- Tu sais ma chérie, si tu veux t'occuper de la comptabilité...

À la voix douce et affectueuse de Solange , Hannah se redressa d'un bond et réalisant avec honte et embarras qu'elle s'était littéralement vautrée sur le comptoir.

- Non....C'est très gentil à toi mais je pense que ce post me convient parfaitement.

Peu convaincue, sa patronne et longue amie de sa mère lui sourit avant de se diriger vers une cliente.

Hannah remit de l'ordre dans ses cheveux et ajusta sa blouse rose bonbon.

En effet, passer de secrétaire à vendeuse en parfumerie était comme si Louane passait d'avocate studieuse à vendeuse dans un fast Food.

La seule et unique chance qu'elle avait c'était de voir ce cortège impressionnant de voiture devant le mythique hôtel Ritz-Carlton. De fabuleuses voitures noires s'arrêtaient pour y déposer des clients fortunés.

Entre une vue sur time square et une vue sur le Ritz-Carlton en plein milieu de central Park son cœur ne tarda pas à choisir.

Mais cette étendue d'opulence et de richesse n'était pas sans lui rappeler qu'un jour...elle aussi avait eu la chance de dîner en compagnie d'un homme à la perfection fascinante.

Quand il l'avait raccompagné à sa porte, elle avait su que c'était la dernière fois qu'elle le verrait.

Pour la simple et bonne raison qu'elle s'était précipitée vers son ordinateur pour faire des recherches et quand son nom fut l'objet d'une bonne centaine de pages qu'elle avait consulté les unes après les autres, elle avait compris qu'il était bien plus important qu'un simple prisonnier.

Les chances qu'un jour un homme de son rang ne pose son regard sur elle sans vouloir la déplacer comme un pion sur un jeu d'échiquier étaient minces..voir inexistantes.

- Hannah ?

- Hum ?

Solange posa une main affectueuse sur son épaule.

- C'est bientôt noël, il faudrait mettre les coffrets sur l'étagère de présentation.

- Bien sûr je m'en occupe tout de suite !

Hannah se dirigea vers la vitrine pour placer les coffrets en présentation. Noël était dans moins de six semaines et déjà les boutiques se mettaient à pied d'œuvre pour être les plus belles de Manhattan.

Rêveuse par tant d'enchantement, elle fredonna un petit air de musique en posant ses mains sur la poudreuse qui servait de neige fictive pour remettre l'ours blanc près du dernier Dior sortit très récemment.

- Le rose bonbon vous va à ravir. Déclara une voix qui aurait pu faire hérisser les poils de l'ours géant.

Hannah se retourna avec la lenteur qu'il lui fallu pour accuser la surprise et tomba nez à nez avec une paire de chaussures impeccablement cirées.

Hannah poursuivit sa longue observation en relevant la tête jusqu'à ce que...

- Monsieur Poloskhïa ! Mais qu'est-ce...aie !

La vitre arrière vibra sous choc de sa tête heurtant l'avant.

- Vous n'avez rien ? Demanda-t-il avec empressement alors qu'elle tentait de se relever.

- Ça...va...je vais bien ! S'exclama Hannah en sortant de la vitrine d'exposition.

Encore plus grand que dans ses souvenirs, encore plus imposant.... Tellement que les lumières de la parfumerie semblaient s'être tamisées.

- Mais qu'est-ce que vous faites ici ?

Impassible, il se mit à la dévisager sans vergogne. Le même désir violent qui s'était emparé d'elle deux jours auparavant la surprit en se logeant dans son bas-ventre.

L'odeur incontestablement masculine qui se mit à flotter dans la boutique masqua toutes les autres.

Que faisait-il ici ?

Hannah buta sur l'idée que c'était qu'une simple coïncidence. Peut-être venait-il acheter du parfum pour...sa maîtresse ? Où peut-être venait-il lui rendre ses lunettes. Oui c'est ça ! Il venait lui rendre ses lunettes !

- Je constate que vous aviez une paire de secours. Dit-il en plissant les yeux pour devenir que deux fentes impénétrables.

