Chapitre 9
Hey !
Alors je poste un jour plus tôt que prévu parce quelqu'un me fait du chantage affectif...
Sinon, je trouve ce chapitre vraiment bien, genre, y'a une vibe un peu particulière que j'aime bien, et en plus ça joue au handball.
C'est écrit sur In love again de Lonely in the rain
Bonne lecture !
Chapitre 9
Les semaines et les mois qui suivirent l'Euro se ressemblaient de plus en plus pour l'arrière gauche du PSG. Il se noyait dans le travail, utilisait chaque minute de son temps pour progresser, augmenter son niveau et temps de jeu dans l'équipe. Les séances d'entraînement ou de musculation n'avaient jamais été aussi intenses, mais il en redemandait malgré la sueur et la fatigue. Il se surprit même à regarder beaucoup plus de handball qu'auparavant, suivant pratiquement tous les matchs de D1 ou de la ligue des champions. La métamorphose était sensationnelle. Il était en train de devenir le joueur incontournable de la saison, tous les yeux étaient braqués sur lui, les clubs européens discutaient de contrat mirobolant au prochain mercato, les plus grandes ligues européennes lui tendaient les bras. Tous ses matchs n'étaient pas sensationnels mais il n'en avait pas fait un seul mauvais. A croire que ses prestations moyennes en équipe nationale l'avaient vacciné.
Il en était satisfait, même heureux aurait dit ses coéquipiers et ses amis, et il était vrai qu'être devenu meilleur était agréable. Des supporteurs, des investisseurs, des joueurs l'appréciaient et l'acclamaient. Ils lui faisaient oublier le trou béant logé dans sa poitrine et le strap qui prenait de plus en plus de place sur son bras. Sa vie n'était pas tout rose, bien loin des résultats et des tableaux de score, il était perdu. Errant entre le désordre de son appartement et celui de son cœur, il n'avait pas retrouvé de trace d'un sourire sur son visage et son esprit restait fixé sur les plaques rouges sur son corps. Il avait réussi à faire passer auprès du club que le strap n'était qu'un accessoire de superstition, une habitude qu'il avait prise, seul peut-être Nedim se doutait de la véritable raison mais ils ne parlaient plus trop de cette histoire. Il n'était pas au courant des crises d'angoisse chez lui, dans le noir, à passer des heures la tête enfouie dans ses mains, perdant la notion du temps, en proie à des démons qui hantaient ses nuits comme ses journées. Il oubliait petit à petit la raison de son état de fatigue intense, de la précarité de son mental, il enfouissait cette partie de lui qu'il craignait de découvrir, il effaçait l'homme qui lui manquait le plus au monde. Il oubliait mais à quel prix ? Sa vie était un enfer. Il ne riait plus, ne respirait plus et n'était plus que l'ombre de lui-même.
2020
La première mi-temps du classico PSG-Montpellier de mi-saison s'achevait sur un score serré de 10-10. Elohim s'assit lourdement dans les vestiaires, une serviette sur la tête et buvant de l'eau à grandes gorgées. Il n'était pas sorti plus de quatre minutes et il sentait ses jambes en feu et sa respiration saccadée. Les Montpelliérains étaient galvanisés par leurs supporteurs et leur réussite était insolente, roucoulette, chabala, tout passait entre les les mains du gardien parisien. Rajoutez à cela un Valentin Porte ne semblant prendre aucune mauvaise décision et un Rémi Desbonnet dans les cages à 40% d'arrêts et vous obtenez ce résultat en rentrant dans les vestiaires.
- Tu tiens le coup Elo ? demanda Nedim en s'asseyant à côté
- Ça va, c'est juste plus intense que ce que je m'attendais... Je ne peux pas continuer à défendre en n°2, faut que je passe à l'aile.
- Vois ça avec Dylan, il peut défendre en 2, après faudra compter sur Luc ou sur Benoît pour les contre-attaque, il pourra pas partir.
Elohim hocha la tête et laissa reposer sa tête contre le mur.
- Allez, on a encore besoin de toi ! Hors de question qu'on perde.
