quatre-vingtième
La cabine d'ascenseur évoluait entre les différents étages de l'immeuble, partant du rez-de-chaussée. Ses pupilles brunâtre fixées sur l'afficheur indiquant la direction ascendante de l'engin et l'étage en cours de desserte durant tout le parcours qui ne dura qu'une minute tout au plus, la demoiselle sortit de l'appareil électrique et traversa en silence le couloir menant à l'appartement de la famille Redfox, n'ayant en tête qu'un seul numéro.
703.
Arrivé devant ledit appartement de l'immeuble à quinze étages, la bleutée sonna à la porte et attendit patiemment qu'on vienne lui ouvrir.
— Oui j'arrive ! entendit-elle.
La bleutée sourit lorsque madame Nora apparut à la porte, contrairement à la mairesse de maison qui fut au premier abord surprise de la voir.
— Levy, c'est toi. Entre.
— Merci, souffla-t-elle.
Avec prudence, la jeune fille avança dans le salon qu'elle trouva sans dessus dessous, rempli de carton de décoration éparpillés et d'un sapin à peine achevé.
— Vous décorez déjà ?
— Pour le moment j'ai envie de monter le sapin. J'ai sorti les décorations pour voir s'ils sont encore utilisables. C'est Noël dans quelques jours, mais je n'ai pas eu le temps de le faire avant. Vient t'asseoir. Je te sers à boire ?
— Non non, merci, ne vous embêtez pas, je vais juste attendre Gajeel. Il est là ?
La bleutée s'installa sur le canapé d'angle de la pièce principale et rangea sa béquille contre le dossier de la chaise.
— Oui, il venait à peine de sortir de la douche, il doit être dans sa chambre. Vous comptez sortir ? demanda Nora en suivant minutieusement Levy du regard.
La bleutée hocha la tête.
— Il m'a invité au cinéma, répondit-elle.
— D'accord je vois. Comment va ton père ?
— Il a l'air d'aller bien mais avec lui on est jamais sûr. Ce qui me soulage c'est qu'il n'a plus bu d'alcool depuis ce jour.
— Tant mieux. Ça aurait été idiot de sa part de boire à nouveau après ce qui s'est passé.
— Avant il buvait tous les soirs, murmura Levy.
La jeune fille ferma les yeux. C'était l'un des pires souvenirs qu'elle avait de Crocus.
Tous les soirs ? fut intriguée Nora, qui trouva cette révélation afrreuse et inquiétante.
— Levy, est-ce que... Ton père a déjà...
— Non.
Sa réponse vive, sèche et coupante fit légèrement sursauter Nora, et un sentiment désagréable monta alors en elle. Elle n'aurait jamais dû poser cette question qui même sans être achevée, était indéniablement évidente : la maltraitance. Certes, elle n'avait passé que quelques heures en compagnie de monsieur Mcgarden, mais à aucun moment il ne l'avait paru être quelqu'un qui ferait du mal à sa fille. Du moins, pas physiquement.
— Tu peux attendre ici, moi je vais terminer de monter le sapin, dit-elle mal à l'aise.
Levy serra les doigts sur le bas de sa robe, et se mordilla la lèvre, honteuse. Quelle fille grossière elle avait faite, répondre ainsi à un aîné qui s'inquiétait simplement pour sa sécurité. À peine la question avait été formulé que son sang avait pulsé violemment dans ses veines et elle n'avait malheureusement pu se retenir.
C'était extrêmement insupportable et horrible pour elle d'entendre ses camarades traiter son père d'alcoolique violent, alors, voir madame Nora exprimer ces mêmes préjugés au fond de son regard l'avait profondément offensée. Oui, son père buvait excessivement au point d'en perdre la raison parfois, mais il n'était pas d'un naturel violent. Et certes, il avait dépassé les limites une fois, et la culpabilité et la honte l'avaient tellement accablé qu'il avait été incapable de la regarder en face des jours durant.
Après un silence torturant, la bleutée leva le regard vers Nora qui bagarait à séparer les guirlandes qui s'étaient emmêlées entre elles dans les cartons. Malgré tout, elle ne voulait pas que cette femme arrête de la regarder avec ses yeux pleins d'amour.
— Vous... Vous avez besoin d'aide ? demanda Levy, hésitante.
— Si ça ne te dérange pas. Je ne suis pas très douée en décoration pour tout avouer.
Ravie, la jeune fille partit rejoindre la dame près du sapin fièrement dressé dans le coin du salon, et elle s'assit au sol à son tour pour mettre la main à la pâte dans le tri des décorations encore utilisables.
— J'avais l'habitude de décorer à l'approche des fêtes avec ma mère, commenta Levy. On faisait pleins de choses ensemble.
— Ça doit faire de beaux souvenirs je présume. Gajeel et moi on est pas du genre à faire des activités ensemble.
— Vous pouvez commencer à le faire. Regardez, il pourrait peut-être vous aider à décorer la maison. Ça sera super.
— Je sais qu'il va refuser, et ce n'est pas vraiment le genre de truc qu'il aime, rit-elle. C'est bien gentil de ta part de me proposer une idée.
Levy était contente que madame Nora ne soit pas vexée contre elle, s'adressant à elle comme d'habitude, avec douceur.
— Vous savez, j'aimerais tellement que Gajeel et vous ayez une bonne relation. Pourquoi il est aussi peu aimable avec vous ? Je peux peut-être faire quelque chose ? Euh... Je peux lui demander de faire plus attention à vous.
Nora se crispa et resta muette. Le silence qui régnait était lourd, mettant Levy mal à l'aise.
— Désolée, je n'aurais pas dû parler de ce sujet, s'excusa Levy.
— C'est parce que je l'ai négligé. Je reconnais n'avoir plus fait attention à lui après mon mariage, répondit Nora du tac au tac, comme pour en finir rapidement.
