Chapitre 20
La capitale. J'y suis enfin. Sous mes yeux s'étend la plus grande ville du territoire humain. Et dire que je suis la pour me faire enrôler dans l'armée.... Il y a tant de chose à faire! Mais... Je veux aussi sauver Piper. Et pour cela, il faut que je me rende chez mon ancien propriétaire. Et ça, j'en ai tout sauf envie. J'en ai même la chair de poule. Alors... Pourquoi si j'en ai si peur, mes pas me guident vers la maison qui m'a retenue prisonnière? Je ne sais pas. Mes pieds avancent d'eux même, comme contrôler par une force extérieur.
J'arrive devant la maison et inspire un grand coup. Je bloque ensuite la respiration et fait sonner une sorte de petite sonnette. Un domestique, tout habillé de noir, vient à ma rencontre.
- Qui êtes vous Mademoiselle?
- Je m'appelle Alys. J'aimerais parler au maître.
- Mais Monsieur et actuellement en déplacement et ne peux vous recevoir, affirme le serviteur
Je suis sûre qu'il est là. En même temps, quand on est un riche propriétaire, on ouvre sûrement pas à n'importe qui. Je regarde mes vêtements: il font peine à voir. Ils sont sales et comportent une multitude de trous. Ma robe autrefois blanche ne ressemble maintenant qu'à un vieu haillon. Oui, je comprend qu'il ne m'ouvre pas dans ces conditions. Personne ne le ferai. Je tente ma dernière chance.
- Je sais que le maître est là. Je suis une ancienne esclave affranchie du maître et je voudrai lui proposer un marché.
- Monsieur est absent, répète le domestique
Mais quel idiot celui là! Je veux entrer! Si c'est comme ça, je vais me débrouiller toute seule. Je tourne les talons, furieuse. Arriver au coin de la rue, je me cache derrière le mur d'une des maisons et observe attentivement la maison de mon ancien maître. Le domestique est rentré.
La maison n'a pas changé. Toujours aussi splendide. Les animaux de marbres sont toujours là et les deux goules fixent toujours le même point à l'horizon. Je frissonne en me rappelant le mauvais souvenir de mon arrivé ici. En observant attentivement les lieux et avec quelques uns de mes souvenirs, je repère une porte à l'arrière de la bâtisse que les esclaves empruntent pour aller étendre le linge ou chercher du bois pour le feu. Je souris. J'ai trouvé ma porte d'entrée.
Lorsque la nuit commence à tomber, je sors de ma cachette et avance furtivement vers l'arrière de la maison. Personne semble me voir. J'arrive aisément devant la petite porte de bois menant vers l'intérieur. Je pousse un soupir. Bien qu'arriver ici a été facile, j'ai eu peur pendant tout le parcours. Je tourne la poignée pour entrer mais la porte refuse de s'ouvrir. Je lâche un juron. Mais c'est quoi ce bordel? Y pouvait pas la laisser ouverte leur porte? Je commence à m'énerver en insultant la porte de tous les noms et en tirant la poignée de tout les côtés pour voir si ça va changer quelque chose.
Au bout de dix minutes, j'abandonne. Drapeau blanc. Je m'assois dans l'herbe et respire un bon coup pour me calmer. Je ferme les yeux, essayant désespérément de me calmer mais la frustration de mon échec reste, plus persistante que jamais. Pour évacuer ma colère, je me met à hurler dans la nuit sans réfléchir au conséquence. Les conséquences? Deux minutes plus tard, un domestique, le domestique en chef, vient voir ce qu'il se passe. Je me cache derrière un éléphant de marbre. Je réfléchie quelques secondes en regardant l'horrible domestique regardant dans tous les sens sans même me voir.
Mais si je lui saute dessus, je pourrai lui piquer ses clés? Je n'attend pas plus longtemps pour l'attaquer. Je sors de ma cachette et cours vers lui. En arrivant sur lui, je saute pour le renverser mais... Chose que je n'avais pas prévu, je le manque de plusieurs centimètres et m'écrase lourdement sur le sol en m'égratignant les genoux. Encore plus agacer que tout à l'heure, je me relève et fonce à nouveau sur le domestique qui n'a pas l'air de comprendre ce qui se passe.
Cette fois, je ne le manque pas et lui lance un bon coup de poing sur le crâne. Le pauvre tombe sur le sol, inconscient. Je regarde ma main. Je ne savais pas que j'avais autant de force. Je m'approche du domestique et commence à le fouiller. Je trouve rapidement les clés accrochaient à sa ceinture. A côté, se trouve aussi le fouet avec lequel il fouette les esclaves désobéissant. La vue du fouet me donne la nausée. Le souvenir de moi même me faisant fouetter me reprend et une douleur imaginaire s'incruste dans mon dos. Je le prend et, avec, ligote le domestique à la patte avant de l'éléphant. Il aura une drôle de surprise au réveil!
