Chapitre 21



Après avoir convaincu Hannah de se laisser faire, Silas s'installa dans un fauteuil au fond de la pièce comme promit. Il tentait désespérément de se persuader qu'il lui avait ouvert son cœur seulement pour qu'elle accepte de laisser Miranda s'occuper d'elle. Or, il se mentait à lui-même.

Hannah l'intéressait.

Elle avait bousculé son équilibre. Elle avait bousculé ses projets. Hannah Stewart était en train de le rendre fou tout simplement.

Il abaissa son journal qu'il feignait de parcourir et la vit se raidir plus d'une fois. Silas commençait à se demander s'il avait pris la bonne décision. Miranda Warren jetait des regards assassins dans le miroir. Elle s'employait à rendre Hannah dans tout ses états. Silas inspira bruyamment sans quitter la scène des yeux. Il se mit à réfléchir à tout allure et sortit son téléphone de sa poche. Il laissa plusieurs minutes tomber avant de recevoir un message de confirmation. Miranda était certes une très belle femme. Mais il savait pertinemment ce qu'elle attendait de lui. Elle espérait sans doute qu'il la couvre de diamants, qu'elle devienne sa maîtresse. Voilà pourquoi elle passait plus de temps à déambuler dans la salle de bain en lui souriant avec concupiscence que de prendre sa mission au sérieux.

- Je pense qu'il lui faudrait un carré, lança-t-elle en se tournant vers lui, qu'en pensez-vous monsieur Poloskhïa ?

Silas décroisa ses jambes. La voix de cette dernière était percée de malices.

Ciseaux à la main, elle se retourna vers Hannah.

- Laissez-moi faire mademoiselle Stewart.

Silas se rendit compte la rage au ventre qu'il avait passé plus de temps à analyser les intentions de Miranda que de regarder Hannah. Et lorsqu'il vit la chevelure épaisse de la jeune femme enfin détachée, tombant en cascade contre le dossier de la chaise, flamboyante, d'une longueur incroyable, Silas bondit du fauteuil les yeux assombris et agrippa le poignet de Miranda violemment.

- Assez ! Gronda-t-il d'une voix exigeant le silence et le respect.

La grande blonde hoqueta les joues presque violacée.

Un cri étouffé par des sanglots presque inaudibles lui fit baisser les yeux vers Hannah. Elle s'était reculée en arrière en récupérant ses cheveux.

- Je crois que je n'ai plus besoin de vos services. Dit-il à l'adresse de la styliste qui s'était décomposée.

- Je viens à peine de commencer ! Protesta-t-elle avec un sourire de contenance.

- Et moi j'ai dit que c'était assez, rétorqua Silas d'une voix sombre et menaçante.

Il lâcha son poignet.

- Ramasser vos affaires, et quitter les lieux. Ordonna-t-il en la fusillant du regard.

Elle s'exécuta, outrée et fit claquer ses talons hauts jusqu'à l'ascenseur.

Silas la suivit pour s'assurer qu'elle partait, raccompagnée par un garde de l'immeuble qui l'attendait dans l'ascenseur.

Hannah inspira péniblement en fermant les yeux. Elle remercia le ciel qu'il soit intervenu avant que cette femme ne lui coupe la seule chose qui avait beaucoup de valeur à ses yeux. D'horribles images sautèrent dans son esprit plus douloureuses encore.

- Hannah...

Silas l'aida à se lever et la prit dans ses bras. Hannah accepta son étreinte et sanglota la tête enfouie contre son torse solide. À ce moment-là il n'était plus question d'attirance, ni d'apprécier qu'il la prenne dans ses bras. Hannah avait réellement besoin d'être réconfortée peu importe de qui il s'agissait.

- Je suis navré, s'excusa-t-il en brisant l'étreinte pour examiner son visage.

Hannah lut de la culpabilité dans son regard. Il tendit sa main pour passer délicatement une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

- Cette soirée s'annonce très mal, confia-t-elle en secouant désespérément de la tête.

Un son perça la pièce. Hannah n'aurait su dire s'il s'agissait d'un juron ou d'une plainte sourde.

Silas serra les dents et ne put que constater les dégâts. Comment pouvait-elle avoir confiance en lui après l'humiliation qu'elle venait de subir sous ses yeux. Miranda l'avait maquillé comme une prostituée. Silas crispa son visage devant son impuissance. Il la souleva par la taille et l'installa sans effort sur le meuble en marbre. Il prit un gant de toilette et le passa sous l'eau.

Elle se laissa faire quand il prit ses joues et s'appliqua à passer le gant sur son visage pour réparer sa faute.

- Je suis désolé Hannah, je n'aurai pas dû laisser une telle chose se produire.

Désespéré, désemparé, Silas retint un soupir de soulagement en entendant les portes de l'ascenseur s'ouvrirent.

- Ne bougez pas, restez ici.

Il laissa la jeune femme seule et parcourut le couloir silencieux.

- Merci d'être venue.

Louane Jemena battit des cils en rougissant avant de déclarer :

- Quand il s'agit de mon amie j'accours ! S'exclama-t-elle en riant nerveusement.

