Chapitre 33



Silas n'avait pas l'intention de l'expatrier en Amérique. Oh ça non !

Vêtue d'une chemise en coton elle l'attendait dans le lit. Le silence de la grande maison lui avait permis de l'entendre deux étages en-dessous en train de ramasser la vaisselle. Il s'en voulait toujours. Mais elle avait au moins gagné une bataille ce soir. Car elle resterait auprès de lui aussi longtemps qu'il voudra d'elle. Peu de temps après, il entra dans la chambre et se déshabilla. Elle laissa errer son regard sur ses abdominaux saillants, ses larges épaules, les joues en feu. Lorsqu'il entra dans le lit, le poids de son corps creusa le matelas. Fièrement allongé, Hannah avait l'impression qu'elle n'avait plus de place dans ce lit pourtant si grand. En outre la nuit du bal où tout c'était précipité, Hannah prit conscience qu'elle allait dormir avec un homme pour la première fois de sa vie. Toujours assise à sa place, elle se pinça les lèvres en n'osant plus bouger.

- Ma mère n'est jamais venu me voir en prison, lâcha-t-il au moment où elle s'y attendait le moins.

- Silas...

- Bien avant que l'on s'installe au États-Unis, mes parents se préoccupaient de moi seulement quand il s'agissait de comment on dirige une entreprise, de comment on se tient à table ou comment obtenir un contrat en utilisant cette impression de pouvoir sans se soucier de quel dégât nous laissons derrière nous.

Attentivement, elle s'allongea contre l'oreiller sans un mot.

- Lorsque nous sommes partis en Amérique, je suis partit de mon côté avec rien en poche. Mon père m'avait menacé de me couper les vivre si jamais je passais la porte de la maison.

Il eut un rire amer, les yeux levés vers le plafond.

- J'ai fait mes études dans une grande université, le soir je travaillais dans un bar pour payer mes études. Cette époque m'a changé, puis quand j'ai réussi à grimper les marches de la réussite jusqu'à posséder ma propre entreprise, j'ai eu l'horrible impression de lui ressembler.

Il secoua de la tête, une moue de dégoût aux lèvres.

- Je pensais travail, dormais travail, j'aspirais à toujours plus de travail, puis il y a eu la prison...

Hannah se redressa sur le coude sans jamais l'interrompre.

- À ce moment-là, alors que mes parents semblaient avoir changé, alors que je pensais qu'ils ne voyaient plus en moi une machine de guerre, je n'ai ni eu de soutiens ni d'aide, la moitié des personnes qui se pressaient chez moi lors de réceptions pour me sollicité se sont volatilisé. J'ai comprit que je vivais dans un de monde artificiel.

Il marqua une pause.

- La prison m'a au moins permis de comprendre ça.

- Ça a dû être difficile pour toi...j'imagine que....

- Tu n'as aucune idée de ce que c'est de vivre en prison, coupa-t-il gentiment mais avec fermeté.

Hannah déglutit péniblement.

- Six ans dans une cellule à compter les jours, seul, avec cette impression de froid qui t'entoure.

Hannah profita de cette brève ouverture pour glisser un doigt près de sa cicatrice qu'elle avait remarqué l'autre nuit.

- Est-ce qu'elle....vient de là-bas ?

- Bagarre qui a mal tourné, expliqua-t-il sans s'épancher plus longtemps sur les détails.

Hannah retira sa main.

- Ton père habite toujours à New-York ?

- Il est revenu ici il y a deux ans.

Elle fronça des sourcils.

- Mai...mais je ne comprends pas, murmura-t-elle. Pourquoi ta mère est venue te demander de l'argent si ton père et elle sont toujours marié ?

- Parce que mon père lui donne une certaine sommes par mois qu'elle ne peut pas dépasser, expliqua-t-il en saisissant sa taille pour la mettre sur le dos.

Hannah sentit son pouls s'accélérer.

- Et comme tu t'en doutes, elle dépasse largement la sommes autorisée.

