soixante-dix-septième

La dernière semaine de cours était particulièrement agitée, tant pour les élèves impatients de profiter de leurs premières vacances de l'année scolaire que pour les enseignants et le personnel administratif très occupés pour tout finaliser dans les délais impartis.

Madame Mavis Vermillion, professeur principal de la classe de première SII, distribua les bilans de travail trimestriels à chacun de ses élèves. Le choc et les commentaires fusa lorsque fut annoncé  la personne ayant obtenue la place la plus distinguée de la classe.

— Félicitation Lucy, lui félicita ses amis, heureux pour elle.

— Merci, souffla-t-elle, pensive.

— Pourquoi tu fais cette tête ? Quand même, tu es la première de la classe mais tu n'as pas l'air heureuse de tes résultats.

— Sa chambre est pleine de médailles et de trophées, à tel point qu'elle est tellement habituée aux compliments qu'elle ne ressent plus rien, rit Juvia.

— Si... En fait non, je suis heureuse. Je m'y attendais pas c'est tout.

Oui, elle devrait être heureuse, non ? Elle avait une fois de plus répondu aux attentes de son père en tant que digne héritière des Heartphilia. Mais, pourquoi donc ce léger sentiment d'insatisfaction persistait-il dans son cœur ? Alors qu'elle avait démontré à tous qu'elle surpassait Levy.

Moi j'aurais cru que Levy aura la première place.

– Moi aussi.

– Vous êtes vraiment des ignorantes. Lucy était major du lycée l'année dernière. En plus il paraît que ça a toujours été le cas même au collège.

– Il paraît aussi que sa chambre est remplie de trophées et de médailles.

– Je l'envie tellement, elle est talentueuse, intelligente, en plus elle vient d'une grande famille et elle si belle. Elle a tout pour elle.

La blonde baissa la tête sur son bulletin de notes, le cœur palpitant. Pourquoi Levy avait-elle eu des notes aussi médiocres au point de faire chuter sa moyenne générale ?

L'héritière jeta un coup d'œil à la bleutée qui causait joyeusement avec Gajeel, comme si ce résultat ne lui gênait aucunement. Bien qu'elle soit brillante et intelligente, elle ne semblait pas attristée d'avoir été reléguée au second rang. Il fallait se rendre à l'évidence, Levy était la meilleure et, à cet instant, elle avait l'impression d'avoir usurpé sa place.

Il est possible qu'elle ait été perturbée lors du dernier contrôle qui s'était déroulé, ce qui expliquerait les notes étranges qu'elle avait obtenues. Si elle se souvenait bien, c'était pendant cette semaine d'évaluation que la rumeur sur ses parents avait circulé et une ambiance froide avait régné entre Gajeel et Levy ensuite. Eux qui ne se quittaient habituellement jamais, à ce moment-là, ils ne se parlaient plus.

— Et si...

Elle avait probablement pensé que la situation était imputable à Gajeel, son unique ami ici et se sentir trahie. Et si ses mauvaises notes étaient liées à ce problème ? Devrait-elle rectifier la vérité concernant la rumeur et lui présenter ses excuses ?

Levy lui avait rendu un immense service en ne révélant rien au proviseur. Elle n'arrivait pas à y croire, car rien ne l'obligeait à le faire. Était-ce parce qu'elle lui avait présenté ses excuses qu'elle avait agi ainsi ?

— Arrête de sourire comme ça, râla Gajeel.

— C'est juste que je suis très contente de voir à quel point tes notes ont évolué. Tu as tout bien fait ce que je t'ai appris.

— Et toi t'as tout raté ce que tu connais déjà.

— Mais non, j'ai eu plutôt de bonne note.

— C'est ça. C'est toi qui aurait dû être première de classe, pas cette g**ce de Lucy.

— Ne dit pas de gros mots, et puis le rang pas si important pour moi, sourit-elle. Regarde comment tu as augmenté tes points ? Les profs étaient choqués.

— Choqués ? Il faut pas grand chose pour les choquer. Je suis juste quitté de nul à chier à nul.

Levy n'eut pas le temps de répliquer pour l'interdire de se rabaisser ainsi, car leurs deux voisins de banc les plus proches se mirent à rire en entendant leur discussion.

– Même trainer avec la fille la plus intelligente ne le rends pas plus intelligent.

– Au contraire, on dirait que c'est elle qui chute. La bêtise ça se contamine apparemment. T'as vu les notes qu'elle a eu ?

Si elle continue de n'avoir que lui comme ami, elle finira par se retrouver dernière de la classe.

La bleutée s'offusqua.

— Gajeel, il paraît qu'il est conseillé de s'entourer de bonnes personnes, car si deux idiots se retrouvent ensemble, il ne faudrait surtout pas s'étonner de voir leur mentalité s'influencer mutuellement, et il y'en a juste deux devant nous.