Levy eut du mal à croire qu'elle venait d'émettre une reponse et bafouilla :
— Il... Il ne peut pas vous en vouloir pour ça jusqu'à présent. Gajeel n'est pas comme ça.
— Je n'en sais rien, peut-être que ça l'a vraiment affecté. Il n'avait que cinq ans quand son père est entré subitement dans sa vie, et moi je me suis de moins en moins intéressée à lui pour me consacrer à des sentiments qui m'ont fait du mal.
La bleutée devint mal à l'aise. Est-ce qu'elle méritait d'entendre ça ? C'était plutôt privé.
— Je pense que vous devriez dire tout ce que vous ressentez à Gajeel.
— Je ne sais pas. Il n'aime pas me parler. Il ne me comprendra pas de toute façon.
— Je peux aussi lui demander de vous écouter. Je n'aime pas vous voir triste, vous êtes très gentille avec moi.
Nora se mit à sourire.
— Tu es mignonne. Dis-moi plutôt, mon fils te plaît n'est-ce pas ?
L'adolescente rougit automatiquement et ses yeux loucha sur les boules de Noël dans ses mains. Quand est-ce qu'elle avait remarqué ?
— Qu'est-ce que vous faites ?
La voix forte qui resonna lui empêcha de répondre par l'affirmative et les deux femmes se tournèrent vers son origine. Ce n'était autre que Gajeel.
La bleutée se mit à tousseter et fuit du regard Gajeel et Nora pour cacher les rougeurs de ses joues. Pourquoi était-il si séduisant ? Il ne s'était pourtant pas vêtu de façon très extravagante. Juste comme d'accoutumée : un patalon, des baskets et un t-shirt ample par-dessus un col roulé à manche longue.
— Tu... Tu es prêt ? demanda Levy.
— Mouais. On y va.
Il partit l'aider à se relever et la bleutée s'accrocha à son bras avant de saisir sa béquille qu'il tenait provisoirement dans sa main.
— Aurevoir madame Nora.
Nora sourit. Elle aimait bien cette fille. Quand Gajeel comptait-elle la présenter comme sa petite amie ? Leur regard amoureux n'était pas très discret.
— Amusez-vous bien.
La bleutée la remercia et les deux adolescents sortirent de l'appartement. À peine eurent-ils avancé de quelques pas dans le couloir que Gajeel laissa échapper un juron.
— J'ai oublié un truc. Attend là, je reviens.
Il fit demi-tour si précipitamment que Levy en fut déroutée. Qu'avait-il oublié ? Ils se rendaient pourtant juste au cinéma. Son portefeuille peut-être ?
Nora fut surprise de voir son fils débarquer précipitamment, entrer dans sa chambre et en ressortir avec des clés qu'elle reconnaissait trop bien. Il ira chez son père après le cinéma ? Que comptait-il faire là-bas avec Levy ?
Ne dites pas que... Il comptait déjà présenter Levy à Metallicana ? Avant elle ? Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'elle n'était pas importante à ses yeux ?
— Ah, attend Gajeel.
— Quoi ?
Il plongea durement ses iris rouges dans les siennes. Ok, elle était en train de l'importuner.
— Rien, je voulais simplement que tu saches qu'à ton retour j'aimerais qu'on parle.
— De quoi ?
Comment ça de quoi ? Nora inspira. Elle ne devait pas s'énerver.
— Tu ne penses pas qu'on doit discuter ? Parler ?
— J'ai rien à dire.
— Si tu n'as rien à dire tu peux simplement m'écouter.
Gajeel soupira. Leurs discussions se terminaient toujours mal, laissant plus des blessures que des solutions, et encore plus brisés que réparés. Les mots blessants que ressassait sans cesse sa mère ne faisaient que le detruire, et franchement, il en avait juste marre.
— Ça sert à rien. Je n'attend même plus rien de toi.
Sa mère écarquilla les yeux et sa poitrine se serra douloureusement. Comment ça il n'attendait plus rien d'elle ? Souhaitait-il véritablement que leur relation demeure sur cette pente glissante ? Qu'ils ne partagent rien d'autre que le même espace vital ?
— Tu ne trouves pas que tu es injuste ? Ton père... il revient cinq ans plus tard et tu le préfères à moi. Pourquoi c'est moi que tu détestes et pas lui ?
Gajeel fronça les sourcils. D'où est-ce qu'elle sortait qu'il la détestait ? La faute à qui s'il n'arrivait pas à communiquer tous les deux ? Elle pétait un câble pour tout et pour rien à un moindre de ses mots. S'il était si distant, c'était indiscutablement à cause des paroles affreuses qu'elle sortait quotidiennement sur lui – Le brun fixa la porte, Levy l'attendait – Il soupira alors, prêt à accepter cette soit disante discussion pour pouvoir enfin aller rejoindre Levy, mais sa mère le devança et déclara :
— Je perds mon temps à essayer de te parler en fait. Je t'ai demandé si gentiment mais comme d'habitude tu n'essayes jamais de me comprendre. Tu es comme lui. Vous êtes pareils. Vous v-
— Bon sang de merde arrête ça ! Arrête bordel ! hurla-t-il, en colère.
Nora sursauta et elle jeta un regard effaré à Gajeel qui venait de jeter un vase sur le sol.
— Qu'est-ce qu...
— Je suis pas comme lui alors arrête. C'est pas moi qui t'ai rendu malheureuse alors va le trouver, jette lui tous tes sales mots à la figure mais ne déverse plus jamais ta frustration sur moi ! Si tu trouves tant que je lui ressemble tu n'as qu'à faire comme si j'existais pas pour toi, lâcha-t-il en colère, avant de claquer la porte pour s'en aller.
Ces paroles la transpercèrent le cœur, ne lui laissant que douleur et souffrance, et des morceaux qu'on ne pourrait sûrement jamais plus recoller. Sa gorge était si serrée qu'elle peinait à déglutir, sa vision trouble, et ses jambes tellement tremblantes qu'elle s'effondra au sol, sous le choc.