- C'est horrible, s'insurgea Hannah en posant ses mains sur ses épaules aussi dure qu'une roche. Comment peut-on venir voir son fils six ans plus tard pour lui demander de l'argent.

Il soupira simplement.

- Je m'attendais à sa visite, je l'ai sentie venir.

- C'est pour cette raison que tu étais si froid ?

- Pour quoi d'autre ?

Il soupira de nouveau, lui indiquant à quel point cette conversation lui était presque insoutenable.

- Arrêtons d'en parler d'accord ? Proposa-t-elle en lui souriant.

Il posa un baiser sur son front pour sceller sa proposition.

- Et sachez monsieur Poloskhïa que je ne m'intéresse pas à votre argent, donc soyez tranquille.

Il sourit. Enfin.

- Je n'ai jamais pensé une telle chose sur toi Hannah, je l'ai vu tout de suite dans ton regard et c'est ce qui me donne envie de te faire plaisir.

Hannah sentit son cœur se serrer.

Une lueur indéchiffrable traversa son regard.

- Et je suis navré d'avoir été si...insultant tout à l'heure, reprit-il avec regrets. Le mot " esclave " était un peu trop fort.

Hannah ne s'était pas sentie blessée à ce moment-là. Du moins pas de sa part.

- Ta mère croyait que j'étais ta bonne c'est ça ? Conclut-elle avec douleur.

Son visage se ferma.

- C'est la conclusion qu'elle s'est fait de toi oui, je suis désolé.

- Oh ça ne fait rien ! Dit-elle en réprimant un sourire triste. C'est peut-être ma robe, elle n'était pas très jolie.

- Elle était parfaite, répliqua l'homme fermement.

- Où peut-être les motifs, rajouta la jeune femme en souriant.

Il rit en perdant son éternel sérieux. Il captura ses lèvres avec fougue, les mains posées sur ses joues. Hannah frémit sous les caresses de ses lèvres sur les siennes et mesura la chance qu'elle avait d'être avec un homme qui incarnait tout ce qu'une femme pouvait désirer. Silas s'arrêta brutalement et enfouit son visage dans le creux de son cou. Il devait se montrer patient avec elle. Bien qu'il devinait qu'elle en avait envie tout autant que lui, Silas voulait embraser davantage ce désir insatiable qui le faisait vibrer.

- Nous ferions mieux de dormir, cette journée a été éprouvante, murmura-t-il en s'écartant.

Il décela de la déception dans ses yeux mais elle approuva son conseil d'un bâillement.

- Tu as raison, murmura-t-elle les paupières fermées.

Entre le voyage, le décalage horaire et la scène dont elle avait été témoin, Silas décréta qu'elle avait eu son lot d'émotions pour la soirée. Il roula sur le dos et enroula son bras contre sa taille pour la ramener contre lui.

Résigné à la laisser dormir, Silas coupa la lumière et se retrouva plongée dans le noir avec ses vieux démons. La présence de la jeune femme à ses côtés l'aidait à le réconforter. Il y a des mois, même dans sa cellule à attendre le jour de sa sortie, Silas n'aurait jamais imaginer tomber sur Hannah Stewart. Il aimait sa candeur, sa délicatesse, sa façon de le regarder. Il se haïssait d'avoir laissé sa mère supposer de telles choses à son sujet. Cela lui avait rappelé de mauvais souvenirs de cette femme qui lui avait donné toute l'attention qu'il cherchait auprès de ses parents. Nathalie, sa gouvernante, qui s'était laissé surprendre par l'autorité glaçante de son père. Traitée avec humiliation et déshonneur elle avait fini par quitter la maison affaiblie, épuisée. Elle était resté uniquement pour lui, et il n'avait jamais pu lui dire à quel point il l'avait aimé comme une mère avant qu'elle ne décède brutalement.

Alors il se promit de ne pas laisser Hannah souffrir de ce passé qu'il pensait enterré.

Au risque de la perdre.

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