cinquante-quatrième
Stylo au bout des lèvres, la bleutée leva le regard vers le plafond couleur sable encastré d'un à deux luminaires encore éteint en cette matinée.
Hum...
La pièce était étrangement silencieuse, mais quoi de plus normal étant la seule présente, les deux dernières personnes ayant terminés il y'a peu.
Quelle situation risible. Jamais elle n'aurait imaginé se retrouver dans une telle impasse. N'était-ce pas là même une insulte à son intelligence dont-elle était si fière ?
À quoi bon se forcer ? Si elle avait été dans un état moins dramatiquement émotionnel, longtemps déjà elle aurait remis sa copie car après analyse, ce contrôle était loin d'être difficile mais son esprit tourmenté bloquait toute réflexion simple et logique.
L'enseignant quitta des yeux Levy un instant pour s'enquérir de l'heure, jetant un coup d'œil à sa montre.
— Mademoiselle, le temps est écoulé, fit-il savoir.
D-Déjà ? Elle n'avait littéralement rien fait, s'affola-t-elle.
— M-Monsieur je... Je n'ai pas terminé.
— Donnez moi votre copie, dit-il, catégorique.
La jeune fille obéit avec réticence, mal à l'aise. C'était bien la première fois qu'elle remettait un devoir inachevé.
Le professeur retourna à son bureau et rangea la copie de Levy parmis celles de ses camarades.
Le paisible silence qui régnait dans la pièce fut automatiquement brisé par les vagues d'élèves qui entraient dans la classe après le départ du professeur.
Ses yeux fixaient avec attention l'entrée, désespérant le voir arriver et son cœur ratait un battement à chaque fois qu'un élève traversait la porte dacier.
Ne pouvant supporter davantage la pression dû à cette attente, l'adolescente récupéra sa béquille et sortit de la salle de classe sans perdre une seule seconde. De ce fait, elle ne remarqua pas Jet qui lui fit un signe de la main.
Cependant, arrivée à l'extérieur, une grande déception prit possession de la jeune fille.
Il n'était non plus dans les couloirs. Ou pouvait-il être ?
<< Je... Je ne veux pas te voir. >>
Et s'il prenait à la lettre ce qu'elle avait brutalement dit sous le coup de la colère ? paniqua la bleutée.
Être loin de lui serait bien trop douloureux.
*
Juvia pensa à rejoindre Lucy, laissant Gajeel gravissant les escaliers pour sans doute se rendre sur le toit. Il s'y rendait toujours lorsqu'il ne désirait pas être dérangé.
Arrivée dans la grande cour de l'établissement, venant de sortir du bâtiment, elle aperçut Levy regardant à gauche et à droite comme à la recherche de quelque chose.
Elle cherchait quelqu'un ? Gajeel ?
Quel genre de dispute avaient-ils pu avoir ? Qu'avait-elle pu bien lui dire pour qu'il ne désire même pas la voir ?
Rester longtemps plongée dans ses pensées et ses innombrables questions, elle remarqua la bleutée prendre une direction plutôt étrange.
Celle de la bibliothèque.
Était-elle désespérée au point d'aller le chercher dans un lieu tel que celui-là ? Même en cauchemar, il ne s'y rendra jamais de son propre gré et encore moins s'il se sentait troubler.
Devrait-elle essayer d'aller lui parler de son côté ? Mais... Acceptera-t-elle de se confier à elle ?
*
La bleutée s'assit dépitée sur l'un des bancs ternes n'ayant aperçu Gajeel nulle part jusqu'ici.
Le paisible calme qui régnait dans la bibliothèque lui apportait un infime réconfort malgré que sa poitrine restait pour autant comprimer.
<< Je sais pas de quoi tu me reproches mais je peux t'assurer que je peux tout arranger. >>
Une larme coula le long de sa joue, s'écrasant sur le dos de sa main déposée sur la table alors que ses yeux bruns fixaient la place qu'occupait d'habitude Gajeel lorsqu'il étudiait tous les deux.
— J'ai tout gâché. C'est moi qui ai tout gâché...
Une faible voix hésitante déchira le voile de silence dont s'était complu ses oreilles, la faisant sursauter.
— Je peux m'asseoir ?
La jeune fille s'empressa d'essuyer ses fines traces de larmes et leva la tête vers la nouvelle arrivante.
— Ju-Juvia ?
