quatre-vingt-troisieme

L'appartement trois pièce resplendissait encore des décorations faites en l'occasion des fêtes de Noël. Les rues adjacentes résonnaient de rires et de musiques, les maisons vibraient d'effervescence, prêtes à accueillir la dernière nuit de l'année en grande pompe, mais la demeure des Redfox baignait dans une douce quiétude. Seul Gajeel troublait le calme, s'activant pour son rendez-vous en extérieur, et sa mère s'enfonçait dans le canapé, plongée dans un magazine de presse people, sans autres projets pour cette soirée de réveillon.

Son regard glissa de la page imprimée, attirée par la silhouette de son fils, campé sur le seuil de la porte et prêt à partir.

— Gajeel, s'il te plaît tu peux attendre un moment ?

La main sur la poignée, il répondit brièvement sans daigner lui accorder un regard.

— Suis pressé.

— Je sais, je ne vais pas être longue, je promets.

Il laissa passer quelques secondes.

— Qu'est-ce qu'il y'a ?

— J'aimerais juste te parler, souffla-t-elle.

Encore ? s'énerva-t-il.

— Non, refusa-t-il en abaissant finalement la poignée de la porte.

Nora se mit debout, son regard suppliant et empreint d'une sincérité désespérée.

— S'il te plaît ! Je sais que nos  discussions sont toujours très difficile, mais je te jure que cette fois-ci je ne vais ni t'irriter, ni me mettre en colère. Je ne veux plus qu'on se dispute à nouveau, ajouta-t-elle, sa voix brisée par l'émotion.

Le brun resta silencieux, visiblement troublé. Que voulait-elle lui dire précisément aujourd'hui ? Etait-ce si urgent au point de ne pas pouvoir attendre ? Il ne voulait vraiment pas s'énerver un jour comme celui-ci. Perdu dans ses pensées, Nora en profita pour s'immiscer dans son silence, d'une voix douce et déterminée :

— Je suis désolée, dit-elle.

Il se retourna brusquement, surpris par ces mots inattendus.

— Hein ? s'étonna-t-il, son regard interrogateur cherchant à comprendre.

—Je suis désolée, insista-t-elle, sa voix tremblante. J'aimerais te présenter mes excuses pour toutes ces années que tu as dû passer avec une aussi mauvaise mère que moi.

Sa mâchoire se crispa, ses émotions encore plus mélangées. Elle n'avait pas le droit de faire ça.

— Qu'est-ce qui te prends ? Tu as reçu un coup sur la tête ou quoi ?

— Tu dois avoir une piètre image de moi à voir comment tu es surpris, murmura-t-elle. Je suis pourtant sincère, je suis vraiment désolée pour tout. Je suis désolée, pardonne-moi.

Il regarda à nouveau la porte, les yeux écarquillés et ses doigts tremblants sur la poignée ronde.
Pourquoi tout à coup ? Elle le prenait pour qui au juste ? Le blesser toutes ces années et venir ensuite s'excuser ? Il aurait préféré qu'elle ne le fasse pas.

— Arrête ça ! dit-il simplement.

Il ouvrit précipitamment la porte de l'appartement mais les mots de sa mère l'arrêtèrent dans son élan.

— Je suis allée voir ton père comme tu m'as dis.

Il fronça les sourcils et se tourna à nouveau vers elle. Elle ne semblait pas mentir.

— Mais je n'ai pas pu l'insulter. Haha, c'est dommage. Je n'ai pas pu parce que me retrouver face à lui après toutes ces années m'a fait comprendre que toujours ça été moi le problème.

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Nora s'arrêta devant l'enseigne où les lettres noires sur fond blanc semblait se graver dans son esprit. Le rugissement du moteur dans le garage de son ex-mari emplissait l'espace. Son cœur se serra, la nostalgie l'enserrant. Être ici, dans ce quartier, devant ce garage, la plongeait dans une fébrilité qu'elle ne contrôlait plus.

Cette odeur d'huile qui saturait l'air était la même qui l'avait accompagnée pendant six années de mariage, maintenant réduites en cendres.

