Chapitre 16



Louane soutint son regard mais ne dit rien. Comment pouvait-elle se sortir de cette situation sans lui dévoiler qu'elle avait été terriblement jalouse qu'il puisse rejoindre une femme la veille ? Sa vie ne la regardait pas autant que la sienne.

- Je pensais que vous ne vouliez pas de moi lors de ce voyage tout simplement.

Elle retira ses doigts sur son menton et dévia sa tête sur le côté, faisant mine de regarder par la grande fenêtre.

- Et bien maintenant que vous me le dites oui, il aurait été préférable que vous restiez à Seattle, dit-il durement.

- Mon comportement a été inacceptable je vous l'accorde.

- Vous me l'accordez ? Répéta l'homme d'une voix faussement calme. Vous vous êtes mise en danger, je pourrais d'ores et déjà mettre fin à votre stage pour votre comportement.

Louane sentit la panique affluer dans ses veines.

- Ne faites pas ça, je vous en prie, implora-t-elle en rivant son regard au sien.

Ses yeux n'étaient plus que deux fentes. Louane était prête à faire n'importe quoi pour qu'il la garde. Et elle espérait que son regard soit assez suppliant pour qui lui accorde une seconde chance.

- Je suis pas assez pas ignoble pour faire ça, mais j'espère que cela vous servira de leçon.

- Cela me sert déjà de leçon, affirma-t-elle en se tenant la tête.

Un silence parcourut le salon puis il prit sa tasse pour la porter à ses lèvres. Louane aurait voulu se volatiliser pour échapper à ses yeux clairs.

- Mon avion sera prêt à décoller dans deux heures, ne tarder pas trop à vous préparer, déclara-t-il en faisant tomber sa paire d'yeux sur la chemise qu'elle portait.

- À propos de ça, vous avez une explication ? Demanda-t-elle d'une voix plus sèche qu'elle ne l'aurait voulu.

Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres. Elle se prépara au pire en retenant son souffle.

- Vous n'arrêtiez pas de dire que vous aviez chaud, alors j'ai remédié à la situation, expliqua-t-il en haussant des épaules : Rassurez-vous j'étais dans le noir, je n'ai rien vu.

- Comment puis-je avoir la certitude que vous dites la vérité ?

Louane déglutit lorsqu'il se leva impérieusement pour faire le tour de la table et agripper les accoudoirs, la mettant dans une position délicate. Ses yeux bleus étaient percé d'une lueur qu'elle ne sut déchiffrer.

- Parce que si j'avais vu votre corps, je crois qu'il m'aurait fait oublier vos exploits de la veille, ainsi au lieu de vous réprimander, je serais sans aucun doute en train de vous faire l'amour au moment même où nous parlons.

Sa voix rauque, percée de désir lui envoya des décharges électriques. Ses mains devinrent moites.

- Allons, l'avion nous attends.

Il quitta le salon d'un pas léger mais dans sa voix, Louane avait pu déceler de la tension. Elle n'était pas en position de dire quoi que ce soit. Alors Louane prit un croissant et se leva le cœur lourd pour aller se préparer. Lorsqu'elle ferma la porte et s'effondra sur le lit les mains sur son visage en se demandant si elle ne venait pas de commettre la plus grosse erreur de sa vie.

L'avion se posa quelques heures plus tard sur le tarmac qu'elle avait fait l'erreur d'emprunter la veille. Si elle était resté au manoir, peut-être que les choses auraient été différente songea-t-elle tristement en levant les yeux vers le manoir qui lui apparut plus majestueux que jamais.

- Vous avez mal à votre cheville ? Questionna-t-il lorsqu'elle passa les portes du manoir.

Louane se contenta de secouer négativement de la tête. Même s'il lui avait donné une leçon juridique pendant le vol pour faire passer le temps, le fait que leurs rapports soient définitivement professionnels lui fit prendre conscience qu'elle avait tout gâché.

Et pourtant, il lui agrippa le bras pour qu'elle le regarde.

- Pourquoi ce silence ? Demanda-t-il d'une voix tendue.

- Je suis un peu fatiguée.