Gajeel franchit à peine le seuil de la porte qu'il vit Levy prête à y entrer, le regard transpirant d'inquiétude.
— V-Vous étiez en train... de vous disputer ?
Il détourna la tête et serra les dents.
— Non.
— Ça... Ça va ?
Il avait sentit l'hésitation dans le son de sa voix, comme si elle craignait de le heurter et le briser. Il ne se considérait pourtant pas si vulnérable, bon sang.
— J'ai rien, ça va.
— Tu n'as pas besoin de faire semblant d'aller bien avec moi tu sais.
Cette phrase le fit craquer, comme un miroir qui se fissurait.
Épuisé de maintenir ce mur impénétrable qui se craquelait de l'intérieur jour après jour, il se mit à nue devant son amour et son expression détachée laissa alors place à une souffrance horrible qu'il portait en lui depuis trop longtemps.
— Prends-moi dans tes bras Levy, supplia-t-il.
L'adolescente fit un pas vers lui et il tomba dans ses bras en l'esserant de toutes ses forces contre lui.
Comme il en avait besoin.
Ses doigts glissa jusqu'à sa nuque et il pressa son autre main contre sa taille pour la rapprocher en déposant un baiser dans son cou. Sa douce odeur était telle une saveur sucrée. Non, c'était encore plus merveilleux, si merveilleux qu'elle pourrait en devenir un drogue.
Il se sentait noyer.
Dire qu'il s'accrochait autant à cette frêle silhouette. Elle devait sans doute le prendre en pitié, car en cet instant il ne reflétait rien du Gajeel fort qu'elle aimait.
— Tu as pitié de moi ?
— Non, non, comment je pourrais ? Tu as toujours su me réconforter quand moi je n'allais pas bien. Je me sens tellement mal de ne pas savoir quoi faire, je suis désolée.
— T'as pas à être désolé, chuchota-t-il.
C'est lui qui était désolé. Désolé de lui offrir un spectacle aussi pitoyable de lui-même. Mais il en avait tellement besoin.
Besoin d'elle.
De la sentir contre lui.
— Tu vas mieux ?
— Je crois, répondit-il.
La bleutée sourit et ses yeux se posèrent sur la porte de l'appartement. Comment va Nora ?
Gajeel arrêta sa main juste à temps, avant qu'elle ne fasse un pas de plus loin de lui. Elle réalisa alors qu'elle s'était brusquement éloignée, mettant fin à cette délicieuse étreinte.
— Désolée je... J'ai pas réalisé, s'excusa-t-elle.
Levy ferma momentanément les yeux. Elle était tant préoccupée par l'état émotionnel de Nora qu'elle avait instinctivement pris la direction de la porte.
— Où tu vas ? s'affola Gajeel.
Surprise de lire une grande confusion dans son regard, semblable à de la peur, elle exerça une légère pression sur ses doigts qu'il tenait pour le rassurer.
— S'il te plaît je vais juste voir comment elle va, je reviens vite, promit-elle en lâchant sa main.
Son cœur se serra à chaque pas qu'elle faisait loin de lui, et son être fut parcouru d'un froid effrayant, privé de sa douce chaleur. Il s'accroupit et enfonça sa tête dans ses bras. Pourquoi devait-il constamment passer après les autres ?
La bleutée s'engouffra dans le salon et eut un hoquet de surprise en découvrant le vase d'entrée brisé. Imbibées d'eau, les fleurs qui y étaient gisaient lamentablement sur le sol dans un état déplorable, séparés de certaines de leurs pétales.
— Madame Nora ?
Celle-ci se trouvait devant le sapin, à dresser les guirlandes brillantes dessus.
— Madame Nora, vous allez bien ?
Un silence plana.
— Cest... C'est que j'ai entendu dans le couloir Gajeel gronder, alors je m'inquiétais.
— C'est rien, je le méritais.
— Mais vous...
— Je vais bien. Vous n'étiez pas en train de sortir ? Je ne veux pas qu'à cause de moi, il se sente à nouveau délaissé. Va le retrouver, s'il te plaît ne le laisse pas seul, supplia-t-elle, la voix tremblante.
— Prenez soin de vous, implora Levy avant de sortir.
Quand la porte se referma, Nora fondit en larme et plaqua une main sur sa bouche.
Arrivée dans le couloir, la bleutée se paralysa en découvrant Gajeel adossé contre le mur, la tête baisée.
— Gajeel ! Qu'est-ce que tu as ?
La jeune fille se précipita vers lui malgré le fait que sa béquille ne lui permettait pas de faire des mouvements brusques et rapides. Face à lui, elle se mit à genoux après avoir lâché sa béquille et leva sa tête dans ses mains.
— Gajeel ?
— Pourquoi est-ce que j'ai toujours l'impression de n'être important pour personne ? Tout le monde me méprise.
— Non ne dit pas ça, tu es important pour moi.
— Alors pourquoi tu as lâché ma main ?
— Je... J-
Gajeel tourna la tête. Ce n'était pas la peine d'attendre une réponse qu'il connaissait d'avance.
— Comment elle va ? demanda-t-il.
Prise de court par une à laquelle elle n'aurait jamais pensé l'entendre poser, Levy mit quelques secondes à répondre.
— Ah euh... Elle a dit qu'elle allait bien mais je ne pense pas que ce soit le cas. Elle ne m'a pas regardé une seule fois et m'a demandé de partir. Et... Sa voix tremblait beaucoup.
Gajeel fronça les sourcils. Elle s'est mise à pleurer ? Quoi qu'il en soit, tôt ou tard, il aurait fallu qu'il le lui dise en face.
— Pardonne-moi, je ne voulais pas te blesser. Je suis désolée d'avoir lâché ta main.
Le brun soupira, conscient qu'il avait tout sur-analysé dans sa tête.
