Chapitre 28



- J'ai eu d'yeux que pour toi lors de cette soirée.

Louane repensait à la réponse de Zakhar tout en pliant ses affaires dans la penderie. Ce geste pourtant anodin signifiait beaucoup pour elle. Elle avait l'impression de s'installer définitivement chez lui, loin de tout.

Tôt ou tard, ils devraient parler, songea-t-elle avec une pointe d'angoisse au cœur. Sauf qu'elle n'avait plus envie de parler, mais vivre leur histoire à fond sans penser à l'avenir. Mais non ! S'écria-t-elle en pensé.

- Il va falloir que tu te mettes d'accord avec toi-même Louane ! S'admonesta-t-elle à voix haute en pliant rageusement son chemisier.

- Ma belle ? Tu parles toute seule à présent ?

Elle sursauta une main au cœur.

- Oh...bon sang Zakhar ! Tu veux me tuer ?

Elle se retourna et un long frisson la parcourut. Il venait de retirer son tee-shirt et s'avançait vers elle d'une démarche nonchalante.

- Qu'est-ce que...tu fais ?

Amusé par les rougeurs apparentes sur les joues de la jeune femme, Zakhar continuait d'avancer tel un chasseur en la possédant presque du regard. Dans d'autres circonstances, il l'aurait dévoré là tout de suite. Malheureusement, dans peu de temps il serait coupé par ce fichu rendez-vous.

Elle butta contre la penderie et serra son gilet contre sa poitrine. S'amusant de la situation, Zakhar colla son torse contre son corps tremblant déjà de plaisir et se pencha à son oreille.

- Je prends une chemise, chuchota-t-il d'une voix faussement innocente.

Après l'avoir attrapée, il se redressa totalement avec un sourire badin.

- Espèce d'imbécile ! S'écria-t-elle en le fouettant avec son gilet.

Il éclata de rire en évitant les coups et leva ses mains en l'air.

- C'est ma penderie, lui rappela-t-il en levant un sourcil moqueur.

- Est-ce une raison pour t'avancer avec cette démarche....de don juan !

Louane déglutit pour endiguer le feu qu'elle avait dans la gorge. Il avait le don de mettre ses nerfs à vif. Et il avait aussi le don de faire réagir son corps à la moindre occasion.

- J'ai terriblement envie de te faire l'amour, alors je voulais te mettre dans le même état.

Sidéré par son aisance à lui avouer ses intentions sans être inquiété, Louane ouvrit la bouche en grand.

- Tu ne manques pas d'air ! S'indigna-t-elle.

- Non, c'est vrai, tu as raison.

Outrée, elle lui envoya son gilet à la figure au moment ou la sonnette retentissaient dans le manoir, annonçant l'arrivé du visiteur.

Il attrapa le tissu au vol et lui renvoya en lui décrochant un clin d'œil signifiant clairement qu'il n'en avait pas fini avec elle.

Comme traversée par un tsunami, Louane lui suivit des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse. Il fallait qu'elle se reprenne immédiatement car elle ne pouvait pas rater cet entretien. Alors elle s'empressa de le suivre alors qu'il avait déjà atteint le palier.

- Monsieur Cairos, je suis ravi de faire votre connaissance.

Avec une attitude rigide, l'homme d'une bonne quarantaine d'années entra dans le manoir et le détailla furtivement.

- De même que votre charmant manoir, commenta-t-il en esquissant un mince sourire.

Zakhar allongea son bras pour qu'il le précède dans le salon. C'est à ce moment précis qu'elle en profita pour descendre. Zakhar plongea aussitôt son regard dans le sien. Comme l'effet d'une caresse, elle dévia ses yeux sur monsieur Cairos et attendit qu'il se retourne pour se présenter.

- Bonjour monsieur Cairos, je me présente, Louane Jemena.

Il embrassa son corps du regard, la mettant furtivement mal à l'aise.

- Enchanté mademoiselle, dit-il d'une voix chaleureuse.

