quatre-vingt-quatrième

En arrêtant le tissu soyeux de sa robe rouge de soirée qui menaçait de s'emmêler autour de ses pieds, l'adolescente descendait les escaliers avec grâce, ses talons cliquetant sur les marches de marbre. Au pied des escaliers, son père, Jude Heartphilia, l'attendait, tandis que les regards des prestigieux invités convergeaient vers elle.

— Il y a des invités importants aujourd'hui, Lucy. Fais-moi honneur, lui intima son père, d'un ton ferme.

La blonde lui jeta un regard noir, son sourire forcé s'effaçant instantanément.

— Une jeune fille de ton rang ne devrait pas arborer un regard aussi sombre un jour de réjouissance, répéta son père, son ton légèrement réprobateur.

Lucy ravala sa réplique acerbe. Jour de réjouissance son œil. Dire qu'elle ne pouvait pas être avec Natsu ce soir. Toutes ses amies s'amusaient avec leur petit ami à la place public de Magnolia aménagé pour le réveillon, mais elle devait assister à cette réception ennuyeuse rempli de personnages hypocrite de la société mondaine. Elle avait voulu inviter ses amis, mais son père les avait considéré de "pas assez distingués" pour leur rang social.

— Sourit. Nous allons saluer des invités.

Obéissant à contrecœur, son regard sombre caché derrière un masque de politesse, elle força un sourire sur ses lèvres, réprimant sa frustration, et suivit son père dans la foule des invités. Pourquoi devrait-elle toujours et encore jouer ce rôle de fille courtoise de la haute société ?

— Madame Sunri je vous présente ma précieuse fille, Lucy, présenta Jude à une femme du troisième âge.

— Enchanté madame, salua poliment la blonde.

— Vous êtes vraiment charmante, Lucy. Les rumeurs à votre sujet ne sont donc pas exagérées.

Lucy s'inclina légèrement, son sourire poli cachant sa gêne.

— Des rumeurs ? répéta-t-elle, intriguée.

— Oui, on dit que vous êtes non seulement belle, mais aussi talentueuse. Ces nombreux trophées que vous avez remportés sont une preuve éclatante de vos capacités. Vous avez vraiment un don exceptionnel pour votre âge.

— C'est tout simplement pour faire plaisir à mon père, madame. Je veux qu'il soit fier de moi.

Madame Sunri éclata de rire, son visage s'illuminant.

— Ne soyez pas modeste, Lucy ! Monsieur Heartphilia m'a dit que vous excellez au piano. J'organise un récital bientôt et j'aimerais vous inviter. Ce serait une expérience enrichissante pour vous.

— C'est avec plaisir. J'adore jouer du piano.

— Vous avez là une charmante jeune fille.

— Je dois reconnaître qu'elle est douée dans tout ce qu'elle entreprend, et malgré les activités extras scolaires qu'elle entreprend, ses notes en classe n'ont jamais eu de problème, se vanta son père.

— J'imagine, il paraît qu'elle était major du lycée l'année dernière. C'est vraiment remarquable, Lucy. Être major du lycée et exceller dans toutes les activités que vous menez, c'est une véritable prouesse.

Jude rayonnait de fierté.

— Lucy est une vraie perfectionniste, dit-il. Bien que je sois déjà satisfait du travail acharné qu'elle mène, elle en fait toujours trop. Elle a encore prouvé son intelligence en sortant première de sa classe ce trimestre ; elle devrait aussi laisser la place aux autres, rit-il.

Quel parleur ! Il était pourtant celui qui lui imposait constamment ces résultats, qui l'obligeait à être parfaite à tout prix, à la pousser sans relâche. Et maintenant, il feignait la modestie, comme s'il n'était pas responsable de cette pression constante, comme si elle avait atteint cet excellence sans son contrôle étroit.

— J'ai juste eu un coup de chance, répondit Lucy.

— Que dites vous là ?! On ne devient pas meilleure juste sur un coup de chance. J'aimerais que ma fille soit aussi consciencieuse que la vôtre, cher Jude.