Nora secoua la tête, refusant de se laisser emporter par les souvenirs. Elle n'était pas ici pour revivre le passé, mais pour tirer un trait final sur leur histoire. Fermer la dernière page du livre qu'elle avait, sans le savoir, gardé ouvert.

<< C'est pas moi qui t'ai rendu malheureuse alors va le trouver, jette lui tous tes sales mots. >>

Le bruit du moteur s'arrêta net, plongeant le garage dans un silence abrupt, la sortant ainsi de sa rêverie.

— Nora ?

Il cligna des yeux, croyant à une illusion, mais son ex-femme était bien là.

Nora comprenait sa surprise. Après leur divorce, ils avaient scrupuleusement évité tout contact, à part pour des occasions incontournables liées à Gajeel.

— Pourquoi tu es ici ?

— J'aimerais te parler.

— Moi ? s'étonna-t-il.

— Tu vois quelqu'un d'autre peut-être ?!

— Gajeel à encore eu des problèmes au lycée ?

— Non, en plus ils sont en vacances. Je veux juste qu'on parle toi et moi. Je n'ai pas le droit ?

— Non ce n'est pas ça. Ça va être long ? Je suis en plein travail.

— Même jusqu'aujourd'hui, il y a toujours quelque chose de plus important que moi, murmura-t-elle.

— Qu'est-ce que...

Il soupira, son regard résigné. Nora était comme ça.

— D'accord. Entre.

Nora entra dans le garage, son regard errant sur les murs, les étagères, les boîtes. Les outils étaient toujours rangés avec la même méticulosité, les étiquettes portant la même écriture. Rien n'avait changé : tout était identique à quelques détails près.

— Si y'a pas de problème avec Gajeel, je me demande pourquoi tu es là.

<< Sois pas surpris si dans les jours à venir elle vient te jeter tout un tas d'injure à la figure.. >>

Qu'est-ce que Gajeel avait dit pour la pousser à revenir dans ce garage après autant d'années ?

— Tu vas bien ? s'inquieta-t-il.

— Hein ?

— Je demande si tu vas bien.

Nora sentit son cœur se serrer. Elle détestait cette facette de lui, cette compassion qui la mettait mal à l'aise.

— Arrête ça, lâcha-t-elle abruptement. Comporte-toi comme avant.

Il haussa les épaules.

— Et quand me suis-je jamais préoccupé de toi ?

Nora détourna le regard, incapable de soutenir son regard.

— Je suis juste venue te dire quelque mots.

— D'accord. Qu'est-ce que c'est ?

— Gajeel peux venir vivre avec toi, lâcha-t-elle de but en blanc.

— Qu'est-ce que tu racontes ?

— De nous deux c'est toi qu'il apprécie le plus. Ça a toujours été le cas, mais j'ai été égoïste en le prenant avec moi. Il aurait sans doute été plus heureux à tes côtés.

Metallicana resta un moment silencieux à observer son ex-femme. Elle semblait sérieuse, ce qui lui parut encore plus absurde. Quand allait-elle comprendre les sentiments de Gajeel ?

— Franchement Nora, tu ne comprends jamais rien.

— Ne m'insulte pas !

— Je t'avais toujours prévenu de faire attention à ce que tu dis quand il est là. Ah... Sache que Gajeel n'est plus un gamin, et il n'est pas du genre à faire des choses par contrainte. S'il l'avait voulu il serait venu de lui-même depuis longtemps.

— Tu t'attends parler ? À t'écouter on croirait qu'il se sent heureux de vivre avec moi.

— Je ne sais pas s'il est heureux, mais au moins c'est ce qu'il préfère. En plus il le fait pour toi.

— Pour moi ? rit-elle. J'ai plutôt l'impression qu'il me déteste et qu'il reste avec moi pour me punir.

— C'est toi qui le dét...

Metallicana s'arrêta net.

— Je ne déteste pas mon fils ! réfuta-t-elle vivement. Je...