Assez pour les présentations, songea Louane en allant s'installer dans l'un des fauteuils. Derrière elle Zakhar ne bougeait pas, raide comme un poteau, ayant les yeux rivés sur Cairos. La tension était montée d'un cran, mais pas dans le sens qu'elle voulait.

- Alors monsieur Cairos, vous avez connu Gabe Slander dans le passé ? Questionna-t-elle pour faire redescendre la tension.

- J'ai été son directeur financier pendant six mois, expliqua-t-il en s'installant en face d'elle.

Comme il fouillait dans sa sacoche, elle en profita pour rassurer Zakhar du regard. Celui-ci se détendit et vint s'installer sur le canapé. À l'évidence le regard de concupiscence que lui avait porté Cairos n'était pas à son goût.

- Il m'a renvoyé pour des causes insensées, reprit-il en tendant un dossier à Zakhar. Louane changea de place et s'installa près de lui pour consulter le dossier.

- En réalité, quand j'ai commencé à faire les comptes de l'entreprise je me suis aperçu qu'il blanchissait de l'argent et certains comptes perdaient des sommes astronomiques en quelques semaines.

- Fraude fiscale, conclut Zakhar en relevant la tête, visiblement calmé.

Cairos acquiesça de la tête.

- Au début j'ai laissé passé tous ses chiffres dérisoires qui allaient et venaient sur plusieurs comptes mais ensuite, quand je me suis présenté à lui pour tenter de comprendre...

-....Il vous a renvoyé, termina Zakhar à sa place en lui passant le dossier.

Leurs doigts s'effleurèrent, Louane ne put s'empêcher de ressentir une émotion indicible la saisir.

- Vous n'avez pas essayer de le dénoncer ? S'étonna-t-elle sidérée par les colonnes bancales sur la valeur du chiffre d'affaire.

- J'ai bien essayé mais lorsqu'il m'a renvoyé il ma fait comprendre que je prendrais un risque à tenter quoi que ce soit sur lui, or j'ai une femme deux enfants.

Zakhar ferma brièvement les yeux en se maudissant intérieurement. Les sentiments qu'il avait pour Louane, et la vitesse à laquelle ils se formaient en lui faussé son jugement. Ce pauvre homme avait simplement contemplé Louane comme n'importe quel homme aurait fait.

- Vous avez bien fait de ne pas vous impliquer dans cette affaire seul, dit Zakhar en se levant pour se dégourdir les jambes.

- Vous lancer dans cette bataille contre lui vous aurez conduis à la ruine.

- J'espère que mes photocopies vous aiderons, répliqua Cairos avec un triste sourire.

Zakhar lui tendit un verre de scotch.

- Elles nous aiderons, assura-t-il avec un sourire entendue, et j'essaierai de vous rendre l'appareil à ma manière.

L'homme baissa le regard sur ses chaussures. Zakhar eut un pincement au cœur pour cette homme qui avait tout perdu.

Encore une victime sur la longue liste de Slander.

- Que faites-vous à présent ? Questionna-t-il en reposant son verre sur la table.

- Je cherche un travail, toujours dans les finances.

- Vous êtes un homme honnête monsieur Cairos, vous n'aurez aucun mal à retrouver un emploi, murmura Louane au bord des larmes.

Touchée en plein cœur par son histoire, elle eut beaucoup de mal à contenir son émotion. Quand il quitta le manoir, Louane s'adossa au mur porteur les mains sur les joues.

- Pauvre homme, c'est si triste.

- Je vais arranger ça, promit Zakhar l'air soucieux.

Louane releva la tête et vit dans ses prunelles autant de peine qu'elle en avait pour lui.

- Comment ?

D'un soupir, il leva sa main pour essuyer sa joue.

- Fais-moi confiance, avec ces preuves, Gabe Slander ne pourra plus briser qui que ce soit.

Louane ferma les yeux, bercée par ses paroles rassurantes. Mais elle voulait agir elle aussi. Et elle savait qu'il l'en empêcherait...

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