— Je te dérange ?
— Non je t'en prie, assied toi.
Juvia s'assit en face de l'adolescente et son expression parut embêter ne sachant comment entamer la discussion après le silence qui s'installa entre elles.
— Euh tu... Tu n'as pas l'air bien. C'est en rapport avec Gajeel ? Ce matin vous semblez vous disputer.
Levy répondit par l'affirmative en hochant doucement la tête.
— Qu'est-ce qui s'est passé ?
La bleutée baissa la tête.
— Si tu ne veux pas parler ce n'est pas grave, rassura Juvia.
— Ce n'est pas ça, je me rends compte que je suis une vraie idiote. Je ne lui ai pas fais confiance. J'ai douté de la seule personne qui me respecte en lui disant des paroles blessantes.
— Tu veux me raconter ?
Les doigts de Levy se crispèrent.
— Ce matin, des filles sont venus me parler en me prenant de haut, qu'elles savaient que mon père était alcoolique et le fait qu'elles ont évoqué la mort de ma mère était atroce pour moi. J'avais honte et je me sentais rabaisser, une nouvelle fois encore on me méprisait à cause de ma condition : L'orpheline abandonnée au sort de son père alcoolique. C'est comme ça qu'ils me voyent. Je me suis mis à m'en vouloir, que si j'avais gardé tous mes problèmes pour moi al-
— Ce n'est pas Gajeel, coupa Juvia. Sache que si tu lui as demandé de ne rien dire, il ne l'aurait jamais fait. Gajeel sait tenir ses paroles.
— Mais c'est ce qui m'a traversé l'esprit à ce moment. Parce que j'étais trop dégoûtée, je me sentais encore une nouvelle fois rabaisser, faible et sans valeur, une moins que rien. C'est ainsi que je me sens tous les jours de ma vie.
— Levy...
Celle-ci ferma les yeux en posant une main sur sa poitrine.
— La présence de Gajeel me fait du bien, quand je sens mon coeur battre de cette façon, une chaleur inonder ma poitrine même simplement en pensant à lui alors, je me sens vivante comme jamais et pourtant ça me fait peur.
— Peur ? Mais pourquoi ?
— Je ne sais pas exactement. Peur que tout ce bonheur disparaisse ? Comme tout le monde il finira par m'ignorer ou à me tourner le dos parce que je ne suis qu'une moins que rien ? C'est quelque chose qui m'effraie chaque fois que je m'endors mais que j'essaie de repousser au loin chaque matin en me réveillant mais aujourd'hui, j'ai cru que mes pires craintes s'étaient réalisées en entendant ces rumeurs que lui seul avait connaissance et j'ai dis des choses horribles sous le coup de la colère.
— N'aie pas une si petite estime de toi, la façon dont les autres te traitent ne te définit pas.
— Je... Je ne sais pas.
Le cœur de Juvia se reserra. Elle perdait confiance en elle face à tous leurs mépris et attitudes dégradantes.
— Je ne peux pas l'écrire car je ne sais pas s'il me répondra. Tu sais où je peux le trouver ?
— Euh oui.
— S'il te plaît tu peux me le dire ?
<< Je veux pas la voir, pas maintenant. >>
— C'est mieux si tu ne vas pas lui parler maintenant.
— Il est très colère ?
Surtout triste, voulut ajouter Juvia.
— Oui. Dans cet état c'est mieux si tu le laisses un moment, si non il va te repousser.
La bleutée eut un pincement au cœur.
La repousser.
— Tu crois qu'il va me pardonner ?
Juvia prit la main de Levy alors que celle-ci était au bord des larmes.
— Oui mais laisse lui du temps.
La bleutée se contenta d'hocher la tête.
— Et s'il finit par me détester ?
— Non ne dit pas ça.
— Juvia, j'ai peur.
— Donne lui juste un peu de temps. D'accord ?
Levy fit un sourire triste.
— Mon amour est risible, je l'ai blessé. Même si ce n'était pas intentionnel, j'en viens à douter.
— Ce n'est pas parce que tu es amoureuse que la méfiance ne fera plus partie de ton quotidien, que ton cœur ne sera jamais rempli de doutes ou que jamais tu ne feras d'erreurs. Vous vous rapprocher à peine, laissez vous du temps pour vous connaître.
Se sentant confuse et en proie au doute depuis ce matin, ces paroles apportèrent un peu de chaleur à la bleutée.