<< va le trouver, jette lui tous tes sales mots. >>

— Je te déteste toi, Metallicana Redfox. Je te déteste, je te déteste. Je...

<< Tu as dû énormément souffrir >>

Nora pressa sa main contre sa poitrine, comme pour apaiser la douleur qui l'habitait encore et toujours. Qu'est-ce qui l'avait fait souffrir ? Était-ce Metallicana ou son amour non partagé qui l'avait consumée ? La réponse était si évidente.

— Est-ce que j'ai le droit de te détester parce que tu n'as pas pu m'aimer ? marmonna-t-elle, les mots s'échappant de ses lèvres,  comme un aveu.

— Nora ?

Elle releva la tête. Être là face à lui faisait resurgir des émotions.

— Tu... tu as toujours assumé tes responsabilités avec sérieux et dignité quand on était marié. Même si ton cœur ne m'appartenait pas, tu me respectais et faisais des efforts pour être présent pour moi. J'aurais dû comprendre que c'était la seule façon dont tu pouvais m'aimer, puisque notre mariage était pour Gajeel. Tu as été un père aimant pour lui, et moi... j'en étais jalouse, j'enviais l'affection que tu lui portais, et je voulais que tu me regardes avec la même tendresse, la même attention que tu lui accordais.

Sa voix se brisa, et Metallicana vit ses épaules s'effondrer.

— Pourquoi tu me dis tout ça ?

Nora secoua la tête, résolue à déchirer le voile de mensonges qu'elle avait elle-même tissé. Des années de déni et d'auto-illusion l'avaient empêchée de confronter ses propres erreurs, mais elle ne pouvait plus fuir parce que Gajeel... Gajeel avant trop payé pour son égoïsme.

— Tu sais, je me sentais tellement frustrée qu'il m'arrivait de penser que sans Gajeel tu me regarderais peut-être, que tu me donnerais l'attention que je réclamais. À cause de ces pensées égoïste j'ai délaissé Gajeel, et cet abandon vous a rapprocher encore plus, et tu m'accordais alors si peu de temps. Je me sentais de plus en plus isolée. Cette situation m'insupportait tellement que je m'énervais sans raison contre toi, et on se disputait tout le temps à cause de mes insatisfactions. En fait, ça a toujours été moi le problème, j'en demandais trop, exigeant de toi ce que tu ne pouvais pas me donner, mais j'ai remis tout sur toi, en t'accusant de me rendre malheureuse, plutôt que d'assumer mes erreurs.

Vivre si longtemps dans un mensonge créée de toute pièce pour ne pas avoir la conscience lourde.

— J'ai demandé le divorce, et pour te faire du mal, j'ai décidé de ne pas te laisser la garde de Gajeel, la seule personne que tu aimais le plus. Je ne voulais pas que tu sois heureux quand moi j'étais malheureuse. C'est moi... C'est moi qui ai été horrible jusqu'au bout, qui ai transformé mon désespoir en cruauté.

Elle inspira profondément.

— Pourtant, malgré avoir séparé Gajeel de toi, je n'ai trouvé aucun réconfort. Gajeel me rappelait constamment toi, l'homme qui n'a jamais pu m'aimer. Cette douleur m'a consumée, et je l'ai déversée sur lui. Nous nous sommes éloignés au fil des années, et j'ai eu l'effronterie de dire qu'il me détestait, alors que c'est moi qui ai échoué en tant que mère.

Nora ravala ses larmes prêtes à tomber.

— Maintenant que j'ai été honnête envers moi-même, je vais y aller. J'étais censé t'insulter mais bon, rit-elle.

Metallicana lui arrêta le bras.

— A-Attend.

— Qu'est-ce qu'il y'a encore ? Tu veux recevoir des excuses ? Je sais que je t'en dois alors j-

— Je m'en fiche de tes excuses. Tu n'es pas obligé de m'en faire. En fait, je ne veux pas que tu t'excuses, je ne le mérite pas de toute façon. Moi aussi j'ai ma part de responsabilité. Quand je suis partit...

— Stop !

