Chapitre 8
Deux jours plus tard, Victoire est à nouveau pleine d'entrain et d'énergie. Cependant, c'est moi qui ai attrapé ce fichu virus. J'ai dû prendre congé parce que j'ai vraiment une tête à faire peur. J'ai l'impression de sortir d'un ring de boxe. Le nez tout rouge et gonflé, les yeux cernés jusqu'aux joues, bref, avec ma grosse toux et mon manque d'énergie, je suis incapable de faire mes activités habituelles.
Ma mère m'a apporté une bonne soupe au poulet et m'a même offert de garder Victoire en attendant que je me remette de mon rhume. Je suis donc seule à la maison et couchée sur le fauteuil en train de regarder un film romantique. Je me suis préparée un sac de pop corn malgré le fait que mon nez m'empêche de sentir la bonne odeur du beurre dans ma maison et, surtout, de la goûter. Toutefois, j'ai grand besoin de réconfort. J'ai monté le chauffage à fond puisque je tremble comme une feuille et c'est au moins ma troisième tasse de bouillon de poulet. Et me voilà qui pleure comme une Madeleine devant le film « Une promenade inoubliable ».Chaque fois que je le regarde, je ne peux m'empêcher d'éclater en sanglot. C'est tellement triste, mais si beau en même temps. J'aimerais ressentir ne serait-ce qu'une minute un amour aussi profond que le leur. Épouser une femme qui est malade et sur le point de mourir est, pour moi, la preuve que même la mort ne peut parvenir à séparer deux personnes.
Je suis en train de me moucher lorsqu'on sonne à la porte. Je fronce les sourcils et regardant l'heure. Il est un peu plus de vingt-et-une heures. Qui est assez cinglé pour venir me déranger à une heure pareille ? Il faudrait d'ailleurs que je songe à me coucher pour être en forme demain.
On sonne à nouveau et je grogne. Cet individu est tenace. Serait-ce mon frère ? À moins d'une urgence, ça m'étonnerait beaucoup.
À la troisième sonnerie, je me lève et, pour être certaine de pouvoir me défendre face à un cambrioleur, je prends le rouleau à pâte, qui est en marbre. Ça fait de super belles crêpes et ça peut facilement casser un nez. Je n'ai jamais essayé auparavant mais, étant donné son poids, il ne fait aucun doute qu'il peut causer de sérieux dommages.
J'ouvre la porte en tenant fermement mon arme de fortune et tombe nez à nez avec Mason. Il a l'air aussi surpris que moi.
— Sérieusement ? fait-il en désignant mon outil de cuisine. Tu me voulais me repousser avec ça ?
Je ne réponds point à son commentaire et rétorque :
— Je ne suis pas d'humeur, alors donnez-moi ma contravention une bonne fois pour toutes et fichez le camp.
Il hausse un sourcil, l'air contrarié.
— Je ne suis pas venu pour ça, répond-il finalement en scrutant mon visage. Gabriel m'a dis que tu étais absente aujourd'hui et je voulais savoir pourquoi.
— Comme vous pouvez le constater, je suis toujours vivante, réponds-je brusquement.
— Tu devrais prendre un bon bain, me suggère Mason. Tu semble frigorifiée.
Comme à son habitude, il entre et fait comme chez lui, me laissant immobile et troublée. Cependant, je suis si faible que je n'ai pas la force de protester.
— Que faites-vous ? lui demandé-je tandis qu'il s'engage dans le couloir.
— Je te fais couler un bain. As-tu de l'huile essentielle d'eucalyptus ? C'est parfait lors d'un rhume et ça aide à se détendre.
J'ai de la difficulté à imaginer Mason en train de relaxer. Ce type a l'air d'une vraie pile électrique.
— Pourquoi faites-vous ça ? lui demandé-je tandis qu'il entre dans la salle de bain.
Heureusement, j'ai fait le ménage la veille, alors elle est rutilante et bien rangée. Mon père et mon frère l'ont rénovée il y a deux ans et j'ai moi aussi participé. La décoration, est plutôt contemporaine-rustique. Le meuble-lavabo est très épuré et optimise le rangement ; les bouteilles nettoyantes, les serviettes, le maquillage et tous les produits pour ma fille, qui remplissent les trois quarts du meuble. Celui-ci est suspendu dans les airs et donne un look aéré à la pièce. La douche est immense et fait bien la moitié de la salle de bain. Mon père m'en a fait cadeau et j'ai opté pour la totale. Système vapeur, chromothérapie, aromathérapie, jets de corps et tête parapluie. Elle vaut une fortune, mais c'est le plus beau cadeau et le plus utile qu'on ne m'ait jamais fait. Mon père m'a dit que c'est le cadeau de mes trente ans en avance...et pour les dix prochaines années.
