quatre-vingt-unième
Des doigts crispés sur un ballon orange, des semelles craquelées d'une paire de baskets grinçant sur le sol face à des mouvements étrangements mollassons et mécaniques comme s'il manquait d'énergie et de cohérence, puis un râle saccadé à chaque lancer. L'objet rond perçait soit les filets, soit heurtait l'arceau du panier, ou frappait le tableau avant de rebondir platement dans une quelconque direction.
Encore raté, maugrea-t-il.
Une ombre obscurcit sa vision périphérique gauche, et dans un mouvement rapide, le nouvel arrivant réceptionna le ballon de son tir manqué.
— Et bien, t'as raté plus de panier que tu en mis, se moqua le blond.
— Rend moi ça, grogna Gajeel, s'écartant de lui.
Luxus renvoya le ballon qu'il réceptionna dans ses deux mains, évitant ainsi que l'objet rond entre en collision avec son torse.
— Qu'est-ce que tu fous ici ?
Ses yeux bleus dévisagèrent Gajeel. Il semblait avoir perdu toute énergie, une perte qui n'avait probablement rien à voir avec son récent effort physique sur cet air de jeu. On aurait dit que la vie avait été drainée de son corps, son regard était absent. Pas étonnant qu'il ait joué de façon si gauche depuis tout à l'heure.
— Et toi, qu'est-ce que tu as ? Juvia m'a demandé de venir en catastrophe et je comprends mieux.
— C'est touchant de voir que tu te déplaces immédiatement pour me voir, se moqua Gajeel.
Son vis à vis prit un air dégoûté.
— J'avais rien de mieux à faire c'est tout.
— J'sais pas pourquoi Juvia t'a inquiété, j'ai rien, répondit-il, tournant le dos au blond et prêt à recommencer un énième lancé.
Le brun fronça légèrement ses sourcils. Juvia ? Ils ne s'étaient ni vus, ni parlé récemment. Peut-être qu'elle l'avait aperçu, sa maison n'était pas loin du terrain de jeu donc elle prenait habituellement cette route. Comment avait-elle remarqué qu'il n'allait pas bien ? Elle l'avait observé ?
La voix du blond le sortit de ses multiples questionnements.
— Tu t'es disputé avec Levy ?
Il s'arrêta net en plein lancé.
— Elle n'a pas aimé ton cadeau ? essaya de deviner Luxus.
Gajeel rit. Si seulement c'était ça.
— Non, ça l'a plu.
— Mouais, de toute façon tu ne serais pas dans cet état même si elle n'avait pas aimé. C'est autre chose.
Luxus observa son ami s'avancer vers le banc avant de le suivre à pas feutré. Celui-ci récupéra sa bouteille d'eau encore pleine dans sa bandoulière et fit descendre le liquide transparent d'une traite, ne laissant la bouteille rempli qu'au tiers.
— Elle m'évite, avoua-t-il.
— T'es pas sûr qu'elle est juste occupée ?
Le blond reçu un regard irrité de la part de son ami, exprimant l'absurdité de son raisonnement.
— Bon d'accord, et pourquoi elle t'éviterait ? Si elle a aimé ton cadeau, ça devrait pas la rapprocher plutôt ?
— Je lui ai demandé de sortir avec moi.
— Je vois, murmura Luxus. Elle a mal réagit.
— Ça fait trois jours qu'on ne s'est pas vus. Ne pas se voir n'est pas un problème en soit, mais elle le fait exprès et elle évite de me parler. Je ne sais pas pourquoi elle veut créer une distance entre nous.
Luxus absorbait les informations une à une, les superposant à celles que Gajeel lui avait déjà livrées les fois précédentes. Cette fille est vraiment compliquée.
— Son téléphone est quasiment éteint la plupart du temps. J'étais allé chez elle le lendemain matin et son père m'a fait comprendre qu'elle ne souhaitait voir personne.
Personne ? Connerie ! Qui d'autre en dehors de lui rendait visite à Levy ? Le message était très clair en donnant cette recommandation à son père : elle ne voulait pas le voir.
— Ecris lui pour avoir des réponses.
Luxus lui prenait vraiment pour un con ?
— Bordel ! T'as les oreilles bouchés ou quoi ? Elle répond au message juste quand je lui demande si elle va bien et si je lui demande qu'on se voit, elle ne veut pas sortir ou ne veut voir personne. Je vais perdre la tête si on fait un jour de plus comme ça.
Le blond leva les yeux vers le ciel.
— Il paraît que ceux ayant de nombreuses cicatrices sont les plus effrayés à faire le premier pas.
— Je lui demande pas de faire le premier pas, moi je le fais pour elle.
— Tu ne t'es jamais demandé si c'était ça le problème ? Peut-être que ça lui met sous pression. Tu lui as offert ce cadeau qui a une signification très profonde et tu lui as demandé de sortir avec toi. C'était peut-être trop pour elle, au point de l'effrayer, de la faire paniquer. S'approcher peu à peu d'elle est une meilleure méthode. Laisse lui du temps comme elle t'a demandé, laisse lui le temps de te choisir, laisse lui le temps d'assimiler tout ce que tu peux lui offrir. Ne lui donne pas tout d'un coup, ça l'effraie et elle s'éloigne. Ni toi, ni moi ne pouvons parfaitement comprendre ses sentiments, et on a pas le droit de la juger. Elle seule sait ce qu'elle ressent dans son corps, c'est sa douleur, ses pensées. Enfin ce n'est que ma façon de voir les choses.
Le brun soupira.
-— Je suppose que c'est vrai, dit-il.
Sa paume s'étala sur l'enveloppe en cuir du ballon de basket – Elle avait réussi à lui faire apprécier son anniversaire avec un simple gâteau et un cadeau – Il devait la laisser faire le tri dans ses pensées, lui laisser le temps qu'elle désirait. Peut-être qu'elle voulait juste réfléchir à tête reposée.
— Si tu as les idées plus claires viens on fait un duel. Ton jeu était si nul que j'avais envie de gerber.
Gajeel se leva à la suite du blond, les doigts bien appuyé sur les rainures noirs du ballon. Contrairement à plus tôt, il avait une vive envie de dépenser de l'énergie.
* * *
Le silence régnait en maître dans la pièce où deux adolescentes s'assirent dans le sofa de la salle de séjour, l'une plus gênée que l'autre.
— Je ne m'attendais pas à ce que tu viennes, souffla Levy.