Jusqu'à présent il culpabilisait encore pour cela ? Elle comprenait pourquoi il avait toujours encaissé tous les mots blessant et les fausses accusations qu'elle lui vociferait.

— Tu avais tes raisons.

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Nora sentit une boule se former dans sa gorge, alors qu'elle revivait l'intensité émotionnelle de leur conversation d'il ya deux jours à peine.

— Je suis une horrible mère, être jalouse de son propre fils. Désolée d'avoir jeté toutes mes amertumes sur toi, de t'avoir traité mal parce que je voyais Metallicana en toi. Tu... Tu peux aller vivre avec lui. Ne te contrains pas de rester ici parce que je te fais pitié, dit-elle, forçant un sourire. Tu n'es pas heureux avec moi.

Il n'était heureux nulle part de toute façon. Mais il s'était brisé comme ça pour elle.

— Tu ne comprends jamais rien, murmura-t-il entre ses dents.

— Pardon ? Je n'ai pas entendu.

Il inclina la tête, son expression indéchiffrable.

— Rien. Je ne sais pas ce que tu veux que je te dise.

Un sentiment de frustration émana de Nora. Bien sûr elle s'y était préparé mais ça faisait mal.

— Je... Je n'attendais pas forcément que tu acceptes mes excuses. Je voulais juste que tu saches que je me suis rendu compte que mon comportement n'était pas sain pour toi et que j'en suis désolée.

Un silence tendu suivit.

— Je dois y aller.

— Une dernière chose s'il te plaît. J'ai quelque chose pour toi.

La jeune femme récupéra l'emballage au pied du canapé et s'approcha de son fils pour lui tendre le cadeau.

— Euh... Je l'avais acheté pour te l'offrir à ton anniversaire, mais tu avais à peine apprécier le gâteau que j'avais préparé que j'ai été réticente à te le donner. Je pensais pouvoir te l'offrir à Noël mais après la dernière dispute que nous avons eue tu me parlais à peine, mais je veux sincèrement qu'on débute cette nouvelle année sur de nouvelles bases. Plus saines et honnêtes.

Son fils regarda longuement le cadeau qu'elle lui tendait, hésita un instant, puis le prit, soulageant Nora.

— Je ne sais pas ce qui te plaît, je n'ai jamais vraiment fait attention à toi, avoua-t-elle, mais j'espère que tu apprecieras quand même.

Gajeel sortit le cadeau de son emballage et découvrit un vêtement.

— C'est un manteau, pour l'hiver. Tu n'es pas obligé de l'accepter si tu ne veux pas. Je ne vais pas te retenir plus longtemps, je devrais te laisser aller à ton rendez-vous maintenant, dit-elle, en retournant sur son canapé.

Elle regarda Gajeel emporter le cadeau dans sa chambre et eut le cœur serré. Il avait dû le prendre par simple politesse.

Il ressortit de la chambre, et Nora cligna des yeux, incrédule : il portait son manteau ?

<< Tu ne comprends jamais rien. >>

Metallicana avait raison. Elle ne comprenait rien aux sentiments de son fils. Elle ne savait pas lire en lui bien qu'étant sa mère, et cela la dévorait de honte.

— Amuse-toi bien, marmonna-t-elle quand il referma la porte.

* * *

La chambre calme et éclairée, baignait dans une douce quiétude, et Lisanna, debout devant son miroir, ajustait lentement la fermeture de sa robe, ses bras croisés dans le dos.

— Tu as besoin d'aide ?

Lisanna sursauta violemment et tourna la tête vers la fenêtre dans son dos, ses yeux s'agrandissant de surprise. Dans un réflexe, elle porta une main protectrice sur le col de sa robe pour préserver son intimité.

— Qu'est... Qu'est-ce que tu fais là ? Comment tu as fais pour entrer ?

Sa voix tremblait, et elle sentit son visage s'enflammer, indignée.

— Je te l'avais dit non ? Que je serais prêt à tout, même à escalader les murs de ta maison.

Il entra dans la chambre, ses mouvements assurés et se rapprocha d'elle. Lisanna resta immobile, sous le choc.