Inutile d'en connaître la raison, Louane était rouge comme un pivoine son teint métissé s'employait à cacher ses rougeurs mais Silas n'avait pas le temps de tergiverser.

- Sachez d'abord que je ne joue pas avec elle, déclara-t-il en mettant ses mains dans ses poches.

La jeune femme reprit son sérieux et semblait vouloir l'écouter attentivement.

- Je veux la rendre heureuse, reprit-il sur un ton plus ferme : Ne me demander pas pourquoi, je ne saurais vous répondre, mais ce qui est sûr c'est que je viens de me foirer.

Louane plissa son front non sans lui montrer son inquiétude. Alors Silas lui expliqua ce qu'il venait de se passer.

- Où est-elle ? S'enquit-elle en dévisageant le salon.

Silas retourna sur ses pas, ouvrit les portes en chênes et traversa le couloir, la jeune femme à ses trousses.

Il s'arrêta devant la porte fermée et lui tendit un paquet.

- C'est la robe, j'espère qu'elle saura vous inspirer.

Louane s'en saisit et lui offrir un sourire rassurant.

- Ne vous inquiétez pas monsieur Poloskhïa, je vais m'occuper d'elle.

Impuissant, il resta devant la porte qui venait de se refermer et misait tout sur l'arrivé de son amie pour se rattraper.

Hannah se sentait comme vidée et n'avait qu'un seul souhait.

Disparaître.

- Excusez-moi mademoiselle je cherche mon amie ?

Hannah redressa la tête, n'osant pas y croire. Son cœur se gonfla de joie mêlé au désespoir qui ne la quittait pas. Louane ne commenta pas les dégâts incrustés sur son visage.

- Allons, murmura-t-elle en tendant ses mains vers elle, descend de là et viens t'installer.

Hannah s'exécuta.

- On va arranger ça, lui promit-elle en sortant une lingette de son sac pour effacer le maquillage qui bavait sur son visage.

- Il ne la pas fait exprès tu sais, rajouta-t-elle en caressant sa joue.

- Je sais, murmura-t-elle d'une voix affaiblie par la fatigue, ce n'est pas à lui que j'en veux c'est à moi.

- Je t'interdis de dire ça, rétorqua Louane en lui prenant le menton, cette femme était tout simplement jalouse de toi.

Comme elle ne répondait pas, Louane reprit :

- Maintenant je veux que tu te reprennes c'est un ordre ! C'est ta soirée ce soir, et rien ni personne ne va empêcher cela c'est comprit ?

Le soutien indéfectible de son amie lui insuffla un regain d'énergie. Elle avait raison. En s'apitoyant sur son sort, Hannah laissait entendre qu'elle était faible. Qu'elle était toujours la petite fille que l'on harcèle. N'importe quelle femme tuerait père et mère pour être au bras de Silas Poloskhïa. Elle en avait eu la preuve aujourd'hui. Il avait beau être un ancien prisonnier, il n'en demeurait pas moins le plus beau partit de la ville. À en croire les commentaires sur internet certaines d'entre elles, fantasmaient même sur la simple idée de sortir avec un ancien prisonnier riche à millions.

Mais c'était elle qu'il voulait à son bras. Et bien qu'elle ne se faisait aucune allusion sur une éventuelle liaison avec lui, Hannah voulait profiter de cette chance unique qui s'offrait à elle.

Rouleaux dans les cheveux, masque sur le visage, Hannah prit enfin plaisir à se préparer avec sa meilleure amie. La décision qu'avait pris Silas d'appeler son amie était la preuve irréfutable qu'il savait ce qui parvenait à la rendre heureuse. Son cœur cogna dans sa poitrine, plus fort chaque minute qui passait.

Après s'être éclipsée pour jeter un coup d'œil sur la robe qu'elle allait porter, Louane revint les mains sur la bouche comme si elle avait été témoin d'un miracle.

- Quoi que ce passe-t-il ? Demanda-t-elle en se redressant.

Les yeux brillants, un sourire élargi jusqu'aux oreilles elle secoua ses mains devant elle sans un mot.

- Laisse-moi te maquiller maintenant.

Confiante, Hannah se laissa faire et ferma les yeux.

Une heure plus tard, Hannah se découvrit dans le miroir. Le choc fut si brutal qu'elle mit ses mains près de sa bouche sans oser les toucher. Elle était tellement...belle.

- Et maintenant je ne veux pas t'entendre dire que tu refuses de porter....cette merveille.

Louane sortit précautionneusement une robe imprimé de dessins glacés inspirés de l'hiver, ornée de broderies et de délicats ornements en cristal et de flocons de neige, avec des accents tactiles en cachemire évoquant un luxe qu'elle refusait de se permettre.

Elle était si magnifique qu'elle ne sut trouver les mots. Son cœur battait au rythme des pas de Louane qui s'approchait tout sourire.

- Non ! Prévint-elle en l'obligeant à se taire à l'instant même où elle retrouva assez de voix pour protester.

- Enfile cette robe Hannah, il est temps pour toi de montrer qui tu es vraiment.

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