Choqués, les deux camarades se tournèrent en direction de Levy.

— Tu nous traites d'imbéciles là ?

— Quoi ? Non, je ne faisais surtout pas référence à vous deux. Désolée, ce n'était pas mon intention de vous insulter, ironisa-t-elle.

Gajeel pouffa de rire, ce qui humilia davantage les deux élèves.

— Tu te fous de nous ? s'offusquèrent-ils, regardant méchamment la jeune fille.

— Vous avez un problème ? leur demanda le brun.

Les yeux menaçants de Gajeel les firent se ratatiner simplement sur leurs sièges en maugréant. Cette handicapée !

— Pourquoi t'as fait ça ? Qu'est-ce qui te prend ? s'étonna Gajeel.

— Ils étaient en train de t'insulter. Je n'ai pas à supporter qu'on dise du mal de toi ou qu'on te rabaisse.

Gajeel fut pris de court. Bien qu'elle ne soit pas souvent en mesure de se défendre, elle avait immédiatement répliqué juste parce qu'un mot de travers avait été dit sur lui. Cela le touchait profondément.

— Je sais que tu portes au fond de toi plusieurs blessures qui t'ont rendu aussi insensible, et même si tu ne te sens pas encore prêt à te livrer à moi, je ne veux pas que tu entendes ce genre de chose, souffla-t-elle.

Gajeel serra les poings. Ce genre de situation lui était bien familière. Il avait dû faire face à des préjugés et des insultes pendant longtemps en primaire, donc ce n'était ni nouveau ni surprenant pour lui d'entendre encore ces moqueries.

— J'ai l'habitude qu'on me méprise. C'est gentil, mais je veux pas qu'on te fasse du mal parce tu essayes de me défendre.

— Personne ne va me faire du mal, je ne suis pas invalide et quand tu es là, je ne crains rien.

— Alors tu te sers de mon nom pour faire peur aux autres. C'est si cruel.

— N-Non ce n'est pas du tout ça... Juste que je peux me défendre aussi.

Gajeel sourit alors qu'elle se sentait confuse. Si mignonne !

Madame Mavis attira l'attention de la classe qui étaient déjà bien trop bruyantes.

— N'oubliez pas de faire signer vos relevés par vos parents. Félicitations à tout le monde, et pour le reste ne vous décourager pas. Vous avez encore deux trimestres pour donner le meilleur de vous même.

La jeune enseignante quitta la salle, laissant derrière elle un bruit assourdissant. Des discussions animées éclatèrent en différents groupes, abordant divers sujets tels que leurs projets pour les vacances, Noël et le Nouvel An. Ou encore pire, certains ne savaient pas comment présenter leurs bulletins peu reluisants à leurs parents.

— Le spectacle c'est dans quelques heures, tu veux qu'on y assiste ? demanda Gajeel.

— Hum... Je n'ai pas très envie d'y aller, répondit Levy.

— Et pourquoi ça ?

La jeune fille sursauta en entendant une voix qui provenait de la fenêtre qu'elle peine à reconnaître.

— L-Luxus ? s'étonna Levy.

— Qu'est-ce que tu fous là ? questionna Gajeel.

— T'es pas content de voir tes amis ?

— Pourquoi vous débarquez comme ça ? Et c'est quoi cette tête ? Tu as eu de mauvaises notes ou quoi ?

— M'en parle pas. Le vieux va me gueuler.

— Avec raison, tu n'es jamais attentif en cours, lui reprocha Jellal.

— Suis venu me consoler. Dis-moi que toi aussi tu n'as rien foutu.

— Il a eu de bonne note ! répondit Levy à sa place, très enthousiaste.

— Je vais vomir, lâcha Luxus.

— Tu te consoles avec le malheur des autres ? Compte sur une autre personne, lança Gajeel.

— Franchement j'en reviens pas.

— C'est parce que j'ai un professeur particulier aussi intelligente que belle et magnifique. Elle ne m'ennuie jamais.

La bleutée rougit, faisant rouler des yeux Luxus.

— Va draguer ailleurs, soupira-t-il.


Mirajane avait remarqué la présence de Luxus depuis un moment déjà. Elle se demandait pourquoi il n'entrait pas et restait à discuter avec Gajeel depuis la fenêtre.

La blanche se leva de sa chaise et partit rejoindre les deux élèves près de la fenêtre. Bien qu'il ne soit plus en colère contre elle à présent, il n'en restait pas moins extrêmement déçu par elle.

— Luxus ! Je ne savais pas que tu passerais.

— Et bien Mira, je te manquais tellement que tu n'as pas pu attendre que je vienne te parler ?

Celle-ci rougit.