— Désolée, j'espère que ça ne te dérange pas que je sois venue alors que tu ne m'as pas invitée.
— Ça va, j'ai simplement envie de rester seule ces derniers jours, mais ça fait toujours plaisir de recevoir de la visite. Je suis surprise que tu te sois rappelée de mon adresse.
— Oh, ça t'embête ?
— Non non, je ne pensais pas que tu t'en souviendrai, c'est tout. Tu n'es venue qu'une fois.
— J'ai une bonne mémoire, en plus c'est dans l'ancien quartier de Gajeel, c'est facile à s'en souvenir.
Un silence s'installa à l'évocation du nom du garçon. Si Juvia prenait la peine de venir alors qu'elles n'étaient pratiquement pas très proches toutes les deux pour se permettre ce genre de visite imprévu, ça signifiait forcément que cela avait un lien avec Gajeel.
— Comment il va ? demanda Levy.
— Il ne va pas très bien. Aujourd'hui en me promenant je l'ai vu jouer. Son expression était affligeante, alors je me demandais si quelque chose n'allait pas. Je n'ai pas osé l'aborder, il avait l'air de souffrir, donc j'ai appelé Luxus et je suis venue te voir. Je pensais que tu en saurais peut-être plus.
En entendant le mot souffrir, la bleutée tritura l'ourlet de sa jupe d'un geste nerveux. Les lèvres serrées, elle murmura à Juvia d'une voix tremblante :
— S'il te plaît Juvia ne le prends pas mal, mais je ne veux pas que tu t'en mêles. Je veux régler les choses moi-même, sans être influencé par qui ou quoi que ce soit.
— Je comprends. Vous vous êtes donc disputés ?
— On ne s'est pas disputé. Je me doute bien que la distance que j'instaure doit le troubler.
— Mais pourquoi tu l'evites ?
— Ce n'est pas que je l'évite. J'ai besoin de prendre du temps pour moi-même. J'ai besoin de réfléchir, j'ai besoin de cet espace.
— Tu comptes le tenir à distance longtemps ?
— Je n'y ai pas encore réfléchi. Pour le moment je me concentre sur ce que je ressens et ce que ça m'apporte.
— Je vois. Cet éloignement t'aide ?
— Oui, beaucoup. Honnêtement, j'avais vraiment besoin de faire une pause, de prendre du recul, de réfléchir sur ce que je veux, donner un sens à mes sentiments, savoir où elles me mènent.
— Tu as pu trouver des réponses ?
— Hum... J'ai ressenti plein d'émotions, un vide quelque part. Je dois avouer que Gajeel me manque, il me manque atrocement. Tout ce que j'ai vécu avec lui est... inoubliable.
Un sourire doux éclaira son visage, mais ses doigts tremblaient en jouant avec l'ourlet de sa jupe. Jusqu'ici elle n'avait pu retourner à Gajeel tout son amour, et un sentiment d'indignité, une gratitude mêlée de honte étreignait constamment sa poitrine.
D'une voix vacillante, elle poursuivit :
— Je veux être aussi spontanée que lui. J'ai décidé de mettre fin à ma lâcheté, d'écouter mon cœur.
— Je suis vraiment ravie de te l'entendre dire. Que comptes-tu faire maintenant ?
Ses yeux bruns se posèrent sur la visiteuse. Si elle avait compris une chose ces trois derniers jours enfermée avec elle-même, c'était qu'elle se posait trop de question, et ce, parfois inutilement. Elle savait ce qu'elle voulait.
— Juvia, tu peux me rendre un service ?
La jeune adolescente hocha la tête sans aucune hésitation.
* *
Accroupie face au seul banc disponible de l'aire de jeu, Juvia remis les piètres affaires qu'elle avait sorties de la bandoulière. Ses battements de cœur redevinrent nettement plus calme après l'accomplissement de sa tache.
— C'est bon, souffla-t-elle en se levant.
Elle percuta brusquement un corps dur en se retournant et geignit de douleur.
— Aïe ! Mais fait attent-
Juvia devint raide, les yeux écarquillés et son visage pâlit quelques secondes tandis que Gajeel la regardait avec une expression... assez vide.
— Pourquoi t'as l'air effrayé de me voir ?
— Qu'est-ce que tu racontes ? Je croyais que tu jouais encore, c'est pour ça, répondit-elle calmement.
— Mouais, jusqu'à ce que je vois une fouineuse dans mes affaires.
— Hein ? Je ne fouillais pas. Ton sac s'est renversé alors je remettais tes affaires à l'intérieur.
Le brun poussa doucement la jeune fille de côté pour inspecter son sac, mais Juvia s'exclama pour l'arrêter à temps, faussement offusquée.
— Tu crois vraiment que je t'aurais piqué un truc ? Il y'avait que ton téléphone, une bouteille d'eau et un survêtement. Tu peux vérifier si tu ne me crois pas.
— J'aime pas quand on fouille mes affaires. Je sais pas ce que tu cherchais mais je t'ai clairement vu, bougonna-t-il.
Toutefois, il referma la fermeture du sac sans vérifier l'intérieur, ce qui soulagea Juvia. Faut croire qu'il avait confiance en elle.
— Tu devrais vite aller te doucher, tu empestes la sueur !
Sans un commentaire, il empoigna sa bandoulière et l'accrocha à l'épaule. Malgré le froid extérieur, il n'avait pas besoin de porter son survêtement car il avait dépensé énormément d'énergie en affrontant le blond. Sa peau était transpirante, collante et chaude. Bien qu'il avait fini par égaliser le score, Luxus l'epuisait trop pour continuer à ce rythme et il n'avait pas le moral pour persévérer, comme les fois précédentes.
— Tu rentres comme ça ? lui cria Luxus.
— Suis crevé, lança-t-il simplement.
Juvia sourit, ravie d'avoir réussi sa petite mission, même si elle avait un petit peu agi à sa tête. Quoi qu'il en soit, le résultat serait le même, donc le troubler un peu n'est pas si grave.
Dans l'immeuble de plus d'une quinzaine de niveau, Gajeel sortit de l'ascenseur et traversa le coulour silencieux de son étage. Chaque détail, même le plus insignifiant, s'infiltrait bêtement dans sa tête à chacun de ses pas : la peinture écaillée ou décolorée à certains parties du mur, les quelques éclairage manquantes dans les luminaires, l'absence de touche esthétique etc...
Gajeel poussa la porte sept-cent trois. L'appartement était vide et plongé dans la pénombre, la lueur plutôt sombre et brune dues aux ombres projetés par les autres immeubles ou les nuages, éclairait à peine les décorations de Noël de la maison.
