Chapitre 23



Au bout d'un temps qui lui avait paru une éternité, Hannah aperçut la parfumerie dans laquelle elle travaillait. Mais cette fois-ci elle se trouvait sur le trottoir opposé. Dès qu'elle fut sortie de la voiture, de nombreux regards s'arrêtèrent sur elle. Silas lui offrit son bras avec un regard pénétrant.

Elle passa sa main dans le croisement de son bras et posa sa paume contre son biceps. Elle rougit presque aussitôt. Le Ritz Carlton scintillait de lumières magnifiques. Elle réprima un souffle de stupéfaction lorsqu'ils passèrent les portes de la salle réservée au bal.

Tous rivalisaient de beauté.

Très vite, Hannah remarqua que sa robe ne se mariait pas avec le décor rouge et or. Ce qui ne manqua pas d'attirer une centaine de regards vers eux. Rongées de jalousies, certaines femmes tentaient vainement de garder leur condescendance.

Mais il y avait bien pire.

Silas Poloskhïa s'imposait dans la salle avec cette puissance qui s'émanait de lui presque naturellement. Alors Hannah mesura la chance qu'elle avait d'être sa cavalière.

- Surtout, d'étendez-vous, murmura-t-il près de son oreille.

Hannah releva la tête vers lui, et vit une lueur sombre éclater dans ses prunelles.

- Monsieur Poloskhïa, c'est un véritable honneur de vous avoir parmi nous ce soir.

Hannah reconnut instantanément le directeur de l'hôtel. Mais le plaisir de pouvoir sourire à cet homme tomba presque aussitôt que l'euphorie qui l'a gagné.

Gabe Slander s'empara du dernier espace qui le séparait du maître d'hôtel et lui ébaucha un sourire qui la fit trembler.

Sans vergogne, il darda sur elle un regard qui la rendit mal à l'aise.

- Hannah, salua-t-il d'une voix suave.

À son plus grand soulagement, elle sentit le muscle du bras de Silas se tendre comme un fil de fer.

- Monsieur Slander, vous devriez rejoindre votre table et...

- Alors c'est à moi de partir ? S'insurgea Gabe en pouffant. Pardonnez-moi monsieur le directeur mais ce n'est pas moi le violeur dans cette salle.

Hannah releva la tête vers Silas, priant de toutes ses forces qu'il ne lui saute pas à la gorge. Un sourire dansait sur ses lèvres froides et dures. Ses yeux se plissèrent légèrement.

- Pour quelqu'un qui a été violé, je trouve que Naomi se porte à merveille, répondit Silas d'une douceur affectée.

Hannah riva son regard vers cette dernière qui riait à gorge déployée, une lueur malicieuse dans le regard.

Gabe pâlit, lèvres serrées.

Il tourna les talons et se dirigea vers Naomi pour la tirer par le bras. Leur vive altercation suffit à attirer l'attention. La jeune femme chargée d'artifices, vêtue d'un court tissu bleu faisant déborder sa poitrine, tourna les yeux vers eux. Son expression trahissait les accusations portées sur Silas. La surprise se peignit sur son visage puis son regard devint comme celui d'une lionne. Une éclat de jalousie fissura ses traits lorsqu'elle la reconnut enfin. Puis elle s'en alla en bousculant son frère sous les regards interloqués.

- J'ai toujours su que vous étiez innocent monsieur Poloskhïa, reprit le directeur de l'hôtel. J'admire votre courage d'avoir plaidé coupable.

Silas inclina sa tête avec un sourire forcé.

En venant ici ce soir, il savait qu'il serait confronté à ce genre de conversation. Mais ce qui lui importait ce soir, c'était le bonheur de la jeune femme cramponnée à son bras.

- Je vous en prie, monsieur Poloskhïa, dit le directeur en l'invitant d'un bras tendu vers la salle à pénétrer dans l'arène.

Silas entraîna la jeune Hannah vers l'immense buffet et attrapa deux coupes de champagne.

- Les hommes vous dévorent du regard, les femmes vous jalousent, commenta Silas en lui donnant son verre.

