Chapitre 18
Hey !
Bon je suis très en retard sur les post, je suis un peu focus sur mon stage etc haha
Mais pour mon retour, voici un chapitre long !
J'espère que vous aimerez, je l'aime beaucoup perso, surtout la dernière partie (y'a un petit match).
C'est écrit sur Wrecked de Imagine Dragons
Bonne lecture !
Chapitre 18
Le mois d'août d'Elohim fut un mélange explosif de tristesse et de colère. Il arpentait les rues de sa ville, le cœur lourd, des tonnes de questions dévorant son esprit, la peur grignotant petit à petit son ventre. Jae n'était pas encore revenu de Corée du Sud, l'enterrement avait eu lieu, il avait vu des extraits à la télévision. Un Jae, en costume noir se chargea de lui rappeler à quel point il était beau et il lui manquait. Il affichait un air grave et hautain qu'il ne lui connaissait pas.
A mesure que les jours s'écoulaient, Elohim avait de moins en moins de nouvelles et assistait presque impuissant à l'érosion de leur histoire. Il avait envie de se battre pour lui mais le mur qui se dressait entre eux ne semblait pas pouvoir s'effondrer et le couronnement se rapprochait irrémédiablement.
Pendant une séance d'entraînement musculaire intense, son téléphone sonna. C'était lui. Il devait être au milieu de la nuit en Corée. Il décrocha.
- Oui ? demanda-t-il d'un ton plus dur qu'il ne l'aurait voulu
- Elo ! Ça me fait plaisir d'entendre ta voix...
Le médecin sembla attendre une réponse mais elle n'arriva pas.
- Comment tu vas ? s'enquit simplement le joueur
Au fond, Elohim trouvait sa réaction ridicule. Il passait ses journées à attendre ses appels et l'instant où ces moments s'offraient à lui, il leur tournait le dos.
- Ça va... J'essaye de repousser la date mais ça devient impossible. Je... Je t'appelle pour te dire que c'est sans doute la dernière fois que nous nous parlons.
Un silence de mort s'installa. Elohim n'était pas certain d'avoir entendu ces mots s'échapper du téléphone.
- Dis quelque chose, je t'en prie.
Il en était bien incapable. Il était comme bloqué devant l'impensable. Vivre sans lui. Etre abandonné. Encore une fois. C'était ainsi que son monde s'écroulait. Il aurait pensé à plus de larmes et de douleur. Il était bien incapable de ressentir la moindre émotion. Il restait perdu, son cerveau tournait au ralenti, comme anesthésié par la nouvelle.
- Tu es certain ?
Jae crut qu'il avait mal compris. Il lui annonçait qu'ils se parlaient pour la dernière fois et c'était tout ce qu'il trouvait à lui dire.
- J'ai tout essayé. Abdiquer jetterait la honte sur ma famille et ma mère a assez souffert comme ça. J'ai pensé un moment faire monter sur le trône ma sœur cadette mais franchement ce serait la conduire à sa perte. L'aristocratie coréenne n'est pas prête pour ça.
Il marqua une pause pour ménager Elohim. Ce-dernier demeurait amorphe, mais il pouvait alors sentir son cœur commencer à hurler doucement dans sa poitrine.
- Je te jure que j'ai retourné le problème dans tous les sens, j'ai lu des centaines de fois les textes juridiques, je n'ai aucune solution.
Encore une fois, ce fut le silence qui accueillit ses paroles.
- Je suis désolé, tellement désolé.
Finalement, quelques sanglots lui parvinrent et son cœur se serra.
- Ce n'est pas juste. Tu n'as pas le droit de me laisser seul. Tu m'avais promis.
Jae savait qu'il n'avait rien promis mais il ne le contredit pas. Il avait tous les droits d'être en colère. Il était d'ailleurs étonné qu'il n'ait pas encore raccroché.
- Alors ça se finit comme ça ? s'étrangla Elohim
- Pour moi, ce ne sera jamais fini. Je n'y ai jamais cru mais il paraît que l'empereur a onze vies. Si ça me donne un infime espoir de te retrouver dans une autre vie, je suis prêt à y croire jusqu'à mon dernier souffle.
La douleur devenait insupportable.
- Promets-moi de ne pas te laisser sombrer, si jamais ça devient trop dur, rappelle-toi que tu as des amis autour de toi. Tu n'es pas seul et tu n'as pas à souffrir seul.
