Chapitre 7



Zakhar ne s'était jamais sentit aussi tendu de toute sa vie. L'image de Louane Jemena imprimée dans ses yeux l'empêchait de se concentrer. Il crispa ses doigts sur les dossiers qu'il tenait dans ses mains et inspira profondément avant de se lancer dans son attaque.

- Silvia Catapova n'est pas à son premier coup monsieur le juge, déclara-t-il d'une voix posée.

Il quitta sa place pour s'avancer vers le juge.

- Rafe Oliviera le célèbre coureur automobile a lui aussi vécu le même cas que mon client comme vous pouvez le voir ici.

Zakhar lui tendit les preuves qu'il avait sous les murmures de protestations entendus du côté de la fausse victime.

Le juge se redressa et étudia les preuves en secouant légèrement de la tête.

Lorsqu'il se retourna pour regarder son client, il croisa le beau regard de son élève. Ses yeux verts brillaient. Il pouvait voir toutes l'admirations qu'elle lui portait. Elle baissa la tête pour écrire sur son calepin. De là où il se tenait, il put voir qu'elle se mordillait la lèvre. Il écarta sa main le long de sa jambe et la ferma en poing avant de reprendre.

- Ne voyez-vous pas que cette femme tente par tout les moyens de dépouiller ces amants ? Demanda t-il en haussant légèrement le ton.

Silvia Catapova devint rouge comme une pivoine en le foudroyant du regard.

- Ne voyez-vous pas ces tremblements ? Qui ne laisse aucun doute sur son addiction à la drogue, reprit-il en la pointant du doigt.

Pour parfaire sa défense Zakhar esquissa un mince sourire et alla chercher la bouteille d'eau de Diego puis la posa devant Silvia Catapova.

- Vous n'arrêtez pas de boire de l'eau depuis votre arrivée mademoiselle c'est le signe évident que vous êtes en manque, complètement déshydratée, dit-il avec médisance.

La jeune perfide se leva d'un bond sans un mot, la honte inscrit sur son visage.

- Allez au diable !

Zakhar fit une moue sardonique.

- Merci du conseil, je tâcherais d'y réfléchir.

Il regagna sa place en s'efforçant de ne pas regarder la jeune femme au passage, bien que l'envie était trop tentante.

Louane était tellement fascinée par sa facilité avec laquelle il avait gagné qu'elle en resta muette. Il avait réussi à déceler chez Silvia Catapova ce qu'aucun autre aurait pu découvrir. Il n'y avait plus de doute.

Zakhar Slovovitsh était le meilleur avocat qu'elle avait la chance de rencontrer.

Lors de sa sortie dans le grand hall, il boutonna sa veste noire avant de donner une poigne de main à son adversaire sans aucun sourire qui pouvait laisser entendre qu'il savourait sa victoire.

Louane enviait sa maîtrise d'acier, son regard déterminé.

Incapable d'attendre plus longtemps pour aller le féliciter, elle traversa le hall et quand elle fut près de lui, posa sa main sur son avant-bras.

- Monsieur Slovovitsh c'était fantastique !

Il baissa sa tête vers elle et la contempla un moment sans un dire avant qu'un sourire modeste se dessine sur ses lèvres larges et sensuelles.

- C'était trop fois rien...un jeu d'enfant pour tout vous dire.

Sur la naissance de ses doigts, Louane sentit les biceps de son bras se contracter. Elle retira sa main avant l'impression qu'elle picotait.

- Il n'empêche que j'ai admiré votre aisance à reprendre le contrôle de la situation, dit-elle en pressant ses notes contre sa poitrine.

Il lui décrocha un sourire des plus irrésistible puis s'avança encore et encore jusqu'à ce qu'elle rentre en collision avec le mur.

- En revanche, vous...

- Je n'ai pas pu m'empêcher de rire pardonnez-moi mais...

- Vous avez perturbé l'audience, coupa-t-il en posant ses mains de chaque côté de sa tête.

Il était si proche qu'elle perdit le fil de sa réplique piquante.

- C'est votre client et son langage fleurissant qui a perturbé l'audience.

- Diego est vulgaire, concéda-t-il avec cet accent russe qui avait le dont de provoquer en elle un raz-de-marée de sensations inexplicables.

- Plus que vulgaire, renchérit-elle en pouffant.

Il plia son bras droit afin de mieux s'approcher d'elle en s'inclinant.