Finalement, le bain sur pattes se trouve en plein milieu de l'espace. Je ne l'ai pas utilisé depuis que Victoire est née, faute de temps. Il n'est pas très pratique puisque les rebords sont hauts à enjamber et c'est un vrai calvaire de laver ma fille dedans. Je préfère l'emmener avec moi sous la douche ; quitte à être trempée, mieux vaut que ça en vaille la peine. Les rares fois où j'ai essayé de la laver dans la baignoire, j'avais l'air d'avoir également plongé dedans.
Le flic observe rapidement l'endroit et repère immédiatement le bain, puis ouvre les robinets et ajuste la température. Puis, il se redresse et pose ses yeux outremer sur moi.
— Pourquoi te fais-je couler un bain ? répète-t-il. Parce que tu sembles en avoir besoin.
Je lève les yeux au ciel.
— Premièrement, je me suis déjà lavée et deuxièmement, ce n'est pas de vos affaires.
— Un peu, en fait. Si vous n'êtes pas en forme dans deux jours pour aller au zoo, la sortie va être annulée et Gabriel a si hâte que je ne veux pas qu'il soit déçu.
Alors, il m'aide pour éviter à son neveu d'être désappointé. Quelle charité !
— Comme c'est généreux, raillé-je.
J'aurais aimé qu'il me révèle que, depuis qu'il me connait, il ne cesse de penser à moi et à mes beaux yeux. Ça aurait été si niais, si romantique, si....stupide. La vie réelle est loin d'être un conte de fée. Des cœurs se brisent toutes les minutes, des âmes en peine errent dans le monde entier et je suis de ceux qui ne peuvent croire au prince charmant.
— Je suis l'unique figure paternelle qu'il possède, m'explique Mason.
— C'est mieux que rien, ajouté-je d'un petit air impertinent.
Je songe à ma fille, qui n'a que moi. Mason est certainement mieux que rien. « Rien » étant un certain Jimmy. J'aimerais que quelqu'un se soucie de Victoire comme l'agent se soucie de son neveu. Gabriel est chanceux d'avoir un oncle comme lui, un oncle dévoué qui veille à son bonheur, qui se propose pour aller à un exposé scolaire et qui l'accompagne au zoo.
Mon frère est un bon oncle, mais il ne me rend plus visite aussi souvent depuis qu'il a également une famille. Sa femme a donné naissance à leur premier enfant un mois plus tôt et il est très occupé depuis. C'est dommage, mais je comprends puisque je suis moi-même passée par là. Les premiers mois sont les plus difficiles car il faut s'adapter à l'enfant et vice-versa.
Comme s'il avait suivi le cours de mes pensées, Mason me demande :
— Au fait, où est le père de ta fille ?
Je me tends, ne voulant certainement pas aborder ce sujet.
— Pas ici, réponds-je en croisant mes bras sur ma poitrine.
— J'avais remarqué, ricane-t-il. À moins que tu le caches dans ta baignoire ?
— Votre sens de l'humour est vraiment pathétique. Ce connard n'est pas un père, seulement un géniteur, et je ne l'ai pas revu depuis plus d'un an, à mon plus grand bonheur. Au fait, j'ai un diffuseur d'huile essentielle dans ma douche vapeur.
Le policier a écouté attentivement ma réponse et semble vouloir en apprendre davantage, mais je ne suis pas ouverte à la discussion et il le saisit rapidement. Je n'aime pas parler de mes problèmes, et encore moins avec un presqu'inconnu. Je ne sais pas grand-chose de lui, alors pourquoi irais-je lui confier ma vie ?
Son regard dévie vers mon immense douche vitrée jusqu'au plafond et entièrement conçue en céramique. Moi qui adore le bois, j'ai opté pour de la céramique qui l'imite parfaitement, créant un look de spa scandinave. La robinetterie noir mat donne finalement une touche d'élégance à la salle de bain. Après la cuisine, c'est l'endroit de la maison que je préfère. Malheureusement, j'y passe toujours en vitesse et n'en profite pas assez.
— Oh ! dit-il seulement en détaillant ma douche. Ça change tout, alors.
Je ne saisis pas ce qu'il veut dire par là. Il ouvre le placard contenant d'épais draps de bain et en saisit deux. Je commence à comprendre son intention et j'ouvre grand la bouche pour m'objecter...qui se termine en une quinte de toux.