— C'est moi qui t'ai fait un reproche qui n'existait pas, s'excusa-t-il.
— Tu étais troublé, ce n'est rien.
La jeune fille posa ses petits doigts sur sa joue, et caressa doucement sa peau avec pouce, lui faisant fermer les yeux de délice. Oui, il aimait la Levy attendrissante.
Ces caresses étaient adorables.
— On peut renvoyer la sortie à un autre jour tu sais, proposa-t-elle
Il posa sa main sur la sienne qu'il serra fort.
— Non c'est bon. C'est mieux si on se change les idées, tu crois pas ?
La bleutée hocha la tête et ramassa sa béquille pour se remettre debout à la suite de Gajeel, aidé par celui-ci.
* *
Arrivés au cinéma, les deux adolescents scrutaient avec attention les différentes affiches.
— Tu choisis quel film ? lui demanda Gajeel.
— Hum... Tout sauf un film d'horreur.
— Pourquoi ? C'est bien les films qui font flipper, sourit-il.
— Pour toi peut-être. Je fais pleins de cauchemars quand je vois ce genre de film. Tu te souviens de la dernière fois ? J'avais tellement peur que j'ai été obligé de sortir.
Les bras de son partenaire s'enroulèrent autour de son corps, comme s'il voulait effacer ce vilain souvenir.
— Alors choisis ce que tu veux voir, dit-il, plongeant sa tête dans son cou.
Sa respiration saccadée chatouilla la jeune fille, provoquant en elle un frisson de plaisir. Elle s'efforça de faire abstraction de ces doux tourments sur sa peau et examina attentivement chacune des affiches, cherchant à faire un choix qui les satisferait tous les deux.
— Choisissons celui-ci. Ça m'a vraiment l'air bien. Ça te convient ?
Le brun leva les yeux pour suivre du regard la direction que lui pointait la jeune fille du doigt, afin d'y lire le résumé sur l'affiche. C'était un film fantastique.
— Tu aimes ce genre de film ? demanda-t-elle, un peu douteuse de son choix.
— Mouais.
De son index, il dirigea le visage de Levy pour qu'elle rencontre son regard.
— Je vais acheter les billets et du pop corn. Je te prends autre chose ?
— Mmh ? réfléchit-elle. Deux bols de pop corn et du soda.
— D'accord... Grosse gourmande, taquina-t-il.
Elle lui tira la langue et il s'éloigna un sourire aux lèvres en desserrant son étreinte, laissant une sensation de froid chez la jeune fille qui porta ses doigts sur ses lèvres.
Elle avait envie de l'embrasser.
La jeune fille sortit de ses pensées quand Gajeel revint auprès d'elle, et ils rejoignirent directement la salle de projection avec une marge de temps, ayant ainsi le loisir d'occuper les meilleurs places.
— T'as intérêt à tout finir, dit-il, enfin installé côte à côte.
— Bien sûr.
La bleutée récupéra son bol de popcorn grand format des bras de Gajeel, celui-ci ayant préféré acheter un format énorme au lieu de deux, sachant pertinemment que l'excédent aurait été gaspillé. Elle remarqua qu'il n'avait rien pris pour lui, excepté une boisson gazeuse.
— Ça va aller ? Tu as seulement acheté les pop-corns que je t'ai demandé.
— Mmh... J'aime pas trop ça.
— Pourquoi ? C'est bon pourtant.
— Juste j'aime pas trop les trucs sucrés.
— Mais tu bois du coca, c'est contradictoire.
Gajeel esquissa un sourire.
— Ah bon ?
Elle hocha vigoureusement la tête, ne pouvant répondre verbalement à cause du maïs éclaté recouvert de caramel au beurre salé broyé dans sa bouche.
— Tu ne veux pas goûter ? C'est vraiment trop bon, continua-t-elle, après avoir tout avalé.
— Alors mets-moi en dans la bouche.
— P-Pardon ?
La bleutée crut qu'il blaguait et rit nerveusement.
— Tu plaisantes hein ?
— Hum non, maintenant j'ai vraiment envie d'y goûter. Soit pas radine.
— Je ne suis pas radine ! s'offusqua-t-elle.
L'adolescente piocha deux graines entre ses doigts, tombant naïvement dans son jeu. En introduisant l'aliment dans sa bouche, le bout de ses doigts effleurèrent sa langue et elle devint toute rouge.
Mal à l'aise, elle voulut se précipiter à baisser sa main, mais il saisit son poignet juste à temps pour l'en empêcher.
Son œil rouge vif se posa intensément sur la jeune fille lorsqu'il fit lentement glisser sa langue autour de son doigt, et il fut satisfait de voir son visage rougir violemment.
— C'est vrai que c'est délicieux, murmura-t-il, satisfait.
La jeune fille retira brusquement sa main et elle détourna le regard, son cœur battant à cent à l'heure.
Délicieux ? Pourquoi elle avait la vive impression qu'il ne parlait pas des pop-corns ?
— Sa langue... est brûlante, marmonna-t-elle.
Son cœur crut exploser quand sa respiration frôla sa nuque lorsqu'il se baissa pour lui murmurer à l'oreiller :
— Ça va bientôt lancer. Donne-moi ton téléphone, je vais l'éteindre.
— C-C'est dans mon sac, répondit-elle, le fuyant toujours du regard.
— Tu comptes éviter de me regarder jusqu'à quand ?
Tout lentement, il entrelaça leurs doigts.
— Regarde-moi. T'es fâché ? Je suis désolé.
La bleutée leva les yeux vers lui et son cœur rata un battement. Ses lèvres légèrement entrouvertes, ses joues colorées, et son regard qui trahissait toute son innocence allaient le rendre dingue.
Cette vision était un pure délice et peut-être même une tourture. Il désirait l'enfermer dans une pièce et la couvrir de baissers en passant sa langue sur toutes les parties de son corps, comme tout à l'heure.