— N-Non... Euh je veux dire hum... Je t'ai vu et je suis venue te saluer. Comment ça s'est passé ? Tu as eu tes résultats ?

— Mouais.

— Vu ta tête j'imagine que ce n'était pas bon du tout. Mais ne t'inquiètes pas, l'année n'est pas encore terminée et puis Mr Makorof est très compréhensif.

— C'est ça, mon grand père est une plaie.

— Le proviseur, monsieur Makarov, c'est ton grand-père ? questionna Levy, un peu prise de court par la nouvelle.

— Bah, tout le monde le sait.

— Arrête de te prendre la tête, elle est nouvelle alors c'est normal qu'elle ne le sache pas, défendit Mira. Au fait je me demandais Luxus, Tu assisteras au spectacle ?

— Ouais, en plus tu y participes, y'a aucune raison que je manques ça.

Mirajane afficha un sourire, les joues teintées de rouge avant de se tourner vers la bleutée en toussetant légèrement.

— Au fait Levy, j'ai pas eu l'occasion de te le dire depuis mais j'avais vraiment aimé ta prestation. C'était magnifique, tu chantes vraiment très bien.

— M-Merci. Toi aussi tu étais impressionnante.

— C'est gentil, ça aurait été vraiment chouette si on avait pu chanter ensemble avec les autres.

La bleutée hocha simplement la tête, évitant de poursuivre plus amplement sur ce sujet. Mais les amis de Gajeel était plutôt suprise d'apprendre qu'elle possédait un tel talent.

— Je savais pas que tu chantais aussi, commenta Jellal.

— Si, elle chante vraiment bien, sa voix est magnifique, apprécia sincèrement Mirajane.

— Pourquoi tu ne participes pas au spectacle dans ce cas ? demanda Luxus.

Levy se crispa et un silence pesant s'installa entre les quatre adolescents. La barre de chocolat qu'elle tenait d'une main tremblante échappa à son emprise et tâcha son vêtement en s'écrasant sur sa veste. Gênée, elle s'excusa et se leva.

— Je vais aller me nettoyer aux toilettes.

La bleutée sortit précipitamment de la classe, laissant un Luxus et Jellal stupéfait.

— On dirait que j'ai posé une question que j'aurais pas dû, marmonna le blond.

Arrivée dans les toilettes, Levy reposa sa béquille contre un support et utilisa un torchon humide pour essayer de faire disparaître la tâche. Elle refusait délibérément d'assister à ce spectacle, bien que la plupart des élèves, voire tous, y seraient probablement présents, car l'événement était organisé en leur honneur pour célébrer le travail de chacun et souhaiter de joyeuses fêtes de fin d'années à tous.

Jamais elle ne pourrait oublier l'humiliation qu'elle avait subie ce jour-là. Il lui avait fallu beaucoup de courage pour se présenter, chanter devant tout le monde après la mort de sa mère, pour finalement être rejetée de cette manière. Non, non, elle ne se rendra pas à ce maudit spectacle.

Une personne s'installa devant le lavabo. Sans prêter attention à ce qui l'entourait, elle n'y prit pas garde, très concentrée à nettoyer le désagrément de son vêtement.

Lucy se pinça les lèvres et rassembla son courage. Elle ne l'avait pas suivi pour rester silencieuse, elle devait rétablir la vérité et c'était sa dernière chance de lui parler à nouveau.

— L-Levy ?

Surprise d'entendre son nom, elle se retourna et fronça les sourcils. Qu'est-ce que cette fille lui voulait ? Ne lui avait-elle pas déjà fait comprendre à l'hôpital qu'elle ne souhaitait pas qu'elle s'approche d'elle ? L'ignorant, la bleutée se rinça les mains sous l'eau pour partir au plus vite.

— Désolée de te déranger. En fait Je... Je voulais juste te remercier de n'avoir rien dit au proviseur. Je sais que je ne le mérite pas m-

Énervée, la bleutée saisit sa béquille et se dirigea vers la porte, désirant fuir cette désagréable situation.

— A-Attend, s'il te plaît.

— Mais pourquoi est-ce que tu ne comprends pas que je ne veux pas que tu me parles ? Même pas pour recevoir tes excuses ?

— Oui je sais, je voulais juste clarifier quelque chose. Je sais que ça date et que Gajeel et toi vous semblez réconcilier mais s'il y'a eu cette rumeur sur tes parents c'est de ma faute. Je l'ai dit à Cana et bien sûr c'est comme ça que tout s'est répandu. Je ne pensais pas que ça allait avoir autant d'impact sur toi. J'ai l'impression d'avoir volé ta place. C'est toi qui méritais d'êtr-

— Je m'en fiche du rang, laisse moi tranquille. De plus, sache que tu n'as pas à me remercier pour quelque chose que je n'aurais jamais fait pour toi, mais uniquement pour l'intérêt de Gajeel. Si tu t'approches de moi encore une fois, je prendrai rendez-vous avec le proviseur et je ne lui cacherai rien cette fois-ci. J'espère que tes parents sont prêts à supporter d'apprendre que leur fille harcelait une personne handicapée. Il paraît que tu viens d'une famille très importante, votre réputation risque d'en être impactée j'imagine.