L'agent me jette un coup d'œil désapprobateur.
— L'huile essentielle est parfaite pour les voies respiratoires, précise-t-il. C'est pour cette raison que tu vas prendre un sauna.
Je hoche la tête, d'accord avec lui. Ça me fera du bien et ça fait longtemps que je n'ai pas profiter de ses bienfaits.
— Parfait, allons-y, dit-il.
— Euh...
Je ne m'attendais certainement pas à ce qu'il se joigne à moi. C'est trop intime.
— Il faut être nu pour y entrer, précisé-je. Sommes toutes, c'est totalement hors de question que vous et moi entrions ensemble là-dedans.
— Ne vous en faites pas, je vais garder mon caleçon. Vous n'avez qu'à mettre un maillot de bain.
Mauvaise idée ! Ça ne ferait plus de nous des inconnus et ça ne me plaît pas. Je préfère garder mes distances avec tout ce qui est de genre masculin, à l'exception de ma famille, bien sûr.
Il commence à se déshabiller devant moi. Je le fixe, fascinée. Il enlève sa casquette d'officier, libérant une masse de cheveux châtain qui part dans tous les sens mais qui semble, ô combien soyeuse. J'aurais envie d'y passer ma main juste pour voir s'ils sont aussi doux au toucher qu'ils en ont l'air.
Mason déboutonne ensuite sa veste et j'ai l'impression que mes yeux vont sortir de leurs orbites. Me fait-il un striptease ou quoi ? Ses gestes n'ont rien de sexuel ou d'affriolants, toutefois, son corps est si musclé que je ne peux le quitter des yeux. Sa peau légèrement hâlée se dévoile devant moi et son torse imberbe me laisse ébahie. Ses pectoraux parfaitement dessinés me donne envie de les lécher. Je suis incapable de détacher mon regard de son buste. A-t-on déjà vu un corps aussi parfait ? Non, à part peut-être le calendrier de pompiers que j'ai acheté lorsque j'étais une jeune femme pleine de rêves et d'ambition.
— Tu devrais peut-être aller te changer, me suggère-t-il en détachant sa ceinture.
Ça devient franchement torride. Toutefois, ma température et les battements de mon cœur viennent d'augmenter et j'ai peur de m'évanouir sur le plancher de ma salle de bain si je continue de le mater ainsi.
Je cours jusqu'à ma chambre, ouvre mon tiroir et en sors mon maillot de bain le moins laid. Puis, je me rends compte qui est tout petit rikiki. Ai-je déjà rentré là-dedans ? Ça me semble presqu'impossible. Il n'y a que trois bouts de tissu noirs agrémentés par un joli motif brodé.
— Merde ! râlé-je. Aussi bien y aller nue.
Lorsque je songe aux vergetures sur mes fesses, je m'empresse d'enfiler ce petit bikini. Au moins, il cache l'essentiel, soit pas grand-chose. Je m'enroule dans d'une serviette et retourne dans la salle de bain. Mason a tout de même rempli la baignoire et je me demande pourquoi. Il a également ouvert ma douche vapeur et j'aperçois le verre s'embuer. Le flic me tourne le dos et c'est là que j'aperçois les plus belles fesses masculines que je n'aie jamais vues moulées dans un caleçon qui ne laisse pas beaucoup de place à l'imagination.
Je ferme la bouche alors qu'il se retourne et la rouvre aussitôt. Mince ! Là aussi, je peux deviner ce qui est caché là-dessous. L'énorme bosse qui me fait face me déstabilise tant que j'en oublie presque de respirer.
— C'est prêt, me dit-il seulement.
Pendant un moment où mon cerveau est incapable de réagir, je me demande ce qui est prêt. Puis, je reviens à la réalité et rougis de honte. Ce que j'ai l'air stupide à le fixer ainsi !
Les yeux du flic me détaillent rapidement et j'en rougis davantage. Je me trouve si insignifiante à côté de lui, si banale. En réalité, je ne suis pas laide, mais je n'ai rien d'exceptionnel, outre peut-être la couleur de mes yeux.
J'entre rapidement dans la douche et m'assois sur un banc, le plus loin possible de lui. Je ferme instantanément les yeux de plaisir et je lâche un long soupir de contentement. Que ça fait du bien ! Mon nez s'est instantanément décongestionné et je peux désormais sentir l'odeur d'eucalyptus mélangé à une fragrance musqué et légèrement boisée que je devine appartenir au jeune homme.