— Vous ne devriez pas dire ça vous savez, commenta la blonde.

Les deux adultes lui jetèrent un regard intrigué.

— Oh, excusez-moi, je voulais simplement dire que je suis tout sauf un modèle à suivre.

— Aucun parent ne dirait ça de vous, rit la vielle dame.

La blonde serra les poings. Son père, comme tout homme d'affaires était obsédé par son image et la façon dont il apparaissait. C'est pourquoi il l'avait fait briller le nom de son héritière : C'est à dire elle, Lucy Heartphilia. Il l'avait toujours utilisé comme un atout pour renforcer sa réputation, orchestrant une stratégie parfaitement calculée : celui d'un veuf élevant seule une fille dont la mère était décédée trop tôt. Mais derrière cette façade soigneusement construite, Lucy étouffait sous les attentes et les exigences de son père. Elle en avait assez de jouer le rôle de la fille parfaite, de servir d'accessoire à la réussite de son père, de continuer à être réduite à une simple image de marque.

— Quand me présenterai-vous votre fille ? demanda Lucy. Je serais ravie de lui transmettre mes secrets pour qu'elle devienne la meilleure d'entre tous. Vous savez ce qui me pousse à donner toujours le meilleur ? C'est la devise de mon père : Je suis une Heartphilia. Rien ne peut éclipser ce nom, même si cela signifie écraser les autres. Comme cette fille que j'ai... un peu malmener cette année. Et vous voyez le résultat ? J'ai obtenu la première place, dit-elle avec un sourire satisfait.

Monsieur Heartphilia écarquilla les yeux.

— Oh, c'était juste une blague ! rit Lucy, avec une insolence qui fit frémir son père.

— Les... Les ados d'aujourd'hui ont un sens de l'humour un peu effrayant, balbutia Jude, essayant de cacher son inquiétude.

Bien qu'intérieurement il paniquait. Il avait besoin du soutien financier de Mme Sunri. Que fou Lucy ?

— Je vois. Je vais aller saluer des. connaissances, s'enfuit Sunri.

— On se reverra sûrement au récital, madame, ajouta Lucy.

Sans même répondre, le dame s'en alla, laissant Jude et Lucy dans un silence gênant.

Monsieur Heartphilia saisit alors discrètement le bras de sa fille, son regard l'avertissant de se calmer.

— Qu'est-ce qui t'a pris ? chuchota-t-il, sa voix basse mais ferme.

Lucy se dégagea brusquement, ses yeux étincelant de défi.

— Lâche-moi, s'énerva-t-elle avant de s'enfuir dans sa chambre.

Elle remonta les marches, ses pas résonnant dans le silence. Alors qu'elle s'enfonçait dans le couloir, sa vision se brouilla et des larmes brûlantes envahirent ses joues. Les murs semblaient se refermer sur elle, étouffant sa respiration.

Non, personne ne devait l'admirer, elle qui avait brisé l'âme de sa camarade. Elle n'était pas digne de leur respect, de leur félicitation. Elle était une vile personne sans cœur, et sa conscience la dévorait, lui rappelant sans cesse son comportement odieux et injuste envers Levy.

En entrant dans sa chambre, la blonde écarquilla les yeux en voyant une silhouette debout dans la pièce.

— Natsu !

Celui-ci se retourna, un sourire esquissé sur son visage. Il se gratta l'arrière de la tête, comme pour s'excuser.

— Luce. Je suis heureux que tu sois montée. Je me demandais si je devrais aller te chercher à cette soirée.

Lucy soupira, soulagée. Heureusement que Natsu n'était pas descendu. Le connaissant il en aurait été capable et cela aurait été catastrophique, son père étant déjà tendu après sa propre gaffe.

— Comment as-tu fait pour entrer ? demanda-t-elle, curieuse.

— Haha, c'est un secret.

Lucy secoua la tête, mais un sourire émergea sur son visage. Elle partit se jeter dans ses bras, le serrant très fort.