Sans un mot, Bickslow la retourna et remonta avec douceur la fermeture de sa robe, son toucher tendre et protecteur.

— Laisse-moi faire, murmura-t-il à l'oreille.

L'adolescente sentit son souffle s'accélérer, son cœur battant à tout rompre. Elle lutta contre l'envie de se blottir contre lui, de se laisser aller à ses émotions. Une vague de chaleur l'envahissant, et pour un instant, elle oublia toutes les raisons qui la poussaient à s'éloigner de lui. Mais la réalité la rattrapa rapidement. Elle rouvrit les yeux, et la colère et la détermination reprirent le dessus.

— Non Bickslow. Va t'en ! s'écria-t-elle, en le poussant avec force, son visage empourpré de colère et d'embarras.

Il posa rapidement une main sur sa bouche, son regard l'implorant de se calmer.

— Chut... Si tu cries toute ta famille va débarquer ici. Comment tu vas expliquer qu'il y'a un mec dans ta chambre à cette heure ?

Elle rougit violemment sous le sous-entendu.

— S'il te plaît sors d'ici, je ne veux pas te voir. J'ai été clair la dernière fois : Je ne veux plus rien à voir avec toi, répéta-t-elle mot par mot.

— J'ai essayé, je jure j'ai essayé de t'oublier, mais je n'y arrive pas, tu me manques tellement. J'ai besoin de toi. Je n'ai pas réalisé à quel point mes sentiments étaient si fort. Je n'en peux plus de cette distance.

Lisanna ferma les yeux, luttant contre l'émotion qui menaçait de la submerger.

— Est-ce que je ne t'ai pas manqué ? insista Bickslow, sa voix suppliante.

Bien sûr que si. Tellement qu'elle croyait mourir à petit feu mais à quoi bon ?

— Arrête. Je ne suis plus naïve pour me faire avoir comme toutes les autres fois.

Il lui saisit fermement les deux bras, l'immobilisant contre lui.

— Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?

Lisanna le regarda étonné et in incrédule.

— Qu'est-ce que tu veux que je fasse pour qu'on soit ensemble ? Je ferrais tout, n'importe quoi, même me mettre à genoux.

— C'est... trop tard.

— Je t'en prie ne dis pas ça. S'il te plaît, je t'aime Lisa.

Son cœur s'arrêta lorsqu'il prononça son nom, Lisa. Ce diminutif, jamais utilisé auparavant par lui, était une caresse à son âme.

— Je vais lui demander pardon, me mettre à genoux s'il le faut, alors promets moi qu'après ça tu reviendras vers moi. Je ferai n'importe quoi pour être avec toi, n'importe quoi. Je suis effrayé à l'idée de te perdre.

Lisanna sentit ses défenses s'effondrer.

— Bickslow...

— Tu m'as manqué, souffla-t-il.

Il posa ses lèvres sur les siennes, un baiser doux et passionné qui la fit fondre. Lisanna se sentit perdre pied, son cœur battant à tout rompre. Elle se blottit contre lui, ses lèvres répondant aux siennes avec une urgence désespérée.

— Je t'aime, je t'aime... Bickslow, murmura-t-elle, sa voix à peine audible.

Ce dernier la serra contre lui, son étreinte fervente

— Reste avec moi aujourd'hui. Passons le dernier jour de l'année ensemble. Rattrapons le temps perdu...

— Désolée, je... je dois accompagner mes parents à une réception.

— S'il te plaît. Je veux simplement être avec toi après autant de temps loin l'un de l'autre. Il y'a la fête sur la place de Magnolia et j'aimerais y'aller avec toi.

On toqua soudainement à la porte, faisant sursauter les amoureux. Une voix masculine se fit entendre.

— Hey, Lisanna t'as pas fini ? Les parents attendent en bas, lui demanda son frère.

— Oui oui j'ai terminé, j'arrive ! répondit-elle, se dégageant de l'étreinte du jeune homme.

Bickslow lui tira la main.