— Tu es belle quand tu es gênée, souffla-t-il.
Si elle avait connaissance de ses pensées elle s'enfuirait loin.
— Tu m'interdis de t'embrasser et tu me provoques, se plaignit-elle, la tremblante.
— Aujourd'hui tu as le droit de m'embrasser, murmura-t-il, levant son visage en prenant son menton.
Sans perdre une minute, la bleutée s'avança pour échanger un baiser, mais il posa un doigt sur ses lèvres.
— Mais pas maintenant, après le film.
Il voulait la rendre folle ?
*
Les crédits des acteurs et de l'équipe technique défilèrent sur l'écran de projection à la fin du film et les spectateurs se permirent de libérer la salle.
La bleutée gravissait prudemment les marches et Gajeel avait saisit la main de l'adolescente qui semblait avoir du mal au vu des nombreuses pressions qui surgissaient par moment. Pourquoi personne ne pouvait prendre leur mal en patience ? Ils voyaient bien qu'elle avait une béquille et qu'elle ne pouvait donc pas se déplacer rapidement sur des escaliers au risque d'avoir un accident.
— Attendons qu'ils sortent d'abord, décréta-t-il, ramenant la jeune fille dans ses bras.
Elle se contenta d'hocher la tête et il ne vit pas une once de colère dans ses yeux, juste un sentiment de résignation.
Gajeel eut un pincement au cœur. Elle était déjà habituée à ce genre de traitement que cela ne semblait presque plus l'affecter.
— Comment tu as trouvé le film ? demanda-t-elle lorsqu'il sortit de la salle.
— C'était bien. Peut-être un peu trop long. J'ai cru que j'allais figer sur mon siège.
— C'était juste deux heures et quelques, rit-elle. Je suis contente que se soit une fin heureuse, je n'aime pas les fins tristes. Et toi, quel était le moment qui t'a le plus passionné ?
— Mmh ? Je trouve que les scènes de combat étaient bluffantes.
— C'est vrai, mais il y'avait trop de mort à mon goût.
— Pff... C'était cool.
— Tu es vraiment un peu sadique toi. Tu aurais au moins pu dire que le moment où les héros se sont retrouver était émouvant.
— C'était trop niais.
Levy rit. Non mais !
— On rentre alors ? Ou tu as prévu autre chose ?
— J'ai réservé deux places pour un spectacle. Comme c'est les activités de fin d'année, il y en a plein, alors je voulais t'amener à voir un.
— C'est trop bien. Ça commence à quelle heure ?
— A peu près dans une heure, on a le temps. Allons manger quelque chose avant, j'ai la dalle.
— Moi aussi.
— Tu viens pas d'engloutir un gros bol de pop-corn et du soda ?
— C'était deux heures de films quand même !
Gajeel pouffa de rire. Une gourmande, bordel !
— Allez vient, allons chercher un bon resto, dit-il, en l'entraînant par la main.
— Tu es sûr ?
Ça allait aller ? Il faisait toujours tout pour lui faire plaisir lors de leur sortie mais elle se sentait toujours gênée.
— Oui, c'est moi qui régale mais évite de me faucher avant la fin de la soirée quand même.
— Hey ! Je suis pas une gloutonne.
Gajeel ne put s'empêcher de rire.
— De toute façon si tu fais exploser la note je te ferais payer la prochaine fois.
— D'accord, sourit-elle en serrant leurs mains enlacer.
C'était chaud. Elle était toujours joyeuse à ses côtés.
* * *
Les premières étoiles commencèrent à se pointer quand les deux adolescents sortirent du cirque dans lequel ils avaient pu apprécier le spectacle de ces artistes aux talents incroyables. Le ciel n'était pas encore complètement obscurcit et quelques nuances de bleu étaient encore visibles en cette fin de journée lorsqu'ils se dirigèrent vers l'arrêt bus.
— Je me suis vraiment amusée aujourd'hui. Merci Gajeel, c'était une si belle journée. Je crois que je ne me suis jamais autant amusée comme ça depuis que je suis arrivée à Magnolia, rit-elle.
— J'avais peur que cette journée ne se passe pas aussi bien. J'ai même hésité si je devais toujours le faire aujourd'hui ou non.
— C'est un jour spécial ?
— Peut-être ça pourrait le devenir, ça dépend de toi. J'ai une dernière chose pour toi, un cadeau.
— Un... Un cadeau ?
— Oui, passons chez moi le récupérer. J'espère que ça va te plaire.
Les deux adolescents s'assirent pour attendre patiemment l'arrivé du bus, et la bleutée cacha son visage dans le torse du brun.
Un cadeau...
Elle espérait disposer de suffisamment de temps avant le nouvel an pour pouvoir lui en offrir un aussi. Faire un choix n'était jamais très évident pour elle car elle cogitait trop, craignant de prendre quelque chose qui ne lui plairait pas. Dire qu'il avait déjà choisis quoi lui offrir, bien que normalement, sauf dans des cas exceptionnels, les cadeaux s'offraient la veille ou le jour de Noël. Pourquoi il lui offrait ça si tôt ?
— Je laissé ton cadeau chez mon père. Je voulais pas que tu sois obligée de revenir chez moi avant de rentrer.
Si attentionné. Chez son père n'était qu'à une rue de chez elle.
— Merci, souffla-t-elle.
La bleutée posa sa tête sur son épaule durant le trajet.
* *
Arrivés chez monsieur Redfox, Gajeel déverouilla la porte avec les doubes des clés qu'il possédait et fit entrer la jeune fille dans la salle de séjour.
— Assieds-toi, je reviens.
La laissant prendre place sur le sofa avant de s'éclipser, il ressortit de sa chambre avec le cadeau qu'il avait soigneusement choisis, gardé dans un sac cadeau noir aux manches tissées.
