Chapitre 5



Hannah releva subitement les yeux vers lui. Ses mâchoires puissantes remuaient avec une tel détermination qu'elle en resta pétrifiée.

- À rien du tout. Mentit-elle en posant ses mains de chaque côté de son assiette.

- Moi je crois le contraire, je pense que vous vous demandez si je suis capable de vous faire du mal.

Il n'avait pas tort mais elle refusait de l'affirmer.

- Vous sortez de prison, c'est normal que cela me traverse l'esprit. Murmura-t-elle sans le regarder.

- Je n'ai pas l'intention de vous violer.

- Ce n'est pas ce à quoi je pensais ! S'exclama Hannah vivement, les joues en feu.

Impassible, il la dévisagea avec insistance ce qui ne manqua pas de la rendre nerveuse.

- Je vous ai longuement observer mademoiselle Stewart.

- Vraiment ?

Il croisa ses bras en se carrant contre le dossier de la chaise.

- Oui, de loin mais suffisamment près pour déduire que vos lunettes ne sont pas sur votre nez pour un quelconque problème de vision.

Hannah cilla.

- Je vous demande pardon ? Dit-elle en touchant nerveusement ses branches de lunettes.

- Vous portez ses lunettes par pur besoin de disparaître.

- C'est faux enfin voyons ! Quelle drôle d'idée !

- Vous n'avez aucun problème de vue. Insista-t-il de plus belle en l'incitant à lui dire la vérité.

- Ce sont des lunettes de repos ! Avoua-t-elle les poings serrés.

Un sourire se dessina sur ses lèvres dures et sans aucun doute gelées comme un lac en plein hiver.

- C'est un moyen pour vous de ne pas être vu ainsi que vos vêtements dépareillés.

Irritée, Hannah serra les dents.

- Mes vêtements sont...

- ....Affreux ? Hasarda l'homme en posant ses avant-bras sur la table.

Peu importe la distance qui les séparé. Hannah avait l'impression que la table s'était réduite en un petit bout de carré restreint.

- Ils ne sont pas affreux, ils sont...différents.

Silas resta impassible mais n'en demeurait pas moins perturbé par cette femme retranché dans ses vêtements dix fois trop grand.

Pour preuve, elle s'était vêtue du plus grand chemisier du sac qu'il lui avait remis.

Silas n'avait pas vu le cours des choses se passer ainsi.

Dans ses deux premières années de prison, il s'était contenté de suivre le règlement strict de sa détention. Il dormait, se levait, se douchait, mangeait peu et ça durant deux ans. Avant que son esprit parvienne à se défaire de cette dépression qui l'avait rendu prisonnier de son propre esprit.

Les années qui avaient suivi, Silas avait concentré toute son énergie dans sa vengeance.

Et en une fraction de seconde, Hannah Stewart avait fait basculer tout ses plans.

Au premier regard, il avait tout de suite su qu'elle était innocente. Errant tel un fantôme entre les passants, mains posées sur ses dossiers, la tête baissée.

Gabe avait choisi une cible différente, une cible naïve.

Seulement derrière cette apparence, se cachait une jeune femme tout à fait délicieuse.

Elle était comme la première pomme d'un arbre. Tentante et juteuse.

Crispant ses mâchoires, Silas détourna le regard pour affaiblir le désir qui montait en lui.

Il l'avait sauvé des mains de Gabe, ce n'était sûrement pas pour en profiter.

Ceci le rabaisserait à la personne infecte qu'était Gabe Slander.

- Je sincère navré qu'il ait tenté de vous piéger. Dit-il rapidement pour changer de sujet.

Elle haussa des épaules.

- Je l'ai bien mérité, ma naïveté me fera toujours défaut.

Silas n'était pas de cet avis, mais se retint de répliquer.

- Le masque c'était vous ? Questionna-t-elle en repoussant son assiette.

- Je répondrais à vos questions seulement si vous mangez.

Elle releva les yeux vers lui.

Silas se sentit pour le moins agacé de ne pas voir complètement les iris ambrée de ses yeux. Ses lunettes rondes cachaient la plupart de ses traits.

Silas se jura alors de les écraser sous son pied dès qu'il en aurait l'occasion.

- Après six ans enfermé dans une cage j'ai horreur du gaspillage.

Timidement, elle ramena son assiette vers elle et commença à manger son pain perdu.

Silas n'avait jamais mangé rien d'aussi bon.

- Le masque était de moi. Répondit-il enfin d'une voix plus rude qu'il ne l'aurait voulu.

Elle ne releva la pas les yeux, se cachant derrière ses lunettes pour rougir furieusement.

Silas se leva pour se diriger vers la gazinière et plongea son assiette dans l'évier.

- Pourquoi des fleurs ?

- Elles ont des significations très poétique.

Silas ne voulait pas s'étendre sur le sujet. Il les avait choisi particulièrement pour lui significations et leur beauté naturelle.

- Et le mystérieux carton rouge ?

Silas grimaça en se frottant la barbe.

- Il était censé contenir une phrase mais l'encre ne tenait pas.

Hannah n'était pas folle.

Elle avait bien vu de l'encre effacée.

Il s'approcha lentement et se mit derrière sa chaise pour y appuyer ses mains.

Déjà, Hannah sentit le trouble l'envahir de nouveau.

- J'ai osé espérer qu'il ne tenterait pas de vous manipuler en vous disant que tout venait de lui.

- Je l'ai cru sans grand mal.

- Pourtant, en Italie, il vous a dit que ce n'était pas lui.

Hannah écarquilla les yeux.

- Comment...

- Je vous l'ai dit, j'ai installé des micros un peu partout y comprit dans ses voitures personnelles.

- Par pitié ne me dites pas que vous en avez mis aussi chez moi ?

Comme il ne répondait pas, Hannah s'étrangla.

- Votre double de clefs sous l'extincteur n'était pas difficile à trouver.

Choquée, Hannah hoqueta.

Elle comprit alors que depuis le début, il avait entendu toutes ses conversations.

Y comprit le jour où Gabe était venu chez elle.

- Vous n'aviez pas le droit. Souffla-t-elle en enfonçant ses ongles dans les paumes de ses mains.

- Je sais, mais il le fallait pour votre sécurité.

L'esprit embrouillé, Hannah posa ses doigts sur ses tempes en réalisant que c'était bien pire qu'elle le pensait.

- Les coups de téléphone c'était vous ?

- Oui.

Il se déplaça enfin et se réinstalla sur sa chaise en face d'elle, plongeant un regard indéchiffrable dans le sien.

- Je vous ai fait peur n'est-ce pas ?

Hannah battit des cils.

- Là maintenant tout de suite, je désire une seule chose monsieur Polos..khïa.

- Laquelle je vous prie ?

- Avez-vous oui ou non installé des cameras dans mon appartement ?

- Seulement des micros vous avez ma parole mademoiselle Stewart.

À demi soulagée, Hannah poussa un soupir haché.

- Je voulais seulement connaître ses motivations quand il est venu chez vous. Expliqua-t-il en tapotant ses doigts sur la table.

À la fois fascinée et troublée Hannah se rappela alors de ce jour où Gabe était venu chez elle.

Il l'avait embrassé, fait tourner la tête, il avait commencé à se montrer plus entreprenant jusqu'à commencer à la déshabiller.

Jusqu'à ce fameux coup de fil.

Qui avait mis fin à toutes tentatives.

Et ce coup de fil qu'elle avait accueilli comme un cadeau du ciel venait de cet homme.

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