— C'est vrai, le nom et la réputation de mon père est bien plus importante que moi, murmura la blonde.

Levy resta sans voix et serra la manche la sa béquille. Non, elle ne devrait pas se faire avoir.

— Quand je suis arrivée dans ce lycée, mon seul souhait était de me faire un ami, mais tout le monde se moquait de mon problème, car je boite et utilise une béquille. J'ai eu très peur quand madame Mavis a donné cet exposé à faire en groupe, mais toi et ton amie m'avez sollicitée. Sais-tu l'immense joie que j'ai ressentie ? J'espérais ainsi me rapprocher de vous et peut-être même devenir amies.

Lucy resta bouche bée. Elle avait voulu être son amie ?

— Il s'est avéré que c'était une illusion, vous m'avez approché uniquement pour remporter un fichu pari, vous m'avez amadouée pour me mettre tout le travail sur le dos. Tu m'as offert un bijou en disant que ça m'allait bien alors que tu voulais simplement te débarrasser d'un cadeau que tu méprisais. À vos yeux j'étais une cruche, et pour couronner le tout tu as demandé à Bickslow de me harceler, tu m'as fait passer pour une personne violente devant toute la classe en prétendant que je t'avais poussée, et j'ai dû te présenter des excuses alors que je n'avais rien fait. Tu as glissé un bracelet dans mon sac pour me faire accuser de vol. Maintenant tu viens me présenter des excuses ? Ne me fais pas rire. Qu'est-ce qui a donc changé du jour au lendemain ? Je ne crois pas une seconde en ta bonne foi.

— Je comprends que tu ne me crois pas. J'aimerais ne plus avoir honte de moi, surtout que...

La blonde ferma un instant les yeux.

— Toi aussi tu as perdu ta mère comme moi, tu devrais me comprendre. J'ai perdu ma mère quand j'étais une enfant et c'est très important qu'elle soit fière de moi et qu'elle sache que je retrouve le bon chemin. C'est pourquoi pour avancer, j'ai vraiment besoin de ton pardon.

Le cœur de Levy s'accéléra. Elle n'ignorait pas qu'elle avait perdu sa mère, mais pas à un âge dont la présence maternelle était particulièrement cruciale. Elle imaginait la douleur que cela avait dû lui causer, ayant elle-même tant souffert de la perte brutale de sa mère. Mais toutes les horreurs qu'elle avait dû enduré par sa faute ne pourrait s'oublier si facilement.

— Reste loin de moi.

— Levy...

— Non, j'ai eu envie de mourir à cause des atrocités que toi et les autres m'aviez faites.

La blonde baissa les yeux.

— D'accord, je promets de ne plus t'approcher. Merci de m'avoir permis de te parler une dernière fois.

La bleutée s'en alla sans rien ajouter et Lucy rentra à son tour en classe après s'être remise de cette nouvelle déception.

Natsu s'approcha d'elle.

— Tu as pleuré ? Tu as les yeux rougis.

— Oui, mais ne t'inquiète pas. Natsu, merci d'avoir été si patient avec moi pendant cette période où je me sentais désorienté et mal.

— Ce n'est rien, je sais que tout ce qui s'est passé avec Levy t'as  beaucoup affecté aussi.

— Oui, je ne peux pas nier le fait que je suis aussi responsable de son état. Bien qu'elle n'ait pas accepté mes excuses, je suis soulagée qu'elle se soit montrée moins agressive envers moi aujourd'hui par rapport à ma dernière approche à l'hôpital. Maintenant je ne peux que laisser passer le temps. Je sens un poids en moins sur le cœur.

Le rosé lui prit la main.

— Et tu crois que tu pourrais maintenant te concentrer sur autre chose ?

— Je sais que je me suis longtemps concentré sur moi-même, j'ai été égoïste et j'ai fais souffrir tous mes amis, Levy et même toi. Maintenant je me sens à nouveau prête à penser aux autres, à reprendre notre relation en main. Natsu, est-ce que tu veux te remettre avec moi ? Enfin ce que je veux dire c'est que tu veux toujours sortir avec une fille qui a causé autant de mal ?

— Le plus important pour moi c'est que tu as appris de tes erreurs.

— Merci Natsu de m'aimer toujours.