La jeune fille observa le garçon qui s'approchait jusqu'à s'accroupir à ses pieds avant de lui tendre le sac qui contenait son présent.
— C'est pour toi, tu peux l'ouvrir.
Délicatement, elle saisit le sac de taille moyenne dans ses mains tremblantes.
— Merci. Désolée, je me sens un peu nerveuse.
Il pouvait comprendre. C'était la première fois qu'il lui offrait un cadeau.
— Regarde à l'intérieur.
— O-Oui.
Il guetta avec attention la réaction de l'adolescente lorsqu'elle fit sortir l'objet dans son emballage de fortune. Ses doigts tremblèrent en tenant le cadeau précautionneusement dans ses mains, comme s'il risquait de se briser sous la seule action de la tenir.
— C'est... Une rose.
Comment pourrait-elle ne pas le savoir, elle qui était une grande amoureuse de romance et tout ce qui y avait attrait.
— Une rose éternelle, poursuivit-elle.
Un si précieux cadeau : Une rose stabilisée, protégée sous une cloche en verre pour préserver ses vertus des années durant.
Il était commun d'offrir des roses à son amour. Cependant, une rose éternelle était encore plus symbolique, car elle représentait la promesse d'un amour et d'une passion éternelle.
Pourquoi lui faire une telle promesse ? Elle n'en demandait pas tant.
Gajeel fut assez déstabilisé par cette réaction quasi-absente, contrairement à ce à quoi il s'attendait. Elle n'aimait pas ?
— Ça ne te plaît pas ?
— Comment tu peux croire que ça ne me plaît pas ? Ton cadeau est si magnifique et profond. Je me sens tellement bouleversée et impresionnée que j'en ai oublié d'exprimer ma joie, je n'ai même pas les mots pour te décrire ce que je ressens.
Soulagé, il lui sourit et enroula autour de son doigt une mèche de cheveux azurs en soutenant son regard éberlué.
— Il n'y aura jamais assez de mots pour te dire à quel point je t'aime, mais je peux au moins t'offrir quelque chose qui te permettra de ne jamais oublier les sentiments que j'ai pour toi. Je sais que tu as beaucoup souffert et qu'encore jusqu'à présent ces cicatrices te blessent l'âme, je sais aussi que tu luttes pour en sortir plus forte et je crois en toi. Tu es comme une fleur Levy ; Tant qu'elle a encore un peu de vitalité elle ne meurt pas, même si elle se fane si est abandonnée. Par contre, si elle reçoit de l'amour, beaucoup d'attention et de soins, elle devient plus belle et resplendissante au point que tout le monde veut se l'arracher, comme un rayon de soleil. Tu es mon rayon de soleil et la plus belle fleur de mon jardin.
La bleutée eut les larmes aux yeux. Ces métaphores étaient bien trop belles. Le jardin dont il parlait, c'était son cœur.
Sans attendre de réponse, Gajeel déposa ses mains sur celle de l'adolescente. Il avait toujours trouvé ce genre de phrase niaise mais bon sang, il ressentait terriblement le besoin de les lui dire.
— Je sais pas pourquoi je parle autant alors que je voulais simplement te dire une seule phrase en te remettant ton cadeau.
Il entrelaça leurs doigts.
— Je voulais simplement te dire que mon amour ne s'éteindra pas aussi facilement, tout comme cette rose éternelle.
La bleutée fut tellement paralysée par la puissance de ses mots qu'elle ne pouvait que rougir. Ses voix et ses yeux exprimaient un amour palpable, vibrants d'émotion.
— Tes mots me flattent, rougit-elle. Je ne sais pas quoi dire.
— Ne dis rien. Je t'aime... C'est trop fort ce que je ressens et il m'est déjà impossible de me retenir plus longtemps. J'en peux plus, cet amour m'écrase. J'ai besoin de toi plus que tout. Est-ce que tu veux donner un sens à tout ça ? Est-ce que tu veux sortir avec moi ?
La bleutée écarquilla les yeux. Non... Pas ça... Pas maintenant.
— Gajeel, j-
— Je te rendrais heureuse. Je sais que tu n'es pas encore tout à fait prête mais je promets de t'aider à aller mieux. Levy je t'aime et je n'en peux plus de ce supplice. Je sais que je pourrais t'attendre encore longtemps, des années même s'il le faut... Mais au fond je... J'aimerais avoir des droits sur toi et mettre un nom sur ce qu'on est tous les deux. Le mot ami sonne si faux, on a franchi les limites quand on s'est s'embrassé, quand on s'est caressé, quand on s'est endormi tous les deux en se désirant. S'il te plaît, donne moi une réponse.
Prise de panique, sa respiration s'embrouilla et son pouls s'accéléra de manière chaotique. Elle tenta d'articuler des mots, mais aucun son ne parvint à franchir ses lèvres. Oui ? Non ? La décision lui semblait insurmontable, et cette perspective restait encore trop floue, et si clair à la fois.
— Désolée, lâcha-t-elle.
Elle ne pouvait pas, pas maintenant. S'accrocher à quelqu'un pour aller mieux, ou pour être heureuse était une chose dont elle ne voulait plus répéter l'erreur. Les blessures du passées lui déchiraient encore le cœur. Pour elle, s'enfermer dans une relation était une chose effrayante.
— Alors tu ne veux pas, souffla-t-il.
La main de Levy se crispa et cela lui suffit pour comprendre. Il grinça les dents.
— Je suis désolée Gajeel, j-
— C'est rien, c'est moi qui ai tout mal interprété. J'ai cru bêtement que je pouvais te demander ça parce que je te voyais changer, mais visiblement tu n'es toujours pas prête sur ce point. Désolé de t'avoir mis un coup de pression avec mes actes aujourd'hui. Tu veux que je te raccompagne ?
— N-Non, merci. J'ai envie de marcher toute seule, j'ai besoin de réfléchir.
