Chapitre 28
- Monsieur Poloskhïa ?
Plongé dans une lourde torpeur, Silas se redressa en considérant le conseiller du cheikh avec prudence.
- Le cheikh est prêt à vous recevoir.
Il se leva et le suivit dans le grand salon de la plus grande suite du Ritz. Il la connaissait par cœur pour l'avoir occupée autrefois. Le cheikh Dahazar entra dans le grand le salon le regard empli de sympathie à son égard.
- Monsieur Poloskhïa, nous n'avons pas eu le plaisir de discuter plus longtemps hier.
- Pardonnez-moi, répondit Silas promptement. Je n'étais pas d'humeur à discuter comme vous avez pu le remarquer.
Le cheikh rit brièvement et vint le saluer.
- Votre intervention m'a été bénéfique, admit-il en plissant des yeux. Sans vous peut-être aurais-je été la cible d'un incident qui aurait pu courir à un incident diplomatique.
Silas inclina légèrement sa tête.
Le cheik l'invita à s'asseoir et lui servit une tasse de café.
- Après que vous m'ayez quitté, je me suis informé sur vous, reprit-il en s'installant en face de lui avec grâce. J'admire votre courage d'avoir passé tant d'années en prison.
Silas s'efforça de maîtriser ses nerfs. Il en avait assez d'entendre toujours les mêmes phrases compatissantes.
- Merci, dit-il d'un ton bref mais poli.
- J'aurais voulu connaître votre histoire avant, mais malheureusement j'ai été contraint à l'exil pendant plusieurs années.
Silas se souvenait parfaitement de son histoire et de cette guerre qui avait eu lieu dans son pays lorsque son propre cousin avait tenté de prendre le pouvoir, amenant le pays à des difficultés humanitaires et économiques. Il avait mené cette guerre vaillamment et en portait les traces sur son visage.
- Je suis navré votre altesse, murmura Silas en remarquant que ses traits étaient marqués d'une expression lugubre.
Le cheikh se racla la gorge, et reprit une expression presque inhumaine. Sous le choc, Silas crispa ses doigts sur les bras du fauteuil. Car cette expression inhumaine, il la portait sur son visage depuis sa sortie de prison. Avait-il osé regarder Hannah avec cette expression inhumaine que lui reflété le cheikh ?
Avec un air abattu, il se redressa pour écouter ce que le cheikh avait à lui dire. Demeurant silencieux pendant le récit professionnel du cheikh Dahazar, Silas attendit qu'il eut terminé pour lui exposer son refus.
- Votre proposition est un honneur pour moi, mais je me vois dans l'obligation de la refuser.
Le cheikh le dévisagea d'un air interloqué.
- Puis-je savoir pourquoi ? Demanda-t-il sur un ton contrarié.
- Votre proposition m'obligerais à partir en Russie pour une durée indéterminée, seulement j'ai d'autre obligation ici.
L'homme haussa un sourcil, arborant un sourire en coin.
- Et cette obligation est-elle aussi blanche que la neige ? Demanda-t-il d'une voix lente, où percé la curiosité.
Silas resta impassible et laissa son regard parler pour lui.
- Est-ce vôtre femme ?
Silas tressaillit. Un élan de possessivité irradia ses sens.
- Vous avez pensé que c'était ma femme ? Demanda-t-il d'une voix grave.
- N'est-ce pas le cas ? Demanda-t-il surpris. Vous aviez l'air si protecteur avec cette belle jeune femme, cela m'a paru évident.
Silas crispa ses mâchoires sans le quitter des yeux.
- Ce n'est pas ma femme, grommela-t-il enfin comme s'il le regrettait.
Une lueur d'intérêt enflamma les yeux gris du cheikh.
- C'est ma fiancée, ajouta-t-il avec un sourire en coin.
- Alors vous seriez prêt à refuser cet emploi pour cette jeune femme ? Murmura-t-il songeur.
- Vous m'auriez dit ça six ans auparavant, j'aurai accepté sans me préoccuper de ce que je laissais derrière moi. Mais aujourd'hui, les choses sont différentes.
Le cheikh décroisa les jambes en soupirant.
- Je comprends, dit-il sans lui cacher sa déception. Mais lui avez-vous demandé si elle était prête à venir avec vous ?
Le visage de la jeune femme lui apparut. Là, plantée au milieu du trottoir, le regard triste.
Pouvait-il lui demander de se sacrifier ? Elle le connaissait à peine !