*
Assise sur un banc à l'ombre entourée de ses amis, la blonde se massait les poignets devenue rouge sous la pression dont avait exercé Gajeel.
— Je suis vraiment désolée, c'est ma faute, s'excusa Cana.
— Tu ne pouvais pas prévoir ça. Ne t'en fais pas.
— Comment tu peux rester aussi calme ? Tu n'as rien fais.
Certes cette fois elle était innocente ou plutôt indirectement coupable car oui, si elle avait eu à garder ce qu'elle avait découvert secret, cela ne se serait jamais produit. Le malheur de Levy fut d'une certaine façon de sa faute au final.
L'héritière soupira. N'était-ce pas ironique ? Juste au moment où elle décidait de se remettre en cause mais peut-être que sa bonne volonté était insuffisante pour expier ses fautes.
Soit. Elle accepterait son sort sans rechigner ce n'était pas comme si cela serait injuste.
— Tu es sur que ça va ? demanda Grey, assis à ses côtés.
— Oui ne vous inquiétez pas.
— On ne peut pas laisser passer ça.
— Je suis bien d'accord avec Erza, soutint Mirajane. Il pourrait recommencer.
— Ce n'est pas la peine de vous en faire, laisser tomber tout ça.
— Tu ne peux pas nous demander de fermer les yeux sur une chose pareille, dit fermement Erza.
L'héritière rit.
— Pourquoi tu veux aller dénoncer Gajeel ?
— Parce que ça serait injuste qu'il reste impuni. Lucy, si tu as peur qu-
— C'est vous qui êtes injuste, coupa la blonde. Faites comme vous avez toujours eu à faire.
— Pardon ?
— Si tu veux dénoncer Gajeel alors tu devras faire de même avec moi.
— Pourquoi je ferais ça ?
— Je ne vois pas ce que j'ai dis de mal, moi aussi j'ai fais des choses pas très net.
— Mais... C'est...
— Tu ne veux pas parce que je suis ton amie mais Levy non ? En quoi est-ce que tu es juste ? En tant que délégué de classe tu devrais avoir honte.
Grey posa une main sur la jeune fille pour la faire taire.
Un silence inconfortable s'installa après le départ d'Erza, toute embarrassée.
— Luce !
Natsu arriva en courant pour le bonheur de tous, leur délivrant de ce désagréable moment.
— N-Natsu ? Pourquoi tu es là ?
— T'es sérieuse ?
Les deux amoureux se dévisagèrent longuement et les autres décidèrent de les laisser discuter en toute tranquillité.
— Pourquoi tu te comportes de cette façon avec moi ? demanda-t-il, prenant place à ses côtés.
— On... On n'est plus ensemble alors....
Et le fait est qu'elle avait trop honte de se présenter à lui après l'humiliation qu'elle avait subit.
— Tu penses que ça m'empêche de t'aimer ?
— Pourquoi tu continues à aimer une fille comme moi ?
— Une fille comme toi ? Pourquoi tu parles comme ça ?
— J'ai blessé intentionnellement une personne innocente parceque que je me sentais mal dans ma peau et irritée par tous les reproches dont m'accablaient mon père, me comparant sans arrêt à elle.
La blonde baissa la tête.
— Je me suis servie de Levy alors que je me moquais d'elle dans son dos. J'ai demandé à Bickslow de lui faire du mal, j'ai menti quand j'avais dis qu'elle m'avait poussé et ça m'a ravie de voir tout le monde l'insulter et la maltraiter, j'ai voulu l'accuser de vol et malgré tout ça tu continues à m'aimer ? Je me réjouissais du malheur d'une innocente personne ! C'est dégoûtant, je suis dégoûtante !
— Toi tu ne m'aimes plus ? demanda doucement le garçon.
— Ce n'est pas la question. Natsu sois raisonnable. Ne reste pas avec une fille comme moi, il y'a de bien meilleure qui...
— Ça suffit ! gronda-t-il, la faisant sursauter. Ça suffit Lucy. D'abord tu m'obliges à ce qu'on soit séparer, tu ne sais pas à quel point c'était blessant et maintenant tu veux aussi me priver de l'amour que je ressens pour toi ?
— C'est... Mais moi...
Natsu prit ses mains dans les siennes.
— Regarde moi. Tu penses qu'arrêter d'aimer est aussi simple ? Alors s'il te plaît ne me demande plus une chose pareille parce que je t'aime.