Elle esquissa un sourire timide.

Un désir violent s'empara de lui, plus fort chaque seconde. Sa robe laissait entrevoir la finisse de ses hanches diaphanes. Il pouvait y voir la peau lisse de son dos. Comment pouvait-elle croire qu'elle était grosse ?

- Vous saviez que Gabe serait ici ? Demanda t-elle en trempant ses lèvres dans sa flûte.

- Non, mais je m'en doutais un peu.

Pensivement, il parcourut la salle des yeux, prêt à protéger sa belle à la moindre menace qui pourrait détruire la magie qui pétillait dans ses yeux.

- Je regrette qu'il soit présent, je suis inquiète.

Silas fit tomber son regard dans le sien et effectivement, une inquiétude croissante habitait ses prunelles.

- Si vous craignez que je lui saute dessus, soyez sans crainte, je sais maîtriser mes nerfs.

Hannah cligna lentement des yeux et le crut sincère. Au lieu d'être fébrile, Hannah se sentait étrangement confiante. Le smoking sombre qu'il portait lui conférait une sorte de puissance impérieuse. Ses tempes se mirent à cogner avec violence. Son cœur palpitait si vite qu'il aurait presque pu bondir hors de sa poitrine.

- À nous....

Ils trinquèrent au milieu du brouhaha. Mais dans sa tête, Hannah avait l'impression qu'ils étaient seuls.

Une délicieuse excitation s'ajouta à sa griserie lorsqu'elle but une gorgée de champagne. Le monde ne semblait plus tourner rond ce soir. Mais Hannah voulait à tout prix garder les pieds sur terre.

- Mangez un peu, lui intima Silas en lui donnant un feuilleté.

Malgré la douceur étrange de sa voix, elle ne put échapper à l'inflexion qui l'avait percée.

Hannah dégusta plusieurs toasts en parcourant les tables des yeux. Silas lui prit la main, prenant soin de l'écarter volontairement des hommes d'affaires fortunés qui mettaient un point d'honneur à la rendre nerveuse.

- Nous sommes à la table du sénateur.

Hannah éclata de rire en songeant d'abord à une blague.

- Vou...Vous êtes sérieux ? Demanda-t-elle en n'osant y croire.

- Très sérieux, affirma l'homme en lui tirant sa chaise.

Hannah cilla bouche bée et s'installa.

- Vous le saviez ?

- Non, dit-il d'un soupir de satisfaction.

Pour lui, être au côté du sénateur était une aubaine. Il tenait là sa revanche et pouvait déjà sentir planer dans la salle un sentiment de jalousie.

Le sénateur en personne salua respectueusement Silas en ne manquant pas de lui témoigner beaucoup d'affections. Hannah comprit alors qu'ils se connaissaient depuis longtemps.

- Qui est votre ravissante compagne ?

Le vieil homme lui baisa la main avec un regard appréciateur.

- Je vous présente Hannah Stewart.

S'efforçant de ne pas rougir, Hannah lui offrit son plus beau sourire et récupéra sa main.

- Mademoiselle Stewart vous êtes de loin la plus belle femme de cette soirée et je pèse mes mots.

- Merci monsieur le sénateur, c'est un honneur pour moi d'être à votre table.

Ce dernier échangea quelques mots en Russe avec Silas. Elle ne comprit rien, ce qui la désarçonna aussitôt. Elle avait seulement pu se fier à l'expression douce qu'elle avait lu sur le visage de Silas.

La main de ce dernier se referma sur la naissance de ses doigts pour l'inviter à se rasseoir.

- Je peux savoir ce qu'il vous a dit ? Demanda-t-elle d'un chuchotement à peine audible.

Il se pencha lentement.

- Que je serais impardonnable si je vous laissais partir.

Son cœur se mit à battre à toute allure. D'un regard profond il lui sourit et se redressa sans quitter la naissance de ses doigts qu'il tenait fermement contre les siens.

Était-elle en train de rêver ? Si tel était le cas, Hannah refusait de se réveiller.

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