J'entre enfin dans la maison et prend une petite pause pour reprendre me reposer. Mes blessures sur les genoux commencent à picoter. Je ferme fort les yeux et les rouvrent. Ce n'est pas des bobos de rien du tout qui viendront à bout de ma résolution. Je sauverai Piper.
Je me balade dans les couloirs désert de la maison. Après plusieurs détours, j'arrive jusque dans les cuisines. A l'intérieur, je commence à tout saccager. Je brise des vases en porcelaines, allume un des fours ou j'y met à cuir les fourchettes en or et en argent. Je renverse les objets et finalement, prend une jarre de provision avec moi. Je pars ensuite de la cuisine, ma jarre à la main.
J'arrive jusqu'aux escaliers de pierre menant à la cave. Je les descend en réprimant un haut le cœur. J'arrive en bas et me dirige vers le dortoir des filles. Bien sur, il est fermé à clés. J'ouvre la porte grâce au trousseau pris sur le domestique en entrant. A l'intérieur, je vois certaines filles endormis, et d'autres qui me regardent attentivement. Je ferme la porte derrière moi.
- Euh... Tenez! dis-je en leur tendant la jarre
L'esclave la plus proche, une petite fille d'une dizaine d'année, s'en saisit et regarde son contenu. Elle écarquille alors les yeux et me regarde avec étonnement.
- A... A manger? Pour nous? demande-t-elle
J'hoche la tête. La petite ne semble pas pouvoir me croire mais une esclave plus vieille la rejoint et ensemble elles commencent à partager le butin. Quant à moi, je me dirige vers le fond, vers la couchette de Piper. Une fille dort à point fermé sur la couchette. Je la secoue, contente de l'avoir enfin retrouvé. Mais, lorsqu'elle ouvre les yeux pour me regarder, je remarque que ce n'est pas elle. Piper a les yeux verts, pas marrons.
- Piper? demandai-je en reculant d'un pas
- Non pourquoi?
- Je... Ou est Piper? La fille qui été là avant?
- Tu parles de F-20?
Le fille me regarde normalement, ne se doutant pas du trouble qu'elle avait fait naître dans mon esprit. F-20. J'avais oublié. Ici, nous n'avons pas de nom, juste des numéros. Mon sang bouillonne.
- Oui c'est ça, répondis-je, la voix tremblotant légèrement
- Elle est morte. Je ne la connaît pas mais on m'a raconté. Si je me souviens bien, elle s'est fait fouetté à mort pour être devenu amie avec une esclave en fuite.
Je recule de plusieurs pas sous le choc. Morte? Par ma faute? Il ne fait aucun doute que, l'esclave en fuite, c'est moi. Les larmes me montent aux yeux. Comment ai je pu croire un instant que je pouvais fuir sans aucune conséquence? Je cours vers la sortie du dortoir. En chemin, j'interpelle une esclave en lui lançant les clés.
- Tenez! Voici les clés, si vous voulez sortir faites le mais discrètement. Faites passer le message aux garçons du dortoir d'à côté.
Je fuis ce sous sol ou l'air m'est devenu irrespirable. Je me suis enfuie, il s'est vengé. C'est mon tour à présent. Un haut le cœur me prend. Je vomis dans un des vases de porcelaines posées sur un pilier de marbre dans un des couloirs. Je pourrai rejoindre la sortie maintenant mais je me dirige dans une toute autre direction.
Je grimpe des escaliers en colimaçon et m'arrête enfin devant une grande porte. La chambre du maître. Je n'hésite pas une seconde avant d'entrer. Par chance, la porte était restée ouverte. J'entre discrètement et contemple le visage endormi de mon ancien maître. Un rictus mauvais s'empare de moi. Une folie meurtrière m'envahit, faisant de moi une marionnette obéissant au force du mal. Je trouve un miroir accroché à un mur. Aussi silencieusement que possible, je le brise et me saisit d'un grand morceau pointu.
Je retourne auprès de l'endormi et lève le bras. Je l'abaisse rapidement mais me stoppe au dernier moment, toute tremblante. La lame du miroir s'est stoppé à quelques centimètres à peine du torse de l'homme. J'allais le tuer. J'ai envie de le tuer. Mais je n'en suis pas capable. Je ne peux pas le faire. C'est impossible. Je ne suis pas une meurtrière. Le morceau de miroir brisé dans ma main me lacéré, me tailladant de l'intérieur.
Face à ma lâcheté, je m'enfuis de cette maison de malheur.
Je n'ai pas réussi à tuer l'une des personnes que je déteste le plus au monde et je veux partir à la guerre? Qu'est-ce que je m'imagine? Que je vais me retrouver face à Seika ou Étienne et que dans un élan de courage je les tuerai? Je n'en suis tout simplement incapable. Pourtant, je ne peux pas renoncer maintenant. Je continuerai ce projet jusqu'au bout. Je m'enrôlerai dans l'armée et apprendrai à faire face à cette faiblesse. C'est ma résolution. Si je n'ai pas pu venger Piper ce soir, je me vengerai moi des vampires. Je le jure.
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