Chapitre 25
Hey ! J'ai mis du temps à poster, je suis désolée mais j'étais dans un processus de recrutement et c'était long et j'avais pas trop la tête à écrire.
MAIS... la bonne nouvelle c'est que je viens d'apprendre aujourd'hui que j'ai eu le joooob ! Let's go le CDI, je suis trop heureuse haha !
Bref, c'est un chapitre bien joyeux, j'espère que vous aimerez !
Chapitre 25
Les matchs de la première phase s'enchaînèrent en un clin d'œil. Le groupe vivait bien, sur les terrains comme en dehors. Le jeu collectif ne souffrait que de peu de failles et tout portait à croire qu'ils iraient loin dans ce mondial.
Alors que le soleil était couché depuis plusieurs heures déjà, Jae venait de renvoyer Yanis après avoir manipulé son épaule et s'apprêtait à aller se coucher lui aussi. La journée avait été éprouvante et il sentait que son corps n'avait plus beaucoup de force.
Il réunit ses affaires, rangea quelques papiers qui traînaient et, en attrapant négligemment un papier, se coupa le doigt. Il n'eut pas le temps de réagir qu'une goutte de sang s'échappa de la minuscule plaie. Il eut un flash agressif de l'homme qu'il avait échoué à ranimer, de sa jambe ensanglantée. Il sentit son cœur s'emballer, alors que les images ne voulaient pas quitter son esprit et qu'il avait de plus en plus de mal à rester conscient.
Il entendit cependant vaguement quelqu'un toquer à la porte puis l'ouvrir.
- Jae ?
Il ne répondit rien. Il gardait les yeux fermés. Il revoyait le garrot de la jambe et le sang qui continuait de couler, qui tâchait sa blouse, le massage cardiaque qui ne fonctionnait pas et...
- Jae ?
Il sentit une main sur son visage et ouvrit les yeux. Elohim, des traits préoccupés et des sourcils froncés, lui faisait face.
- Tout va bien ?
La soudaine proximité le tendit un peu mais les flashs disparurent.
- Tu saignes là, murmura le joueur en désignant le doigt.
Jae ne réagit toujours pas, ne voulant pas regarder.
- T'es très pâle aussi...
Elohim voyait bien qu'il était ailleurs. Machinalement, il porta une main à son front pour voir s'il avait de la fièvre. Il n'était pas chaud mais il transpirait beaucoup.
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Je suis juste fatigué, parvint à articuler Jae.
Elohim s'assit à côté de lui et prit un pansement pour s'occuper de son doigt.
- Ce n'est qu'une coupure. Regarde, il n'y a plus rien, murmura Elohim.
- Je sais... Mais ça m'a juste... Je sais pas ça m'a rappelé des trucs de l'hosto, c'est tout, je vais bien, t'inquiète pas, dit-il en voulant se relever.
Jae tenta de tenir debout mais ses jambes étaient flageolantes et sa tête se mit à tourner. Il s'appuya de justesse sur la table et ce fut Elohim qui le rattrapa alors qu'il manquait de s'effondrer.
- Ok, tu vas t'allonger là, dit Elohim, t'es clairement pas en état de bouger.
- Non mais...
- Discute pas, fais moi confiance. Il faut que tu manges un truc. Je reviens tout de suite.
Jae prit sa tête dans ses mains alors que le Français partait à la recherche de nourriture. Il avait fallu qu'il faiblisse pile à ce moment, quand il venait le voir...
Il revint avec une barre de céréales et l'observa manger la manger à petites bouchées. Jae se sentait un peu étudié mais il ne releva pas, préférant le silence.
- Tu m'expliques ? Qu'est-ce qu'il s'est passé à l'hôpital ?
Jae hésita et les deux hommes se regardèrent un instant.
- Parle moi, s'il te plait, j'aime pas te voir dans cet état là, chuchota Elohim en posant doucement sa main sur son épaule.
- J'ai passé un coup de main aux urgences il y a quelques semaines et... un homme a perdu beaucoup de sang et il a fait un arrêt cardiaque et j'ai... je sais pas, j'ai craqué.
- Je suis désolé, répondit simplement Elohim sans lâcher son épaule.
- C'est pas la première fois mais... Je sais pas, y'avait du sang partout, j'ai- j'ai
Il ne parvint pas à finir sa phrase et fondit en larmes. Elohim sentit son cœur rater un battement en observant impuissant le médecin complètement perdu.
- Pleure pas, s'il te plaît, pleure pas.
Il le prit doucement dans ses bras.
- J'arrive plus à dormir, je le vois, tout le temps, je...
Elohim pouvait sentir ses larmes couler le long de son épaule alors qu'il serrait fermement ses bras autour de lui. Il inspira profondément pour ne pas lâcher prise lui aussi.
- Je suis là.
Et oui il était là. Et tout ce qui l'avait habité depuis que Jae était réapparu dans sa vie pendant le procès revenait à la surface, toutes les questions auxquelles il ne trouvait pas de réponse semblaient se simplifier, les nœuds se défaisaient sous ses yeux, comme si tout prenait finalement sens à cet instant, dans ses bras.
