Chapitre 13



Silas termina ses dernières tractions et reposa ses pieds au sol avec un souffle maîtrisé.

La respiration rapide, Silas observa sa barre de traction en revoyant inlassablement celle qui l'aidait à tenir dans sa cellule. Certain aurait voulu oublier cette époque mais lui désirait en garder chaque aspect.

Sa première bagarre avec un détenu emprisonné pour trafic de drogue lui revint à l'esprit.

Aussi calme que le temps lui avait permis de l'être, ce jour-là Silas n'oublierait jamais la violence du combat qui s'était terminé par un coup de lame dans l'abdomen.

S'il en garderait à jamais la cicatrice, ce combat lui avait appris une chose.

Se battre pour survivre.

Il avait l'impression qu'une partie de lui s'était brisée. Qu'il ne pourrait plus ressentir les choses comme autrefois. Quand sa vie avait un sens.

Il passa un regard sur ses paumes puis décida d'aller les soigner avant qu'elles ne deviennent aussi rugueuses que du bois.

Dès lors il se souvint d'avoir touché cette jeune femme avec ses mains abîmées.

Depuis deux jours, une véritable obsession l'empêchait de fermer les yeux sans que le visage de cette mystérieuse femme ne vienne le hanter.

Ses lèvres s'incurvèrent de dégoût en repensant aux terribles images qui s'étaient engagées dans son esprit au moment de s'en dormir dans un silence assourdissant.

Son téléphone fixe interrompit ses souvenirs. Silas ne répondit pas. Il continua à soigner ses mains sur son banc de musculation.

- Silas ? Murmura une voix sur le répondeur : C'est moi ta mère, mon dieu je...les informations n'arrêtent pas de dire que certaines personnes affirment t'avoir vu, et que tu es sortit de prison.

Silas lança un regard assassin vers son téléphone.

- Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu étais sortit ? Demanda-t-elle d'une voix hésitante.

Il ne se donna pas la peine de lui répondre et la laissa parler sur le répondeur.

- Bon...je t'en prie appelle-moi dès que tu as ce message.

Silas ne put échapper au rire amer qu'il gardait au fond de sa gorge.

Pourquoi ne lui avait-il pas dit qu'il était sortit ?

Sans doute parce que la dernière fois qu'il l'avait vu remonté à deux ans.

Il avait fini par comprendre que quand on avait plus d'intérêt dans ce monde, beaucoup de personnes avaient cette facilité déconcertante d'oublier.

Ses amis, sa famille...tous avaient fini par ne plus venir le voir avec ce regard désolé et rempli d'incertitude comme s'il était vraiment coupable des crimes qu'on lui reprochait.

Alors il quitta sa salle de sport pour descendre à l'étage en-dessous et alluma la télé.

Ce qu'il vit ne l'atteignit pas le moins du monde.

En effet le journal télévisé prenait à cœur d'annoncer sa sortie de prison comme si un dangereux criminel était dans la nature.

Quand derrière le son de la télévision il entendit les portes de l'ascenseur s'ouvrirent Silas se détourna légèrement et n'étudia que brièvement la silhouette qui passait les portes.

- Quelle surprise...Angie.

Avec un ton désinvolte, Silas reposa la télécommande et affronta sa visiteuse. Son ancienne maîtresse avait visiblement perdu de sa voix cristalline.

- Alors c'est vrai ? Souffla-t-elle en posant une main sur sa poitrine, tu es bien sortit de prison ?

Silas détailla Angie avec une moue de dégoût. Il y a six ans, il se serrait jeté sur elle pour satisfaire sa soif sexuelle. Aujourd'hui, l'effet qu'elle avait sur lui était tout autre.

Grande, élancée, blonde, Angie était le portrait parfait d'une opportuniste assoiffée par le désir impétueux de vouloir le parfait amant plein au as.

- Tu as changé...tu es...

Elle laissa tomber sa paire d'yeux noisette sur ses abdominaux.

- Que viens-tu faire ici Angie ? Dit-il d'une voix glaciale.

- Tout le monde ne parle que de ça ! Je suis venue pour que...

Silas leva sa main pour la faire taire et c'est ce qu'elle fit.

Silas fut heureux de constater qu'il n'avait rien perdu de son autorité.

- Ta présence me donne envie de vomir, murmura-t-il avec sarcasmes, part d'ici !

Il se laissa tomber sur son fauteuil et attendit patiemment qu'elle parte.

- Mais enfin ! Comment peux-tu me demander une chose pareille ? As-tu oublié ce qu'on a vécu ensemble ?

Silas se souvenait très bien. Il se souvenait l'avoir couverte de cadeaux, de l'avoir entretenue pendant un an avant qu'elle ne disparaisse au moment où il avait le plus besoin de soutiens.