— Merci d'être venu, dit-elle, les yeux brillants de gratitude.

— Et si on y allait ?

— Où ça ?

— Bah, c'est un jour de fête, allons nous amuser.

— On... On ne peut pas sortir.

— Qu'est-ce que tu racontes ? J'ai fait comment pour entrer ?

Lucy rit de sa bêtise.

— M-Merci.

Cette villa l'étouffait à mourir. Seule leur maison de vacances, où elle avait partagé des moments inoubliables avec sa mère, lui apportait un véritable bonheur. Mais son père en contrôlait l'accès, à moins qu'elle ne soit parfaite : toujours la première, toujours la meilleure. Quel parent pouvait exiger autant de son propre enfant ?

Le père de Levy, lui, était un modèle d'amour et de tendresse. Elle se souvenait encore de la voix chaude et pleine d'amour avec laquelle il parlait à sa fille à l'infirmerie. Elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de jalousie face à cette relation si pleine d'amour.

La blonde secoua la tête, chassant les pensées qui l'envahissaient. Pourquoi s'attarder sur quelqu'un qu'elle avait blessé ? Elle souhaita simplement que Levy passe des fêtes de fin d'année lumineuses et heureuses.

* * *

En se promenant mains dans les mains à travers les échoppes de la place publique aménagé pour le réveillon du nouvel an à Magnolia, les deux adolescents s'arrêtèrent enfin devant une étalage qui les captiva. L'artisanat caractéristique d'une région spécifique sautait aux yeux, attirant particulièrement l'attention de Levy. Celui-ci présentait une variété d'accessoires et de bijoux traditionnels : diadèmes, colliers, bracelets etc.. 

Les yeux brillants d'excitation, Levy examinait chaque article avec attention, écoutant les commentaires détaillés du marchand. Tout était si beau, si unique... Elle cherchait désespérément un cadeau pour Gajeel.

Elle leva doucement les yeux vers lui, mais son regard rencontra une expression distante. Ses yeux étaient fixés sur les bijoux, mais son esprit était ailleurs. Il n'avait même pas réagi lorsqu'elle avait retiré sa main de la sienne.

Levy sentit une pointe de déception, mais elle continua à explorer l'étalage, espérant trouver l'inspiration pour un cadeau parfait. Le marchand, remarquant son intérêt, lui présenta quelques pièces particulières, soulignant les détails et les significations culturelles derrière chaque bijou.

Gajeel, toujours perdu dans ses pensées, ne semblait pas conscient de l'attention de Levy. Mais lorsqu'il croisa son regard, il sourit faiblement, essayant de masquer sa distraction. Levy lui rendit son sourire, mais elle ne put s'empêcher de se demander ce qui occupait son esprit.

— Tu vas bien ? demanda-t-elle, remarquant son regard lointain. Tu as l'air ailleurs.

Gajeel hésita, son visage se fermant brièvement.

— Ah, je pensais juste..., commença-t-il, mais sa voix s'éteignit.

Levy attendit patiemment, encourageant Gajeel à continuer.

— Juste ? reprit-elle, son ton doux et curieux.

Il ouvrit la bouche, mais ses mots restèrent coincés dans sa gorge. Il secoua la tête, essayant de chasser ses pensées.

— Non, rien, dit-il finalement. C'est juste... ma mère.

Il s'arrêta, les souvenirs et les émotions l'envahissant.

— Qu'est-ce qu'il y a avec ta mère ? demanda-t-elle doucement.

Gajeel hésita, débattant intérieurement. C'était un jour de fête, il ne devait pas l'embêter avec ses problèmes de famille. Il secoua la tête, chassant ses soucis.

— A rien, désolé. C'est pas important. Alors, qu'est-ce que tu regardais ?

L' adolescente eut un pincement au un cœur. Pas important ? Pourtant il était complètement ailleurs. C'est lui qui l'avait invité aujourd'hui à cet événement annuelle, alors pourquoi il était aussi ailleurs ? Pourquoi il ne voulait pas lui en parler ? Ils étaient en couple, non ?

