurla- t-elle.

— Est-ce-que tu comptes éviter Nicolas, toute ta vie ?

Mila suivait sa grand-mère dans la cuisine pour l'aider à préparer le repas. Elle essayait d'esquiver la question et espérait que sa grand-mère l'oublie en un rien de temps. Mais elle n'était pas née de la dernière pluie et elle avait beau être âgée, elle avait encore toute sa tête et ne comptait pas lâcher l'affaire. Elle s'arrêta un instant pour nettoyer les légumes et regarda Mila qui s'arrêta à son tour. Elle poussa un soupir.

— Je n'en sais rien, non.

— Mila, c'est ton meilleur ami ! Ton frère de coeur, vous avez été élevé tous les deux.

— Je sais, mais 7 ans sont passés.

— Foutaise.

Son téléphone se mit à nouveau à vibrer, elle l'attrapa. C'était encore Manas. Elle ne savait pas combien de fois exactement il l'avait appelé depuis le début de la semaine, mais clairement il était pas loin d'une bonne centaine de fois.
— Parle-lui, Mimi. Vous en avez besoin, l'un comme l'autre. pas des discussions de comptoir, mais parle-lui comme tu pourrais parler à ton frère.

— Oh, c'est vrai qu'avec Théo on a des discussions très civilisées.

— Ton petit frère est un petit con, tu le sais très bien.

Mila se mit à rire.

— Je me permettrais de lui transmettre l'infos, Mamie.

Elle avait un large sourire suite à ce que sa grand-mère venait de dire sur son petit frère. Après tout, il ne l'avait pas volé. Ils n'avaient que 2 ans d'écart et pourtant le grand Canyone en longueur les séparaient. Il faisait partie de cette génération de branleurs insupportables, qu'elle avait envie d'éclater. Les discussions avec lui n'étaient pas très brillantes.

— Est-il au moins au courant de ton accident ?

— Oui, Mamie.

— Et la raison pour laquelle tu as eu cet accident ?

Elle baissa la tête.

— Alors vous avez encore beaucoup de choses à discuter. Tu ferais mieux de rentrer, ma grande. Papy va te déposer après manger.

Mila finit par accepter son sort et écouter sa grand-mère, de toute façon il y avait de grandes chances qu'elle ne lui laisse pas le choix. Elle mangea avec eux et son grand-père la déposa vers 21h aux pieds de son immeuble.

Elle était perdue dans ses pensées, ce que sa grand-mère lui avait dit n'arrêtait pas de virevolter dans son cerveau. Ça l'obsédait. Elle posa le badge de la porte de son immeuble sur le détecteur et entra. Elle continua d'avancer, mais n'entendit pas la porte se claquer derrière elle. Lorsqu'elle se retourna pour vérifier qu'elle était bien fermée, elle vit son voisin, le youtubeur, qui releva la tête doucement vers elle, jusqu'au moment où il reconnut son visage. Il s'apprêtait à retirer son écouteur pour lui adresser la parole, mais elle décida de prendre les escaliers pour monter au premier étage.

Arrivée en haut, les portes de l'ascenseur s'ouvrirent. Il sortit d'un pas décidé.

— Tu sais qu'on va au même endroit et que je sais où t'habites ?

Elle ne lui répondit rien et commença à sortir les clés de son appartement, mais elles étaient coincées dans sa poche et ça l'agaçait encore plus. Elle s'énervait de plus en plus et sentir sa présence derrière elle n'aidait en rien.

— Je m'appelle Sidjil, dit-il.

Interpelée par son prénom peu commun, elle se tourna furtivement vers lui, essayant de lui porter le moins d'attention possible. Il avait un sacré style, pensa-t-elle. Et il était vraiment très grand par rapport à elle.

— Mila, répondit-elle simplement.

Elle avait réussi à ouvrir la porte de son appartement, elle s'apprêtait donc à entrer à l'intérieur le plus rapidement possible jusqu'au moment où il prit à nouveau la parole.

— Manas m'a raconté.

— Qu'est-ce-qu'il t'a raconté ? Demanda-t-elle en pensant directement à son accident alors que Nicolas n'en connaissait pas la moitié.

— Qui tu étais pour lui, d'où tu venais et pourquoi... vous êtes en froid.

— Super ! s'exclama-t-elle. Donc tu sais que je ne suis pas fan de toi et ton univers. Maintenant laisse-moi tranquille, bonne soirée.

Et elle lui claqua la porte au nez. Par curiosité, elle regarda par l'œil de sa porte. Il resta là, quelques secondes bouche bée, les sourcils haussés à se demander ce qu'il venait de se produire. Bon, elle y avait été un peu fort, il ne méritait pas autant de haine.

Maintenant, c'était trop tard.

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