— Réfléchis au moins.

— Désolée, je ne peux pas y aller avec toi. Tu devrais t'en aller, tu risques de te faire prendre. En plus sache que tant que tu n'aurais pas rempli ta promesse je ne me mettrais pas avec toi.

— Raison de plus pour passer cette soirée ensemble, rétorqua Bickslow, son sourire enjôleur.

Il l'embrassa rapidement avant de se diriger vers la fenêtre.

— Je t'attends dehors.

L'adolescente le regarda disparaître dans la nuit, son cœur déchiré entre la raison et l'amour. Elle aurait dû être en colère contre lui, mais comment résister à l'attraction qu'il exerçait sur elle ? Il lui avait tellement manqué. Son attirance pour Bickslow était trop forte. Il avait une emprise si intense sur elle, une emprise qu'elle ne pouvait pas briser.

Lisanna se regarda dans le miroir, et se ventilla doucement, remarquant les rougeurs qui coloraient ses joues. Elle fit quelques exercices de respiration, calmant son cœur qui battait toujours un peu trop vite. Elle lissa sa robe, vérifiant que tout était en ordre.

Enfin prête, elle ouvrit la porte de sa chambre et descendit les escaliers, retrouvant ses parents et son frère au salon. Ils étaient tous parés de leurs uniformes de soirée, élégants et dignes. Lisanna se sentit un peu décalée, son cœur encore avec Bickslow

— Oh ma chérie tu es magnifique, lui complimenta sa mère.

— Merci, c'est la robe que tu m'as  offerte. Et Mirajane ? s'enquit-elle.

— Elle avait d'autres plans avec son petit ami. Mes enfants grandissent si vite, se plaignit madame Strauss.

Mirajane est absente alors elle pourrait rejoindre Bickslow ?

— Maman est-ce que... Euh... Je voudrais rejoindre mes amies.

— Oh lala, d'abord Mirajane et maintenant toi. On passe si peu de temps ensemble.

C'est vrai. En étant tous les deux docteurs, leur emploi du temps chargé les empêchait souvent de partager des moments ensemble, leur vie étant rythmée par les urgences et les gardes. Mais cette soirée, était l'occasion parfaite pour combler ce manque. Même si son cœur l'appelait ailleurs, Lisanna comprenait l'importance de ce moment pour ses parents.

— Non désolée, oubliez, s'excusa-t-elle.

— Si tu as envie d'être avec tes amis vas-y, l'essentiel c'est que vous passez de bonne fête, lui accorda son père. Et puis ça ne servira à rien de te forcer d'être présente si ton esprit est ailleurs. On aura d'autres occasions.

Lisanna sourit, contrôlant son désir de sauter sur place. Elle sentait son cœur battre plus vite à l'idée de rejoindre Bickslow.

— Merci, dit-elle, émue.

L'adolescente sortait presque de la maison en courant, ses pas légers et rapides, espérant qu'il l'attendait comme dit. Dire qu'il était venu la chercher, lui promettant même de changer en plus de présenter ses. Elle ouvrit la porte et se précipita dehors, l'air frais du soir lui fouettant le visage.

Ses yeux balayèrent la rue, cherchant la silhouette familière. La jeune fille tournoya sur elle-même, arrêtant sa robe rose qui flottait autour d'elle.

Sa chevelure blanche dansait dans le vent, et son regard scrutait chaque recoin de la rue jusqu'à ce qu'elle le vit : adossé à un arbre, dans l'ombre. Il sourit lorsqu'il la vit courir vers lui.

— J'ai cru que tu n'allais plus venir, fit-il, soulagé, en ouvrant les bras pour l'accueillir.

— J'ai laissé planté ma famille pour toi, avoua-t-elle, essoufflée. Je suis folle.

— Folle ? Pour moi c'est de l'amour, chuchota-t-il contre sa bouche.

Celle-ci rougit.

— Tu veux qu'on aille où ? demanda-t-elle.

Bickslow lui prit la main et l'entraîna dans la rue bondée de monde, leur pas synchronisé. Ses doigts s'enlacèrent autour des siens, une étreinte réconfortante.