Les larmes empêchaient Elohim de dire le moindre de mots. Il aurait pourtant tant de choses à lui dire, des vérités trop longtemps enfouies, des sensations qu'il ne comprenait meme pas encore.
- Adieu mon amour.
Ce fut la dernière chose qu'Elohim entendit de Jae, ce filet de voix grave et empli de tristesse, ces trois mots résonnant.
Les jours qui suivirent avaient un goût étrange pour Elohim. Entre profond dégoût de la vie et l'impression d'être au milieu d'une œuvre inachevée. Trop effondré pour espérer quoique ce soit mais trop déçu pour abandonner cette terre. Il ne voyait personne. Comme pour faire regretter Jae, il essayait aussi bien que possible de ne pas respecter ses conseils. Il ne comprenait pas encore qu'il se détruisait à petits feux. Il tirait sur la corde, de plus en plus fort, presque impatient qu'elle cède. Les cauchemars qu'il avait mis tant de temps à éradiquer reprennaient le contrôle de ses nuits. Les réveils en sueur, la peur de mourir, les crises de panique ne le quittaient plus. Les insomnies étaient devenues une compagne fidèle. La liste des choses qui pouvait l'extirper du lit se réduisait à vue d'œil. Il arrivait de plus en plus en retard à ses rendez-vous avec Nedim. Les messages inquiets de Luc restaient sans réponse. Il se réfugiait dans ses heures quotidiennes de musculation, dans ce doux reve de fouler à nouveau un terrain de handball.
Un soir, un numéro de téléphone le sortit de ses pensées. Dernièrement les coups de fil ne lui avaient pas reussi mais il se força à décrocher. A défaut d'être normal il pouvait au moins faire semblant.
- Monsieur Prandi ? Capitaine de la Police nationale. Je vous appelle parce que nous avons arrêté un suspect pour votre agression.
C'était vraiment la dernière chose dont il avait besoin.
- Il a reconnu les faits, vous n'avez donc pas besoin de l'identifier. Le procureur l'a mis en examen et un procès va avoir lieu dans deux mois.
Elohim eut un peu de mal à respirer soudainement. L'idée de se retrouver face à cet homme dont il se rappelait chaque insulte, chaque coup de couteau, le rendait nerveux.
- Je vous conseille d'engager un avocat et de vous constituer partie civile. Et... je me permets de vous délivrer un dernier conseil, vous avez le droit de demander un procès à huis-clos et vu votre notoriété et la sensibilité du dossier, je pense que ce sera accepté.
Elohim le remercia sans rien ajouter. Il voulait penser à cette affaire le moins possible. Il ne voulait penser qu'à lui, sa carrière, sa misérable existence.
L'été se termina donc sur un sentiment d'inachevé. La saison de handball reprit enfin et Elohim fit son grand retour sur le devant de la scène. L'affiche faisait rêver. Nantes-PSG. Un match qui s'annonçait dur pour les deux équipes. Elohim attachait lentement ses lacets dans le vestiaire, vérifiait que son strap était correctement fixé et, suivant les autres joueurs, pénétra dans la salle Coubertin. Bien qu'il ne s'agissait que de l'entraînement et que le match débutait dans une heure, les supporters habitués, déjà présents, applaudirent son entrée avec un enthousiasme insoupçonné. Il ne pensait pas qu'il avait pu leur manquer et que le simple fait de fouler à nouveau ce parquet pouvait créer ce genre de sentiment.
Il prit le temps de discuter avec quelques-uns des joueurs de Nantes, Thibault Briet et Aymeric Minne qui ne cachèrent pas leurs joies de le voir rejouer en championnat. Elohim en était tout aussi heureux mais il manquait quelque chose pour qu'il profite pleinement, ou plutôt quelqu'un. Il se demanda ce qu'il faisait en ce moment. Le couronnement n'avait pas encore eu lieu. Peut-être s'apprêtait-il à regarder le match. Une partie de lui avait beau fortement l'espérer, il le savait très improbable. Un prince héritier sur le point de devenir empereur devait avoir bien d'autres obligations que de regarder un ballon rentrer dans des buts.