Angie se précipita vers lui les yeux écarquillés de stupéfaction puis retrouva très vite son air mutin.

- Où étais-tu lorsque j'étais en prison ?

Elle battit des cils avec un rire nerveux.

- Enfin tu sais j'ai eu beaucoup de...défilés et de travail j'ai dû partir en voyage et...

Voyant qu'elle enfonçait son cas, elle s'interrompit d'elle-même.

- Crois-moi, j'ai vraiment songé à venir te voir mais...les accusations qui étaient portés sur toi...

Silas ferma ses poings, serra ses mâchoires.

Angie tenta désespérément de reprendre sa place dans sa vie comme s'ils s'étaient quittés il y a un semaine seulement.

Elle se mit à genoux en face du fauteuil en roulant ses mains sur son torse, les yeux pétillants de désir.

Silas inclina sa tête légèrement en arrière en fixant celle-ci avec des yeux aussi noirs que la colère qui l'habitait.

Il la laissa faire quelques secondes dans lesquelles il espérait sentir en lui renaître ce qu'il avait oublié.

Ses lèvres parfaitement dessinées se glissèrent sur son torse comme un acte de désespoir qu'il arrêta en agrippant ses poignets.

Il se redressa lentement et planta son regard dans le sien.

- T'agenouiller devant moi ne te servira à rien, cracha-t-il en approchant son visage du sien, tu ferais mieux de partir Angie, avant que ce soit moi qui le fasse.

Elle chancela, lèvres serrées, et se releva en rajustant sa tenue.

Un sourire de contenance s'afficha alors sur ses lèvres.

- Tu es en colère, je le conçois. Je crois que tu as besoin de temps, alors nous nous reverrons plus tard. Décréta-t-elle en s'en allant vers l'ascenseur qui venait de s'ouvrir pour laisser place à Zakhar.

Ce dernier ne manqua pas de commenter la scène en levant un sourcil.

Sombrement, Silas resta étendu dans son fauteuil et attendit que les portes ne se referment pour se lever.

- Eh bien, elle n'a pas perdu de temps. Commenta Zakhar avec sarcasmes.

Silas ne répondit pas et disparut dans la cuisine.

- Alors ? S'enquit-il en se servant un verre d'eau.

- Alors elle ne travaille plus pour lui.

Silas fronça des sourcils.

- C'est tout ce que tu peux m'apporter ?

- Oui, et pour être totalement franc avec toi, je ne comprend pas pourquoi tu t'inquiètes pour cette jeune femme, Gabe n'est plus une menace pour elle.

Silas grinça involontairement des dents en regardant son seul ami avec une expression grave. Lui aussi aimerait savoir pourquoi elle l'obsédait tant.

- Je n'ai pas aimé la façon dont elle a été traité. Lâcha Silas en posant ses mains sur le comptoir.

- Certes, mais tu as tout de même réduit à néant tes chances de vengeances pour...un petit être bizarre.

- Elle n'est pas bizarre.

- Oh que si elle l'est ! Rétorqua Zakhar en posant à son tour ses mains sur le comptoir.

Si Zakhar n'était pas son ami, Silas aurait put rapporter cette scène à un combat de boxe.

- Je te l'accorde elle est bizarre mais...il y a quelque chose qui me trouble.

- Toi tu es troublé ? Silas n'oublie pas qui tu es et surtout ce que tu es devenu.

Silas serra sa mâchoire en fusillant son ami du regard.

- Tu ferais mieux de laisser cette jeune femme tranquille.

- Elle besoin qu'on l'aide à se sentir belle. Répliqua Silas d'une voix sombre.

Zakhar leva un sourcil qui en disait long.

- Et que comptes-tu faire ? L'initier ? Non Silas, tu vas lui faire du mal, tu lui en as déjà fait assez comme ça.

- Que veux-tu dire par-là ? S'enquit Silas d'un ton qui exigeait une réponse sur-le-champ.

- Les cadeaux, les fleurs, le dîner, pour elle tu es comme une sorte de dieu sortit des cieux, explique Zakhar en rassemblant ses affaires : Persister à la revoir alors qu'elle ne fait pas partie de ton monde lui ferait plus de mal que la déception qu'elle a subit de la part de Gabe.

Silas jura en Russe sans lâcher son ami du regard.

- Pourquoi d'après toi elle n'a pas cherché à récupérer ses lunettes ?

- Merci pour tes précieux conseils mon ami, déclara Silas d'une voix acerbe, mais tu vas quand même me dire où elle travaille maintenant, parce que je sais très bien que tu le sais et j'exige le savoir.

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