La bleutée regarda la fleur dans ses mains. Devait-elle accepter, après l'avoir déçu de la sorte ? Elle tenta de lui rendre la fleur, mais il insista en pressant ses mains contre les siennes.
— Non, garde le. C'est pour toi.
L'adolescente ferma les yeux. Elle se sentait horrible. Elle fut surprise lorsqu'il glissa ses doigts derrière sa nuque et tira doucement ses cheveux en arrière tout en s'approchant d'elle.
— Tu peux aussi m'interdire de t'embrasser si tu veux, dit-il.
Oui, mais elle n'avait pas le droit de le blesser comme ça, pensa-t-elle.
Le jeune homme la surplomba, un genou sur le canapé avant de délicatement poser ses lèvres sur celle de la jeune fille, comme s'il hésitait, comme s'il attendait son accord. Elle entrouvrit alors la bouche et sentit sa langue se glisser dans sa cavité pour chercher sa jumelle.
C'est humide.
Leurs lèvres se mouvaient lentement, leurs soupirs résonnaient plus fort dans le silence de la pièce, leurs respirations saccadées se mêlaient abruptement l'une à l'autre.
La douceur de l'instant provoqua une sensation oppressante dans sa poitrine et une larme douloureuse roula sur sa joue, qu'il effaça rapidement d'un geste de son pouce. Il pressa une dernière fois ses lèvres avec plus de fougue.
— Rentre bien, murmura-t-il avant de s'éloigner.
Elle hocha la tête et prit sa béquille pour s'en aller, tenant dans sa main libre le cadeau qu'il avait remis dans l'emballage. L'adolescente sortit donc de la maison en emportant le cadeau, et celui-ci s'était allongé sur le siège, le bras barrant son visage.
La bleutée arpentait les rues la tête dans le vide, sans vraiment faire attention à son environnement. Elle réfléchissait à des tas de choses sans vraiment y penser sérieusement, à tel point qu'elle ne se rendit pas compte qu'elle avait franchi la porte de son domicile. Le trajet parcouru lui échappait totalement, désormais flou dans sa mémoire.
— Levy ?
Soudainement surprise, elle se tourna rapidement vers la source de la voix. Son père la regardait avec inquiétude, assis sur le canapé en train de lire l'un de ses nombreux livres de science qu'il venait de reposer sur la table. Depuis combien de temps l'appelait-il exactement ?
— Salut papa, désolée je ne t'avais pas vu.
— Tu vas bien ?
— Oui, j'ai juste un peu la tête ailleurs.
— Tout s'est bien passé ? Tu m'as dit que tu sortais avec ton ami.
Levy se crispa.
<< Le mot ami sonne si faux, on a franchi les limites quand on s'est s'embrassé, quand on s'est caressé, quand on s'est endormi tous les deux en se désirant. >>
— Tout s'est bien passé, je me suis bien amusée, répondit-elle.
— Alors pourquoi tu tires cette tête mélancolique ? Il s'est passé quelque chose ?
La bleutée eut mal au cœur. Tout s'était pourtant bien passé au début.
— Rien de grave. Il m'a emmené au cinéma, puis à un spectacle dans un cirque, on a mangé ensemble aussi. Il m'a acheté du pop corn. Tout était tellement merveilleux, j'aurais voulu que le temps s'arrête, dit-elle, se plongeant dans ces recents souvenirs.
Matthias fronça les sourcils.
— Tu es amoureuse de ce garçon ?
— Pardon ? s'exclama-t-elle, prise de court.
— Non rien, oublies ça.
— Je vais dans ma chambre.
— Le dîner sera bientôt prêt.
La bleutée jeta un coup d'œil sur la salle à manger. La table était mise. Elle était désolée pour son père, ce soir il dînera seul.
— Je n'ai pas faim, je veux dormir.
Son père se contenta de la suivre du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans sa chambre. Ce garçon lui a fait quoi ?
* * *
La clé tourna dans la serrure et Metallicana fut surpris de constater que la porte n'était pas verrouillée. Et étrangement, elle ne semblait pas avoir été forcée.
Sceptique, il poussa doucement la porte en avançant à pas silencieux dans sa demeure, anticipant la présence d'un étranger dans la pièce. À sa grande surprise, il trouva son fils allongé sur le canapé d'angle.
— Hum, c'est juste toi. Je ne m'attendais pas à te trouver. Qu'est-ce que tu as ces derniers temps ? Je te vois beaucoup ces temps ci. Tu ne mets pas tes pieds ici avant les vacances d'été d'habitude.
— Si tu veux que je rentre je m'en vais.
Metallica soupira en retirant son pardessus noir qu'il accrocha sur un porte-manteau.
— Tu es de mauvais poils on dirait.
Un silence plana alors que monsieur Redfox rangeait ses clés sur la table d'entrée.
— Qu'est-ce qu'on fait quand la fille qu'on aime nous rejete encore et encore...
Son père se figea un instant, complètement surpris.
— Tu veux vraiment avoir cette discussion avec moi ?
Metallicana remarqua que son fils semblait simplement vouloir parler et exprimer ses frustrations, sans vraiment vouloir discuter. Il pouvait le comprendre.
— Parfois je me demande si elle m'aime vraiment à force de me lâcher la main comme elle le fait.
Les bras croisés, il prit un moment avant d'articuler sa pensée, question d'apporter un peu de réconfort à ce fils totalement anéanti.
— Il est probable qu'elle ait peur de souffrir, dans ce cas, tu n'as rien à te reprocher, ni à elle. Ça ne se contrôle pas ce genre d'appréhension.
— Si elle a peur ça veut dire que j'ai pas réussi à lui inspirer confiance.
— Peut-être bien.
Il était sacrément doué pour réconforter dis-donc, ironisa Gajeel.
— Pourquoi tu es parti ? demanda Gajeel.
Le père arqua un sourcil, semblant ne pas saisir immédiatement la question. Cependant, le regard de son fils était plongé profondément dans de lointains souvenirs.
