Chapitre 30




  - Quelle heure est-il Val ? Demanda-t-il à son chauffeur.

Ce dernier soupira en le regardant dans le rétroviseur.

- La même heure qu'il était il y a moins de trente secondes.

Silas exhala un soupir haché en crispant sa main sur son téléphone. Désespéré de ne pas la voir arriver, il ferma les yeux.

- Elle a dû prendre peur, conclut-il en se tournant vers Val. Je viens de la terroriser avec cette histoire.

- Il lui reste encore cinq minutes pour arriver monsieur Poloskhïa, fit-il remarquer d'une voix rassurante.

Silas se frotta l'arrière du crâne. Pendant six ans il s'était montré patient et voilà qu'aujourd'hui il ne parvenait plus à attendre.

- Et la voilà monsieur...murmura Val une pointe d'amusement dans la voix.

Silas redressa vivement la tête et la vit sortir de l'immeuble avec une valise à roulettes. Une émotion inexplicable l'étreignit. Refoulant l'excès d'excitation qui le submergeait, Silas ouvrit lentement la portière et lorsqu'il croisa son regard, c'était comme si elle venait de lui insuffler une bouffée d'oxygène.

Les cheveux dans le vent, elle lui souriait les yeux illuminés. Ne perdant pas une seconde, il traversa la route éteinte de circulation et vint poser ses mains ses joues.

- Dois-je en conclure que vous acceptez ma proposition mademoiselle Stewart ? Demanda-t-il d'une voix suave.

- Oui, dit-elle d'un souffle, les yeux étincelants.

Silas se pencha lentement et posa un baiser langoureux puis s'écarta juste assez pour la regarder dans les yeux.

- L'avion nous attends, annonça-t-il en lui embrassant le front.

En la faisant monter dans la voiture, Silas prit conscience de l'immense sacrifice qu'elle faisait pour lui. Un sentiment de culpabilité lui saisit la gorge.

Oui, aujourd'hui plus que n'importe quel jour, il se montrait égoïste. Il remonta la vitre qui le séparait de son chauffeur et planqua ses lèvres sur les siennes. Il se gorgea de son odeur, savoura ses lèvres pleines.

- Silas....haleta la jeune femme.

Il enfouit son visage dans son cou et s'appliqua à lui montrer à quel point il était heureux de l'avoir pour lui tout seul.

Silas s'écarta à regret et lui embrassa la joue et la sentit frémir.

Il n'avait jamais désiré une femme avec tellement de force.

- Je te promet que ce voyage ne serait pas concentré sur mon travail, promit-il en déposant un nouveau baiser sur son nez.

- Je peine à croire ce qu'il m'arrive Silas.

Évidement, il suffisait de la regarder pour y voir qu'elle découvrait son monde avec prudence. Comme si elle redoutait qu'il puisse mettre fin à tout ça d'un claquement de doigt.

- Tu n'es pas au bout de tes surprises...

Hannah posa un doigt sur sa bouche au moment où il s'apprêtait à l'embrasser.

- Je vous signale monsieur Poloskhïa que nous allons Russie pour ton travail et non pour....

Il attrapa son doigt avec sa bouche et le mordilla. La bouche entrouverte, Hannah haleta les yeux rivés sur son doigt emprisonné entre ses dents. Il prit son poignet pour écarter sa main et embrassa sa paume ce qui ne manqua pas de la faire chavirer.

- Tu as des cernes, constata-t-il en coupant le feu ardant qui venait de naître en elle.

Hannah cligna des yeux et toucha ses pommettes.

- Sans doute à cause du manque du sommeil.

- Tu n'as pas dormi ?

- Très peu, avoua-t-elle en tournant la tête vers la fenêtre.

- Le voyage va être long, tu devrais dormir Hannah, conseilla-t-il en posant la paume de sa main sur sa joue pour qu'elle tourne son visage vers lui.

Inutile de lutter plus longtemps, pensa-t-elle en fermant les yeux. Il lui offrit son épaule pour y reposer sa tête.

Elle faisait le bon choix, songea-t-elle intérieurement. À son oreille, elle l'entendit lui murmurer quelque chose en russe, ferme et intense. Cet accent lui donnait le vertige.