Elle essaya de chasser ses pensées négatives et se concentra sur le moment présent.

— Il y a quelque chose qui te plaît ? demanda Gajeel, la sortant de ses pensées.

— Je les trouve tous très beaux, répondit-elle, son regard errant sur les bijoux.

Gajeel admira un à un les différents bijoux et s'arrêta sur un petit peigne en argent finement ouvragé, orné d'une perle verte qui luisait doucement à la lumière. Le peigne était délicat, avec des dents fines et espacées, conçues pour caresser les cheveux avec douceur. Une petite fleur en argent était gravée sur le côté, ajoutant une touche de délicatesse à l'ensemble.

Il prit délicatement le peigne et glissa les dents dans les cheveux de Levy, juste au-dessus de son oreille. La perle verte contrastait magnifiquement avec la couleur chaude de ses yeux marrons, soulignant leur profondeur et leur éclat.

— Ça te va bien, dit-il, son regard doux posé sur elle. Tu es magnifique, encore plus avec.

Levy rougit, son cœur battant un peu plus vite. Elle aimait la façon dont Gajeel la regardait, comme s'il ne voyait qu'elle sur cette terre.

— M-Merci, balbutia-t-elle, son regard baissant vers le sol.

Gajeel sourit et caressa sa joue, son toucher léger et tendre.

— Je vais l'acheter, dit-il. Il y a autre chose qui te plaît ?

Levy secoua la tête, encore sous le charme de son geste.

— Non, c'est trop, répondit-elle, son sourire réapparaissant.

Gajeel rit et l'attira contre lui, son bras entourant sa taille.

— C'est pourtant le premier cadeau que je t'offre hormis cette rose un peu spéciale, dit-il, son souffle chaud contre son oreille.

Levy frissonna, son cœur battant la chamade. Elle aimait ces moments avec Gajeel, où tout semblait parfait.

— Moi qui pensait t'en offrir encore bien d'autres, continua-t-il. Tu vas les refuser ?

— Tu veux me couvrir de cadeaux ? demanda Levy, appuyée sur sa béquille.

— Je n'ai pas le droit ?

— Je vais me sentir redevable, murmura-t-elle, son regard rencontrant le sien.

— Tu n'auras qu'à me payer avec... Tes baisers, tes lèvres, ta bouche, chuchota le brun, son souffle chaud contre son oreille.

Levy ferma les yeux, son cœur palpitant. Elle aimait la façon dont Gajeel la faisait se sentir, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser que leur écart d'âge créait une différence dans leur façon de se montrer affectueux.

Elle aurait préféré une tendresse plus simple, comme tenir la main, plutôt que ces caresses qui la mettaient souvent mal à l'aise. Mais elle ne voulait pas gâcher ce moment avec Gajeel.

— Et si on allait manger quelque part ? J'ai un petit creux.

Gajeel prit sa main, et Levy lui proposa d'aller où on faisait des grillades avec des sauces délicieuses, qu'elle aimerait en manger aujourd'hui particulièrement. Ils se dirigèrent vers le restaurant non loin de l'événement nocturne, et prirent une table à l'extérieur, profitant de la vue sur la place publique animée de Magnolia. Après avoir commandé, ils attendirent leur repas en bavardant.

Lorsque leur commande fut servi, ils se plongèrent dans une conversation légère et enjouée, parlant de tout et de rien. Levy rit aux éclats lorsqu'il imita un de leurs professeurs, et Gajeel sourit, admirant la façon dont ses yeux brillaient.

Leur repas était une parenthèse agréable dans la soirée, une occasion de se détendre et de profiter de chaque instant.

Levy saisit une fine lamelle de viande avec ses baguettes et la trempa dans la sauce avant de tendre les deux bouts de bois vers son petit ami, ses joues rosissant légèrement. Il sourit, devinant son intention.

— Tu veux me nourrir comme un bébé ?

