🎃 6.(2) Rencontre surnaturelle

J'étouffe un gémissement à la vue des gargouilles s'approcher de moi, menaçantes et terrifiantes. Bon, super petits pouvoirs magiques s'il faut se manifester c'est le moment ! Ni une ni deux, les créatures bondissent vers moi, d'un geste je rabats mon bras vers moi dans le but de me protéger, comme lorsqu'Enid a foncé sur moi avec cette fourche, j'imagine un vent violent suivre mon mouvement et balayer avec force les serviteurs d'ombre et de ténèbres du sorcier qui sont projetés en arrière et vont s'écraser au sol.

Brynn offre un sourire carnassier au sorcier dont la mâchoire se décroche devant l'étendue de ce que je peux faire. Je ne reviens pas moi-même de ce que je viens d'accomplir, avec une arrogance feinte je toise l'individu, alors qu'au fond de moi je tremble comme une feuille.

En colère il tend sa main vers moi, une main invisible vient alors me saisir à la gorge et me plaquer contre le mur. Sonnée je ne peux pas résister, l'air s'échappe de mes poumons et je suffoque, je tente désespérément de repousser la chose qui m'étouffe mais je ne rencontre que le vide devant moi, ce qui a pour effet d'alimenter ma panique. Je suis terrorisée.

Le sorcier se rapproche de moi, sinistre, sa cape noire ondulant dans son dos.

- Misérable petite sorcière, vous n'auriez jamais dû me provoquer... siffle-t-il entre ses dents. Donnez-moi le Grimoire !

- Laissez-la, le supplie Brynn. Elle ne sait rien ! Je vous en prie ! Je vais vous conduire au Grimoire ! Je vous en prie...

Mais l'homme ne lui accorde pas le moindre regard, il continue d'avancer vers moi, inquiétant dans son vêtement qui lui donne l'air d'un corbeau. Ma vue se brouille, tandis que les bruits de la vie au dehors de la maison me parviennent. Je vais mourir ici, et personne ne se soucie de moi... Une idée me vient alors.

- Vous... Vous pouvez me tuer si vous voulez... Mais vous n'avez aucune chance de vous en sortir vivant. Les autres sont là... Elles attendent que vous descendiez pour vous tuer...

Je sens la poigne autour de ma gorge se desserrer.

- Vous mentez, réplique le sorcier.

Des bruits étranges se manifestent dans l'escalier, comme des pas qui grimpent les marchent. Je suis beaucoup trop éberluée pour réagir, je venais pourtant de mentir, personne à part nous n'était dans la maison, j'espérais que mon coup de bluff suffirait à l'effrayer ! Je ne m'attendais certainement pas à ce que les sorcières du clan Campbell rentrent plus tôt !

Je sais que mon plan a fonctionné quand la main invisible me lâche complètement, je tente tant bien que mal de reprendre mon souffle quand mes pieds touchent le sol et porte une main à ma gorge, dévisageant avec haine le sorcier.

- Je reviendrais, nous prévient-il.

Sur ces mots, il se dirige à grands pas vers la fenêtre qu'il ouvre, il ne va quand même pas sauter par la fenêtre quand même ! Si ?

Il enjambe le rebord et saute dans le vide.

Ah bah visiblement si.

Brynn et moi nous précipitons à la fenêtre juste à temps pour voir une silhouette encapuchonnée atterrir gracieusement sur ses pieds, avec souplesse.

- Il va s'enfuir... soufflé-je.

Je ne peux pas le laisser s'enfuir, il est peut-être notre seule chance d'arrêter cette menace et de récupérer le miroir ! Enhardie par l'idée, je ramasse l'épée rouillée au sol, j'ai l'impression qu'elle pèse une tonne dans ma main mais l'adrénaline me pousse à faire abstraction de son poids. Aussi vite que possible je m'élance vers les escaliers.

- Candice ! m'appelle Brynn. Qu'est-ce que tu fais ?!