Finalement, après une petit heure à s'échauffer soigneusement chaque membre de son corps, puis à écouter un discours trop long du coach, Elohim se retrouva sur le terrain, à son poste d'arrière gauche, au côté de Nedim, Adama, Dainis, Ferran, Henrik et Andreas dans les cages. Une équipe d'élite pour entamer cette rencontre. Il n'aurait pu rêver mieux pour cette reprise. Nantes engagea la partie au coup de sifflet de l'arbitre et la bataille pour la victoire démarra.
3'
Interception grâce aux longs bras tentaculaires de Dainis Kristopans. Elohim réceptionna le ballon et envoya une magnifique passe décisive a Ferran qui, dans une parfaite extension, conclut cette action d'un but.
7'
Défendre sur des joueurs aussi vifs et imprévisibles que Minne ou Maqueda n'était pas chose aisée et les buts encaissés n'étaient pas chose rare pour Paris. Elohim ne parvenait pas toujours à défendre sur leur pivot et plusieurs fois un décalage se créa jusqu'à l'aile pour Valero Rivera.
10'
Nedim, commençant sérieusement à s'agacer d'être ainsi inquiété par des Nantais bien trop sûrs d'eux à son goût, plaça d'un geste impérieux Toft Hansen dans le secteur de l'arrière droit. Il attaqua bien devant le pivot et, comme s'il voulait humilier cette défense, se contenta de faire une passe aveugle en cloche, que Toft Hansen attrapa avant meme que le défenseur n'ait pu réagir. Il ne fallait pas s'y tromper, c'etait un geste technique difficile à effectuer, particulièrement pour piéger des joueurs de stature internationale, mais le faire a la seconde après avoir placé le pivot, c'était vraiment une provocation. C'etait une action qu'il réalisait souvent en équipe de France avec Ludovic et le savoir si loin de ce terrain et de lui, provoqua une sensation de vide.
12'
Elohim, un peu invisible en attaque depuis le début, réussit à la suite d'un croisé avec Adama et un mouvement du pivot vers l'intérieur pour attirer le défenseur, à atteindre les six mètres et exploser les filets de la cage adverse.
16'
Les équipes étaient toujours à égalité et aucune ne lâchait rien. Luc remplaca Nedim qui était hors d'haleine à cause de longues courses et d'attaques durant plusieurs minutes parfois. Le Néerlandais avait un jeu bien différent mais tout aussi efficace. Il lança son attaque en fonçant vers le secteur central, après un un-contre-un qui ne lui permit pas de passer, laissa le ballon à Elohim qui trouva l'espace créé. Il ne parvint pas à inscrire un but mais la défense étant en zone, les arbitres les gratifièrent d'un penalty. Elohim lança le ballon a Kamil Syprzak, un tireur atypique, qui avait la qualité non négligeable d'être complètement imprévisible. Elohim le soupçonnait parfois de ne pas savoir ce que lui-même faisait. Quoi qu'il en fut, le ballon termina sa course dans les cages, sans que le gardien n'ait pu ne serait-ce que le capter du regard.
23'
Pris d'une soudaine inspiration et remarquant que le défenseur ne montait plus trop sur lui depuis les dernières attaques, Elohim s'approcha des neuf mètres et décocha un missile en appui qu'aucune main du contre ne put toucher.
29'
Nouvelle perte de balle de Briet, Adama se démarqua à toute allure et reçut le ballon des mains de Luc. Un Nantais, en retard sur l'ailier, ne trouva rien de mieux que de le pousser sous les yeux de l'arbitre. Deux minutes et un penalty. Ça n'annonçait que du plaisir pour le début de la deuxième mi-temps, alors que la première s'achevait sur un petit point d'avance du PSG.
30'
Elohim resta sur le banc pour le début de la deuxième mi-temps et Nikola prit sa place. Un jeu un peu plus arrêté, mais aussi plus expérimenté et altruiste et surtout avec un Nedim qui savait parfaitement s'adapter à ce type de jeu, en étant lui-même parfois un adepte.
33'
Thibault Briet était en feu et la défense parisienne ne semblait pas pouvoir colmater la brèche. Nantes creusa rapidement un écart de plus deux. Le coach décida de faire sortir Nikola mais, avant le changement, il lui fit un léger signe. L'arrière acquiesça et, comme il en avait le secret, alla s'encastrer dans la défense, provoquant une exclusion de deux minutes sur un défenseur qui n'avait pas réussi à suivre le changement de rythme. Elohim entra dans un système de supériorité numérique et se contenta de créer un décalage jusqu'à Adama qui finit l'action par un élégant chabala.