La blonde serra la main de son petit ami dans la sienne en la posant contre son cœur.

*

Toute agitée, la bleutée avait regagné son siège. Elle ne prêta aucune attention à Gajeel qui s'était inquiété de son retour tardif.

— Qu'est-ce qu'il y'a ?

— Rien, je veux juste rentrer. De toute façon je ne vais pas assister à ce spectacle, je n'ai plus aucune raison de rester ici. Tu veux m'accompagner ? Si tu veux tu pourras revenir, tes amis vont assister au spectacle et presque tout le lycée aussi. Je ne vais pas t'empêcher d'y être.

— Je ne vais pas te laisser seule. Il s'est passé quelque chose ? Tu as l'air bizarre.

— Non rien, c'est Lucy qui est venue me parler. Elle me met mal à l'aise.

<< Toi aussi tu as perdu ta mère comme moi, tu devrais me comprendre. J'ai perdu ma mère quand j'étais une enfant et c'est très important qu'elle soit fière de moi et qu'elle sache que je retrouve le bon chemin. C'est pourquoi pour avancer, j'ai vraiment besoin de ton pardon. >>

— Je ne veux plus rester dans cette classe. J'y ai trop de mauvais souvenirs. Je peux venir chez toi ?

Gajeel hocha la tête et tous les deux décidèrent de rentrer, n'assistant pas au spectacle et il resta à ses côtés toute la journée.

* * *

C'était officiellement les congés. Gajeel était impatient de commencer le programme que Levy avait planifié pour eux. Elle avait organisé de nombreuses activités pour ces vacances car elle avait l'intention d'en profiter pleinement à ses côtés.

Gajeel termina d'enfiler ses baskets et vérifia l'heure sur son téléphone. Il devait aller chercher Levy pour leur toute première sortie planifié depuis longtemps : Une promenade au parc.

Alors qu'il s'apprêtait à ranger son cellulaire dans la poche se rendant compte qu'il était parfaitement dans les temps, un message s'afficha à l'écran qu'il s'empressa de dérouler en voyant le prénom qui faisait tant battre son cœur.

Crevette

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S'il te plaît est-ce qu'on peut annuler la sortie d'aujourd'hui ? Je n'ai pas très envie de sortir.

Pourquoi ? Tu as un problème ?

Non... C'est juste que je n'ai vraiment pas très envie de sortir. J'ai lu jusqu'à tard et j'ai à peine dormi. Je me sens fatiguée.

Je suis vraiment désolée. On pourra rattraper demain si ça te dit.

Il était conscient de son amour pour la lecture, mais elle avait également tant rêvé de cette promenade avec lui dans le parc, l'ayant même planifié pour son anniversaire. Alors, pourquoi elle décommandait tout à la dernière minute ? Peu convaincu par ses raisons, Gajeel lança directement l'appel vers son numéro mais elle ne décrocha pas.

— Pourquoi est-ce qu'elle ne réponds pas ? Elle venait à peine de m'envoyer ses messages, s'inquiéta-t-il.

La jeune fille ne répondit à aucun de ses appels et un peu blessé, il se dit que quelque chose n'allait pas. Est-ce qu'il avait fait un truc qu'il n'aurait pas dû ? Pourquoi elle annulait tout comme ça ?

Gajeel sortit de l'appartement pour se rendre directement chez la jeune fille. En y réfléchissant, hier elle n'était pas très concentrée sur leur conversation et aujourd'hui elle ne désirait ni le voir, ni répondre à ses appels.

Arrivé sur les lieux, après avoir emprunté un moyen de transport, il sonna à plusieurs reprises sans obtenir de réponse. Inquiét, il se dit qu'il y'avait manifestement un problème. Par curiosité, il poussa légèrement la poignée de la porte principale et s'aperçut qu'elle était ouverte, ce qui le surprit. Était-elle sortie un moment ?

— Levy ? appela-t-il, restant de l'autre côté de la porte.

N'ayant reçu aucune réponse, il prit la décision d'entrer et il entendit des sons étranges, semblables à des sanglots étouffés. Ses sourcils se plissèrent tandis qu'il suivait des gémissements jusqu'à la chambre, où il frappa à la porte.

— Levy, est-ce que t'es là ?

Les sons devinrent plus fort et il ouvrit la porte, surprenant la bleutée allongée sur le lit en larme.

— Qu'est-ce que tu as ? Pourquoi tu pleures ? demanda-t-il, se précipitant à ses côtés.

À cette simple phrase, ses yeux se remplirent à nouveau de larmes, et il l'enlaça chaleureuse dans ses bras.

— Chuut, calme toi. Je suis là avec toi. Dis-moi ce qui ne vas pas.