— N-Non, ce... ce n'est pas ça, balbutia-t-elle.

Gajeel rit et ouvrit la bouche, laissant Levy lui donner le repas directement. Leur regard se croisa, et la jeune fille sentit son cœur battre un peu plus vite. La proximité physique et l'intimité du geste créaient une tension émotionnelle palpable.

Il mâcha lentement, ses yeux ne quittant pas ceux de Levy.

— C'est délicieux, dit-il, sa voix basse et douce. Mais c'est surtout le service qui est exceptionnel.

Levy rit, son embarras se dissipant légèrement. En réitérant le geste, la sauce éclaboussa son manteau gris. Une tache rougeâtre apparut sur le tissu, et Levy se confondit en excuses.

— Désolée, vraiment désolée !

— Ça va, c'est rien du tout.

Levy secoua la tête, toujours embarrassée.

— Je suis vraiment désolée, répéta-t-elle. J'ai été distraite !

Elle s'empressa de prendre un mouchoir de table pour nettoyer la tache.

— Je suis vraiment désolée.

— Calme toi. C'est une petite tâche de rien du tout.

— Mais ton manteau à l'air tellement neuf. Il est neuf, non ?

— ... Oui, c'est... un cadeau.

Levy releva la tête, intriguée.

— Un... Un cadeau ? D'une fille ?

— Pourquoi tu me parles de fille ?.

Elle baissa automatiquement la tête, rougissante de honte.

— Oh pour rien. Juste comme ça. J'ai vu au réveillon de noël à quel point tu... Et bien...

— Tu parles de Karen ? C'est une folle. Sois pas jalouse. C'est simplement un cadeau de Nora.

— Ta mère ? Il est magnifique, en plus la couleur est superbe. Et toi ? Qu'est-ce que tu lui as offert ?

Gajeel hésita, son regard se troublant.

— Hein ? Je suis censé lui offrir quelque chose ?

— Euh, oui... C'est ce qu'on fait pour les fêtes de fin d'année, non ? dit Levy, innocemment. Par exemple, mon père et moi, on s'est offert des livres. C'était amusant de se rendre compte qu'on a eu la même idée, rit-elle.

— Un cadeau, murmura-t-il doucement.

La relation avec ses parents était comment dire... Il avait grandi dans un environnement familial tendu, marqué par une relation chaotique avec sa mère. Les disputes répétées avec elle avaient détruit leurs liens affectifs, et son père restait une figure distante et ils ne s'attardaient pas vraiment sur ce genre de chose tous les deux.

Levy vit que la main qu'il avait serrée tremblait et elle posa la sienne dessus, offrant son réconfort.

— Tu n'as jamais offert de cadeau à tes parents n'est-ce pas ?

— Pas vraiment.

Il baissa la tête, son regard évitant le sien. Elle serait sans doute déçu. Il savait que Levy accordait une grande importance à la famille et aux liens qui l'unissaient.

— Je sais que ta relation avec tes parents est complexe mais si un jour tu as envie de leur offrir quelque chose, je serais ravie de t'aider. Je v-

Les lèvres de Gajeel recouvrèrent les siennes, étouffant la fin de sa phrase. Le monde autour d'eux disparut, les bruits festifs des gens s'estompèrent, devenant un lointain murmure, et Levy ne sentit plus que le souffle chaud de Gajeel et le battement de son propre cœur, se perdant dans l'échange.

— Je suis content que tu ne me trouves pas bizarre, murmura-t-il.

Levy secoua la tête.

— Pourquoi je ferais ça ? Chaque personne à une histoire et ses blessures cicatrise de façon différentes. Je veux juste que tu ne te sentes pas seule. Je suis là.

Ses doigts traçèrent une ligne douce sur ses joues avant de s'arrêter sur ses lèvres, qu'il effleura d'un toucher léger.

— Je t'aime, souffla-t-il. T'as pas idée à quel point.

La bleutée n'eut malheureusement pas le temps de répondre. Une voix forte et familière résonna, brisant la bulle intime qui les entourait.