— Au moins on se verra au réveillon, murmura-t-il.
Levy affectionnait énormément sa mère, alors elle viendra sûrement à la fête, mettant ainsi de côté leurs différends pour ne pas décevoir Nora qui avait pris la peine d'inviter sa famille. Il devait encore attendre deux jours, et il trouvera le moment pour discuter avec elle durant la soirée.
Deux jours de plus. Bordel !
Il déposa son ballon et son sac sur le lit avant de prendre aussitôt la direction de la salle de bain. Il s'était vraiment défoulé aujourd'hui encore, et c'était la seule chose qui lui permettait de ne pas craquer présentement face aux silences de Levy.
Gajeel prit son temps dans la cabine de douche, laissant l'eau chaude détendre ses muscles fatigués, nettoyer toute la transpiration de son corps, jusqu'à ce qu'il se sente tout propre.
En sortant de la pièce, il laissa une serviette sur ses cheveux pour éponger les gouttelettes d'eau restantes, puis s'assit sur le lit en contemplant le ballon de basket.
<< Joyeux anniversaire Gajeel. >>
— Tu me manques, marmonna-t-il.
Il entreprit de prendre son téléphone dans son sac. Est-ce qu'il pouvait au moins lui envoyer un message pour lui dire qu'elle lui manquait ? Ça allait la gêner ? Quoi que, il ne pourrait pas s'en empêcher maintenant que l'idée avait germé dans sa tête.
En sortant l'appareil électronique de son sac, il remarqua un objet qui ne lui appartenait pas, tapis tout au fond : un cahier à spirale.
— Qu'est-ce que... C'est à qui ?
Ce n'était définitivement pas le sien. Comment ce cahier avait-il pu apparaître parmi ses affaires personnelles alors qu'il n'y était pas ce matin ? Si Juvia avait fouillé dans ses effets, ça doit forcément être son œuvre. Pourquoi avait-elle fourré ça dans son sac ?
Curieux, il décida d'ouvrir le carnet, espérant trouver la réponse à sa question. Son cœur rata un lourd battement en lisant le texte d'un seul paragraphe sur la première page blanche, noircie à l'encre noir.
Gajeel Redfox ♡ Levy Mcgarden.
— Cette écriture...
Comment Juvia avait-elle pu obtenir un cahier de Levy et pourquoi l'avoir discrètement glissé dans son sac ? Avait-il le droit de le lire ? Ça semblait plutôt intime. Comme un journal.
Il ravala d'un coup sa salive, le visage coupable. Qui pouvait résister à l'envie de braver l'interdit ? Que Levy soit ou non au courant qu'il détenait ce cahier, il voulait le lire.
Sa main tremblante et moite tenait d'une façon crispé le carnet. Nerveux, la bouche serrée et la respiration presque superficielle, il tourna la page pour s'introduire dans le monde de sa belle.
Titre : Rose éternelle
— Rose éternelle ? fut-il étonné.
La suprise passée, il se concentra avec une intensité accrue sur le long texte qui suivit.
Laissez moi rêver, laissez moi y croire.
Je sens que je vais étouffer dans ce foutou monde.
Qu'on me délivre, je sens que je vais étouffer dans ce foutou monde.
Est-ce que c'est ça la souffrance ? Je meurs à chaque instant, je le sens.
Y'a t'il quelqu'un qui entends ma détresse ? Je sens que je me perds.
Je suis tombée tellement bas que plus personne ne me voit ?
Leur indifférence accentu la souffrance en moi et fait de moi un objet sans éclat.
Alors j'ai crié, j'ai crié, et dans ma peine profonde il est apparut.
Nos yeux se sont noyés, mes larmes se sont asséchées et les morceaux de mon cœur recollés.
Depuis rien n'est plus enivrant que de s'accrocher à lui.
Le tumulte qu'il provoque en moi m'embrument et m'étourdie d'amour.
Refrain
Les pluies du printemps sont moins nombreuses que les larmes de joie qu'il me procure.
Son regard me brûle comme un soleil d'été.
J'échouerai vers sa porte comme une feuille morte en automne s'il m'abandonne.
Son absence est comme le froid d'hiver.
En son absence rien autour n'a de sens et l'air est lourd, je perds du souffle.
Comme une rose perd ses pétales, je veux l'aimer.
L'aimer à en crever.
L'aimer à mort sans respirer. Même quand j'ai peur.
L'aimer à mort sans le toucher. Même quand je suis en doute.
Oh, qu'il prend ma main et me serre fort.
Dans ses bras je brille comme l'éclat d'une étoile.
Qu'il me promette que tout ira bien.
Qu'il me pardonne pour les jours où je ne pourrais plus le parler.
Qu'il me pardonne pour chaque moment où je ne l'ai pas regardé.
Oh, qu'il me pardonne pour tout le temps que je ne l'ai pas donné.
Tout ce que je veux c'est être aimé.
Je meurs de lui.
Refrain
Son absence est comme le froid d'hiver.
J'échouerai vers sa porte comme une feuille morte en automne s'il m'abandonne.
Son regard me brûle comme un soleil d'été.
Les pluies du printemps sont moins nombreuses que les larmes de joie qu'il me procure.
D'un regard j'ai vu tous ses poèmes.
Ses yeux sont un refuge éternelle.
L'oublier est un péché.
Car dans l'obscurité de ma vie il est mon soleil.
Soleil qui me consume, consume ma peau à manque.
Je préfèrerai qu'il me brûle que de vivre sans lui.
Sans lui ma vie serait sans rime.
J'aurais moins d'âme et de sentiments.
Sans lui je mourrais.
Je meurs de lui.
Les battements de cils de Gajeel étaient incessants, croyant avoir mal lu. Ça dégoulinait d'amour à en rendre malade et pourtant son cœur martelait cruellement dans sa poitrine. Elle parlait... de lui ?
Il tourna précipitamment une nouvelle page désirant ardemment une réponse.
Est-ce qu'il viendra me trouver malgré mes erreurs ? Je ne sais pas quand je lui offrirai ce cadeau. Cette chanson que j'ai écrite avec tout mon amour.
J'aimerais qu'il vienne me trouver en oubliant mes fautes, parce que je dois impérativement lui poser une question.
Il tourna à nouveau la page encore plus vite que les fois précédentes.
Veux-tu sortir avec moi ?