— Je me sens mal, je me sens tellement mal. Aujourd'hui... Aujourd'hui j'ai l'impression que je pourrais pas supporter cette journée. Je veux juste m'endormir et me réveiller le lendemain.

— Pourquoi tu dis ça ? Il s'est passé quelque chose ?

Un cadre photo reposait sur l'oreiller à côté d'un livre. Il avait souvent contemplé la photographie sans jamais poser de question, car il était évident pour lui qu'il s'agissait d'une image de sa mère.

— C'est ta mère n'est-ce pas ?

— O-Oui.

Certes, Levy avait hérité en tous point d'une ressemblance frappante avec son père, mais elle portait en elle le même sourire et la même douceur dans le regard que sa mère.

— Aujourd'hui c'est son anniversaire, souffla-t-elle. Je ne pourrais malheureusement plus lui souhaiter un joyeux anniversaire et célébrer cette journée avec elle. Elle me manque tellement, Gajeel.

— Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Je serais venu plus tôt.

— Je ne pensais pas que je me mettrais dans cet état, c'est pourquoi j'avais prévu cette sortie précisément aujourd'hui parce que je voulais me rappeler des moments joyeux qu'on avait vécu tous les trois en me promenant à tes côtés. Mais j'ai pas pu trouver la force... Je ressens encore plus son absence aujourd'hui. Je veux la serrer dans mes bras, la voir me sourire en lui remettant un cadeau. Tout ça me manque, pleura-t-elle.

L'adolescente enfouit sa tête dans son torse, profitant des battements désordonnés de son cœur, de sa respiration chaude sur son front, ses doigts posés sur ses bras et ses pieds entremêlés aux siens. Cette proximité lui procurait un immense réconfort.

— Où est ton père ? demanda-t-il.

— Il est sorti tôt ce matin, je n'ai même pas pu le voir. D'habitude il prépare le petit-déjeuner mais je suppose qu'il n'avait pas le moral pour le faire.

— Et tu as au moins déjeuner ?

— Je n'ai pas faim.

Il releva son visage et dégagea les mèches de cheveux qui gênaient derrière son oreille. Ses joues portaient d'énormes traces de larmes, ses yeux marrons, qui brillaient tant, semblaient dépourvus de toute lumière.

— Je n'aime pas te voir comme ça. Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?

— Ta présence ici est suffisante.

La bleutée ferma les paupières et posa sa main sur la poitrine de Gajee. Elle appréciait les battements réguliers de son cœur, qui apaisait sa peine.

— J'aimerais pouvoir mettre des fleurs sur la tombe de ma mère. Je pensais pouvoir aller à Crocus avec mon père mais je sais qu'il n'est pas encore prêt. Il se sent encore coupable pour l'accident.

— Tu veux qu'on y aille ensemble ?

— Non j-

— Si c'est important pour toi de le faire je peux t'accompagner si tu ne veux pas y aller seule, dit-il, caressant son visage.

— C'est à cinq heure de route. On risque de revenir très tard en faisant l'aller-retour dans la même journée.

— C'est pas un problème pour moi. Tout ce qui te tiens à cœur est aussi important pour moi. Levy, c'est ta mère. Je ne veux pas que tu restes dans cet état.

— Merci.

— Apprête-toi, en attendant je vais essayer de te préparer quelques chose à manger ensuite on ira à la gare.

La jeune fille acquiesça et il lui déposa un baiser sur les lèvres avant de quitter la chambre pour se rendre à la cuisine.

Une quinzaine de minutes plus tard, l'adolescente arriva toute apprêtée, arborant une jupe à carreaux, des collants et des bottines, accompagnée du blouson de Gajeel qu'il lui avait finalement offert par-dessus son col roulé. Sans oublier un sac préparé à la hâte.

— Vient t'asseoir. J'ai vu des oeufs et du pain. Essaye de tout manger.

— Merci, souffla-t-elle, prenant place en reposant sa béquille contre le siège.

— Tu veux quelque chose d'autre ?

La jeune fille baissa les yeux sur son plat : des oeufs brouillés, deux tranches de pain avec du fromage et du jambon.

— Non, non merci. C'est suffisant. J'ai pas trop l'appétit.

La jeune fille commença à déjeuner et demanda à Gajeel de préparer quelques provisions. Ils avaient une longue journée qui les attendait.

Les deux adolescents quittèrent la maison après l'avoir verrouillée avec soin et partirent vers la gare. Gajeel acheta les billets, puis ils embarquèrent à bord du train.

Main dans la main, le brun conduit la jeune fille à la première place de vide qu'ils virent.

— Essaye de te reposer un peu, le trajet est long.

Celle-ci obéit et reposa la tête sur l'épaule du jeune homme en saisissant son bras.

— Merci, souffla-t-elle.