— Hey, tête de métal !

Le brun grinça les dents et se tourna pour fusiller Luxus. Il n'appréciait pas l'interruption, surtout dans un moment aussi tendre.

— C'est quoi ton problème ?!

— Bah quoi, t'avais pas l'air de remarquer notre présence.

— Ne vous disputer pas, intervint Jellal.

Levy serra la main sur sa robe, légèrement nerveuse. Devant elle se trouvaient les amis de Gajeel, accompagnés de leurs copines, dont Juvia et son petit ami. Toutes des amis de Lucy.

— Coucou Levy ! salua Juvia.

— Salut Juvia, sourit la bleutée avec réticente.

— Je pensais qu'on était censé se retrouver, mais tu n'as pas donné signe, fit part Jellal.

— Je sais, soupira-t-il.

C'est juste qu'il avait accepté trop vite sans y réfléchir sous tes les angles, ne se rendant alors pas compte que cela obligerait Levy à côtoyer les amies de Lucy, une perspective qui la mettrait manifestement mal à l'aise.

— Ça tombe bien, on cherchait un coin cool pour se remplir la panse, commenta Luxus, appréciant l'odeur agréable qui se dégageait du restaurant de fortune.

— Qui a dit que je voudrais que vous vous joignez à nous ? les arrêta les Gajeel. Levy n-

Levy posa une main apaisante sur son bras.

— Ç-Ca va. Se sont tes amis, tu peux pas les chasser comme ça. Je sais que tu le fait à cause de moi, lui murmura-t-elle.

— T'es sur que ça va aller ?

— Oui.

Certes la présence des amis de Lucy la mettait mal à l'aise, mais étant donné que les ceux-ci étaient intimement liées aux meilleurs amis de Gajeel, puisqu'elles étaient leurs copines, les liens étroits entre leurs cercles sociaux rendaient inévitable des interactions.

Levy réalisa que sa relation avec Gajeel impliquait nécessairement des interactions avec les amis de Lucy. Il serait préférable d'accepter cette réalité au plus tôt, et de trouver un moyen de gérer son malaise, plutôt que de tenter de les éviter éternellement. D'ailleurs, Luxus, Juvia et Jellal lui avaient rendue visite à l'hôpital, montrant leur gentillesse et leur soutien. D'ailleurs , elle n'avait rien à reprocher aux amies de Lucy en elles-mêmes.

— Si tout le monde est d'accord commandons, je meurs de faim ! s'exclama Juvia.

Un regard furtif passa entre Grey, Erza et Mirajane, leur expression reflétant leur inconfort face à la situation. La perspective de dîner avec Gajeel et Levy leur était désagréable, compte tenu des souvenirs douloureux liés à Lucy et aux conflits de leur classe.

Au départ, l'atmosphère était tendue, les conversations hésitantes et limitées aux couples respectifs, comme si chacun attendait que l'autre prenne l'initiative. Mais à mesure que les minutes passaient, les langues se délièrent et les discussions devinrent plus légères, plus spontanées. Les passions individuelles commencèrent à émerger, et la musique fut le déclencheur d'une conversation animée entre Mirajane et Levy, qui oublièrent leur réserve initiale, enthousiasmer à l'idée de partager leurs expériences.

Erza, quant à elle, s'engagea dans une discussion qui stimulait l'esprit critique et l'imagination avec Jellal, et Levy, sans effort, participait à la conversation.

— Noon, mais arrêtez vous trois. C'est un jour de fête ! Ne parlez pas d'école ou je sais quoi, se plaignit Juvia.

Tout le monde éclata de rire, mais la sonnerie stridente du téléphone de Grey vint brusquement interrompre la gaieté, les arrachant à leur état de grâce.

— C'est Natsu, fit-il savoir.

Il décrocha.

— Hey, vous êtes ? entendit-il à l'autre bout

— Eh bien dans un restaurant pas loin. Pourquoi ?