Jae se détacha lentement de son emprise et ils restèrent face à face. Elohim passa un doigt pour retirer les traces des larmes. L'instant restait suspendu, ni l'un ni l'autre n'osant briser le silence.
- Il faut que tu te reposes.
Jae leva les yeux au ciel. Comme si c'était aussi simple.
- Je peux rester avec toi si ça t'aide.
- Euh, je... déglutit Jae.
- Chut, c'est décidé, je reste. Il n'y a pas d'autres endroits où je veux être.
Jae sourit faiblement et s'allongea. Elohim le détailla.
- Je ne savais que tu souffrais tant.
- Je l'ai si bien caché que j'ai fini par être persuadé que tout allait bien...
- Je commence à y voir plus clair, murmura Elohim.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Je me suis dit que tu devais savoir. Sur ce que je veux, c'est plus clair.
Jae ne chercha pas à comprendre d'avantage et ferma les yeux. Il était épuisé. Elohim sourit en le regardant se détendre. Il s'assit sur le siège du bureau et observa les lumières de la nuit par la fenêtre.
Jae avait dormi. Finalement. Il n'avait pas fait de rêve étrange, ne s'était pas réveillé en sursaut, il s'était reposé. Ils n'avaient pas beaucoup parlé avec Elohim le matin, chacun devant retourner à ses préoccupations. Ils étaient face à face devant la porte, jaugeant s'ils devaient vraiment retourner au réel.
- Merci, dit Jae, en fixant le sol. Je t'en dois une.
- J'ai une idée pour payer ta dette, répondit Elohim sur un ton amusé.
- Ah oui ?
- Oh oui.
Sans prévenir, Elohim déposa un rapide baiser sur les lèvres de Jae. Ce dernier ne sut pas tout de suite comment réagir mais il finit par laisser échapper un rire, tout de suite suivi par le joueur.
- Je penserai à avoir plus souvent de dettes envers toi, dit Jae en ouvrant la porte.
- J'y compte bien.
L'équipe de France finit première de sa poule et intégra le tour principal en meilleure position. Avec elle, l'Espagne, le Monténégro et l'Iran seraient donc ses prochains adversaires. Sans surprise, les victoires s'enchaînèrent jusqu'au match majeur, contre l'Espagne. La rencontre contre De Vargas et les frères Dujshebaev s'annonçait haletante et les Français se motivaient dans les vestiaires. Ils s'étaient entraînés dur tactiquement pour être prêts. Ludovic appréhendait quelque peu l'idée de jouer contre un certain nombre de ses coéquipiers en club, et notamment de son gardien. Mais il n'était pas temps de tergiverser, il était temps de jouer, et de gagner.
Guillaume Gille aligna son sept majeur. Hugo Descat, Nikola Karabatic, Nedim Remili, Dika Mem, Yanis Lenne, Ludovic Fabregas et Rémi Desbonnet dans les cages.
Le coup de sifflet des arbitres lança la partie.
Les joueurs des deux équipes se rendaient coup pour coup et le score resta serré pendant toute la première mi-temps. Nedim prenait en main l'attaque d'une main de mettre et les Français trouvaient des solutions de tirs plutôt facilement. L'Espagne proposait un jeu plus haché comme à son habitude. De Vargas ne semblait pour l'instant pas dans son assiette et restait bloqué à un petit pourcentage d'arrêts.
La deuxième mi temps commença sur les chapeaux de roue avec plusieurs contre attaque et pertes de balle des deux côtés. Elohim faisait un travail de finition impeccable pour l'attaque bleue en marquant beaucoup de buts selon les inspirations tactiques de Nedim.
Mais il restait le problème de la défense, ils ne parvenaient pas à cesser les percées espagnoles et Guillaume Gille décida de poser un temps mort pour remobiliser les joueurs et donner quelques consignes.
- Les gars, on laisse trop de ballons passer en défense, ça va passer par là pour gagner ! Oubliez pas ! Il reste dix minutes ! Pour la prochaine attaque, on fait une rentrée d'ailier, euh... Dylan tu rentres là et Ludo tu fais un bloc là et c'est Elo ou Ned qui tire à neuf mètres ou passe à Dylan dans la défense, Ok ?
Les joueurs retournèrent sur le terrain après s'être encouragés. Les arbitres sifflèrent et le jeu reprit. Nedim échangea quelques passes avec le reste de la base arrière et Dylan rentra dans la défense, déclenchant le début de l'attaque. Il obligea la défense à reculer, Ludovic proposa un bloc pour un intervalle et ce fut Nedim qui décida de s'y engouffrer, le tempo faisant qu'il était bien placé à cet instant.