- Oui, vous avez oublier de me redonner les autres.

- Je n'ai pas oublier, c'était volontaire. Avoua-t-il avec un mince sourire.

Hannah se força à un comportement totalement détaché et tendit sa main vers lui.

- Puis-je les récupérer ?

Il grimaça, feignant d'être mal à l'aise et déclara dans le plus simple appareil.

- Malheureusement, je crains qu'elles n'aient pas survécu sous ma main.

Hannah hoqueta, effarée.

- Vous les avez brisées volontairement ?

- Oui, je n'ai pas pu résister à la tentation de les réduire en miettes.

Il paraissait nullement désolé par son geste. À vrai dire il avait l'air satisfait de s'en être débarrassé.

Hannah fut sur le point de répliquer avec audace mais elle se rendit compte qu'elle était sur son lieu de travail et qu'elle ne pouvait pas se comporter comme bon lui semble.

- Vous êtes venu acheter quelque chose ? Demanda-t-elle d'une voix chaleureuse alors que Solange était suspendue derrière le comptoir sans les quitter des yeux.

- Non...enfin oui.

Hannah s'écarta alors pour l'inviter à pénétrer dans la boutique. Les acheteuses compulsives qui passaient le plus clair de leur temps dans la parfumerie se regroupèrent en un seul et même troupeaux pour chuchoter des commentaires des plus érotiques envers l'homme.

- Est-ce que vous avez une note particulière qui...

- C'est pour une femme. Coupa-t-il d'une voix impénétrable.

Hannah s'efforça d'être la plus professionnelle qui soit alors qu'une immense pointe de jalousie venait de lui saisir l'estomac.

- Je reviens dans une petite seconde. Annonça-t-elle en faisant référence aux paquets qu'elle tenait toujours.

Silas la suivit du regard et posa sans un regret son regard sur son postérieur délicat dont les courbes étaient finement moulés dans son pantalon noir.

Il enfonça ses mains dans ses poches pour se donner un brin de patience et fut complètement absorbée par la note fruité qui flottait tout autour de lui.

Hannah tenta en vain de reprendre sa respiration dans la réserve avant de revenir sur ses pas.

Il était là devant le présentoir avec cet air si sombre.

Il ressemblait à un corbeau au milieu d'une armada d'oies blanches.

Hannah rassembla son courage et revint vers lui alors qu'il faisait clairement semblant de regarder les parfums.

- Donc, c'est pour une femme, lança-t-elle sur un ton qu'elle voulait détaché : Quel parfum désire-t-elle ? Une préférence particulière ?

- Justement, je l'ignore totalement. Répondit-il en appuyant son regard dans le sien.

S'efforçant d'être chargée d'assurances alors qu'il ne la quittait pas du regard, Hannah se tourna vers l'étagère.

- Celui-ci est le top des ventes de cette année ! S'écria-t-elle avec une note presque aiguë avant de se reprendre : Il est parfait pour toutes occasions, sa note légère et agréable et...

- Je veux un parfum plus...passionné.

Passionné ? De mieux en mieux !

Elle parcourut des yeux l'étagère en serrant ses poings le long de ses hanches et prit le plus sensuel de tous.

Celui-ci allait certainement correspondre à la grand et féline blonde qui devait l'attendre chez lui prête à fêter sa sortie de prison !

- Alors celui-ci. Dit-elle en cachant sa mauvaise foi.

Au lieu de se concentrer sur le flacon, il s'attarda à la dévisager et prit son poignet pour le renverser comme la première fois.

Ce geste n'était sans attirer les regards des clientes. Il diffusa du parfum sur son poignet puis l'approcha de son nez pour le humer. Un long...très long frisson parcourut sa colonne vertébrale alors qu'il prenait son temps avant de se redresser de toute sa hauteur sans lâcher son poignet. Mais au vu de son expression, elle comprit qu'il ne lui plaisait pas

- Je crains m'être mal exprimé mademoiselle Stewart, commença-t-il d'une voix rauque, je veux un parfum à la fois doux et sensuel...