J'ouvre la porte et je suis surprise de constater qu'il n'y a personne. Bordel d'où venaient ces bruits de pas dans ce cas ?! Je n'ai pas le temps de m'appesantir sur le sujet, je dévale les vieilles marches et sort de la grange tout juste à temps pour voir le sorcier s'enfuir en courant dans les rues du village.

Je me lance à sa poursuite, épée en main, courant comme une délurée derrière lui. Le sorcier sait que je le suis, il me lance quelques regards par-dessus son épaule et accélère le pas. Je le suis sans difficultés, grisée par le succès à portée de main, ce que monsieur-mains-magiques ne sait pas c'est qu'il n'a pas affaire à une villageoise ordinaire mais à une fervente pratiquante d'athlétisme depuis son plus jeune âge !

Il ne se débarrassera pas de moi comme ça ! Je ne lui faciliterai pas la tâche ! De plus il ne peut utiliser la magie en public, c'est sans doute ce qui conduit son choix de bifurquer en direction de la forêt. J'imite sa trajectoire, bien que l'épée me rappelle sa présence dans mon bras endolori, alors que nous nous enfonçons dans la forêt sa cape noire ondule devant mes yeux et je me surprends à m'imaginer empoigner fermement sa cape pour la retenir dans notre course folle. Comme si cette simple idée pouvait l'arrêter tiens !

Je me rappelle alors que je suis très précisément capable de faire ça, mes jambes commencent à me lancer quand je fais un dernier effort, m'imaginant enrouler ma main autour de sa cape noire pour le tirer au sol. J'échoue, une fois, deux fois, trois, la quatrième s'avère être la bonne et l'homme s'écroule au sol devant moi.

Je le rejoins en quelques enjambées, ses bras soulèvent son corps avec souffrance, il se retourne difficilement pour me faire face et je ne lui laisse pas l'occasion de se relever en arrêtant mon épée à quelques centimètres de sa gorge. Je le savais bien que cette maudite épée me servirait ! Son capuchon tombe et je peux enfin voir son visage.

Je suis très surprise de trouver un homme jeune, c'est à peine s'il doit avoir 25 ans... Pendant un instant je suis presque déçue, et moi qui imaginais Salomon comme un vieux sorcier rabougri... Ses traits son fins, son nez est droit, ses yeux noirs ont la forme d'une amande et ses boucles brunes chatouillent sa mâchoire et son cou, lui donnant presque l'air d'un jeune garçon.

Haletant, son regard passe de la pointe de mon épée à mon visage qui l'examine sans vergogne. À bout de souffle, nous nous dévisageons mutuellement, oubliant un instant ce que l'autre sait faire avec sa magie. Il est nettement plus expérimenté que moi, mais je ne lui laisse pas une seule seconde l'occasion de contempler ma faiblesse pour s'en servir contre moi.

- Rendez-vous Salomon, vous ne pouvez plus vous enfuir, dis-je en prenant mon air d'héroïne du dimanche.

Il fronce les sourcils et a l'air perplexe un instant, il m'examine non plus avec méfiance mais avec curiosité maintenant.

- Je ne suis pas Salomon.

Cette fois c'est à mon tour d'être perplexe.

- Quoi ? Mais... Si vous n'êtes pas Salomon... Alors qui êtes-vous ?

Sans me lâcher du regard il tente de se relever, prenant bien garde à ne pas se faire embrocher par mon épée. Des feuilles d'automne se sont agrippées à sa traîtresse de cape, et quelques-unes se retrouvent dans ses mèches emmêlées. Ses yeux bruns presque noirs se braquent sur moi.

- Je suis Draghan, disciple de Salomon.

Et voilà une première confrontation ! Candice ne s'en sort pas trop mal... Pour le moment ! Un nouveau personnage apparaît pas fort sympathique, déjà qu'affronter un sorcier de malheur c'était pas la panacée... Mais alors deux !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top