* * *

Écouteur dans les oreilles, Gajeel stoppa la musique qu'il écoutait durant le trajet lorsque l'énorme engin se gara et il se tourna vers l'adolescente.

— Levy, on est arrivé, chuchota-t-il, caressant doucement son visage pour ne pas la réveiller brusquement.

La jeune fille bougea lentement et papillonna les yeux. Elle avait dormi si profondément.

— On est arrivé ? demanda-t-elle.

— Oui, il faut qu'on descende.

Les deux adolescents descendirent du train et quittèrent de la gare.

— Prenons un taxi. On peut s'arrêter chez un fleuriste avant ? Je veux acheter des fleurs, lui dit-elle.

En sortant du magasin de fleurs, ils empruntèrent un taxi qui se gara devant le cimetière. La jeune fille reserra les doigts contre sa poitrine en traversant les nombreuses pierres tombales.

Devant la tombe de sa mère, Gajeel remit à l'adolescente le bouquet de lilas blanc qu'il tenait pour elle lorsqu'elle s'agenouilla devant le sépulture après avoir déposé sa béquille sur le sol.

— Maman...

Elle déposa les fleurs au pied de la tombe et fut prise d'un moment d'émotion qui lui fit retenir son souffle.

— Joyeux anniversaire, maman. J'espère que de là où tu te trouves tu es heureuse. Je t'ai amené des lilas, tes fleurs préférées.

La bleutée fit un sourire triste.

— Je suis désolée que papa ne soit pas là, je suppose que tu dois être déçu de son absence. Ça ne fait que cinq mois, la douleur qu'il ressent est encore très intense. Il souffre et se sent coupable pour ce qui nous est arrivé alors ne lui en veux pas trop, il prend bien soin de moi. Maman, il s'est passé tellement de choses dans ma vie.

Elle essuya une trace de larme.

— Je te raconterai sûrement une prochaine fois car aujourd'hui j'aimerais partager avec toi des nouvelles joyeuses plutôt que des mauvaises. Ta fille adorée prend toujours très au sérieux ses études, je suis classée deuxième dans la classe malgré tout ce que j'ai traversé, c'est pourquoi ça me rend très fière. En plus de ça, j'ai à mes côtés une personne très spéciale pour moi. Il m'a été d'une aide si précieuse et d'un soutien énorme quand tout allait mal pour moi et sans lui je... Je ne sais pas ce que je deviendrais. Il m'apporte bonheur, joie et paix. Il illumine mes jours les plus sombres et grâce à lui j'ai découvert l'amour. Mon affection pour lui est grande et j'espère que papa saura l'apprécier autant.

Gajeel se sentit flatter. Ils restèrent quelques minutes de plus avant de quitter le cimetière.

— Merci d'être venu ici avec moi, le remercia-t-elle.

— Ce n'est rien. Tu veux qu'on rentre directement ?

— Non, pas tout de suite. Marchons encore un peu. C'est ma ville natale, ça m'a manqué d'être ici.

— Tu veux qu'on aille où ?

— Humm... Allons dans mon ancien quartier. J'ai envie de voir si les choses ont changé même si j'en doute, ça ne fait que quelques mois qu'on est partit, rit-elle.

— Il doit y'avoir des choses magnifiques à voir, dit-il, zieutant les alentours.

— Oui oui, regarde ceci, et ça... Oh et...

Levy lui présentait tout ce qui les entourait à mesure qu'ils avançaient.

— Comme je me disais rien n'a changé, commenta Levy, enfin arrivé dans son quartier.

La bleutée serra plus fort le bras de Gajeel en fixant une maison en particulier.

— C'était votre maison ? devina Gajeel.

— Oui, c'est toujours la nôtre. Mon père ne l'a pas vendu.

— Tu veux entrer ?

— Non, je n'ai pas apporté les clés avec moi, et si jamais on doit y retourner ce sera probablement avec mon père. Il y a tellement de souvenirs et je ne suis pas encore prête à les affronter pour le moment. Les quelques semaines passées dans cette maison après la mort de ma mère ont été très difficiles. Je sais qu'on ne peut pas fuir indéfiniment et peut-être qu'on y reviendra très prochainement si mon père récupère son poste.

Comment ? Alors, il semblait y avoir de fortes chances que Levy revienne vivre ici, loin... Loin de lui ? Il n'avait même pas encore pu profiter pleinement de leur amour. Leur relation étant encore trop vague et il fallait qu'elle s'éloigne de lui ?

— Pourquoi tu fais cette tête ? Il y'a quelque chose qui ne va pas ?

— N-non, c'est juste que je pensais que je ne pourrais pas supporter l'idée de te perdre.

— Mais pourquoi tu penses ça ? Bien sûr que je serais toujours avec toi, tu ne vas jamais me perdre. On a encore tellement de chose à vivre toi et moi.