Le brun se figea un instant avant de se précipiter vers la porte à la seconde où il lut ces quatre mots qu'il avait désespérément souhaité entendre, écrits en noir sur blanc.
Gajeel arriva sur la chaussée en un temps record pour stopper un taxi. Il n'avait pas le temps pour attendre et emprunter un bus.
Le corps penché vers l'avant et les coudes appuyés sur les genoux, sa tête se tourna vers la fenêtre du véhicule pour évaluer la vitesse du taxi. C'était trop lent.
— Est-ce que vous pouvez aller plus vite ?
— Je vais déjà assez vite comme ça, jeune homme, répondit le conducteur.
Le brun ferma les yeux.
Veux-tu sortir avec moi ?
Oui. Bien sûr que oui, bordel !
*
Il sonna chez Levy comme si ça vie en dépendant, pressant la sonnette sans aucune interruption pendant un long moment.
— Viens ouvrir, s'il te plaît viens ouvrir.
Pourquoi elle n'ouvrait pas ? Elle n'était pas là ?
— Attendez ! s'écria Levy, choquée par cette manière grossière de sonner à la porte.
La poignet de la porte s'abaissa et la jeune fille eut à peine le temps de voir le visage du visiteur que celui-ci l'avait attiré contre lui et emprisonnés ses lèvres dans les siennes, les unissant comme un sceau.
Dès que leurs lèvres se touchèrent, elle reconnut son amour, ses baisers brûlants et dévorants. Sa petite main aggripa son vêtement en lâchant des soupirs satisfaits, ses sens s'embrasant sous la chaleur de ses baisers, son être s'abandonnant à la passion de l'échange buccale.
Par manque d'air, il se détacha à regret de ses lèvres rosées, si douces et si chaudes, qui semblaient encore palpiter de leur baiser, et déposa sur elle un regard brûlant de passion qui fit trembler le cœur de la demoiselle, comme si le temps lui-même s'était figé dans l'attente de ce qui allait suivre.
— Encore, souffla-t-elle.
Il l'embrassa à nouveau en la soulevant soudainement dans ses bras, l'un soutenant ses fesses et l'autre enveloppant son dos pour la hisser à sa hauteur. Elle lâcha sa béquille pour éviter de le heurter avec, et enroula son cou de ses bras, se serrant contre lui avec abandon, savourant chaque instant de ce baiser qui la faisait fondre de plaisir.
Sans quitter ses lèvres, il la conduisit dans sa chambre et l'allongea dans le lit. Ses cheveux s'éparpillèrent sur la couverture comme une cascade, ses joues s'enflammèrent, son cœur battait la chamade comme un tambour et leurs souffles entremêlés qui caressaient leurs peaux respectives provoquaient d'inexplicables spasmes chez l'adolescente.
— Gajeel... Je t'aime.
Lui au-dessus d'elle, il fit entrelacer leurs doigts et pressa à nouveau ses lèvres contre elle de façon plus violente, plus dur, avec une brutalité sans merci. Sa langue brûlante s'enfonça dans sa bouche, jouant avec la sienne dans un ballet passionné jusqu'à ce qu'ils soient haletants, noyés, perdus dans l'ivresse et la furie de ce baiser.
Gajeel refusait de rompre le contact, même si leur souffle commençait à faiblir. Ses lèvres se pressèrent contre les siennes avec une avidité presque sauvage, comme s'il voulait rattraper le temps perdu, ses gestes passionnés et possessifs exprimaient la frustration et le manque qui l'avaient torturé pendant ces trois derniers jours.
À bout de souffle, elle se détacha de lui, cherchant à reprendre son souffle après le baiser qui l'avait laissée haletante. Ses lèvres, tuméfiées et gonflées, étaient la preuve de la fureur de leur échange, et son regard trahissait encore l'intensité de son désir.
— Gajeel... Ah... Gajeel...
C'était tellement magnifique de la voir chercher sa respiration, de voir ses yeux mi-clos, ses lèvres tremblantes comme des ailes de papillon dues à la violence du baiser.
— J'ai envie de l'entendre de ta bouche. Juste une fois, demanda-t-il, la voix vibrante d'une envie désespérée.
Le visage de la bleutée refléta une vulnérabilité sans précédent, comme si elle se tenait au bord d'un précipice, prête à se jeter dans l'inconnu en lui donnant son cœur sans réserve.
— Tu... Tu veux sortir avec moi ? demanda-t-elle, presque timide.
Un large sourire éclaira son visage, et il sentit son cœur s'envoler comme un oiseau libéré de sa cage, rempli d'une joie pure et d'une euphorie débordante, comme si tout son univers venait de basculer dans le bonheur.
— J'en meurs d'envie, répondit-il, l'embrassant à nouveau.
Ses lèvres étaient une drogue, plus meilleures qu'une substance enivrante, tel un aphrodisiaque, un élixir d'amour qui réveillait chaque cellule de son corps.
S'allongeant à ses côtés, il rapprocha la jeune fille et entrelaça leurs jambes, créant un écrin de chaleur et une intimité qui les enveloppa tous les deux.
— J'ai bien peur que je rêve, avoua-t-il.
C'était compréhensible.
— Je sais bien que ça a l'air irréel pour toi, mais j'ai sauté le pas Gajeel, et ça me rend fière tu sais. Et... Et que tu m'acceptes après toutes mes erreurs, merci.
Il caressa sa joue, le contour de ses lèvres et déposa un bisou sur sa tempe avec douceur.
— Tes paroles étaient belles et remplies d'amour. C'était magnifique.
Levy rougit, flattée.
— Je l'ai écrit pour toi, avec tout mon cœur. Je voulais que tu saches à quel point je t'aime et que... Si tu peux me pardonner.
Il posa son front contre le sien.
— Je n'ai rien à te pardonner, la rassura-t-il.
La bleutée porta sa main sur son visage et entrouvrit les lèvres, se mettant à chanter.
— Laissez moi rêver, Laissez moi y croire [...] Nos yeux se sont noyés, mes larmes se sont asséchées et les morceaux de mon cœur recollés...
Si le lire avait retourné son cœur, une vague de sentiments le submergeait en écoutant la mélodie s'élever de sa voix cristalline, comme si son âme s'envolait.
À travers les paroles, il se sentit aimé pour ce qu'il était, compris, accepté et apprécié. Les textes de la chanson résonnaient en lui comme un écho de ses propres sentiments.