De retour sur le terrain, Elohim essuya une dernière fois les perles de sueur sur son front et prit sa place pour l'engagement de la seconde mi-temps. Trente minutes et la victoire au bout du tunnel. Nedim attendit dans le rond central et au coup de sifflet de l'arbitre, leur première attaque pouvait commencer. Les tactiques de ce demi-centre étaient avant tout centrées sur de l'attaque simple d'intervalles, de la libération rapide et des pluies de solutions pour les pivots, mais parfois, d'autres plans de jeu prenaient le dessus selon les hasards et les dispositions individuelles des joueurs. Ainsi, lorsqu'il délivra un ballon sur un croisé et que le pivot empêcha le défenseur d'avancer sur Elohim, ce-dernier décocha un tir coin long à neuf mètres.
Et ce fut un véritable festival, à six mètres ou plus loin, il crucifiait le Desbonnet un peu plus à chaque attaque, distribuant des ballons sur les ailes et au pivot, prenant ses responsabilités lorsqu'il en était nécessaire. Dans les rangs de Montpellier, les joueurs n'étaient pas en reste, même si un début de panique se faisait sentir.
Après deux attaques ratées et un premier break de plus deux creusé par Paris, une prise stricte fut mise en place sur Elohim pour l'empêcher de s'approcher des neuf mètres. Cette réponse aux réussites tactiques parisienne fit sourire Nedim qui put profiter de cette mise à l'écart du prodigieux arrière pour briller à son tour. Le monde commençait un peu trop à penser qu'il n'y avait qu'Elohim Prandi dans cette équipe... Il n'eut aucune difficulté à prouver ses dires et passa dans un intervalle extérieur pour inscrire un but spectaculaire. Finalement, Elohim finit par se reposer quelques instants sur le banc, les autres joueurs n'ayant pas de mal à rester solide sans lui.
Autour de la cinquantième minute, alors que le PSG évoluait toujours avec deux buts d'avance, Elohim remit un pied sur le terrain. Il ne fut pas marqué en stricte directement et put prendre un ballon en mouvement. Il jaugea la distance, son défenseur était resté aux six mètres un peu attentiste, il prit ses trois appuis le plus rapproché possible pour lui faire croire qu'il allait tirer juste en face de lui et sauta dans une magnifique extension. Le défenseur décida de ne pas sauter pour un contre mais d'avancer sur lui. Le piège était tendu. Elohim fit un schwenker sur la gauche du défenseur sans qu'il n'ait eu le temps de retomber au sol et passa l'épaule dans l'intervalle, arma son bras, posa ses yeux sur la cage et le début de mouvement du gardien. Il s'apprêta à tirer en bas à gauche sous la jambe levée, mais alors qu'il mit toute sa force dans son bras, il sentit une résistance et une douleur insoutenable sur son épaule. Il s'effondra lourdement sur le sol, poussant un cri étouffé, la main sur l'épaule. Le coup de sifflet des arbitres fut presque immédiat et la tension grimpa d'un coup dans la salle. Le défenseur venait de faire une faute particulièrement dangereuse sur le bras tireur et les joueurs parisiens ne cachaient pas leur colère. Elohim, toujours au sol, était incapable de se relever. La douleur était insupportable et surtout il savait qu'elle n'était pas dû à un choc. Il s'était déjà blessé à cet endroit. C'était la fin pour lui pour quelques mois dans le meilleur des cas.
Les arbitres discutaient entre eux et indiquèrent qu'ils allaient regarder la faute au ralenti. Ca signifiait qu'ils prenaient leur temps pour infliger la sanction adéquate et chacun savait, le défenseur fautif en premier, que le carton rouge était possible.
Le médecin du PSG fit son entrée sur le terrain pour regarder l'épaule. Il la manipula le plus délicatement possible pour ne pas faire trop grimacer Elohim. Il ne dit pas son diagnostic tout de suite mais il affichait un visage fermé.
- Allez, on va regarder tout ça au calme, murmura-t-il. Tu vas arriver à te relever ?