— Nulle part, profitons juste du moment présent.

En traversant les différentes enseignes, les amoureux prenaient plaisir à découvrir de nouveaux endroits, à savourer les délices de la ville.

Lisanna sourit, et ils continuèrent leur promenade dans les rues animées de la ville. Ils s'arrêtèrent à une petite patisserie, où ils achetèrent des chouchous et des chocolats pour célébrer la nuit. Ils partagèrent en plus un cone à deux boules, leurs doigts entremêlés.

Les deux adolescents arrivèrent sur la place de la ville, entourés de l'atmosphère magique de la veille du Nouvel An. Ils s'arrêtèrent devant une grande étable, où des animaux en peluche étaient disposés.

La blanche se pencha pour toucher un petit âne en peluche.

— Il est mignon, dit-elle.

— Tu es encore plus mignonne, chuchota-t-il à son oreille.

Celle-ci rougit et détourna le regard.

— Oh non ! s'exclama Lisa en se cachant le visage dans le pull de son compagnon.

— Qu'est-ce qu'il y'a ?

— C'est... C'est ma soeur avec Luxus. Il ne faut pas qu'elle nous voient. Je ne savais pas qu'ils avaient rendez-vous ici.

Le garçon arrêta ses épaules et elle leva le visage vers lui, ses yeux cherchant les siens.

— Tu veux encore me cacher ? demanda-t-il, frustré.

— C'est... C'est que c'est si brusque. Je lui parlerais, promis. Mais pour le moment ne gâchons pas notre journée.

Bien qu'il soupira et rechignait à l'idée de devoir se cacher, il emmena la jeune fille plus loin.

— On dirait que tout le monde s'est donné rendez-vous ici, marmonna Bickslow. C'est ennuyant.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Juste que j'ai reconnu des camarades.

Même cette handicapée se trouvait ici. Bien sûr, en compagnie de ce cher Redfox. On dirait un couple, façon ils étaient toujours fourrés et collés ensemble comme des sangsue que s'en devenait écoeurant. Et la façon dont il la regarde... Comment peut-il être attiré par elle ?

Il se passa la main dans les cheveux, songeur. Bon et s'il le faisait maintenant ? Ces foutues excuses.

— Je reviens, dit-il, lachant la main de sa compagne.

— Quoi ? Où est-ce que tu vas ?

— Présenter mes excuse pour en finir une fois. Elle est ici.

Il désigna une échoppe du doigt, et Lisanna aperçut une jeune fille aux cheveux bleus en compagnie d'un garçon. Ils semblaient épris l'un de l'autre à en juger par leurs regards échangés.

— N-Non ! l'interdit-elle, en lui arrêtant le bras.

— Quoi ? C'est pas ce que tu voulais ? C'est la seule condition pour qu'on soit ensemble, j'ai plus envie de perdre du temps.

— Réfléchis, tu ne peux pas aller aborder un sujet aussi traumatisant un jour de fête comme celui-ci. N'oublie pas qu'elle s'est volontairement fait du mal et toi tu vas débarquer comme ça ? En plus... Elle est en rendez-vous, rougit Lisa.

Bickslow fronça ses sourcils. Peu importe qu'elle se sente mal ou non, il s'en fichait royalement. L'unique raison d'être de ces prétendues excuses était de servir ses propres intérêts : avoir Lisanna. Pour lui, cette fille ne méritait pas le moindre mot d'excuse de sa part.

— Tu auras tout le temps après la reprises des cours, prends ton temps. Je promets de t'attendre, mais je ne veux pas que tu la blesses plus qu'elle n'e l'est déjà.

— Ah... Si tu veux, soupira-t-il.

La cadette des Strauss sourit et sans prévenir, Bickslow l'enlaça et la souleva du sol, la faisant hoqueter de surprise.

— Bickslow !

— Je suis prêt à tout pour toi, alors attendre quelques jours de plus n'est rien. J'ai hâte que l'école reprenne. Bon sang, c'est fou... Dire que j'ai dis un truc pareil.