Les souvenirs des moments partagés ensemble, de leurs rires, leurs larmes, leurs conversations intimes, de la façon dont elle le regardait, dont elle lui souriait remontaient à la surface à chaque mot qu'elle prononçait.
Il était touché par sa vulnérabilité, par le fait qu'elle avait mis ses sentiments en mots, en musique. Il se sentait honoré de recevoir ce cadeau, ce geste de tendresse, fier d'être l'objet de son affection, de son admiration.
La mélodie devint un moment suspendu dans le temps, un instant de pure magie. Il se sentait transporter dans un monde où tout était possible, où l'amour était la seule réalité.
Quand elle eut fini de chanter, il se sentit changer, transformer. Il se sentit prêt à affronter le monde, à surmonter tous les obstacles, à montrer son amour et sa gratitude, pour la garder pour toujours à ses côtés.
— Je me demande si je pourrais m'y faire un jour. Cette chanson... est plus que magnifique. Je recevrais jamais de cadeau aussi précieux que celui-ci. Je t'aime, je t'aime très fort aussi. Ne l'oublie jamais, Levy.
— Comment je pourrais oublier ? Chaque matin quand je me lève, ta rose me le rappellera toujours.
Qu'elle s'endorme ou qu'elle se réveille, cette fleur lui rappellera toujours l'amour que Gajeel Redfox lui portait. Parce qu'elle était exposée là où ses yeux l'observeront toujours.
Le brun vit la rose posée au chevet de son lit. Comment le simple fait d'avoir posé un cadeau sur une table de nuit pouvait le satisfaire à ce point ? Cette fille le rendait complètement fou.
— Un amour éternel. C'est ce que tu m'as promis, souffla-t-elle.
— Et tu me l'as rendu, sourit-il, comprenant maintenant le choix du titre de sa chanson.
Titre : Rose éternelle.
— Je te rendrais heureuse, promit-il.
— On forme un couple maintenant. Je te rendrais heureux aussi, lui promit-elle en retour.
La bleutée entoura ses mains autour de lui.
— Désolée de m'être éloignée de toi brusquement, j'avais besoin d'être un peu seule.
— Ça t'a aidé ?
— Oui, je me suis rendu compte que je me posais trop de questions. J'ai compris qu'il est parfois essentiel de prendre les choses comme elles viennent, et je l'ai malheureusement réalisé trop tard, après t'avoir tant blessé. Faire les choses selon son cœur est une forme de liberté. Écrire cette chanson m'a libéré, te demander d'être avec moi m'a libéré, suivre mon cœur une nouvelle fois après tout ce que j'ai traversé m'a libéré. S'il te plaît, ne m'en veux pas trop de m'être éloignée ces derniers jours.
— C'est vrai que j'étais troublé et en colère, mais je réalise que c'était un mal nécessaire. Comment tu te sens ?
— Je ne me sens pas complètement guerrie de mes blessures. J'ai encore énormément de peurs et de doutes, je commence à peine à apprendre à vivre normalement avec mes traumatismes. Je reste quand même positive, si j'ai réussi à franchir cette étape avec toi, c'est que je suis sur la bonne voie.
— Je ne pense pas être complètement guérie de mes blessures. J'ai encore énormément de peurs et de doutes, je commence à peine à apprendre à vivre normalement avec mes traumatismes. Je reste quand même positive, si j'ai réussi à franchir cette étape avec toi, c'est que je suis sur la bonne voie. Je suis rassurée que tu ne m'en veuilles pas.
— Pourquoi je t'en voudrais ?
— Tu fais toujours le premier pas vers moi, mais j'ai toujours réagi comme si tes efforts étaient vains et insignifiants, pourtant je n'ai jamais été capable de le faire pour toi.
— Ne dis pas ça, comme tu l'as dit tes traumatismes ne te permettent pas de réagir comme tout le monde. Sache que ce que tu as fait aujourd'hui est d'autant plus beau que tout ce que j'aurais pu faire pour toi. Et puis, je ferai toujours le premier pas tant que j'en ressens le besoin ou l'envie, ne te sens donc pas redevable pour quelque chose comme ça.
— Mais je ne peux pas m'empêcher de ressentir ça. À partir d'aujourd'hui je te promets de m'investir dans notre relation. Je ne veux plus que tu sois le seul à te déployer autant, moi aussi j'ai des responsabilités envers toi, encore plus maintenant qu'on est ensemble. Je t'avais promis que ce serait la dernière fois que je te blesserais, je tiendrai ma promesse.
Elle le rendra heureux.
— Je dirais à mon père qu'on sort ensemble, lui confia-t-elle.
— Hein ? Pourquoi tu-
— Maintenant je prendrai aussi des initiatives. Je t'inviterai à dîner prochainement pour lui annoncer.
— Ton père ne m'apprecie pas. Il va détester entendre cette nouvelle.
— Ne dis pas ça. Il comprendra si je dis qu'on est amoureux.
— Je suis pas sûr que ça lui plaise non plus.
— Mais je ne veux pas qu'on se cache. Je veux pouvoir t'inviter chez nous et aller chez toi sans devoir inventer des excuses. Maintenant on sort ensemble, tout est différent. Je t'aime Gajeel, c'est la première fois que je sens que je prends les meilleurs décisions.
— D'accord, soupira-t-il. Si tu es sûr de toi.
La bleutée se blottit contre lui.
— S'il te plaît pardonne moi. Je suis désolée, je jure de ne plus blesser tes sentiments. Je me sentais perdue, effrayée, c'est pour ça, s'excusa-t-elle pour une énième fois ce soir.
— Je sais, oublions tout ça, lui rassura-t-il.
La jeune fille écarquilla les yeux de surprise et, se mettant sur son séant dans le lit, elle désigna du doigt un point précis dans son dos
— Gajeel, regarde !
— Mhm ?
Il s'assit à son tour dans le lit et tourna la tête vers la fenêtre.
— Il neige ! s'exclama joyeusement la jeune fille. Allons voir de plus près.
— Tu veux t'approcher de la fenêtre ?
— Je voudrais qu'on aille dehors plutôt.
L'adolescente voulut mettre un pied hors du lit mais elle se rappela soudainement qu'elle ne pouvait pas sortir en enfilant ses sandales.
— Je n'ai pas ma béquille, je l'ai laissé tomber.
— C'est vrai. Attend.
Gajeel descendit du lit et la bleutée crut qu'il irait chercher sa béquille, mais à sa grande surprise, il la souleva dans ses bras, provoquant un rougissement de confusion et de plaisir.