Il mit toute la vitesse qu'il put dans ses jambes malgré la fatigue, sauta à neuf mètres le plus haut possible. Le joueur bloqué par Ludovic était déjà battu, l'autre était en retard et, entre deux positions, il décida de venir au contact, ses mains atterrirent dans la tête de Nedim qui bascula en arrière, déséquilibré par le choc. Il s'écrasa lourdement sur le sol. Devant une faute aussi dangereuse, les coups de sifflets secs des arbitres retentirent pour arrêter le temps, tandis que Elohim et Dylan se précipitaient pour confronter Jorge Maqueda qui estimait qu'il n'avait aucun tort.
- I didn't touch his face! The shoulder, the shoulder!
- What the hell are you doing? Are you crazy? s'exclama Dylan qui, comme à son habitude, était remonté sur des ressorts dans ces situations
- He falls by himself, I barely touch him and he collapses, stop acting like that's...
Ludovic ne s'occupa pas plus longtemps de l'Espagnol qu'il jugea ridicule et se précipita vers Nedim qui couvrait toujours sa tête de ses mains. Il s'accroupit.
- Ça va ?
- Ouais, murmura-t-il d'une voix grave. Je me suis explosé le dos aussi...
- Si c'est pas rouge ça... répondit Ludovic à voix basse.
Il l'aida à se relever doucement.
- Look, he's fine, there's nothing wrong... reprit Maqueda alors que les arbitres étaient partis regarder l'action à la VAR pour décider sans doute de la couleur du carton.
- Just stop talking please, don't make it any worse for you, répliqua Elohim.
Maqueda leva les yeux au ciel mais resta silencieux. Les deux arbitres revinrent sur le terrain, sûrs de leur décision. L'un porta la main à sa poche et sortit un carton rouge. Maqueda ne parvint pas à garder son calme et se mit à gesticuler de colère.
- Never red, never! He's a drama queen! Everyone knows why he's such a drama queen! s'écria Maqueda en fusillant du regard le demi-centre.
Cette fois les mots ne laissèrent pas Nedim indifférent et il sentit une rage monter en lui qu'il ne put contrôler. Il se précipita vers l'Espagnol comme une furie.
- What are you trying to say? Tell me?
Les deux étaient à présent front contre front.
- Come on, you know what I mean, ricana Maqueda. Don't get too close, you might get desire...
- Come on guys, commença à dire l'arbitre...
- Let a fag play handball, and that's how it ends, he's crying on the floor!
- LET A WHAT ? hurla Nedim
Ludovic agrippa Nedim pour le reculer avec force, sentant que tout allait dégénérer.
- A WHAT ?
- Calme-toi Ned. On s'en fout de ce qu'il dit.
Ludovic le traîna le plus à l'écart possible. Il pouvait voir le mélange d'émotions dans les yeux du demi-centre, de la rage et de la tristesse. Il prit sa tête dans ses mains pour le forcer à le regarder et l'isoler de l'extérieur.
- Respire, on s'en fout de cette merde, tu dois rester calme.
- Il a dit...
- Je sais, je sais.
Du côté des arbitres, ils sortirent également un carton bleu pour qu'un rapport soit établi sur le comportement de Maqueda, en notifiant au délégué que des propos homophobes avait été prononcés.
Nedim finit le match sur le banc, un peu choqué par les événements. Kentin finit brillamment le match et les bleus prirent la tête du groupe principal et donc la direction de la demi-finale.
Avant de rentrer dans les vestiaires avec tout le monde, Nedim s'arrêta dans les toilettes pour rincer son visage et observer quelques instants son reflet dans le miroir. Il ne pensait pas devoir subir cette insulte ici.
- Ned ? murmura la voix de Ludovic derrière lui
Il sursauta, ne l'ayant pas entendu rentrer.
- J'arrive tout de suite...
Mais Ludovic resta immobile.
- Je voulais te dire que...
- Que ça t'a dégouté ? le coupa Nedim toujours sans le regarder
- Pardon ?
- Honnêtement, tu as raison, quand je vois tout ça, je me dis que je n'aurai pas dû assumer non plus.
Nedim serra les poings et détourna le regard de son reflet. Il avait la haine de ce putain de sport, de ce putain de monde.
- Au contraire, répondit le pivot, j'ai plutôt vu quelqu'un qui ne s'est pas laissé faire et qui a tenu tête, et ça m'a donné envie de ressembler à cette personne.
- Tu délires, pouffa Nedim.
- Ah oui ? J'ai l'impression d'être plutôt sûr de moi au contraire.
Sur ces mots, Ludovic écrasa ses lèvres sur les siennes. Le demi centre eut un mouvement de recul, surpris. Il essaya de jauger l'expression de son coéquipier.
- Ca veut dire que...
- Je vais tout assumer. J'ai envie d'être avec toi. Pour de vrai.
Un bouquet d'émotion explosa dans le cœur de Nedim qui ne savait pas vraiment comment réagir. Il se mit à rire et s'empressa de le serrer contre lui. Il n'arrivait pas à y croire.
- Tu m'étouffes, articula Ludovic.
- Et dire que je vais pouvoir le faire devant tout le monde, rigola Nedim.
Un rire s'échappa des lèvres du pivot. Ils étaient, à cet instant précis, les plus heureux des hommes.
J'espère que ça vous a plu ! Bonne nuit !
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