— Bah quoi, j'ai dis que je venais.

— C'est maintenant que t'arrive ? On a cru que tu ne viendrais plus.

— Vous êtes con ? J'ai dit que j'arrivais. Je suis allé chercher Lucy.

— Lucy ? Attend tu viens avec Lucy ?

Lorsque Grey prononça le nom de blonde, l'atmosphère autour de la table changea du tout au tout. Levy sentit son cœur s'arrêter, son souffle se couper. Lucy, l'objet de ses angoisses et de ses cauchemars, allait se joindre à eux ?

Tous les regards convergèrent vers elle, comme si attendaient sa réaction. La jeune fille sentit son visage s'enflammer, ses mains devenir moites.

Devinant son malaise, Gajeel prit sa main dans la sienne, offrant un réconfort silencieux. Mais Levy était déjà perdue dans ses pensées, revivant les moments de harcèlement et de souffrance infligés par Lucy.

L'annonce de Grey fut comme un coup de tonnerre, détruisant l'euphorie qui régnait autour de la table. Levy se sentit aspirée dans un tourbillon d'émotions négatives, son estomac se nouant d'anxiété.

— Ouais je suis avec elles. C'est quel restau ?

Grey ne répondit pas, son visage errant sur Levy.

— Euh... Et bien... C'est le restaurant***

Erza demanda, innocemment.

— Lucy vient ?

Pour Levy, ces deux mots étaient comme si le monde s'écroulait. La perspective de partager une table avec son harceleur était intolérable.

Le regard de Gajeel sur elle fut une bouée de sauvetage, un rappel qu'elle n'était plus seule.

— Euh oui, Natsu arrive avec elle.

La table fut plonger dans un silence étrange alors que tous les yeux étaient braqués sur Levy. Énervé, Gajeel prit la main de Levy.

— Vient on va danser.

Levy hésita, surprise.

— Hein ?

— Quoi t'as pas envie de danser avec moi ? demanda Gajeel, un sourire enjôleur sur les lèvres.

— Oh non ce n'est pas ça... Je risque de te marcher sur les pieds, répondit-elle, nerveuse.

Gajeel rit.

— T'inquiètes pas. Viens.

Gajeel offrit son bras à Levy, qui s'y appuya pour traverser la place publique où les artistes déversaient leur énergie et leur passion dans chaque note, les mélodies emportant les passants dans une atmosphère festive. Elle avait laissé sa béquille à la table, mais Gajeel la soutenait avec gentillesse.

— M-Merci, remercia-t-elle.

— Pourquoi ?

— Tu sais bien, souffla-t-elle.

— C'est un jour de fête, tu n'as pas à supporter de rester avec des gens qui te mette mal à l'aise. En plus j'avais vraiment envie de danser avec toi.

— Je vais te marcher dessus. Tu sais bien que mon pied...

— Ça n'a aucune importance, murmura-t-il à l'oreille. Laisse moi te guider.

Gajeel posa une main possessive sur les reins de Levy, l'entraînant dans le rythme envoûtant de la musique.

— Bientôt minuit, murmura-t-il à son oreille, sa voix chaude et intime, se faisant entendre à peine dans le tumulte.

Sur la place publique bondée, sous les lumières festives de la ville, Gajeel guida Levy avec douceur, sa main posée sur ses reins. Autour d'eux, les couples dansaient et riaient, les enfants couraient et jouaient, tandis que les musiciens animaient la foule avec leurs mélodies enjouées, les lumières et la musique créant une atmosphère festive.

Levy rougissait de honte à chaque fois qu'elle lui marchait dessus, gênée par sa maladresse due à son pied. Mais Gajeel ne semblait pas s'en soucier, continuant à danser avec elle avec une grâce fluidité. Il lui souriait avec amour, ses yeux brillants de tendresse.

Alors que les gens autour d'eux comptaient les dernières secondes de l'année, Levy se blottit contre Gajeel.

— Bonne année, mon amour, dit-il, sa voix vibrante d'émotion.

