Chapitre 20
Toute la nuit, ils avaient fait l'amour comme si leur soif de se découvrir l'un l'autre avait été plus forte que la raison. Louane avait l'impression d'être sur un petit nuage. Mais la réalité la rattrapa très vite. Des centaine de questions fusaient dans son esprit depuis plus d'une heure alors qu'elle reposait sur son large torse, enlacée dans ses bras.
- À quoi tu penses ? Demanda-t-il d'une voix endormie.
- À tellement de choses que je ne serais pas par où commencer, dit-elle avec franchise.
- Commence par une, et nous verrons la suite plus tard, à ton rythme.
Il était si...prévenant. Elle se redressa et détourna son corps du sien, assise en tailleur sur ce lit majestueux.
Zakhar se redressa sur ses coudes et coula son regard sur son dos dont la peau chocolat brillait presque sous les rayons du soleil qui filtraient à travers les rideaux. Ses cheveux frisaient enfin à son plus grand bonheur. Pourquoi cherchait-elle à masquer cette chevelure si naturelle si sauvage. Zakhar se rendit compte qu'à cet instant que les choses devaient être bien différente pour elle plutôt qu'une autre femme. Inutile qu'elle parle pour savoir quel genre de question elle se posait.
- Ta peau est magnifique.
- Et de couleur, ajouta-t-elle avec une pointe de tristesse dans la voix.
Zakhar se redressa totalement.
- Ne me dit pas que c'est ça qui t'inquiète ? Demanda-t-il gravement.
Elle se retourna, le visage blême, comme si ça la terrifiait.
- Louane ! Gronda-t-il en lui lançant un regard noir.
- Il n'y a pas que ça, tu es le président du...oh seigneur, souffla-t-elle le regard dans le vague : Je viens de coucher avec mon prof c'est....mal.
- Il est trop tard pour les blâmes et les regrets, fit-il remarquer durement.
Ses yeux verts se posèrent sur lui. La panique semblait l'envahir. Zakhar aurait pu la renvoyer dans sa chambre et passer à autre chose mais il n'y arrivait pas. Pour la première fois de sa vie il avait devant lui la pureté, l'honnêteté, la douceur. Pas une seule fois elle s'est montré perfide assoiffé de pouvoir. N'importe quelle élève qu'il aurait pu choisir se serait jeté sur lui espérant obtenir le Graal plus vite. Or Louane semblait plutôt angoissée, inquiète de ce que les gens pourraient penser d'elle.
- Je ne regrette pas, j'ai seulement peur que...et si on faisait comme si rien ne c'était passé ? Proposa-t-elle le regard perdu, les yeux brillant comme si elle se retenait de pleurer.
Contrarié et pas qu'un peu, Zakhar mit sa fierté de côté pour la prendre dans ses bras.
- Tu sembles attacher beaucoup d'importance à ce que les autres peuvent penser de toi.
Louane déglutit péniblement, gagnée par une angoisse sans précédent. Et pourtant Zakhar Slovovitsh lui apportait tout le réconfort dont elle avait besoin. Tout aurait été plus facile s'il lui disait de quitter sa chambre et d'oublier ce qu'il s'était passé cette nuit. Mais elle en aurait souffert terriblement. Elle se serait sentie humiliée, dévastée.
- Tu trouves ça ridicule ? Pourtant tu n'imagines pas à quel point ça m'aide beaucoup d'anticiper ce qu'on va dire sur moi.
Il soupira bruyamment et caressa son dos en l'obligeant à se blottir contre lui. Elle ferma les yeux en refusant de réprimer les réactions qui faisaient vibrer son corps. Cette nuit avait été fabuleuse. Jamais elle ne pourrait l'oublier.
- Pas ridicule, je te trouve seulement dure avec toi-même extrêmement dure.
- Parce que la vie a toujours été dure avec moi.
Déroutée, presque fébrile, elle laissa ses lèvres se poser sur sa tempe. Pourtant, il ne fallait pas qu'elle s'enivre de ses caresses et de ses baisers. Elle avait trop peur de tomber amoureuse....elle se demandait même si elle ne l'était pas déjà.