Décidément elle était une piètre menteuse. Son cœur se mit à battre à tout rompre lorsque ses doigts se posèrent sur son menton.

- Je ne sais pas ce qui vous prend Louane, mais tôt ou tard je saurais ce qu'il se passe dans votre tête.

Il relâcha son menton et s'écarta de l'entrée pour la laisser passer. Louane en profita pour s'effacer à l'étage en ignorant son regard qui la transperçait de part et d'autres.

Zakhar soupira de frustration en la suivant du regard. Ne pas savoir ce qu'il y avait derrière ce triste regard était pour lui comme une démangeaison sur l'épiderme. Il bouillonnait de rage.

- Bonsoir monsieur Slovovitsh ! S'exclama Valérie avec empressement.

Un empressement qu'il connaissait très bien. Il grinça des dents en se demandant bien ce qu'il avait fait au bon dieu pour mériter ça.

- Laissez-moi deviner, mon ex-femme est ici ?

Valérie grimaça pour seule et unique réponse.

Zakhar accueillit cette désagréable nouvelle comme un bon moyen de déverser sa colère sur elle. Il retira sa veste, la jeta sur la rambarde d'escalier.

Il se dirigea vers son salon privé et trouva Elise en train de siroter un verre de vin blanc.

- Je peux savoir ce que tu fais ici ? Lâcha-t-il sans se donner la peine de la saluer.

Celle-ci décroisa ses jambes et lui lança un regard faussement vexé.

- Bonsoir Zakhar, dit-elle d'une voix mielleuse.

Avec une moue de dégoût, il dévisagea son ex-femme en se demandant bien ce qu'il avait pu lui trouver pour sceller sa vie à la sienne. Elle respirait la perfidie. En réalité elle avait profité de ces espoirs et de ces rêves d'avenir pour se faire un nom dans la société.

- Je n'ai pas le temps de bavarder, alors dis-moi ce que tu fais assise dans le salon de ma maison.

- Je suis venue voir comment tu te portais.

Zakhar éclata d'un rire puissant.

- Épargne-moi tes mensonges, cracha-t-il en lui exprimant tout son mépris qu'il avait pour sa triste personne.

Faisant mine d'ignorer sa pique, elle porta ses lèvres à son verre puis se leva. Lorsqu'il s'était marié avec elle, Zakhar avait mis tout ses espoirs dans ce mariage. Lui qui ne croyait pas en l'amour, lui qui se montrait si ferme et exigeant dans sa vie personnelle comme professionnelle avait cru que cette femme aurait pu lui apporter ce qui lui manquait le plus dans sa vie. Combler cette solitude qui le bouffait intérieurement.

Elle se leva telle une féline fondant ses espoirs sur ses talents de séduction. Or Zakhar n'était pas dupe. Depuis que leur divorce avait été officiellement prononcé Élise persistait à le reconquérir.

Même en présence de son amant du mois, constata Zakhar en entendant sa gouvernante conversait avec un homme.

- Éric est ici ? Et tu oses t'approcher de moi avec ce regard de séductrice ?

Son ex-femme devint écarlate puis se mit à rire en posant ses mains sur son torse.

- J'ai toujours été persuadé que nous avions fait une erreur Zakhar.

- Pour ma part, divorcer a été la meilleure chose qui puisse m'arriver dans ma vie, lâcha-t-il froidement.

Malgré son ton amer, Elise ne se laissa pas démonter.

- Je ne voulais pas te donner d'enfants certes mais avoue que nous étions....

- Bien ? Coupa-t-il en agrippant ses poignets qu'elle venait de descendre sur son sexe : Nous deux c'était une erreur, une véritable erreur.

Elle serra les dents. La porte de son salon privé s'ouvrit lentement, laissant apparaître la silhouette de la jeune femme qui le hantait le jour comme la nuit. Ses cheveux lissés tombaient le long de son épaule en une tresse africaine. Entourée d'un châle rouge bordeaux, ses yeux verts se portèrent sur la scène qui se jouait devant elle.

- Oh...je suis désolé je ne voulais pas déranger.

- Non ! Reste...exigea-t-il alors qu'elle s'apprêtait à s'en aller.

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