— Natsu...
Celui-ci porta ses mains à ses lèvres mais fronça les sourcils à la vu de ses poignets rougis.
— Je jure, Gajeel va le payer.
Le garçon dont était amoureuse Levy. Lui faire du mal revenait à la blesser et elle ne voulait plus être responsable directement ou non d'une de ses peines.
— Je veux que tu me promets de le laisser tranquille.
— Comment je pourrais ? Ce qu'il t'a fait n-
— Tu penses pas que je le méritais ?
Les mains de la blonde se mirent donc à trembler. C'était douloureux à dire mais elle le méritait.
— C'est pas une raison de t'humiler de cette façon.
— Non, tu n'as pas compris.
Depuis le premier jour de classe, Levy Mcgarden était considérée comme – si elle pouvait le dire ainsi, sans abuser du langage : un déchet. Malgré l'acharnement de Gajeel, cela n'eut guère d'effet pour les stopper. Cependant aujourd'hui, ce fut comme une bombe – bien qu'elle ne saurait dire pourquoi. Gajeel avait pété un plomb.
Manifestement, ce qu'il recherchait le plus à faire était de délivrer un message clair et pour cela, leur infliger une peur intense était nécessaire. Pas nécessairement sur la personne responsable de la rumeur mais sur celle qui méritait le plus d'être remise à sa place pour servir d'exemple. C'est à dire elle.
— Il ne fait que la protéger. Pas seulement de moi, mais de tout le monde.
— C'est pas une façon de faire.
— On parle de Redfox je te rappel, rit-elle.
C'était une brute et Levy ne devrait pas aimer une personne tel que lui car ils sont diamétralement opposés.
Natsu glissa sa main contre sa joue, approchant son visage vers la jeune fille pour se saisir de ses lèvres.
— Reviens-moi Lucy, chuchota-t-il contre elle.
— Je suis désolée... Je ne peux pas.
Pas tant que son cœur serait remplient de ces multitudes de regrets qui affligaient et tourmentaient son esprit de jour comme de nuit. Évidemment, le seul moyen de retrouver sa paix et de pouvoir se sentir digne de lui était d'obtenir le pardon.
— Natsu, sert moi fort.
Pourrait-elle lui pardonner après l'avoir traité aussi misérablement ?
* *
Tout le monde rejoignit leur salle de classe pour poursuivre leur prochain contrôle lorsque les quelques minutes de pauses accordées se terminèrent.
Levy revint en salle en compagnie de Juvia après que celle-ci se calma sous les mots rassurants et bienveillants de la bleue.
Un subit silence régna et plusieurs regards se posèrent sur elles dès son entrée ce qui devint vite oppressant. Pourquoi autant de regard tout à coup ? Allaient-ils se moquer d'elle parce que son père avait ce genre de problème ? Ou...
— Levy, calme toi.
L'adolescente sursauta et rouvrit ses yeux lorsque Juvia posa sa main sur son épaule alors que son corps tremblait.
— O-Oui je... Je vais retourner m'asseoir, souffla-t-elle.
La bleutée fit un pas dans la salle et fort heureusement, ses camarades détournèrent le regard d'elle en retournant à leur précédente causerie.
En posant les yeux sur son siège, les battements de cœur de l'adolescente s'accélèrent en apercevant Gajeel, allongé sur sa table.
Sa main tenant sa béquille se mit à trembler et ses pas devinrent lourds.
Le claquement du bout de sa béquille sur le carrelage figea Gajeel. Ce son typique lorsqu'elle marchait prudemment lui broyait subitement les entrailles.
— Levy...
La raison pour laquelle la classe fut silencieuse un moment était donc parce que la fille pour laquelle il avait pété un plomb était finalement arrivée.
La bleutée continua son avancée et ce son résonnait comme une véritable torture pour le brun.
Son cœur lui criait de la regarder, de lui sourire, la rassurer et lui dire que tout irait bien. Que personne n'oserait jamais plus l'insulter ou même se moquer d'elle et encore moins l'humilier. Mais il ne fit rien de tout cela car une autre partie de lui ne voulait même pas l'apercevoir.
Levy prit place et son regard se posa sur Gajeel. Elle ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit, apeurée à l'idée de le blesser une nouvelle fois par le moindre de ses mots.