40'
Le PSG réussit à revenir à égalité, grâce à Elohim et Nedim comme premiers artisans de l'œuvre. Rien ne semblait les épuiser. Dans une extension parfaitement équilibrée, l'arrière fut ravi de montrer comment pendant ces interminables heures d'entraînement, il avait amélioré les cartes de son jeu offensif. Une passe décisive presque aussi impressionnante que celles de Nedim, passa au-dessus de la zone, atterrit dans les mains de Ferran Solé, sur l'aile opposée, qui se présenta devant le gardien avec un angle que trop ouvert pour un joueur de sa trempe.
52'
Nantes parvenait encore à monter en intensité alors que la fatigue grignotait le jeu des Parisiens à vue d'œil. Aymeric Minne semblait parfois touché par la grâce des dieux de ce sport et, tout en faisant les gestes et les déplacements les moins académiques, continuait de trouver le chemin des filets. L'écart de deux buts se creusa de nouveau et Nedim s'empressa de mettre en place une tactique pour revenir. Il glissa à l'oreille de Dainis, arrière droit, de laisser sa place à Balaguer pour faire glisser Ferran au poste d'arrière. Si Minne avait décidé de tout jouer sur son imprévisibilité, ils avaient aussi un joueur capable de bien des miracles. Une sorte de Luc Abalo dans ses bonnes œuvres.
57'
Le festival Ferran Solé était insolent. A neuf mètres, désaxé, en rentrant comme deuxième pivot, avec un demi tour contact, rien ni personne ne pouvait l'arrêter. Et, tandis que la réussite de Minne touchait à sa fin, bloquée par une défense plus agressive, le PSG était à hauteur pour les derniers instants du match. 22 a 22. Le public ne pouvait rêver meilleur match.
59'
Trente secondes restantes. Égalité. Le PSG avait la possession pour une dernière attaque placée pour inscrire le but de la victoire. Nantes mit en place une défense très haute, presque homme à homme. Et chacun savait quelle était la tactique efficace dans ce genre de situation. En tout cas, Luc et Elohim le savaient. L'arrière gauche fit une course sans ballon vers la zone, sauta, Luc lui envoya une passe laser qu'il réceptionna en vol. Mais le pivot nantais savait également. Elohim était cependant déjà en l'air, il le percuta et il tomba sur le dos. La réaction fut immédiate, une douleur lancinante le traversa et il se contracta avec une certaine violence. Le public regarda avec un silence de mort puis hurla sa colère. Les arbitres sifflèrent un penalty. Le fautif ne discuta pas et s'agenouilla auprès d'Elohim.
- Ça va ?
Peut-être que si la douleur ne l'empêchait pas de desserrer les dents, il lui lancerait une réplique acerbe. Nedim s'approcha et tous les deux l'aidèrent à se remettre sur pied. Le défenseur s'excusa en tapant dans sa main et Elohim lui sourit doucement. Kamil rentra sur le terrain pour le penalty. Elohim fit un signe pour signifier qu'il restait et se posta au neuf mètres. Il prit une profonde inspiration et se concentra sur le coup de sifflet, la première feinte de tir, la deuxième, et enfin l'impact, à rebond, entre les jambes. Mais ça ne suffit pas et le gardien ferma l'espace, le ballon resta dans sa zone. Coup de sifflet final. Egalité.
Elohim sentit tout son corps se relâcher, sa tête baissée et ses bras ballants reflétaient toute sa déception. Il laissa échapper un juron. Il avait perdu, pour son premier match depuis des mois, il avait perdu. Si seulement il avait marqué sur son kung-fu. Même touché, il aurait pu tirer, non ? En proie à des pensées invasives, il ne vit pas Luc et Nedim s'approcher de lui pour passer deux mains sur ses épaules. Malgré cette défaite, ils étaient tout sourire.
- Le match était incroyable !
- Je suis désolé, murmura Elohim.
- De quoi tu parles ? Regarde tout le monde est choqué de ton niveau, s'exclama Luc
Elohim regarda autour de lui. Le public acclamait son nom et applaudissait. Même les joueurs adverses se joignirent a la clameur. Il sourit. Ça lui avait manqué. Il lui avait tous manqué. Aujourd'hui, pour lui, ce jour avait tout d'une victoire.
Voilààà merci pour la lecture !
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