— Pourquoi tu rougis ? Ce n'est pas la première fois que je te porte, tu sais.
Oui, mais le fait qu'il la prenne dans ses bras parce qu'elle se voyait dans l'incapacité de marcher avait un drôle d'effet sur elle.
— Je trouve ça romantique. Cest... c'est romantique, rougit-elle.
Romantique ? Il ne pensait pas être une personne de ce genre, mais apparemment, elle appréciait cette attention. En réalité, il ignorait comment être romantique pour la plaire, même si, naturellement, il l'avait souvent porté dans ses bras au lycée parce qu'elle s'évanouissait ou souffrait beaucoup.
Gajeel sortit de la chambre et trouva effectivement sa béquille abandonnée près de la porte d'entrée.
— Et bien, tu l'as laissé à la porte. Je te fais asseoir ? Je vais aller ramasser, demanda-t-il.
— C'est pas important, allons dehors. Je veux voir la neige.
— Tu la vois chaque année, dit-il, ne comprenant pas son engouement.
— Oui, mais je trouve toujours ça magnifique à chaque fois.
Pour être honnête, elle avait toujours caressé le rêve d'une scène romantique sous la neige avec son amour. Cela pouvait sembler un peu enfantin, mais elle tenait à concrétiser ce désir, même si c'était juste pour une fois
Arrivée à l'extérieur, la bleutée lui recommanda d'aller à l'arrière de la maison, ce qu'il fit. Dans la cour, ils furent émerveillé par la vue d'une petite haie de fleurs, dont la beauté était encore rehaussée par la neige qui les enveloppait d'un manteau blanc et délicat
— Se sont des fleurs d'hiver. Elles sont magnifiques avec la neige qui tombe tout autour.
— C'est vrai que c'est beau, admit Gajeel.
— Tu peux me faire descendre ? demanda-t-elle.
— Ça va aller ?
— Oui, je peux tenir debout ne t'en fais pas.
Ses pieds touchèrent le sol, laissant des empreintes de pas dans une petite flaque de neige. Dos contre le torse du jeune homme, elle leva la main pour toucher les flocons blancs, qui fondirent à son toucher léger et frissonna en sentant la neige chatouiller ses doigts. Gajeel l'enlaça, passant ses bras autour de sa taille, la surprenant agréablement.
— J'aime voir la neige tomber, souffla-t-elle. C'est magnifique.
Il voyait ça, mais il ne pouvait s'empêcher de ressentir une inquiétude grandissante. Elle n'était pas suffisamment couverte pour affronter la neige, contrairement à lui qui portait des vêtements plutôt épais, le mettant relativement à l'abri du froid.
— Ne restons pas dehors longtemps. Je veux pas que tu tombes malade.
Comment pourrait-elle tomber malade ? Sa chaleur enveloppait, son cœur, son corps oubliait le froid, sa présence était un feu qui brûlait en elle, la rendant insensible au gel extérieur . Quand Gajeel était là, elle était sûr que tout irait bien.
— Je t'aime Gajeel. Je t'aime tellement. Ton absence est comme le froid d'hiver, chantonna-t-elle.
Elle se retourna vers lui, et enlaça son cou de ses bras, se hissant sur la pointe des pieds pour se rapprocher de lui, son visage à quelques centimètres du sien
— Maintenant que tu es là, je n'aurais plus jamais froid.
— Tu aimes me rendre fou, soupira-t-il contre sa bouche.
Il scella leurs lèvres dans un baiser qui réchauffait simultanément leurs corps et leurs cœurs, défiant le froid qui les entourait. La neige tombait dru autour deux, mais leur échange les rendaient insensible à la morsure du gel.
— Rends-moi fou jusqu'au bout, ne t'arrête pas, sursura-t-il avant de reprendre ses lèvres.
L'adolescente caressait timidement ses doigts sur sa nuque.
— Chante encore, chante la pour moi une nouvelle fois, supplia-t-il presque, les yeux pendues à ses lèvres.
À la seconde, la jeune fille ferma les yeux, entonnant la mélodie et ces mots qui rendaient Gajeel fou d'amour. Sous la neige qui tombait doucement autour d'eux, il était captivé par sa silhouette fragile et élégante qui chantait pour lui. Il aurait voulu arrêter le temps.
*
Monsieur Mcgarden rentrait chez lui à une heure habituelle depuis quelques jours. Ce soir, il fut pris au dépourvu en constatant que la porte de sa maison était déjà ouverte lorsqu'il inséra la clé dans la serrure. Levy était-elle sortie un moment ? En pénétrant à l'intérieur, il resta à nouveau ébahi : la béquille de sa fille gisait sur le sol, comme abandonnée.
— Levy ? appela-t-il.
L'absence de réponse le glaça et des pensées alarmantes envahirent son esprit, mais il se força à garder son calme. Il se précipita vers la chambre de sa fille, et toqua plusieurs fois. Avait-elle jeté sa béquille dans un élan de colère ? Il était bien trop conscient qu'elle détestait son handicap, combien elle se sentait emprisonnée par sa condition.
— Levy, est-ce que tu es là ? Je vais entrer.
Il ouvrit la porte et découvrit une chambre vide. Il était impossible qu'elle soit allée quelque part sans sa béquille. Cet étrange silence lui tordait les entrailles, lui rappelant cette horrible nuit où il avait trouvé sa main ensanglantée, étendue sur le sol froid de la salle de bain.
Il appela son nom, explorant chaque recoin de la maison, jusqu'à ce qu'il atteigne la cuisine, où il fut pris d'un mélange de soulagement et de surprise.
— Levy...
La silhouette de sa fille, blottie dans les bras de ce garçon, lui apparut à travers la fenêtre. Il n'entendait rien, mais à la façon dont ses lèvres bougeaient, il devinait qu'elle chantait.
Il détestait l'entendre chanter. Ça lui rappelait horriblement sa femme. Depuis sa mort, il avait évité d'entendre sa fille chanter, comme si cela pouvait atténuer la douleur de son deuil.
Matthias fronça les sourcils quand Levy se mit à l'embrasser. Ces deux là, depuis quand sortaient-ils ensemble ? Il avait toujours remarqué les regards tendre qu'elle posait sur ce garçon, mais il n'aurait jamais imaginé que les choses iraient si loin : sa fille, si fragile et vulnérable, s'abandonnant dans les bras de son ami.