Nedim s'approcha alors que l'arbitre de champ sortait en effet un carton rouge. Il posa un genou à côté d'Elohim.
- Tu t'appuies sur moi et on se relève ensemble, d'accord ?
L'arrière hocha la tête et fit de son mieux pour se remettre sur ses pieds. Il s'appuya de tout son poids sur Nedim et réussit à tenir sur ses jambes flageolantes. Le public applaudit sa sortie alors que Nedim l'aidait à s'asseoir au bout du banc. Avant de retourner sur le terrain, Nedim attrapa une serviette et la déposa sur les cheveux d'Elohim, puis il appuya son front contre le sien.
- Tu tiens le coup ?
- J'en ai marre, putain !
- T'énerves pas ! Reste calme, ça ne sert à rien. Tu vas revenir plus fort.
Il n'avait pas plus de temps à lui accorder et devait retourner sur le terrain. Il tapota la joue d'Elohim comme pour lui donner un peu de courage et s'écarta pour le laisser au main du médecin.
Il laissa sa tête disparaître sous sa serviette. C'était le 20 décembre 2020. Le mondial débutait dans un mois en Egypte. C'était fini pour lui. Il ratait la compétition internationale qui le faisait rêver. A nouveau, il était en échec.
2021
Elohim regarda donc le championnat du monde depuis son appartement. Il ne suivit pas tous les matchs, sa blessure ayant déjà fortement affecté son moral, il préféra ne pas trop se mettre en difficulté. Il restait au fait des résultats avec les stories instagram des joueurs et de Nedim qui prenait le temps de lui envoyer quelques messages parfois.
Cependant, pour la demi-finale contre la Suède, il se décida à regarder. Ce ne fut pas l'idée la plus lumineuse qu'il eut puisque la France se faisait largement dominer ; sans oublier que revoir Jae sur le bord du terrain ne le laissa pas indifférent. Il avait l'air si calme et posé alors que lui restait perdu et malheureux dans cette vie. Une nouvelle chose injuste.
Quelques mois de repos et de rééducation plus tard, il put pleinement reprendre la saison et pour le coup son niveau n'avait pas baissé d'un iota. Le staff médical avait fait un boulot chirurgical et il bougeait son épaule comme au premier jour. Mais il demeurait les démons de son esprit pour noircir l'équation. Il perdait confiance en lui un peu plus à chaque match, peu importait le nombre de buts, le nombre d'occasions créées ou de victoires, ce n'était jamais assez bien pour lui. Il voulait plus, encore plus et toujours plus que ce qu'il pouvait supporter. Il était de moins en moins lui-même, il n'était plus transporté par les matchs, ne vibrait plus pendant les compétitions, ne sentait plus cette petite étincelle qu'il lui faisait tant aimer le handball. Il n'y avait plus que les crises d'angoisse et cette profonde détestation de lui-même. Comment pouvait-il s'aimer, lui qui n'avait pas réussi à se faire aimer du seul homme qui n'avait jamais compté ?
Un soir, Elohim s'en souviendrait sans doute toute sa vie, Nedim l'invita dans son appartement pour fêter une victoire et faire quelques parties de NBA 2K comme dans le temps. L'arrière aurait bien décliné mais il se sentait mal de tourner le dos à son ami qui n'avait jamais cessé de répondre présent.
Installés sur le canapé, des cannettes de bières éparpillés sur la table basse, Nedim gagnant largement à cause d'entraînements intenses avec Dika Mem pendant le mondial, il réussit à arracher des sourires à Elohim. Il ne l'avait pas vu se détendre depuis bien longtemps et se dit que c'était le bon moment. S'il voulait que son ami se confie, il devait faire un premier pas vers lui. Il n'avait jamais oublié sa promesse, datant de deux ans maintenant, et se sentait prêt.
- Tu te souviens quand tu m'as confié que tu faisais des crises d'angoisse à l'Euro ?
Elohim posa sa manette et hocha la tête.
- Je t'avais promis de te raconter pourquoi c'était tendu avec Ludo et... je l'ai jamais fait alors je voulais le faire maintenant.
