Chapitre 4
Après quelques heures de sommeil, Hannah revint à la réalité mortifiante dans laquelle elle était plongée depuis la veille.
Elle serra le plaide qui lui avait tenu chaud toute la nuit et se redressa péniblement.
Sa nuit fut courte et bercée de souvenirs qu'elle aurait voulu oublier.
À jamais.
Dans la lumière, la chambre avait pris un autre aspect.
Elle était grande et aménagée pour une femme.
Du moins en apparence.
Quelque peu intimidé par cet endroit, Hannah s'autorisa tout de même à prendre une douche sans jamais rien déplacer par peur de casser quelque chose.
Une fois habillée de vêtements qui ne lui appartenaient même pas, elle quitta la chambre et partit à la recherche de cet homme qui avait ruiné toutes ses chances de vengeance.
Pour lui éviter le pire.
Elle parcourut le salon à la recherche d'un quelconque bruit qui puisse la mettre sur les traces de l'homme.
- Hé oh ?
La maison semblait vide.
Hannah emprunta le chemin qu'il avait prit la veille et déboucha sur un dédale de couloirs.
Prudemment elle avança en suivant les broderies du tapis anciens comme si celui-ci allait la guider.
Et elles le firent.
Hannah tomba sur une pièce sombre due au grand rideau encore fermé. La lumière filtrait faiblement mais suffisamment pour découvrir le cœur battant que Silas Poloskhïa était là, verre vide à la main, endormi sur un fauteuil qui trônait au milieu de la pièce.
Il s'était sans doute endormi ivre de colère.
D'une infime lenteur, pour réparer ses fautes qui l'avaient mis dans un état second, Hannah s'agenouilla pour s'emparer du verre de whisky à moitié vide.
Elle tendit sa main vers le verre qui manquait de se renverser sur sa cuisse large puis admira son visage.
Hannah se mordit la lèvre pour s'empêcher de faire du bruit et posa lentement ses doigts sur le verre pour lui retirer des mains.
Avant même qu'elle s'empare du verre, une main d'acier se referma contre elle en attirant son corps tremblant vers le bras du canapé.
Hannah écarquilla les yeux en même temps que son corps se retrouva projeté contre un torse massif.
- Puis-je savoir ce que vous faites ? Demanda-t-il d'une voix aucunement ensommeillée.
- Je voulais simplement vous débarrasser de...
Elle baissa les yeux sur ses doigts entremêlés aux siens sur ce fichu verre.
- De votre verre avant qu'il ne se reverse. Termina-t-elle en reculant sa tête.
Il fronça des sourcils avant de la relâcher.
- Je nullement besoin de votre aide. Lâcha-t-il froidement.
Hannah se releva sur-le-champ.
Silas entraperçut sur ses joues une roseur coupable teinter son visage. Il se leva puis posa le verre qui lui avait tenu compagnie toute la nuit sur la table. Il avait eu besoin de noyer sa rage.
- Je suis navré.
Au tintement de cette voix étrangement douce, Silas se retourna pour affronter la jeune femme.
Oui elle l'était.
Elle n'avait pas besoin de parler, ses yeux écarquillés par la peur parlaient pour elle.
- Je vais prendre une douche, faites comme chez vous.
- Oh mais...où se trouve la cuisine.
- Cherchez, ça vous aidera à passer le temps.
Hannah en resta sans voix. Mais elle eut assez de force pour détourner les yeux quand il commença à faire passer son tee-shirt par-dessus ses épaules.
Il ne fallait surtout pas montrer les rougeurs qui lui montaient aux joues.
Elle patienta quelques minutes puis quitta la pièce pour trouver le chemin de la cuisine.
Étonnamment surprise par la beauté des lieux, Hannah pénétra dans la cuisine.
C'est seulement à ce moment précis qu'elle put enfin découvrir par la grande fenêtre, qu'elle se trouvait....
Au milieu de nulle part.
Dans un quartier qui lui était totalement méconnu.
La respiration saccadée, elle se recula lentement en refusant catégoriquement de laisser le cours de ses pensées décider pour elle.
S'enfuir alors qu'il l'avait sauvé n'était pas une bonne idée bien au contraire.
Alors elle ouvrit le frigidaire à la recherche de quelque chose capable de nourrir...cet homme.
Après six ans de prison, qu'est-ce qu'un prisonnier mangeait ?
Hannah blêmit à sa propre question et referma la porte du frigo en se mordant la lèvre puis la rouvrit une seconde fois.
- Vous n'étiez pas obligé de faire le petit déjeuner. Lança-t-il trente minutes plus tard en déboulant dans la cuisine d'un pas pressé.
Hannah manqua de se brûler et détourna immédiatement les yeux.
Il sentait l'eau de toilette sauvage de la veille. Hannah battit des paupières en jetant quelques coups d'œil dans sa direction.
- J'ai fait du pain perdu...
- Est-ce une décision purement réfléchi ?
Sans comprendre, Hannah se retourna.
- Je vous demande pardon ?
- Du pain perdu pour votre premier petit déjeuné avec moi, vous désirez me faire passer une message ?
Devant son sourire carnassier elle se retourna et rougit jusqu'aux oreilles.
Car en effet, c'est avec une pointe de désespoir qu'elle avait choisi de faire du pain perdu.
- J'aime le pain perdu.
- Vous mentez tellement mal que c'en est presque adorable. Répliqua-t-il si rapidement qu'elle papillonna des cils pour rassembler le cours de ses pensées.
Sans se retourner, Hannah décida de l'ignorer et continua de préparer le pain perdu.
Elle désirait le noyer de questions. De lui demander d'où il venait, quel âge avait-il ?
- Vous avez reçu des appels hier ?
- Je l'ignore j'ai coupé mon téléphone.
- Mauvaise idée, Louane va mourir d'inquiétude.
Hannah se retourna pour affronter son regard. Seulement elle n'avait pas prévu qu'il soit aussi proche.
- Vous avez...de nombreuses informations sur moi qui...
- Qui ? Demanda-t-il d'une voix plus amène.
Hannah perdit le sens de sa phrase en dévisageant son torse taillé dans du granite.
- Rien du tout ! S'empressa-t-elle de dire d'une voix suraiguë.
Le long de son dos, Hannah sentit son regard sur elle.
- Il me fallait toutes ses informations sur vous. Déclara-t-il en pivotant les talons. Je devais m'assurer que vous n'étiez pas une éventuelle complice.
Elle se décida alors enfin à venir vers la table en bois massif pour déposer les pains perdus dans les assiettes.
- Je vous remercie pour...hier.
- Vous pourrez me remercier quand j'aurai obtenu ce que je veux.
Hannah se garda de répliquer. Elle n'était pas en position de force.
La situation était assez improbable pour en rajouter une couche.
Hier encore elle restait persuadée que Gabe était l'homme sincère et honnête qu'elle rêvait d'avoir.
Aujourd'hui, elle se retrouvait à table avec son ennemi juré.
Entre les deux, il y avait elle.
Une sorte de dommage collatéral.
Elle approcha son verre de jus d'orange fraîchement pressé mais suspendit son geste en le regardant.
Il mangeait comme un animal affamé. Son regard restait dur comme du fer.
Hannah l'imagina alors en tenue orange, dans un quartier hautement sécurisé.
Elle frissonna en buvant une gorgée de jus d'orange.
- À quoi pensez-vous mademoiselle Stewart ?
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