Une vague de malaise l'envahit, une angoisse difficile, un mélange de peur et de revulsion, mêlant déconvenue et inquiétude. Son cœur se rebella à l'idée que quelqu'un puisse toucher ce qu'il considérait comme sacré, il avait cru pouvoir préserver son innocence, mais maintenant, il se sentait impuissant face à cette évidence : sa fille était amoureuse.
Elle avait trouvé quelqu'un d'autre pour partager son bonheur. Il se sentait abandonné, oublié, remplacé. Le sentiment de perdre le contrôle, de perdre le seul être qui lui restait et qu'il aimait plus que tout le suffoquait.
Un soupir silencieux, Matthias tourna les talons et quitta la pièce, conscient que son ego devait s'effacer devant le bonheur de sa fille. Les yeux brillants de Levy, son rire contagieux, étaient autant de signes qu'elle avait enfin trouvé la joie qui lui avait échappé depuis la perte de sa mère. Loin des jours sombres partagés, elle rayonnait maintenant auprès de ce garçon. Il ne pouvait que reconnaître et accepter cette nouvelle réalité.
Gajeel leva les yeux vers le ciel gris, la neige tourbillonnait autour d'eux.
— Rentrons à l'intérieur. Tu vas finir par attraper froid, dit-il, préoccupé.
— Tu vas encore me porter ?
— Oui, tu ne peux pas marcher.
Mais aussitôt, il regretta ses mots. Il vit immédiatement la douleur dans ses yeux, sa mâchoire se serrer et elle serra ses doigts tremblants sur sa jupe, comme pour se défendre. Il réalisa qu'il avait involontairement touché une corde sensible. Merde ! pensa-t-il, frustré de sa maladresse.
— Pardon, j-
— Tu n'as rien dis de mal. C'est juste que... Je n'aime pas entendre cette phrase, souffla-t-elle, la voix fragile.
Elle hésita, puis ajouta :
— Je peux m'appuyer sur toi un moment ? Si je ne mets pas de pression sur ma cheville, alors je ne sens pas mal.
Il hocha la tête, soulagé de pouvoir réparer son erreur.
— D'accord, donne moi ta main, dit-il, posant sa main sur le bas de son dos pour la soutenir.
Levy se déplaçait avec une lenteur délibérée. Posant son pied handicapé sur le sol avec précaution, mais aussi avec une fierté qui la faisait rayonner. Chaque centimètre gagné était une raison de sourire, une conquête.
— Tu es sûr que ça va ? s'inquiéta Gajeel. Je ne sais pas si tu devrais continuer.
— S'il te plaît, laisse moi marcher encore un peu, le supplia-t-elle.
Le brun regrettait de ne pas avoir pris sa béquille avec lui. Il ne savait pas lui dire non.
— Ne te force pas, dis-moi si tu as mal, soupira Gajeel en resserant sa main dans la sienne
— Merci.
La bleutée souriait à chaque petit pas qu'elle faisait. Libéré du poid du fer sur son coude, plus de paume serrée et endoloris, plus de sentiment d'infirmité. La joie qui émanait d'elle réchauffait le cœur de son compagnon.
Gajeel tourna légèrement la tête, ils n'avaient pas beaucoup avancé. Inquiet du temps qui passait, il fallait impérativement retourner à l'intérieur avant que le froid ne devienne trop vif.
Malheureusement distrait, Levy perdit l'équilibre, sa cheville tremblante sous la pression. Gajeel réagit instinctivement et rattrapa dans des bras.
— Ça va ? demanda-t-il, anxieux.
Levy secoua la tête, refoulant ses larmes en cachant son visage dans son torse.
— Oui, je veux juste pouvoir marcher normalement, murmura-t-elle.
Gajeel sentit son cœur se serrer.
— Prochainement, aide-moi encore, supplia-t-elle. Même si ce n'est que deux pas
— Levy... hésita Gajeel.
— S'il te plaît, insista-t-elle. C'est le froid, j'avais les membres tremblants et fragiles.
— Désolé je peux pas. Je préfère que tu me détestes, que voir ton état empirer.
Levy laissa tomber. Même si elle comprenait l'inquiétude de ses proches, cette sensation de marcher, même fragile, l'exaltait.
Gajeel arriva dans la maison et fit asseoir la jeune fille sur le siège. Il vint lui remettre sa béquille qu'il partit récupérer au sol.
— Voilà. Ne marche pas sans ta béquille, d'accord ?
Levy hocha tristement la tête et son petit ami s'accroupit devant elle, son regard empreint de compassion.
— Ne fait pas cette tête. Ça ne me dérange pas que tu sois en béquille et handicapée. Tu le sais.
— Je sais. Désolée.
Interrompu par le bruit d'une porte qui s'ouvrait, ils sursautèrent ensemble. Il y'avait quelqu'un dans la maison ?
Monsieur Mcgarden apparut dans le salon, un livre de science dépassant de sa main.
— Bonsoir monsieur, salua Gajeel.
— Oh, je ne savais pas que tu étais déjà là, papa. Tu es rentré depuis ?
— Il y'a quelques minutes juste. Je suis un peu devenu fou en voyant ta béquille abandonnée au sol. Ne fais plus ce genre de chose s'il te plaît.
— Je suis désolée. J'étais dehors avec Gajeel.
Monsieur Mcgarden jeta un regard à Gajeel avant de s'asseoir près de sa fille.
— Oui, j'ai vu.
L'adolescente espérait que son père n'avait pas été témoin de leur baiser. Elle devait lui parler de sa relation avec Gajeel avant qu'il ait des doutes.
— Je vais rentrer, annonça Gajeel.
— Déjà ? soupira Levy, déçue. Ah, d'accord, je t'accompagne.
Elle raccompagna Gajeel à la porte, tenant la poignet avec regret.
— J'aurais préféré que mon père rentre plus tard aujourd'hui, murmura-t-elle.
— Je reviendrai demain, si tu veux, proposa Gajeel.
Il remit une mèche de cheveux derrière l'oreille de l'adolescente, son toucher déclenchant un frisson.
Il se pencha, leurs lèvres se rencontrant dans un baiser d'aurevoir tendre et passionné. Levy sentit son cœur battre plus fort, son amour pour Gajeel s'intensifiant.
— Tu me manques déjà, souffla-t-il, ses lèvres effleurant encore sa bouche.
— Toi aussi, avoua Levy, sa voix à peine audible. Écris-moi.
— C'est plutôt à moi de te demander de me répondre cette fois-ci, taquina-t-il. Tu ne vas plus snober mes messages j'espère ?