Et même si leur nuit d'amour n'avait fait que renforcer que l'attirance absolue qu'il avait pour elle, Silas ne se voyait pas lui demander de venir en Russie avec lui et encore moins se séparer d'elle si tôt.
- Je vous laisse y réfléchir monsieur Poloskhïa, conclut le cheikh en se levant.
Silas l'imita et lui donna une poignée de main ferme comme si sans le vouloir, il venait de sceller leur accord.
Non, il ne partirait pas sans Hannah. Cette conclusion lui fit froid dans le dos. Il avait besoin de son rire, de se gorger de son odeur.
Il se passa une main sur son visage fatigué et se mit à faire les cent pas dans le couloir. Il y avait plusieurs façons de lui demander, songea-t-il en se frottant la barbe. Lui demander en lui faisant l'amour ? Autour d'un dîner ? Ou bien mieux ! Grogna-t-il au tréfonds de sa gorge. Pourquoi pas l'attacher et la mettre de force dans son jet !
- Espèce....de monstre, se maugréa-t-il en quittant le couloir d'un pas furibond.
Comment pouvait-il redevenir égoïste au point s'imaginer une telle chose ?
Serrant les dents, il opta pour la plus prudente des options et réserva une table dans un restaurant chic. Pendant le reste de la matinée, Silas décida de rester dans sa voiture pour réfléchir et évaluer les choses avec prudence. Il se souvint alors avoir dit que la jeune femme était sa fiancée. Il tentait de se persuader qu'il avait dit ça dans la précipitation du moment mais hélas, Silas devait admettre avoir dit ça avec une telle force que lui-même y avait cru !
Il consulta sa montre qui affichait midi pile. Il quitta sa voiture puis se dirigea vers le restaurant. Une fois installé, il se mit à lisser la nappe comme un fou, alors que le serveur attendait une réponse à sa question.
- Un double whisky s'il vous plaît, dit-il sombrement.
Le serveur quitta la table et au loin, lorsqu'il releva les yeux, il la vit. Plus belle que jamais. Une bouffée de désir lui monta à la gorge comme des lames tranchantes. Ce matin encore elle était alanguie sur son lit, les cheveux ébouriffés, la bouche empreinte de ses baisers. Elle s'avança jusqu'à la table avec ce sourire timide qui suffit à faire monter en lui une sensation inexplicable.
- Je ne pensais pas te voir si vite ! Dit-elle en tirant la chaise.
Il se leva impérieusement et se pencha au-dessus de la table pour lui offrir un baiser qui peut-être, serait le dernier.
Il se sentit soudain nerveux.
- Tu as faim j'espère ? Demanda-t-il d'une voix grave.
Elle cilla.
- Euh...oui.
Il posa sa main sur la sienne d'une telle force qu'elle grimaça légèrement. Silas desserra son emprise et s'admonesta de réprimer la violence de ses gestes trop vifs, trop brutaux.
- Comment va Louane ? Demanda-t-il alors sur un ton plus doux. Sa soirée c'est bien passé ?
La jeune femme ébaucha un sourire en coin.
- Tellement bien qu'elle a été retenue pour le stage qu'elle attendait depuis des mois.
Silas but une gorgée de whisky pour se donner un brin de courage en ramenant vers lui, sa main emprisonnée dans la sienne.
- Vraiment ? C'est une superbe nouvelle.
Elle haussa des épaules, les yeux embués de larmes.
- Oui, murmura-t-elle sur un ton fataliste. Elle va terriblement me manquer.
Silas fronça des sourcils.
- Te manquer ? Répéta-t-il incrédule.
- Le stage est à Seattle, elle part pour un mois complet.
Silas se redressa lentement en la considérant sérieusement.
- Un mois ? Répéta Silas de nouveau.
- Où peut-être plus ! S'exclama-t-elle sur un ton empreint de tristesse.
Silas ravala l'accès de joie qui montait en lui. Le départ de Louane était un cadeaux tombé du ciel. Plus rien ne pouvait la retenir ici. Si Louane partait à Seattle pour une durée d'un mois voir plus, alors plus rien ne la retenait à New-York.
- Et toi alors ? Demanda-t-elle en lui souriant irrésistiblement. Comment c'est passé ton rendez-vous ?
- Le cheikh m'a fait une proposition qui me contraint à partir en Russie pour quelques semaines.
Il n'avait jamais été si heureux de la voir pâlir. Signe qu'elle était dévastée qu'il soit contraint de partir.
- Hannah ?
- Oui ? Dit-elle d'une voix voilée par un tristesse qui lui serra le cœur.
- Je veux que tu viennes avec moi.
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