Lisa rit doucement. Il incarnait parfaitement l'élève récalcitrant qui séchait les cours. Amusée, elle l'embrassa tendrement sur la joue.

— Au fait, et le chien ? demanda-t-elle avec curiosité, lorsqu'il la reposa à terre.

— Mhm ?

— Celui que tu voulais m'offrir mais que je n'ai pas pu accepter. Qu'est ce qu'il est devenu ? J'espère que tu ne l'as pas abandonné ?

— Pour qui tu me prends ? Je l'ai gardé avec moi.

— Je pensais que tu n'aimais pas les animaux.

— Oui, mais je l'avais pris pour toi. Je l'ai donc gardé avec moi parce que d'une certaine façon, sa présence me faisait automatiquement penser à toi, avoua-t-il, un peu gêné.

Le cœur de la collégienne s'émut, trouvant son geste si attachant.

— Tu veux le voir ?

— Oui, oui, accepta-t-elle automatiquement. On y va ?

Les doigts entrelacés, ils firent leur chemin jusqu'à la maison de Bickslow, baignés dans la lumière du soir.

— Mes parents sont allés boire avec leurs collègues, prévint-il en la faisant entrer.

— Ah d'accord.

— Vient, il doit être en train de squatter ma chambre. Regarde son bol, il a tout vidé ce que je l'ai laissé. Ce gros gourmand, maugrea Bickslow.

Lisanna pénétra dans la chambre et Bickslow referma la porte derrière elle. Elle se dirigea aussitôt vers le chien qui dormait chaudement contre le lit, et commença à le gratter derrière les oreilles.

— Oh lalala, c'était encore un chiot. Il est si beau. Comment tu l'as appelé ?

— Neige.

— Neige ?

— Tu trouves ça bizarre ? s'inquieta-t-il.

— On peu dire que ça sort de l'ordinaire, rit-elle. Pourquoi tu l'as appelé ainsi ? Ça t'es venu comme ça ?

— Non et bien... C'est parce que c'est ta saison préférée.

Lisanna resta sans voix, son âme touchée par la tendresse de Bickslow. Au tout début, il avait voulu lui offrir un animal, sachant qu'elle adorait ces petites bêtes. Et maintenant, elle découvrait qu'il avait pris soin de l'animal en pensant à elle, jusqu'au choix du prénom. Cette révélation la plongeait dans un silence ému, son esprit en proie à une tempête de sentiments : amour, gratitude et surprise se mêlaient en un tourbillon d'émotions.

— Cest tellement mignon Bickslow, rougit-elle.

Le regard de jeune homme se posa sur Lisanna, qui riait en câlinant l'animal. Son amour pour elle grandit, alimenté par la lumière qui brillait en elle, une lumière faite de pureté et de douceur.

— Chérie…

Le mot échappa à Bickslow, et la blanche suspendit ses caresses sur neige.

— Pardon, tu avais dis de ne plus que t'appeller ainsi, se rappella-t-il.

— Pour être honnête... J'adore quand tu m'appelles comme ça, avoua-t-elle, rougissante.

En entendant cela, Bickslow ne put se contenir davantage. Il se jeta sur Lisanna, sa bouche capturant la sienne dans un baiser passionné et urgent. Ses lèvres la dévoraient, son corps la serrant contre lui avec force. Sans quitter ses lèvres, Bickslow la fit basculer sur le lit, sa main errant sous sa robe.

Lisanna sursauta, surprise par la soudaineté de son geste.

— Bickslow ? murmura-t-elle.

— Désolé, je t'aime, Lisanna, je t'aime, répéta-t-il.

— Je t'aime aussi, Bickslow, murmura-t-elle.

Leurs doigts entrelacés, Bickslow laissa sa bouche errer sur la peau de Lisanna, explorant chaque courbe avec tendresse.

La nouvelle année s'annonçera-t-elle sous les meilleurs auspices pour leur amour ? espera Lisanna.

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Partie 1

8 octobre

Marie

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