Silas referma ses doigts sur sa taille et reporta son attention sur la circulation alors qu'elle venait de s'assoupir contre son épaule.

Des heures plus tard, il la souleva dans ses bras et descendit sur le tarmac sous les rires persistants de son personnel privé. En effet, jamais personne jusqu'à aujourd'hui leur avait offert un tel spectacle silencieux. Hannah ne s'était pas réveillée durant tout le long du vol. Ni les turbulences ni les secousses avaient eu raison d'elle. Elle avait dormi comme un loir.

- Hannah ? Chuchota-t-il en frottant sa bouche contre sa joue.

Elle ouvrit lentement les yeux et frissonna en étirant son corps contre le sien. Jamais une femme lui avait donné cette impression de vulnérabilité qui s'émanait d'elle, la rendant encore plus irrésistible.

- On est arrivé à l'aéroport ? Demanda-t-elle d'une voix ensommeillée.

Silas rit doucement.

- On est arrivé en Russie, rectifia-t-il amusé.

Elle écarquilla d'abord les yeux et redressa la tête pour regarder par la fenêtre de la voiture.

- Impossible !

- Oh que si...

Hannah n'en crut pas ses yeux. Comment avait-elle pu dormir aussi longtemps !

- Je viens de prendre l'avion sans m'en rendre compte, dit-elle d'une voix blanche.

- C'est absolument intéressant de savoir que tu es facilement transportable, dit-il d'une voix diaboliquement amusée.

Hannah lui frappa l'épaule les joues en feu.

- Plus besoin de te droguer ! Rajouta-t-il en venant parsemer des baisers sur sa mâchoire.

À travers cette torpeur qu'il avait le don de provoquer en elle, Hannah aperçut un épais manteau de neige recouvrir le sol.

- Je n'ai jamais vu autant neige de toute ma vie.

Il s'écarta, à regret et la voiture s'engagea sur la route dégagée. Hannah n'eut pas besoin d'examiner plus longtemps son visage pour s'apercevoir que ses traits s'étaient durcis. Hannah décida de ne pas tenter le diable et profita silencieusement du paysage. Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent dans une allée recouverte de neige et une grande bâtisse apparue.

- Bienvenue chez moi Hannah.

- Silas ! C'est ta maison ? Demanda-t-elle en quittant la voiture prudemment.

- Je l'ai fait construire il y a huit ans.

Dubitative, elle le dévisagea incrédule. En apparence la maison semblait neuve, comme si personne n'y avait jamais habité. Et apparemment, c'était le cas.

- Elle est magnifique.

D'un geste pressé, il lui fit signe de prendre sa main, les traits toujours aussi sévères. Il n'avait pas l'air joyeux de revenir en Russie. Hannah espérait lui rendre son sourire très vite. Mais comment ?

À pas de géant, il enjambait la neige sombrement puis la souleva dans ses bras pour monter les marches glissantes.

Une fois à l'intérieur, elle trouva la maison absolument magnifique mais n'eut pas le temps de s'extasier plus longtemps. L'expression lugubre de Silas l'invitait au silence. Elle s'installa sur le grand fauteuil en cuir et le regarda passer et repasser devant elle, sourcils foncés.

- Autant briser la glace et me dire ce qu'il se passe Silas, lâcha Hannah un peu sèchement pour attirer son attention.

Il se redressa près de la cheminé et planta son regard dans le sien.

- De vieux fantômes, mais c'est inutile d'en discuter, répondit-il sur un ton posé.

- Vraiment ?

- Absolument, affirma-t-il d'une voix plus agacée.

- Pourtant, tu as l'air d'y penser au point de m'oublier.

Il fronça des sourcils en secouant de la tête, l'air interloqué.

- Je ne t'oublie pas c'est faux.

- Voilà quinze minutes que tu t'affaires autour de moi comme si je n'étais pas là, fit-elle remarquer.

Il se figea, puis consulta sa montre.

- J'ai fait ça ? Demanda-t-il d'une voix à peine audible.

Hannah s'entoura de ses bras.

- Oui, tu l'as fait. Silas ? Que se passe-t-il ?

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