Chapitre 8
- Merci beaucoup, répondit-elle en dépliant sa serviette.
Louane n'avait pas pour habitude de déjeuner avec un homme. Alors elle compensa ce manque d'expérience avec une méthode qu'elle maîtrisait parfaitement. Défier son adversaire. Même si elle savait sans aucun doute qu'il était plus fort qu'elle.
- Pourquoi vouloir me contrer mademoiselle Jemena ? Demanda-t-il sérieusement.
Cette question laissa Louane perplexe quant à la réponse à lui donner. Elle le contrait pour la simple et bonne raison qu'elle n'avait pas l'habitude que l'on se montre aussi bienveillant avec elle. La vie lui avait appris à se méfier des hommes.
Avec lui, Louane se sentait différente et cela la terrifiait. Pourquoi ? Parce qu'elle le connaissait à peine et pourtant elle avait la sensation de le connaître depuis des mois. Au-delà de cette arrogance qui la mettait hors d'elle, Louane devait l'avouer, Zakhar Slovovitsh était un homme prévoyant, galant, légèrement énigmatique et terriblement sexy.
Seulement elle ne devait pas lui montrer. Il fallait qu'elle se protège coûte que coûte.
- Comme ça, répondit-elle en haussant des épaules. J'aime bien vous taquiner aujourd'hui, vous faites partie de ses hommes qui aiment contrôler je me trompe ?
Il sourit flotta sur ses lèvres.
- Et vous de ces femmes qui aiment se rebeller ?
Louane sourit à son tour. Mais en réalité, son cœur battait sourdement contre ses tempes.
- Pas forcément.
Elle tâcha de rester évasive et leva les yeux vers le serveur qui se matérialisa devant eux pour déboucher la bouteille de vin.
Elle avait beau faire semblant d'être intéressée par les mouvements du serveur, elle ne pouvait ignorer le regard de l'homme sur elle.
- Merci, dit-il brièvement au serveur en lui prenant la bouteille des mains.
- J'ai décidé de me montrer honnête avec vous mademoiselle Jemena, déclara-t-il lorsque le serveur s'en alla.
Surprise, elle tourna la tête vers lui et décela une lueur énigmatique dans son regard clair. Comment réprimer ce frisson qui montait le long de son échine ? Impossible.
- Vraiment ? Y'a-t-il quelque chose que j'ignore sur vous ? Vous avez tué quelqu'un ? Ironisa-t-elle en riant faiblement.
Son regard demeura impassible. Elle se décomposa littéralement.
- Vous avez tué quelqu'un ? Répéta-t-elle en le dévisageant.
- Non, mais ça ne serait tarder...
Furieuse d'avoir été piégé Louane serra les poings sur ses cuisses.
- Vous trouvez ça drôle ?
- Non, dit-il d'un soupir indifférent : Maintenant si vous me laissiez parler nous pourrions peut-être avancer.
Effarée, Louane ravala une réplique cinglante et crispa un sourire.
Après l'avoir servi, il reposa la bouteille de vin et se carra contre le dossier de la chaise. Il tapota ses doigts au bord de la table sans la quitter des yeux.
- J'ai porté sur vous, un très mauvais jugement, commença-t-il d'un murmure.
Louane déglutit et décida de se taire au risque de ne pas entendre la suite.
Il se redressa soudain, l'air perturbé et se pinça l'arrête du nez.
- Vous avez du talent, vous serez sans le moindre doute une excellente avocate, continua-t-il sérieusement.
Louane le remercia avec un sourire timide.
- Mais pour être honnête avec vous Louane, j'ai crû lorsque vous êtes arrivé au manoir, que vous alliez me faire du charme pour obtenir de moi bien plus que...
- Seigneur non ! S'exclama Louane en portant la naissance de ses doigts sur sa tempe, je ne suis pas ce genre de...
- Allons, laissez-moi finir !
Elle se pinça les lèvres et garda le silence. Il semblait nerveux.
- C'est moi le fautif de ce malentendu pas vous, dit-il gravement. Alors je vous prie de m'excuser Louane.
Des milliard de frissons parcoururent son visage. C'est la première fois qu'elle entendait son prénom dans sa bouche. Et avec cet accent Russe, Louane avait l'impression de redécouvrir son prénom.
- J'accepte vos excuses monsieur Slovovitsh.
Un mince sourire se figea sur ses lèvres.
Leurs plats apparurent quelques secondes plus tard. Des secondes dans lesquelles ni elle ni lui ne s'étaient quitté des yeux.
- Il est aussi important que vous sachiez que j'ai été marié.
Louane battit des cils.
- Oh...vraiment ? Vous ne l'êtes plus ?
Ça suffit ! S'admonesta-t-elle lorsqu'elle sentit une pointe de jalousie la saisir.
- Non et heureusement ! S'exclama-t-il en secouant de la tête le visage soudainement fermé.
- Que s'est-il passé ? Ne put s'empêcher de demander Louane en mordillant dans une frite.
- Je me suis fait avoir, dit-il buvant une gorgée de vin. Elle s'appelait Élise, je l'ai rencontré au tout début de ma carrière. Elle me semblait si différente des autres...
Il marqua une pause et Louane vit au fond de son regard que cela lui était difficile.
- Nous nous sommes marié neuf mois après notre rencontre, trois mois plus tard nous avons divorcé.
- Je suis vraiment désolé pour vous monsieur Slovovitsh.
- Ne le soyez pas, dit-il d'une voix grave. Ça n'a pas marché parce qu'elle s'intéressait qu'à mon argent.
- Vous êtes un très bel homme, c'est impossible.
- Merci du compliment.
Louane rosit.
- Elle n'avait pas la même conception du mariage, croyez-le où non Louane je suis un romantique, du moins je l'étais.
Louane avait bien du mal à le croire. Il n'avait pas l'air d'un homme qui offre des fleurs et des chocolats.
- Enfin, c'est ainsi, je voulais juste vous tenir informé de ce petit détail afin de mieux nous connaître.
Louane inclina légèrement sa tête en avant. En se réveillant ce matin elle n'aurait jamais cru qu'il puisse se confier à elle avec autant de facilité.
- Et vous Louane ? Un petit-ami ? Un fiancé ?
Elle ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux. Cette question était si personnelle.
- Eh bien j'ai déjà eu un petit-ami, cela a duré sept mois.
- Pourquoi ça n'a pas marché ? S'enquit-il vivement.
Louane planta son regard dans le sien. Elle vit une lueur d'intérêt traverser ses yeux.
- Il m'a trompé.
Son expression se changea aussitôt. Ses sourcils se froncèrent.
- Je suis désolé.
Elle haussa des épaules en essayant de garder une attitude dégager alors que des larmes manquaient de lui piquer les yeux.
- Il me trouvé trop...frigide.
Honteuse de lui avoir fait cette confidence qui la mettait déjà mal à l'aise, Louane plongea son regard dans son assiette.
- Peut-être que c'était lui qui vous rendez frigide, dit-il d'une voix rauque.
Son cœur manqua de s'arrêter. Elle releva la tête lentement et riva son regard au sien.
- Que voulez-vous dire par-là ?
Zakhar glissa son regard des cheveux frisés de la jeune femme jusqu'à sa gorge délicate. Puis remonta lentement son regard au sien. Louane Jemena n'avait rien de frigide et Zakhar se retint in extremis de lui dire le fond de sa pensée dicté par le désir impétueux qu'elle lui inspirait.
Alors il désigna son assiette d'un geste de la tête.
- Mangez avant que ça refroidisse.
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