Le silence perdurait ainsi entre eux jusqu'à l'arrivée d'un professeur et la bleutée avait fixé son reflet à travers la fenêtre ne prêtant pas attention à tout ce qui se déroulait autour d'elle.
Ce ne fut qu'une dizaine de minutes plus tard qu'elle remarqua la copie vierge déposée sur sa table et en jetant un coup d'œil dans la salle, tout le monde s'était déjà mis au travail sauf elle, encore une fois.
Son regard s'attarda principalement sur Gajeel. Celui-ci avait le coude sur la table et le visage dans sa main.
Il n'avait même pas jeter ne serait-ce qu'un seul petit regard vers elle depuis ce matin. Son indifférence à son égard lui faisait du mal, blessant son cœur mais... Ne le méritait-elle pas ? Après les paroles blessantes qu'elle lui avait dites. Il pourrait même la détester, elle n'aurait rien à redire.
La détester.
La bleutée chercha son stylo pour se mettre à rédiger bien que sa main ne cessait de trembler.
En fouillant dans sa trousse mais perturbée, elle renversa tout le contenu au sol et ses stylos roulant sur les carreaux brisèrent maigrement le silence de la pièce, attirant quelques regards dans sa direction.
— P-Pardon, s'excusa-t-elle, la voix ambuée.
La main de Gajeel se crispa sur son stylo au son de la voix qui perça. Elle était creuse et triste. Transformée.
Les deux adolescents se baissèrent au même moment pour ramasser les outils.
Leur regard resta longuement accrocher l'un sur l'autre, faisant battre leur cœur à l'unisson. La bleutée entrouvrit la bouche mais la seule chose qu'elle fut capable de faire fut de couler une larme silencieuse de ses yeux suppliants.
Puérile.
Elle se trouvait puérile et faible. Si à chaque fois elle réagissait de cette façon, il y'avait de quoi qu'on la prenne en pitié.
Gajeel ramassa son stylo, son crayon, quelques feutres qui se trouvaient dans la trousse.
— M-merci, souffla-t-elle.
La jeune fille récupéra ses outils dans la main de Gajeel mais il retint son poignet.
— Pourquoi tu fais ça ?
Comment voulait-elle qu'il se sente en la voyant dans cet état ? Aussi ébranlée.
La bleutée s'empressa d'essuyer ses yeux de sa main libre.
— Si tu ne te sens pas bien va à l'infirmerie. Ne me blesse pas davantage. Arrête de jouer à la plus malheureuse.
— N-Non je... Ce n'est pas ça.
— Vous deux ! Qu'est-ce que vous chuchoter ? interpella l'enseignant, se rapprochant deux.
— Rien, répondit Gajeel, se redressant sur son siège.
La bleutée resta accroupie, les yeux écarquillés n'écoutant pas l'enseignant qui lui demandait de reprendre sa place.
<< Arrête de jouer à la plus malheureuse. >>
Sa poitrine se comprima d'une douleur fulgurante et la respiration de la jeune fille devint assez difficile.
Pensait-il aussi qu'elle était fausse ? Que ses émotions étaient fabriquées ? Qu'elle n'était qu'une pauvre handicapée ?
<< Arrête de jouer à la plus malheureuse. >>
Pourquoi disait-il une chose pareille ? Était-ce à cause de ses larmes ? De ses mains tremblantes ? Ou à cause de son regard qui le suppliait ? Pensait-il qu'elle essayait de l'amadouer pour qu'elle obtienne son pardon ?
N'était-ce pas cruelle et vile ? Ce genre de méthode.
— Mademoiselle ?
Levy ne réagit pas, alarmant l'enseignant présent. Son élève avait l'air comme oppressé.
— Vous... vous allez bien ?
Levy commença à serrer fortements ses mains contre sa poitrine brûlante. C'était très douloureux. Comme si ses poumons étaient compressés par une force inconnu, empêchant l'air de circuler normalement.
Pourtant elle voulait respirer.
Juste respirer.
En remarquant l'état de la bleutée, Gajeel écarquilla les yeux. Que foutait ce bon à rien de professeur ?
— Mais vous voyez pas qu'elle a du mal à respirer ?
Sans pouvoir se contrôler, Gajeel dégagea le professeur et récupéra Levy dans ses bras.
— Bon sang ! Levy reprend-toi. Fait pas ça.