- C'était il y a longtemps, t'es pas obligé.
Nedim lui sourit et prit une gorgée de bière.
- Je ne te le dis pas comme ça, c'est intéressé Elo. Je vois bien que ça ne va pas du tout et je veux que tu saches qu'on peut se faire confiance.
Elohim ne répondit rien. Il ne voulait pas parler.
- Bon, je ne veux pas qu'un mot sorte de cette pièce. C'est très important pour moi.
- Tu peux compter sur moi.
Nedim prit une profonde inspiration et se persuada que c'était la meilleure décision.
- Ludo et moi... on est ensemble.
- Ensemble ?
- En couple. Ensemble quoi.
Le demi-centre essaya de guetter la réaction de son coéquipier. Surprise, colère ou dégoût ? Aucun des trois. Ce fut plus qu'un sourire qui perça ses lèvres, son visage s'illumina et Nedim eut presque l'impression de retrouver des traces de l'ancien Elohim.
- Mais c'est génial ! Félicitations ! Depuis quand ? Comment ça s'est fait ?
Il put enfin respirer normalement. Il ne s'attendait pas à une réaction aussi positive.
- On se tourne autour depuis trois ans au moins mais on est vraiment sorti ensemble à partir de l'Euro et, on s'est séparé plusieurs fois depuis mais depuis un an, on tient.
- C'est pas trop chiant la distance ?
- C'est pas tous les jours facile mais on s'y fait. J'ai jamais été aussi heureux de prendre des avions, rigola Nedim.
Elohim ne s'attendait pas à une telle révélation. Son ami ne le savait peut-être pas mais il venait peut-être de réinjecter un peu d'espoir dans son cœur meurtri.
- Vous avez décidé de rester discrets ?
Cette fois, Nedim perdit son sourire.
- On n'a pas vraiment eu le choix. C'est une bombe pour nos carrières... Et c'est trop dur d'assumer pour l'instant. On a peur. On sait que c'est lâche et on n'en est pas fier mais c'est la seule solution qu'on a trouvé pour pouvoir être heureux ensemble et continuer à jouer à haut-niveau.
Elohim n'avait jamais vu son ami aussi abattu et résigné.
- Je ne pense pas qu'il y ait de bonne ou mauvaise décision, j'espère simplement que ça n'aura pas trop d'incidence sur votre stabilité.
Le demi-centre hocha la tête et un silence s'installa, jusqu'à ce qu'une pensée traverse soudainement l'esprit d'Elohim.
- J'espère que je n'ai jamais rien dit d'offensant ou d'homophobe qui aurait pu te mettre mal à l'aise, si jamais je suis désolé, je pensais pas que... enfin je savais pas...
- Non mais me fais pas croire que tu penses un seul instant que t'as dit quelque chose de déplacé.
- Bah je sais pas, des fois dans les vestiaires on dit des dingueries, enfin je sais pas le sport c'est quand même pas le lieu le plus safe.
- Mais Elo, je sais, je me souviens de ce que j'ai vu entre Jae et toi, je sais qu'il se passait des trucs entre vous.
- Il ne se passait rien entre nous. T'es juste arrivé dans un moment de flottement. Va pas t'imaginer des trucs.
Le ton froid de l'arrière lança un blanc entre les deux. Nedim leva les mains pour calmer la discussion.
- Je suis pas gay.
- Ok, ok. Pas de souci.
Nedim reporta son attention sur sa bière. Elohim l'imita et s'obligea à se détendre. Il n'assumait pas, il n'y arrivait pas. Nedim lui avait libéré un boulevard mais il avait été encore une fois incapable de s'en saisir. Il n'avait pas le quart du courage de cet homme.
Voilààààà
J'espère que vous avez aimé.
Quel bro Nedim quand meme
Si j'ai permis des gens d'aller voir ce qu'est un schwenker je serai heureuse. Surtout que je pense que ceux d'Elohim sont les pires, genre il en fait vraiment quand il panique haha
Merci pour la lecture !
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