Chapitre 22

- Les nains ont attaqués la partie nord du territoire. Nos troupes résistent mais elles faibliront rapidement. Ben, penses-tu qu'Alys est prête? questionna le général
- Oui. Je n'ai pas eu le temps de valider toutes les épreuves mais elle me semble plus que prête, répondit Ben
Je regarde l'échange entre les deux hommes sans dire un mot, les laissant décidé de mon sort. Les nains ont attaqués... J'avais presque oublié que dans cette guerre, il n'y a pas que nous et les vampires...
- Bien. Dans ce cas, Alys, tu partiras à l'aube pour la ville de Nichtmare, me dit-il
Il me fait signe de sortir et continu de discuter avec Ben pour une histoire d'alliance je crois...bref, un sujet qui m'importe peu. Je sors de la salle et déambule dans les couloirs jusqu'à la sortie. Une fois dehors, je continue mon chemin jusqu'à ma tente sans m'arrêter.

Je me réveille aux aurores pour partir avec un convoi. Je rassemble mes maigres affaires dans un petit baluchon et me dirige discrètement vers l'un des convois de nourriture. Les consignes sont claires: partir avec les caravanes chargées de réapprovisionner les soldats au nord.

Je m'installe dans l'une des caravanes entre deux caisses de melons et attend le départ. Les minutes m'apparaissent comme des heures tant je m'ennuie. Les conducteurs montent enfin à l'avant des cargaisons et le voyage commence. Un long et épuisant voyage...

Je me réveille en sursaut lorsque la roulotte s'arrête enfin. Le soleil brille de ses dernières lueurs à l'horizon, laissant place à la lune. Je saute à pied joint sur le sable et regarde autour de moi. Des tentes sont plantées un peu partout, des soldats jouent aux dés et aux cartes pendant que d'autres discutent au coin d'un feu. Le lieu est très animé: on peut entendre toute sorte de bruit; des discussions, des forgerons travaillant le metal, des combats d'entraînement, le hennissement des chevaux... Je repère une tente rouge et blanche, les couleurs de ma patrie, beaucoup plus grande que les autres. Je m'y dirige.

J'entre dans la tente sans m'annoncer et tombe nez à nez avec une dizaine d'homme en plein conseil de guerre. Ils me jugent tous d'un œil mauvais. Jusqu'à ce que l'un d'eux prenne la parole:
- Messieurs, vous pouvez disposer.
C'est un homme âgé seulement d'une trentaine d'années qui vient de parler. Son visage est coiffé d'une épaisse tignasse noire et une barbe recouvre entièrement le bas de son visage, cachant sa bouche. D'épais sourcils rehaussent ses grands yeux jaunes perçants. Une horrible cicatrice barre sa joue broute. Il porte une armure sophistiqué avec un plastron de métal sur un vêtement de maille. Des protections protègent ses bras et ses épaules et ses pieds sont enveloppés dans d'énormes bottes de métal. Il tient son casque dans sa main droite et un bouclier aux armoiries des humains est appuyé contre une chaise.
L'homme, le commandant, sans aucun doute, me regarde d'un air méfiant jusqu'à ce que je prenne la parole.
- Je suis Alys. Je viens vous aider.
- Je suis au courant, me coupe-t-il. Seulement, tu es une fille. Hors, e ne veux pas de fille sur mon champs de bataille. Tu n'a qu'à rester en retrait, je ne veux pas de toi dans mes pattes. Tu peux disposer.
Quoi? Je viens de passer une journée entière dans une caravane pour rien? C'est pas juste! Pourquoi suis-je donc obligé de lui obéir? Je serre les poing et les dents pour me retenir de répliquer et hoche docilement la tête. Sans me calmer, je sors d'un pas raide. Je ne sais même pas où est ma tente... Énervée, je retourne à l'intérieur pour poser la question.
Le commandant m'indique une tente à l'extrémité du camp et je m'y dirige de mauvaise grâce.

La tente, contrairement à l'ancienne que j'avais, est minuscule et sale. J'enrage. Je viens juste d'arriver et je déteste déjà le commandant. En même temps, ce n'est pas comme s'il m'avait réservé le meilleur accueil qui soit!
Je dépose mes affaires dans un coin et m'assois sur mon lit pour réfléchir. Je suis coincé ici et je ne peux rien faire, tout ça à cause d'un général sexiste! J'hésite entre le fait de me plier à ses règles ou de désobéir et d'aller au front. La deuxième solution me tente, au moins pour prouver que je ne suis pas inutile, mais... Je n'ai même pas réussi à tuer l'homme qui m'a retenu en tant qu'esclave alors... Tuer des innocents sur un champs de bataille? Ben pense peut-être que je suis prête mais moi, je m'en sens incapable. Boire du sang ne me dérange pas, le faire couler sans raison, ça, je ne peux pas.