Gajeel serra fortement la jeune fille dans ses bras. Oui, mais Levy ne pouvait rien y faire si son père décidait de revenir vivre ici. Pour le moment, Monsieur Mcgarden était encore très bouleversé par la perte de sa femme, mais une fois qu'il aura surmonté sa douleur, rien ne pourra l'empêcher de revenir vivre à Crocus après avoir repris sa vie en main, son travail.

— Levy ?

L'adolescente se retira des bras de Gajeel et se retourna vers la provenance de la voix, et elle ne pouvait en croire ses yeux. Elles ?

— Oh mon dieu, c'est vraiment toi Levy ?

La jeune fille resta silencieuse, ne sachant pas comment accueillir ses deux amies qui l'avaient laissée tomber dans un moment très difficile de sa vie.

— Quand est-ce que tu es revenue ? Tu as disparu d'un coup. C'était très dur pour nous.

Très dur ? Quelle blague. Elle ne l'avait pas contacté une seule fois !

— Je suis juste de passage. Désolée, mais je dois rentrer.

— Quoi, déjà ? Non, pourquoi si vite ? On pourrait aller à un café du coin parler. On ne s'est pas vu pendant longtemps, tu ne peux pas encore disparaître comme ça.

— J'ai un long trajet à faire.

— Je te promets qu'on ne sera pas longue, supplia-t-elle.

La bleutée resta longtemps silencieuse avant d'accepter.

— D'accord...

Ravies, les filles échangèrent un sourire et Gajeel se pencha pour murmurer à l'adolescente :

— Tu es sûr que tu veux discuter avec elles ?

— Pas vraiment, je n'ai pas pu refuser.

Les quatres adolescents prirent une table sur la terrasse lorsqu'ils virent le premier café à proximité.

— Qu'est-ce qui t'amène ici ? On pensait ne plus te revoir.

— C'est l'anniversaire de ma mère. Je voulais déposer des fleurs sur sa tombe.

— Et tu restes où à présent ?

— À Magnolia.

— Si loin. Pourquoi tu ne nous as pas dit que tu déménageais ?

La bleutée faillit s'étouffer. Elles étaient sérieuses ?

— Pourquoi l'aurais-je fait ? Je ne pensais pas qu'on était encore amies, on ne se parlait plus.

— La faute à qui ? Tu t'éloignais de nous jour après jour, tu étais constamment de mauvaise humeur, toujours désagréable, nos tentatives de réconfort étaient insignifiantes à tes yeux. Au contraire, on dirait que tu te complaisais dans ton mal-être. On ne pouvait simplement plus supporter ça.

D'accord, elle avait été irritable, c'est un fait, mais sa douleur n'était pas négligeable.

— J'ai perdu ma mère, du jour au lendemain je me retrouve handicapée, mon père est effondré et dépendant à l'alcool, et vous vous attendiez à ce que je saute de joie ? Je traversais une période de depression, c'était normal si je penais à retrouver la joie de vivre... Vous étiez censé être mes amies.

— Mais au moins quand tu t'en allais tu aurais pu nous prévenir.

— C'est vous qui avez décidé de couper les ponts, j'ai juste respecté votre décision. Si je vous avais inquiété vous m'aurez contacté.

Les filles voulurent se défendre mais ne surent quoi dire.

— Tu... Tu ne nous as pas présenté ton ami.

— Pour quoi faire ? On ne se reverra plus.

— Ne sois pas comme ça, on se demande simplement si tu ne te sens pas seule dans ta nouvelle ville. On sait que tu as toujours eu du mal à te faire des amis, il doit vraiment bien t'apprécier pour faire tout ce trajet avec toi juste pour déposer des fleurs.

Levy se demanda si elles avaient conscience de la nature blessante de leurs paroles ou était-ce simplement un manque de tact. Juste ? C'était l'anniversaire de sa mère et cela avait une grande importance pour elle.

— C'est pas juste pour déposer des fleurs. Si vous ne pouvez pas comprendre ça fermez là, s'énerva Gajeel, agacé.

Les deux adolescentes restèrent bien silencieuse.

— Gajeel, allons-y s'il te plaît, je n'ai plus rien à faire ici.

Le brun l'aida à se relever et il fusilla du regard les deux filles par la même occasion.

— Levy, ne t'en vas pas comme ça à nouveau. Écris nous d'accord ?

Non mais bordel c'est quoi ces personnes égoïstes ? s'énerva Gajeel.

Il s'en alla avec Levy prendre le train de retour.

..........

Bonne lecture ♡

Désolé pour les fautes et les erreurs. J'ai publié directement sans plus relire une dernière, je suis épuisée.

Avis ?

03 juillet

Marie

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