Chapitre 6



  - J'ai deux trois choses à régler, annonça-t-il en coupant court à ses pensées.

- Oh...très bien.

Hannah se maudit la seconde suivante car sa voix avait pris une intonation de déception. À vrai dire elle ne sentait pas à l'aise dans cette grande maison avec cet inconnu qu'elle connaissait à peine.

- Vous êtes libre de faire tout ce qu'il vous plaira. Ajouta-t-il en repoussant sa chaise.

- Comment quoi ? Ne put s'empêcher de demander Hannah en se pinçant les lèvres.

- Absolument tout sauf vous sauver, je n'ai le cœur à courir ce matin.

Pendant un court instant, Hannah crut voir un sourire traverser ses lèvres.

Il quitta la cuisine et bizarrement, elle avait l'impression que la pièce était devenue étrangement vide et silencieusement.

Pas étonnant !

Sa seul présence suffisait à lui donner l'impression qu'il avait le pouvoir de pousser les meubles.

D'un soupir résolu, elle se leva en remarquant que ses mains tremblaient. Inexplicablement, elle sentit son ventre palpiter maintenant qu'elle savait que c'était lui, l'expéditeur de tout ces cadeaux.

Malheureusement, ils étaient destinés à la rendre folle.

Pas à la rendre heureuse.

Alors pourquoi un vague sourire se dessina sur sa bouche ?

Hannah secoua de la tête pour chasser le flot de questions qui montait dans son esprit et quitta la cuisine.

Elle s'installa d'abord devant la cheminé et fixa pensivement les restes du dossier complètement brûlé.

Puis elle se leva pour arpenter le salon. Enfin, Hannah remonta dans la chambre pour rallumer son téléphone.

Sa messagerie était saturée.

En les écoutant, elle eut un goût amer dans la bouche.

Et quand son téléphone se remit à vibrer sous ses doigts, Hannah n'eut pas le cœur de laisser sa meilleure amie sans nouvelles.

- Allô ?

- Mon dieu Hannah ! Que c'est bon de d'entendre !

Hannah ferma les yeux.

- Je vais bien Louane.

- Mais enfin où es-tu ? Demanda-t-elle d'une voix inquiète.

- Je ne veux pas te le dire parce que je sais que tu vas vouloir venir.

- Tu ne veux pas ? Ou tu ne peux pas ?

- Je ne veux pas.

Louane soupira avant de reprendre :

- Mais enfin que s'est-il passé ? Pourquoi tu as subitement disparu ? Gabe n'arrête pas de m'appeler pour savoir où tu es.

Hannah se retint de justesse de lui dire toute la vérité. Mais l'image de ce viking aux yeux noirs lui coupa toute envie de tenter l'expérience.

- Je ne vais pas tarder à revenir je te le promet, dis lui simplement que je suis partie quelques jours.

Hannah n'avait pas besoin de voir Louane pour deviner la tête qu'elle faisait en ce moment.

- Promet-moi que tu n'es pas en danger Hannah.

- Enfin Louane ! S'exclama-t-elle en forçant un rire à demi joyeux. Si j'étais en danger tu crois que je serais en ce moment même en train de te parler.

Louane soupira.

- C'est vrai, tu as raison.

- Je t'appelle un peu plus tard d'accord ?

Hannah raccrocha après de brefs au revoir.

Elle se leva du lit et s'engagea dans le couloir. Il fallait à tout prix qu'elle parle à cet homme. Si elle était à des kilomètres de Gabe, Louane elle, était peut-être en danger.

En parcourant les étages elle s'arrêta net en entendant sa voix rocailleuse.

Lentement, prudemment elle se dirigea vers cette voix presque envoûtante et passa sa tête légèrement entre le bâillement de la porte.

Il parlait, oh ça oui !

Mais dans sa langue.

Une langue proche du russe.

Il parlait avec une lenteur terrifiante et captivante.

Elle se redressa en apercevant son ombre se fondre dans la pièce tout en conversant avec un homme.

Hannah se pinça la lèvre inférieure en songeant à faire demi-tour.

Plongée dans une sorte de torpeur subite elle ne vit pas la porte s'ouvrir totalement.

Levant les yeux vers lui, elle croisa son regard meurtrier et retint instantanément son souffle.

- Puis-je savoir ce que vous faites ?

- Je voulais vous parler.

Il fronça des sourcils avant d'ouvrir la porte en grand.

Gagnée par la confusion, Hannah pénétra dans une pièce qui ressemblait fortement à un bureau.

- Allez-y je vous écoute.

- Je viens d'avoir Louane au téléphone.

Un éclat de mécontentement traversa ses yeux.

- Rassurez-vous ! Je n'ai rien dit ! S'empressa-t-elle de dire en levant les mains.

Il se radoucit aussitôt.

- Mais j'ai peur pour elle, imaginez que Gabe...

- Impossible, coupa-t-il fermement, il ne s'en prendra pas à elle pour la simple et bonne raison que ça le réduirait à avouer ces petits trafics.

- Vous en êtes certain ? Insista-t-elle en tortillant ses doigts.

Il s'approcha et posa une main sur son épaule. Il la pressa gentiment.

- Vous avez ma parole.

Une onde de chaleur se mit à fuser dans son corps.

- Alo...alors je vais vous laisser, je ne voulais pas vous déranger. Bredouilla-t-elle en reculant.

Il retira sa main et inclina sa tête pour toute réponse.

Sa tête se mit à tourner.

Elle quitta le bureau en réprimant de toutes ses forces cette onde de chaleur qui se logeait au creux de ses reins.

Silas attendit que la porte ne se ferme pour fermer brièvement les yeux.

- Alors c'est elle...

Silas en avait presque oublié qu'il avait Zakhar au téléphone.

- Oui c'est elle.

- Tu ne peux pas la garder Silas.

- Parole d'avocat ou d'ami ?

- Les deux, souffla Zakhar en colère. Ce que tu viens de faire ça s'appelle un enlèvement !

Silas s'installa dans son fauteuil.

- Je l'ai sauvé.

- Pour toi oui ! Mais pour Gabe Slander c'est du pain béni.

Silas serra les poings en se retenant de les abattre sur son bureau.

- Si jamais tu débarques devant lui en l'accusant alors que tu as brûlé les preuves, qui te dis qu'il n'essayera pas de t'accuser d'enlèvement ? Imagine qu'il embrouille Hannah Stewart ?

- Hors de question qu'il l'approche de nouveau !

- Tu as brûlé toutes tes chances de le faire condamner Silas, répliqua vivement Zakhar, tu aurais pu les garder, ne rien ressentir pour cette femme, la faire condamner aussi, mais tu ne l'as pas fait.

Silas se leva d'un bond et se passa une main sur son visage fatigué.

- La preuve que derrière cette masse, il y a un cœur capable de ressentir une émotion et ça après six ans de prison.

- Mais ?

- Mais tu n'es plus en position de force.

Silas serra ses mâchoires.

- Que suggères-tu ?

Zakhar soupira.

- De la ramener chez elle et d'aller toi-même te dénoncer, ainsi je pourrais te faire sortir de prison aussi vite que possible.

Silas retint un rire amer.

- Retour à la case départ c'est ça ?

- C'est le seul moyen pour t'éviter le pire Silas.

Silas demeura silencieux.

Avait-il assez de force pour affronter une autre détention en allant lui-même s'accuser d'enlèvement ?

Et si Zakhar avait raison ?

Gabe allait-il se servir de son manque évident de preuve pour l'accuser une seconde fois ?

- Laisse-moi une journée pour décider.

Silas ne lui donna pas le temps de répondre et s'effondra dans son fauteuil.

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