La bleutée sourit, ses yeux pétillants d'amusement.
— Oh, rit-elle. Il faudrait que je réponde aux messages que tu m'as laissé, ensuite... Et bien...
— Ensuite ? pressa Gajeel, son regard impatient.
— Je t'enverrai plein de messages pour te dire à quel point j'ai la chance d'avoir un petit ami comme toi.
Gajeel la serra contre lui, leurs lèvres fusionnant dans un baiser intense, comme s'ils cherchaient à s'ancrer l'un dans l'autre.
— Ferme cette porte, si non je risque d'oublier que ton père est juste dans le salon, murmura-t-il, à bout de souffle.
Levy rougit violemment, les joues en feu.
— R-Rentre bien, balbutia-t-elle.
Gajeel sourit, déposa un dernier baiser sur sa joue et partit, la laissant seule avec son cœur battant la chamade.
Quand la porte se referma, la famille Mcgarden se retrouva désormais seul et Levy rejoignit son père dans le salon.
— Je devrais préparer le dîner, déclara Matthias.
— Avant ça papa j'aimerais te parler, dit-elle, prenant place à des côtés.
— Oui ?
— J'espère que tu t'en souviens, dans deux jours c'est le réveillon et la mère de Gajeel nous avait invité.
— Ah, oui... c'est vrai, répondit Matthias, légèrement distrait.
Monsieur Mcgarden posa son livre et se tourna vers sa fille.
— Il faudrait apporter un cadeau, je n'aimerais pas arriver les mains vides. Tu pourrais m'accompagner demain pour faire des achats ? On pourrait choisir ensemble quoi offrir.
— Bien sûr, j'irai avec toi. Et euh...
— Tu as autre chose à dire ?
— Oui, c'est...
Levy hésita, cherchant les mots justes.
— Tu promets de ne pas t'énerver ?
— J'essayerais. Il s'agit de quoi ?
— C'est plus gênant à en parler que je pensais, souffla-t-elle.
— Tu peux tout me dire. Je ne vais pas me mettre en colère.
Autant y aller une fois.
— Je... Je suis amoureuse. Ça fait longtemps que j'ai des sentiments pour un garçon. Ça t'ennuierait si je me mettais en couple ?
— Ça dépend avec qui. Tu es un peu jeune, non ?
— J'ai seize ans déjà. À mon âge tout le monde pense déjà aux relations amoureuses.
— Il a quel âge ?
C'est évident que ce garçon n'avait pas le même âge que sa fille.
— Euh... Dix-neuf, murmura-t-elle, à voix basse.
— Parle plus fort s'il te plaît, pourquoi tu murmures ? Je n'ai pas entendu.
— Il a dix neuf ans. Il venait récemment de les avoirs.
Mais... Il est majeur.
— Sors avec quelqu'un de ton âge, ou qui n'a pas encore dépassé sa majorité. Tu es trop jeune.
— Mais c'est lui que j'aime, et il m'aime aussi. Si tu t'inquiètes, sache qu'il me respecte et prend toujours en considération ce que je veux.
— Là n'est pas le problème. Il est majeur, pas toi.
— La différence n'est pas si importante. Il est presque encore un ado comme moi. Maman et toi vous avez plus que ça. Pourquoi tu me blames pour si peu ?
— Je ne suis pas entrain de te blâmer.
— Alors c'est quoi ?
— Comment dire... Ce n'est pas que votre écart soit important, c'est toi qui est trop jeune, si vulnérable. En plus tu es naïve, avec aucune expérience sur ce plan, j'en déduis que lui non. Je n'ai pas envie que tu trouves dans une position de faiblesse.
— Je n'ai jamais ressenti qu'il m'obligerait à quoi que ce soit, il m'aime vraiment. Au contraire, c'est moi qui lui ai fait souffrir de nombreuses fois.
— Levy, écoute...
— Non papa, tu refuses parce que c'est Gajeel ? Pourquoi tu ne l'aimes pas ?
Monsieur Mcgarden se massa les tempes, les yeux emplis d'exaspération.
— Je me sens piégé dans une dynamique où je ne peux pas m'exprimer librement sur Gajeel sans être accusé de ne pas l'accepter. Quand il s'agit de ce garçon, je n'ai pas le droit de peser le pour et le contre, ni de juger ses actions. Si je n'approuve pas quelque chose le concernant, tu penses immédiatement que je le déteste. Si c'était le cas, il ne franchirai même pas la porte de ma maison. Ne vient pas me demander mon avis si tu m'empêches d'analyser la situation dans lequel tu te trouves.
Il se leva, les yeux brillants de frustration.
— Si tu ne veux pas entendre ce que j'ai à dire, pourquoi tu viens m'en parler ? Je ne suis pas un père parfait, mais je veux juste le meilleur pour toi.
La bleutée arrêta sa main.
— Désolé papa. J'ai peur que tu rejetes Gajeel. Il n'est pas mauvais, je t'assure. C'est important pour moi que tu approuves la personne que j'aime.
— D'accord.
— Qu'est-ce que ça veut dire ?
— Je vais y réfléchir. Je vais préparer le dîner.
— Merci.
Levy retourna dans sa chambre, les pensées tourbillonnantes. Elle avait demandé à Gajeel de lui écrire, mais elle voulait lui écrire en premier.
Elle s'allongea dans le lit, un sourire aux lèvres. Ils étaient enfin en couple... Tout allait bien se passer.
Elle ferma les yeux, laissant la joie et l'espoir l'emporter.
.........
Désolée pour les fautes, le chapitre est super long.
Après quatre vingt chapitre ils sont enfin ensemble. C'était long, j'ai bien cru que j'y arriverai jamais.
Concernant le cadeau de Levy, la chanson qu'elle a écrite. Au cas où vous vous posez la question, les paroles ne vienne pas toutes de moi. J'ai fais un mélange des paroles que je trouve romantique, certains paroles de musique que j'aime beaucoup écouter et un peu de ce qui vient de mon cerveau. J'espère que ça ressemble un peu à quelque chose de beau même si c'est trop niais.
J'espère que le chapitre vous a plus. J'ai essayé de faire quelques choses de doux et en même temps de fort entre Gajeel et Levy.
Je suis crevée, ça fait une semaine que je retourne ce chapitre dans tous les sens, c'est tellement mielleux que je crois que j'ai épuisé mon stock d'inspiration guimauve. Je ne sais pas quand viendra le prochain chapitre.
Avis ?
28 août.
Marie
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