Mason a fermé les yeux et semble parfaitement à l'aise dans ma douche, qui parait avoir rapetissé depuis qu'il y est entré. Moi qui la trouve habituellement trop grande, j'ai l'impression qu'elle est désormais trop petite.
— C'est juste ce qu'il me fallait, lâche-t-il en prenant une longue inspiration.
— Tendu ? questionné-je, curieuse de savoir ce qui le rend si agité.
— Mon boulot n'a rien de relaxant, répond-il.
— Le mien non plus, rétorqué-je.
— Je sais. Je n'aurais pas la patience pour ce que tu fais.
— Je m'en doute.
Il ouvre les yeux et me jette un regard amusé.
— Si tu fais références aux fois où je t'ai arrêtée...
— Bien sûr, le coupé-je. À quoi d'autre ? J'ai rarement vu quelqu'un d'aussi abject.
— Je pensais que tu étais ivre. Je m'apprêtais à te passer les menottes.
Je déglutis. Entre ses lèvres, le mot à une connotation un peu trop sexy à mon goût. Développerais-je de nouveaux fantasmes à l'égard de ces objets ? Absolument pas. Ce sont les vapeurs d'eucalyptus qui me montent à la tête.
— Désolé, me dit-il tout d'un coup, et je crois avoir mal entendu.
— Je ne voulais pas être aussi brusque avec toi, précise-t-il. J'ai appris à être un peu plus poli avec les gens.
— Depuis quand ? Une semaine ? Ça ne m'a pas semblé être le cas lorsque vous m'avez emmenée au poste de police.
— Dans ton cas, c'est différent.
— En quoi ?
Il hausse les épaules et ferme à nouveau les yeux. Génial ! J'espère qu'il ne m'arrêtera pas chaque fois que je vais croiser sa voiture de police. Ça va me coûter cher de contravention.
Après environ une vingtaine de minutes, je n'en peu plus et sors de la douche. Je me trempe dans mon bain, qui a légèrement refroidi mais dont la température est parfaite. Mason a plus d'endurance que moi à la chaleur puisqu'il poursuit son immersion à la vapeur.
Quant à moi, je repose ma tête sur le dossier du bain et ferme les yeux. J'en oublie même mon compagnon fortuit à quelque pas de moi.
Alors que je suis sur le point de tomber dans les bras de Morphée, je sens une légère caresse dans mes cheveux. C'est doux et très agréable. J'en gémis de bonheur.
Je me redresse soudainement en me rappellant où je me trouve et, surtout, avec qui. Je renverse presque la motié de l'eau du bain.
— Désolé, me dit Mason, mais c'est dangereux de s'endormir dans le bain. Une chance que j'étais là car tu aurais pu te noyer.
Je tourne la tête et l'aperçois agenouillé à mes côtés. Ses cheveux légèrement mouillés lui donnent un look à tomber. Il s'est entièrement rhabillé.
— Tu devrais aller te coucher dans ton lit, me suggère le policier.
Quoi ? D'abord, il m'oblige à prendre une douche et ensuite à me coucher ? Il se prend pour qui ? Une nounou ?
— Merci, mais je suis encore capable de réfléchir toute seule, je rouspète en saisissant ma serviette.
Alors que je me lève, je vois le regard de Mason s'attarder sur ma poitrine dont les pointes érigées transpercent presque mon minuscule maillot. Celui-ci dévoile parfaitement le pourtour de mes seins. Je savais que je n'aurais pas dû le porter ! Il est beaucoup trop petit.
Afin de mettre fin à ce moment légèrement embarrassant, je me couvre de mon drap de bain et Mason semble enfin se réveiller. Son regard s'attarde légèrement dans mon cou, où des gouttes d'eau perlent et dégoulinent jusqu'à mon buste.
— Je...hum...vais te laisser, dit-il alors.
— Comment allez-vous faire pour retourner chez vous sans votre caleçon ? lui demandé-je.
Il me sourit et répond :
— Je n'en porterai pas.
Sur ce, il se retourne et me laisse seule dans la salle de bain, complètement troublée. J'essaie de ne pas l'imaginer nu sous son uniforme, mais c'est plus fort que moi. Je l'imagine parfaitement et cette seule pensée m'excite au plus haut point.
J'entends la porte de l'entrée claquer alors que j'enfile mon pyjama.
Il est parti.
Je devrais être rassurée, mais ce n'est pas le cas. Qu'est-ce qui ne va pas avec moi. Est-ce que je souffre d'un nouveau virus qui me rend complètement patraque ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top