— Finalement il a fallu attendre longtemps pour que tu te décides à me poser la question.
Monsieur Redfox fit un sourire triste. Presque douloureux.
— Je suis parti pour pouvoir accompagner Mia durant ses derniers instants. J'aurais souhaité qu'elle vive plus longtemps. Elle aurait aimé savoir que j'ai eu un fils et qu'elle aurait été tante. Enfin je suppose.
Gajeel pensait qu'il ne s'entendait pas avec sa famille de substitution – c'est vrai que son père était toujours flou concernant son passé – et dire qu'il avait tout quitté pour courir au chevet de sa sœur adoptive.
— Est-ce que tu l'as aimé ?
Il parle de Nora ?
— Pas comme elle le voulait, répondit-il.
Gajeel se redressa. Pas étonnant que sa mère ait eut tous ces comportements envers lui. Sa seule présence devait sans cesse lui rappeler sa déception amoureuse.
— Sois pas surpris si dans les jours à venir elle vient te jeter tout un tas d'injure à la figure.
-— Pourquoi ?
— Je lui ai demandé de le faire. Sur ce, je vais me coucher.
Gajeel rentra dans sa chambre et en fermant la porte, il posa une main sur sa poitrine. Un profond malaise l'habitait toujours en ces lieux, où ses émotions semblaient se livrer bataille. En fermant les yeux, il croyait entendre des voix qui se disputaient, mais en les rouvrant, c'était le calme, la paix.
Le brun s'allongea sur le lit et serra les draps du matelas. Incapable de trouver le sommeil, il fixa longuement le plafond de sa chambre.
Son téléphone vibra dans sa poche, l'arrachant à son état semi-endormi et semi-éveillé dans lequel il se trouvait depuis presque deux heures.
Crevette
————————————
On peut parler ?
————————————
Après deux heures de silence, il semble qu'elle ait finalement décidé de lui envoyer un message. Elle a dû longuement hésité.
Gajeel commença à rédiger une réponse qu'il effaça ensuite avant de balancer son téléphone sur le lit et d'enfoncer sa tête dans l'oreiller. Il ne voulait pas lui parler, pas maintenant. Il ressentait un mélange de colère, de honte, de malaise mais surtout de la déception.
Il voulait dormir pour oublier et se remettre de ses émotions, mais même le sommeil se refusait à lui ce soir. Il était trop tôt peut-être.
Environ une trentaine de minutes plus tard, il fut tiré de sa rêverie par la sonnerie soudaine de son téléphone qui rompit le silence qui régnait dans la pièce sombre, froide et constamment vide.
— Bon sang, qui m'appelle ?!
Le surnom de Levy s'afficha à l'écran. Il ne voulait pas lui parler avant de s'être calmé. Est-ce qu'il devrait décrocher ? Il n'avait aucune idée de comment il se comporterait, ni de ce qu'il risquerait de dire. Il pourrait la blesser sans le vouloir.
— Allô, Gajeel ?
Il avait décrocher sans s'en rendre compte et le silence s'installa alors que les secondes passaient.
La bleutée serra le combiné dans sa main. Il fallait qu'elle dise quelque chose.
— Euh... Désolée si je t'ai réveillée en appelant. Je t'ai envoyé un message et comme tu n'as pas répondu alors hum... Tu dormais ?
Il regarda l'heure sur son appareil : vingt heures passées de quelques minutes.
— Tu sais bien que je dors jamais à cette heure.
— Je sais, c'est pourquoi j'ai cru que... que tu m'ignorais. Tu étais occupé c'est ça ?
Gajeel se sentit affreusement mal. Il percevait clairement à quel point elle choisissait prudemment ses mots. Oui, il avait expressément ignoré son message, mais pourquoi ? Pour qu'elle se sente mal ? C'était de la manipulation bordel !
— Écoute Levy, j'étais pas vraiment occupé, peut-être à essayer de dormir. Je suis à cran.
Alors il avait ignoré son message, comprit-elle.
— Je... Je vois. Désolée de t'avoir dérangé alors.
Elle baissa le combiné pour raccrocher, mais la voix de Gajeel résonna dans sa chambre vide :
— S'il te plaît attend, ne raccroche pas, souffla-t-il, comme s'il avait prédit sa réaction.
Il soupira. Elle lui disait toujours de belles paroles qui lui avait fait entrevoir une stupide brèche ! La faute à qui ? Sûrement à eux deux.
— Désolé, je voulais pas te blesser, c'est pourquoi j'ai pas répondu à ton message. Essaye de comprendre.
Un long silence s'ensuivit et il entendait sa respiration saccadée à travers l'appareil.
— Oui, je comprends. Désolée, c'est la dernière fois que je te fais souffrir. Merci, ton cadeau était magnifique. C'était tellement merveilleux que je suis à présent convaincu que je ne le mérite pas.
Qu'est-ce que ça veut dire ?
— Levy... commença-t-il.
Il entendit un bip sonore et il grimaça. Elle avait raccroché.
— Merde !
Est-ce qu'il aurait dû mentir ? Sa voix tremblait. Elle avait pleuré ? et si elle pleurait à nouveau ?
Il rappela, mais il tomba sur une ligne vide. Elle avait éteint son téléphone.
— Bordel ! Bordel !
La bleutée se recroquevilla dans sa couverture. Contrairement à ce que Gajeel s'imaginait, l'adolescente n'était pas sur le point de pleurer, même si son cœur était lourd de tristesse. Elle observait la rose déposée à son chevet et caressait délicatement la cloche en verre.
............
Une rose éternelle en media.
Oui je sais, le chapitre a tardé mais désolé. J'ai été cloué au lit pendant une semaine.
Je vous vois déjà crié sur Levy.
Est-ce que le cadeau sera à la hauteur de celui de Gajeel ?
Avis ?
Marie
14 août
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top