Louane s'empêcha de respirer quand ses yeux se posèrent dans les siens puis sur sa bouche entrouverte.

- La prochaine fois, je vous passerais l'envie de recommencer, dit-il d'une voix faussement menaçante.

- Ah oui est comment ? Demanda-t-elle en pinçant un sourire provocateur.

- Une bonne fessée qui vous empêcherez de marcher pendant des heures.

Louane hoqueta en perdant l'éclat de son sourire. Un feu dévastateur et malvenu s'insinua dans son corps, indomptable. Elle prit un air indigné pour l'empêcher de voir le trouble qui s'emparait d'elle.

Fièrement, il se redressa.

- Vous avez faim ? Demanda-t-il d'une voix suave.

- Euh..oui...nous je...avec vous, begaya-t-elle.

- Oui avec moi, confirma-t-il amusé de la voir perdre la parole.

- Ôtez-moi cette affreuse expression moqueuse sur votre visage et j'irais manger avec vous.

Il s'exécuta aussitôt en faisant mine de prendre une expression grave. Désespérée, elle pencha sa tête légèrement en soupirant.

- Allons fêter cette petite victoire mademoiselle Jemena.

Il lui offrit son bras. Elle le prit avec hésitation car elle ne voulait pas que les gens pensent qu'elle tentait de gravir les échelons en draguant Zakhar Slovovitsh.

- Vous connaissez Diego depuis longtemps ? Questionna-t-elle une fois à l'extérieur du tribunal.

- Suffisamment longtemps pour savoir qu'il est tout sauf un violeur.

Ils continuèrent leur chemin sur le trottoir légèrement enneigé.

- Comment vous avez su qu'elle se droguait ?

Son regard se perdit sur l'horizon avant qu'il le détourne brièvement vers elle.

- J'ai eu beaucoup d'affaire sur le sujet de la drogue, cette femme n'est pas à son premier coup d'essai malheureusement.

Intriguée, en soif d'apprendre Louane ne s'était même pas rendue compte qu'elle avait enroulé ses deux mains autour de son bras. Immédiatement, elle les retira en prétextant remettre de l'ordre dans coiffure.

- Venez, c'est ici.

Il posa sa main au creux de ses reins pour l'inviter à entrer. Le cœur battant à tout rompre elle pénétra dans le restaurant. Avant d'avoir pu dire ouf on lui retira son manteau ainsi que son sac à main. Dépouillée de toutes ses affaires, Louane se sentit complètement nu. Tellement nu qu'elle s'entoura de ses bras. Un geste qui lui parut ridicule seulement après l'avoir fait.

- Vous avez froid ? S'enquit-il près de son oreille.

Louane sursauta légèrement et lâcha un rire nerveux.

- Bien sûr que non !

Elle le suivit à l'étage supérieur et se délecta de la vue magnifique que lui offrait l'emplacement de la table.

- Waouh c'est agréable, vous venez ici souvent ?

- Assez pour savoir qu'ils font les meilleurs tartes aux pommes du monde.

Elle sourit en ouvrant la carte.

- Nous allons prendre les pommes de terre grenaille avec le filet mignon et une bouteille de vin blanc.

Louane se pinça la lèvre inférieure.

- Je vais plutôt prendre les frites à la place des pommes de terre, dit-elle en refermant la carte.

Le serveur rectifia la commande alors que Zakhar plissait des yeux en la regardant avec défiance.

- Et pour les desserts.

- Deux tartes aux pommes.

- Plutôt un flan pâtissier, contesta Louane en retenant un sourire.

Il la défia du regard, ses mâchoires tressautèrent.

- Vous ratez quelque chose ma belle ? Pas de regrets ?

Louane s'empourpra sans quitter son regard. Ce petit jeu valait-il assez pour qu'elle se prive de goûter à la tarte aux pommes ?

- Une tarte aux pommes enfin de compte.

Satisfait il la quitta du regard pour donner sa carte au serveur.

- Avec une bouche de glace à la vanille si c'est possible, rajouta-t-elle en offrant au serveur son plus beau sourire.

Elle sentit le regard de Zakhar sur elle. Un feu intense parcourut son corps mais elle le réprima en suivant des yeux le serveur qui s'en allait vers les escaliers.

- Bien joué mademoiselle Jemena, dit-il d'une voix rauque.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top