Levy leva la tête, son regard croisant celui de Gajeel.

Mon amour...

Elle répéta les mots, les savourant comme un serment. Elle l'aimait, elle l'aimait de tout son cœur.

Soudain, les couleurs explosives illuminèrent la nuit, reflétant la joie et l'amour qui emplissaient leurs cœurs. Le ciel s'illumina d'explosions de feux d'artifices, colorant la nuit de leurs couleurs vives. Comme la foule éclatait en applaudissements et en cris de joie, Levy leva la tête et l'embrassa, leur baiser se perdant dans la musique et les lumières de la fête.

La bleutée sentit son cœur fondre d'émotion. Une légende lui revint en mémoire, selon laquelle embrasser la personne aimée à minuit ou sous les feux d'artifice scellait leur amour pour l'éternité. Et là, sous les explosions de couleurs qui illuminait le ciel, elle était dans les bras de Gajeel, l'homme qu'elle aimait plus que tout.

Leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau, dans un baiser tendre et passionné. la jeune fille sentit son cœur battre à l'unisson avec celui de Gajeel, comme si leur amour était destiné à durer pour toujours.

Cet instant était magique, un moment suspendu dans le temps où leur amour devenait invincible. Et Levy savait que, quoi qu'il arrive, elle serait à jamais liée à Gajeel.

Ils avaient traversé ensemble des épreuves innombrables, et Levy savait que sans Gajeel, elle ne serait pas là, dans cet état de semi-bien-être fragile mais précieux. Le harcèlement qu'elle avait subi avait laissé des cicatrices profondes, mais Gajeel avait été son roc, son refuge, son sauveur.

— Bonne année, mon amour, répondit-elle, sa voix tremblante d'émotion. Bonne année.

Gajeel posa sa tête sur son front, et Levy sentit son cœur déborder de gratitude. Elle l'aimait pour tout ce qu'il avait fait pour elle, pour la façon dont il l'avait protégée, soutenue, aimée. Elle l'aimait pour être son havre de paix, son sanctuaire.

Après leur baiser émouvant, Levy et Gajeel se sourirent, les yeux brillants de bonheur. La musique reprenait, et ils se laissèrent entraîner par le rythme, dansant ensemble avec une joie contagieuse.

Autour d'eux, la foule riait et dansait, les feux d'artifice continuant à illuminer le ciel. Levy et Gajeel se perdirent dans la masse, mains dans les mains, cœurs battant à l'unisson.

Ils dansèrent jusqu'à épuisement, riant et souriant, leur amour radiant comme un phare dans la nuit. La musique s'estompa enfin, laissant place aux applaudissements et aux cris de joie.

Levy et Gajeel s'arrêtèrent, essoufflés, et se regardèrent. Leurs yeux se rencontrèrent, et ils éclatèrent de rire, ensemble, dans un moment de pure félicité.

— Bonne année, Levy, répéta Gajeel, avec un sourire.

— Bonne année, mon amour, répondit Levy, les larmes de joie aux yeux.

Et ils s'enlacèrent, sous les étoiles, dans la nuit de la nouvelle année, leur amour plus fort que jamais.

................

Fin de la deuxième partie du livre Handicapée. Merci à tous ceux qui ont lu jusqu'ici malgré que l'histoire traîne vraiment en longueur. C'est une histoire qui me tient à cœur, donc je n'ai pas envie de bacler la fin comme je voulais d'abord le faire. J'ai vraiment voulut abandonné et écrire une fin à la va-vite mais j'ai décidé de poursuivre l'idée originale que je me suis fixée en commençant cette histoire.

La dernière partie de l'histoire va donc débuter, où il faudra fermer toutes les fenêtres ouvertes jusqu'ici et penser à une happy end ou bad end pour tous les personnages. Je ne sais pas combien de chapitre il reste pour atteindre la fin de l'histoire car j'écris au fur et à mesure.

Merci à tous les lecteurs qui sont encores là.

Avis ?

17 octobre

Marie

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