- Une soirée masqué c'est bien cela ? S'informa Louane en cherchant à travers les vêtements du magasin.

Hannah resta en arrière tout en regardant les robes du soir avec une certaine appréhension.

- Je crois oui.

Louane cessa de s'agiter et se retourna pour la considérer sérieusement.

- Pourquoi tu m'as l'air perplexe ?

- Parce que je le suis. Dit-elle avec honnêteté.

Louane vint vers elle avec sa mine inquiète.

- Mais pourquoi ? Questionna-t-elle en posant sa main sur son bras, tu devrais êtes contente non ?

Hannah tenta de chasser ses inquiétudes d'un battement de cils et lui sourit avec la force du désespoir.

- Je le suis, mais...je trouve que ça va trop vite.

- Hannah s'il te plaît, murmura Louane en l'invitant s'asseoir sur le canapé en velours de la boutique : Ce n'est qu'une soirée Hannah, rien qu'un simple bal masqué.

- Je le sais mais...j'ai peur de me tromper, d'aller trop vite et de me prendre un mur en pleine figure.

Louane lui lança un regard compatissant.

- Je te comprends...mais Gabe m'avait l'air vraiment sincère l'autre jour.

- Moi aussi il m'a l'air sincère je ne dis pas le contraire. Rétorqua Hannah en plongeant son regard dans le sien.

Elle marqua une pause avant de déclarer :

- Seulement il ne faut pas oublier qu'il a eu un bon nombre de conquêtes et je ne veux pas souffrir.

Louane ne répondit pas, confirmant son dire.

- Je pense qu'il est vraiment honnête avec toi Hannah, peut-être qu'il a trouvé en toi la femme qu'il lui faut.

Hannah rêvait qu'elle dise vrai.

Depuis deux ans elle avait rêvé qu'il pose son regard sur elle ne serait-ce qu'une fois. Et il l'avait fait, il y a un mois tout juste.

- Laisse-toi porter Hannah et viens à cette soirée avec moi.

Il ne lui en fallut pas plus pour qu'elle lâche les dernières défenses qui lui servaient de remparts et esquissa un sourire.

- Très bien ! Tu as raison, après tout ce n'est qu'une soirée !

Elle se leva sous les encouragements de son amie mais perdit le goût de l'excitation en découvrant le prix exorbitant de la robe qui lui avait tapé dans l'œil.

- Bon sang ! Chuchota-t-elle à l'abris des vendeuses, tu as vu le prix ?

- Oh que oui ! Et crois-moi Hannah rien ni personne ne va m'arrêter aujourd'hui !

- Mais enfin cette robe coûte la moitié de mon salaire ! S'étrangla Hannah en lâchant l'étiquette.

Louane balaya sa négativité d'un revers de la main en levant les yeux au ciel.

- Prends celle qui te plait Hannah et laisse-moi gérer le reste.

- Tu as gagné au loto ?

- J'ai gagné mon procès ! S'écria Louane en faisant sursauter les vendeuses.

Hannah la félicita en la prenant dans ses bras.

- Alors choisie ce qui te plait c'est moi qui régale. Dit-elle en allant dans allée.

Hannah perdit l'éclat de son sourire lorsqu'elle lui tourna le dos.

Glissant ses doigts sur la robe qui lui plaisait le plus, Hannah la prit et se dirigea vers le miroir pour se contempler. Immédiatement son visage lui semblait à l'opposé de ce que cette robe méritait.

Sa queue-de-cheval tombait, ses yeux étaient cernés.

Non, comment pouvait-elle envisager d'aller à un bal dans cet état ?

- Je vais m'occuper de ton visage Hannah d'accord ? Intervint Louane en venant se poster devant son propre reflet. Il reste encore deux jours avant cette soirée, j'ai largement le temps de te coiffer et te mettre un coup de maquillage alors par pitié ! Prends cette robe !

Devant le ton implacable de son amie, Hannah se dirigea vers les cabines d'essayages.