Plusieurs jours s'écoulent avant que Ben vienne. Entre temps, je suis devenue cuisinière. Je m'ennuyais à mourrir quand on m'a proposé ce poste. Il ne m'enchante guère mais il me change les idées. De plus, je peux picorer autant que je veux, personne ne s'en rendra compte.
Je me promène à l'orée du champs délimitant le campement quand un nouveau convoi de renfort arrive. Des soldats armés jusqu'aux dents sortent des caravanes tandis que les soldats blessés au combat se faufilent à l'intérieur de celle ci pour être rapatrier à l'intérieur des terres. C'est là que je le vois. Mon maître d'arme. Ben. Je cours vers lui pour prendre de ses nouvelles, zigzaguant entre les soldats. J'hurle son nom.
- Ben!!
Il se retourne et me voit enfin. Un sourire illumine son visage lorsqu'il me reconnaît. J'arrive enfin à sa hauteur et nous nous saluons.
- Alys! Tu n'as pas changé! s'exclame-t-il
- Toi non plus! Que viens-tu faire ici? N'étais tu pas censé rester loin des combats pour l'instant? lui demandai-je
- Il en a était décidé autrement. Et toi, comment ça se passe sur le champs de bataille? Tu n'as même pas l'air blessé ou fatigué!
Je baisse la tête et scrute mes pieds. Lui avouer que je ne participe pas au combat me rend mal à l'aise. Comment pourrai-t-il être fier de moi s'il apprend que je ne me bat même pas?
- Eh bien... Je ne participe pas...
- Comment ça ? dit-il en fronçant les sourcils
- Le général ne veut pas d'une fille sur le champs de bataille, expliquai-je
Je relève la tête pour observer sa réaction, m'attendant à se qu'il s'énerve mais il se contente de rire haut et fort.
- Ah ah ah! J'avais oublié le caractère de ce bon vieux commandant!
- Ce n'est pas drôle!
Il arrête de rire mais garde un sourire amusé. Cela ne le dérange-t-il pas de m'avoir durement entraîner pour rien? Il rigole à nouveau en voyant ma mine boudeuse et passe sa main dans mes cheveux.
- Ne t'en fais pas, tu trouveras d'autres moyen d'être utile!
C'est pas juste! Pourquoi me dit-il ça? Je pensais qu'il serait de mon côté! Je suis venue pour me battre, pas pour cuisiner! Je m'éloigne d'un pas rageur tandis que Ben pars lui aussi de son côté.

Je rentre dans ma tente personnelle en tapant des pieds. En chemin, je suis passé par les cuisines pour y dérobés quelques fruits. Je mange une pomme puis, par manque d'appétit, joue avec. Je choisis une pêche bien juteuse et la lance sur le sol de toute mes forces pour dissiper ma colère. Le fruit écrasé dégouline de jus sur le sol et je continue sur ma lancée avec une banane. Je saute à pied joint sur ma bouilli jusqu'à ce que je m'allonge sur le lit, calme et épuisé.
Le soir, je passe la tête dans l'ouverture de ma tente pour regarder le crépuscule. Le soleil descend dans le ciel pour ne devenir qu'un point à l'horizon en zébrant le ciel de toutes les nuances de jaunes et d'oranges imaginable.

Ben me rejoint lorsque la lune commence son ascension dans le ciel, auréolé de milliers d'étoiles. Il s'assit à côté de moi et le silence s'installe entre nous. Il finit par le briser au bout de longues minutes.
- Je suis désolé pour tout à l'heure. Je n'aurai pas du rire. Mais tu sais, je pense que c'est mieux ainsi.
Je tourne la tête vers lui, vexé. Il a la tête lever vers les étoiles et ne semble pas s'apercevoir que je l'observe avec tant d'insistance.
- Pourquoi? articulai-je faiblement
Il détourne enfin les yeux de la voûte étoilée et me regarde simplement.
- Tu n'es pas prête. Tu ne le sera jamais.
- Quoi?
Mes yeux s'agrandissent de surprise. Certes, moi même je ne m'en sens pas capable, mais lui... C'était lui qui me disait de ne pas perdre espoir, qu'un jour j'y arriverai. C'était lui qui m'encourageai à me battre. Et c'est maintenant lui qui me dit que tout cela était inutile?
- Voit les choses en face. Tuer quelqu'un demande une force d'esprit que tu n'as pas. Et c'est peut-être mieux pour toi.
Je me relève, choqué par ses propos.  Il détourne les yeux pour fixer le ciel à nouveau alors que je reste silencieuse.
- De toute façon, cette guerre n'a aucun sens.
Cette fois, je suis perdue. Comment ça? Il commence par me dire que je suis faible et ensuite il me dit que tout ce que nous faisons ici ne sert à rien? Décidément, moi qui me pensais proche de lui, je ne le comprend plus. Il tourne son visage vers le mien et je peux voir son regard songeur.
- Réfléchis. Aucun des peuples ne veut cette guerre. Alors pourquoi se battre? Car le conseil des six à été dissout? Pourquoi ne pas tout simplement le réformer?
Ses paroles sonnent comme une révélation. Je n'y avais jamais pensé.  Pourtant, c'est une évidence. Cette guerre n'a effectivement pas de sens. Mais... Mes yeux s'écarquillent à l'idée qui vient de me traverser l'esprit. C'est ça. Dans cette guerre, mon rôle n'est pas de me battre mais justement d'empêcher les combats. Et pour cela, je dois réunir un vampire, un humain, un elfe, un nain, un loup-garou et un triton pour reformer le conseil. Je saute sur place et pars en courant vers ma tente, abandonnant Ben à ses réflexions.

Arrivée à ma tente, je prépare mes affaires et tout ce qu'il me faut pour mon grand voyage. Ce ne sera pas une mince tache, mais j'y suis prête. Je souffle un coup en repensant à tout ce que j'ai enduré jusqu'ici. C'est là que me revint à l'esprit une de mes promesses. Ma vengeance. Comment puis je me venger si je prend la décision de faire cesser les combats? Je ne sais pas, et pour l'instant, cela m'importe peu. Je me vengerai, mais, la vengeance est un plat qui se mange froid, autrement dit, j'ai tout mon temps. Je souris à cette idée et fuis le campement par les bois, trébuchant dans l'obscurité.

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