- Ton stage se finit dans une semaine, jusqu'ici, si tu le souhaites, nos rapports resterons strictement professionnels.
Il marqua une pause.
- Mais ensuite je ne te promets rien.
Louane cilla dans ses bras musclés. Avait-elle bien entendu ? Il voulait vraiment une histoire avec elle ? Comme maîtresse ou petite-amie ?
Nue, avec l'impression que le plafond tournait au-dessus d'elle, Louane fronça des sourcils.
- Tu es sérieux ?
- Pourquoi ne le serais-je pas ? Demanda-t-il en fronçant des sourcils à son tour.
- Enfin tu es monsieur Slovovitsh ! L'avocat le plus réputé dans États-Unis ! Tu ne peux pas vouloir de moi ! S'écria Louane en secouant vivement de la tête comme si cette idée était malsaine complètement dérisoire.
- Et derrière ça je suis un homme, lui rappela-t-il d'une voix sombre, je suis un homme avec des pensées, des envies, des sentiments....
Louane sentit son cœur battre à résonnance contre ses tempes. Le mieux aurait été de courir et de s'en aller le plus loin possible.
- Un homme qui n'existe pas, s'esclaffa-t-elle nerveusement.
Il leva un sourcil moqueur et fit courir ses doigts sur son bras.
- Moi qui pensais être bien vivant hier soir, tu te rappelle ? Quand....
- Oh non pitié d'accord ! Dit-elle en riant faiblement lorsqu'il vint effleurer sa poitrine sensible à ses caresses.
Elle roula sur le dos, se tourna dos à lui et profita de ce bref instant de solitude pour grimacer tant son cœur battait sourdement contre sa poitrine. Signe évident qu'elle était tombé amoureuse de lui.
- Répond à ma question Louane, s'impatienta ce dernier en posant sa main sur son dos : Es-tu d'accord ?
Elle ferma les yeux, incapable de se battre contre les émotions indicibles qu'elle ressentait pour lui.
- Vais-je souffrir ?
- Quoi ? Murmura-t-il d'une voix blanche.
- Vas-tu me faire souffrir ? Répéta-t-elle sans se retourner, le regard fixé sur la porte qui était sa seule sortie pour s'éviter la souffrance et le désespoir qui se dessinaient au fil des secondes qui s'égrainaient.
- Aussi étrange que cela puisse paraître, je n'ai jamais fait souffrir une femme, déclara-t-il d'une voix chaude et rassurante : J'ai eu des brèves aventures certes mais j'ai toujours était très clair sur la durée de ces liaisons.
- Et moi ? Es-tu clair ? Ne put s'empêcher de demander Louane en se retournant enfin.
- Extrêmement clair et concis, je veux quelque chose avec toi.
Louane ne put s'empêcher de sourire, secrètement heureuse qu'il ne la compare pas aux autres femmes, notamment à son ex-femme.
- Et toi ? Ma belle martiniquaise ? Vas-tu me faire souffrir ?
Elle lut dans ses yeux qu'il la défiait.
- Certainement, dit-elle en sautant du lit pour enfiler son peignoir, le privant de sa nudité.
- Mais qu'est-ce que...
- Tu as dit que nos rapports resterons strictement professionnels pendant une semaine et tu sais ce que ça veut dire non ?
Il s'appuya sur son coude un éclat sauvage perçant ses yeux bleus.
- J'ai dit ça ? Dit-il en faisant mine de ne plus s'en souvenir, je pensais avoir dit mi professionnel mi relationnel.
Elle éclata de rire puis recula du lit encore et encore alors qu'elle pouvait voir ses puissantes mâchoires se serrer.
- Tu vas perdre Louane, prévint-il en l'observant les yeux plissés.
- Non, c'est toi qui va perdre, rétorqua-t-elle avec un sourire en coin.
Un sourire machiavélique coula sur ses lèvres.
- Votre leçon juridique commence à 14h mademoiselle Jemena, ne soyez pas en retard...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top