Pourquoi faisait-elle un malaise tout à coup. Avait-il dit quelque chose de mal ?
La poitrine de la bleutée se soulevait abruptement face à ses difficultés à inspirer ou expirer normalement de l'air. La douleur transperçait son corps que ses yeux étaient inondés de larmes, ses traits étaient crispés et son corps immobile.
Tout ce remue-ménage créa une forte agitation dans la pièce.
— Oh non, Levy !
Elle se sentait mal à la bibliothèque mais jamais elle n'aurait cru que celle-ci ferait un malaise. Être autant sensible...
D'abord la rumeur sur ses parents, ensuite sa dispute avec Gajeel et le fait qu'il l'ait évité jusqu'a présent. Tout cela avait dû fortement la troubler.
– Elle est si désespérée que ça ? Faire une scène à un moment pareil.
– Vous pensez qu'elle fait semblant ? C'est un peu...
– Évidemment. Elle cherche juste à attirer de la sympathie.
— Arrêtez tous de dire n'importe quoi ! s'énerva Juvia.
La pauvre avait déjà un véritable problème de confiance en elle et ils ne faisaient qu'aggraver les choses.
— Rester tous calme et concentrer. Nous amenons votre camarade à l'infirmerie, rassura le professeur.
Gajeel avait raison, ses camarades avaient raison. Elle passait son temps à créer des scènes. À jouer les malheureuses.
En voyant le regard très inquiet de Gajeel, la bleutée s'en voulut encore plus.
Pourquoi était-elle ainsi ? Pourquoi ne pouvait-elle pas endurer sa douleur sans inquiéter les autres – Non – Sans inquiéter la seule personne qu'elle avait déjà autant blessé.
Ce qu'elle désirait le plus c'était de s'excuser. Il pouvait même lui dire toutes sortes de sorte pour passer sa colère, sa frustration, sa tristesse. Tant qu'elle obtiendra son pardon alors tout ira bien.
Le brun s'empressa de sortir de la salle de classe après que le professeur lui ouvrit la porte.
— G-G... aj...
— Chuuut, n'essaye pas de parler. Je suis là.
Pourquoi l'infirmerie avait l'air aussi loin ? Merde. Elle étouffait.
L'enseignant devança son élève pour tenir la porte ouverte et Gajeel s'engouffra à l'intérieur, déposant délicatement Levy dans le lit de drap blanc.
À leur arrivée, l'infirmière se dépêcha au près du lit en voyant la gravité du problème,
— Vous pouvez vous en allez.
— Pardon ? Je compte pas la laisser seul.
— Retournez en salle et laissez moi travailler.
Gajeel serra les poings. A part gêner l'infirmière dans son exercice par sa présence, il ne ferait rien d'autre d'utile et il détestait se sentir impuissant. De plus, la voir souffrir de cette façon était insupportable.
Elle pleurait.
— Allons-y, lui dit le professeur. Vous avez un contrôle à terminer.
Le lycéen obtempéra et sortit alors que l'infirmière dépourvoyais Levy de sa chemise pour la mettre plus à l'aise.
— Essayez de vous détendre, murmura la jeune dame.
*
De retour dans la salle de classe, Le professeur claqua dans ses mains pour intimer le silence alors que les discussions allaient de bon train.
Gajeel s'affaissa dans sa chaise et fixa la place vide de Levy.
Celui-ci avait bien remarqué qu'elle avait passé un bon bout de temps à fixer la fenêtre. Pas qu'elle regardait l'extérieur, non. Il savait qu'elle contemplait son reflet.
Il aurait dû prévoir que l'ignorer lui mettrait dans un état désagréable. Car un fois, elle lui avait dit qu'elle ne supporterai pas un écart de sa part.
Tout le monde la rejetait, la méprisait et si la seule personne sur qui elle comptait lui tournait le dos en retour alors... Elle craquerait.
Et bien sur, elle avait craquer.
Levy était bien trop émotive. A ce stade n'était-ce pas dangereux ?
Toutefois, pensait-elle que lui aussi n'avait pas eu mal sachant qu'elle doutait de lui et ne lui accordait aucune confiance ?
A quoi elle pensait ? Comment croyait-elle qu'il allait réagir ?
Quel journée de merde !
..........
Avis ?
PS : Ça vous ai déjà arrivé de suffoquer ? Moi si. La douleur est indescriptible (╥﹏╥)
21 février
Marie
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