Louane avait s'en doute raison.

Décidée à ne pas laisser ses sombres pensées gagner sur ce que qu'elle éprouvait pour Gabe, Hannah se laissa guider par la magie du moment et enfila la robe.

Elle n'eut pas temps de s'attarder sur son profil que déjà son téléphone se mit à vibrer dans son sac.

- Allô ?

- C'est moi.

Dès lors que sa voix résonna dans son oreille Hannah sentit son cœur s'accélérer.

- Où es-tu en ce moment ?

- Dans une boutique et toi ?

Elle l'entendit soupirer à l'autre bout du fil.

- Chez moi, dans mon bureau.

- Rassure-moi Gabe tu disposes d'autres pièces dans ton appartement ? Demanda-t-elle d'une voix enjouée.

Il rit doucement avant de répondre :

- Je vous ne savais pas aussi drôle mademoiselle Stewart.

- Ça dépend du moment qui se présente à moi pour être honnête.

- Et bien je dois dire que tu t'en sors pas si mal que ça.

Hannah pivota légèrement sur la droite pour se contempler.

- Je pourrais peut-être passer chez toi tout à l'heure ?

Hannah suspendit tout mouvement en plissant ses sourcils.

- Tu le veux vraiment ?

- Si je te le demande c'est que je le veux non ?

- Évidemment, je suis désolé, je suis un peu nerveuse aujourd'hui.

Hannah s'attendait à ce qu'il lui demande pourquoi mais grâce au ciel il n'en fit rien. Elle n'avait pas la moindre envie de lui confier ses problèmes.

- Alors je passerais vers dix-huit heures ça te convient ?

- C'est parfait !

Elle raccrocha puis ôta la robe sans prendre le soin de remettre son soutien-gorge qu'elle glissa dans son sac.

À peine qu'elle eut passé le rideau qu'elle se retrouve nez à nez avec Louane qui brandissait sa robe du soir comme un trophée.

Hannah était déterminée à ne rien laisser briser le bonheur de son amie. Parfois il fallait garder certaines choses au fond de son cœur et c'est ce que fit Hannah en plongeant son regard dans le sien.

Louane avait le droit de rêver un peu sans qu'elle ne gâche tout avec cette peur qui ne quittait pas.

La peur douloureuse de ne pas savoir ce que l'avenir lui réservé.

《 Un jour, ta bonté te perdra ma chérie 》 Lui avait dit son père.

- Elle est magnifique Hannah tu as fait le bon choix.

Hannah quitta sa torpeur et referma sa main sur la sienne posée sur son épaule.

- Tu ne veux pas me montrer la tienne ?

- Non ! C'est une surprise !

Hannah n'insista pas et se dirigea vers le comptoir.

De retour à l'appartement, Hannah retira ses chaussures et se dirigea vers le vase posé sur sa commode pour soigner cette fleur qui lui causait beaucoup d'interrogations.

Une force inexplicable l'a poussé vers celle-ci sans savoir pourquoi.

Pourtant, elle avait toute les raisons de se méfier. Même si au début elle avait eu toutes les raisons de croire qu'il s'agissait de Gabe, Hannah doutait chaque jour un peu plus. Les cadeaux avaient-il un rapport avec les mystérieux coups de fil ?

Elle se sentait exténuée de chercher. Il était temps de questionner Gabe.

Hannah devait lui poser cette question qui lui brûlait les lèvres.

Le ventre noué par la peur qu'il ne soit pas ce mystérieux expéditeur, Hannah appuya ses mains contre l'évier et poussa un soupir désespéré.

La pendule affiche dix-sept heures trente. Bientôt, elle devrait confronter Gabe.

Les mains moites, cheveux relevés en chignon, Hannah arpentait le couloir depuis une bonne quinzaine de minutes avant que des coups ne retentissent.

Ça y est.

C'était le moment.

Hannah posa sa main sur la poignée, décidée à confronter Gabe.