Chapitre 17
Miliana, ma mère adoptive, empoigne un petit tabouret en bois et le brandit dans notre direction. De surprise, je recule d'un ou deux pas.
- N'avancez pas. Nous n'avons rien, ni enfants, ni argent, vocifère-t-elle d'une voix tremblante
Les tremblements de sa voix indique clairement une grande peur. Comment ma mère, bien qu'adoptée, la femme qui m'a appris à marcher et à parler peut-elle désormais pointer un tabouret vers moi comme si j'étais le diable? C'est inconcevable. Il a dut se passer quelque chose pendant mon absence. Quelque chose de grave.
Mon père, qui a toujours été plus calme et réfléchis, pose doucement sa main droite sur le bras tendu de sa femme.
- Miliana, ce n'est rien. Il ne nous veule aucun mal. C'est Alys.
Il a prononcé ces mots doucement et tendrement. Miliana, laisse ses bras retomber près de ses côtes et lâche le tabouret qui retombe brutalement sur le sol en soulevant un nuage de poussière. Elle toussote bruyamment lorsque la poussière atteint ses narines.
- C'est moi, repris je
Miliana avançe de quelques pas en agitant les bras dans une direction aléatoire comme pour m'embrasser. Seulement, je suis deux mètres plus loin. C'est alors que je remarque une chose qui ne m'avait pas alerté auparavant: ses yeux sont clos. C'est là que je comprend. Ma mère est devenu aveugle.
Je m'approche d'elle et la prend délicatement dans mes bras. Son corps est tellement proche du mien que je peux entendre les fébriles battements de son cœur.
- Tu es de retour. Je savais que tu reviendrais. Je l'ai toujours su, affirma ma mère
Sa voix chevrotante me poignarde le cœur. Elle va mal. Elle est malade. Je peux à présent entendre sa respiration sifflante. J'avais tord de penser que lorsque je reviendrai, rien n'aurai changé. Tout à changé. Rien ne sera pareil à présent, ici comme dans mon cœur. Je ne pourrai plus avancer sereinement en sachant qu'au même moment mon village se meurt.
- C'est qui lui? demande mon père, méfiant
Je regarde dans la direction qu'indique mon père. Il pointe du doigt Étienne qui s'est réfugié dans un coin de la pièce et qui regarde la scène. Je croise le regard du garçon et une bouffée de chaleur se répand dans tout mon être. Que dois-je répondre? Qui est Étienne pour moi? Je ne sais pas trop. Après une consertation du regard je répond:
- Un ami.
Ma voix ne laisse transparaître aucun doute. Pourtant, ai-je vraiment envie qu'Etienne soit mon ami? Est-ce vraiment ce que je veux? Je suis perdue.
Je me tourne vers mon père.
- Que c'est-il passé ici?
- C'est une longue histoire. Je vous propose de tout vous racontez plus tard.
Je m'apprête à protester mais il continue:
- Il y aura Mark.
Dans ce cas, ça change tout. Je peux bien attendre quelques heures de plus, après tout, je suis bien resté dans l'ignorance pendant plusieurs mois.
Ma mère, qui est toujours dans mes bras, se détache de moi. Elle s'éloigne d'une démarche boitante et retourne s'allonger dans un coin de la pièce. Aussitôt assise, elle s'endort. Mon père la rejoint. Moi, de mon côté je me couche dans un coin tandis qu'Etienne fait de même.
Je ne vois pas le jour se lever et les rayons du soleil, filtrant à travers le toit, m'inondent de chaleur. J'avais oublié qu'il faisait rapidement chaud ici. En levant la tête, je vois qu'Etienne est réveillé, il est assis dans un coin, à l'ombre. Il me fixe de ses yeux rouges, pourtant, quand je lui adresse un sourire, il ne réagit pas. Certainement, est-il perdu dans ses pensées. Mes parents, de leur côtés, dorment encore à poing fermés. Je les regarde. Ils ont tant changés. Ils paraissent beaucoup plus vieux. Je prend la décision de sortir dehors, voir si je ne trouverait pas quelque chose à faire avant le réveil de mes parents.
Dehors, comme lorsque nous sommes arrivaient, il n'y a pas un chat. Les rues sont désertes. Ne sachant pas vraiment où aller, je me ballade jusqu'au marché. Le lieu, comme partout ailleurs, est complètement vide. Ce spectacle m'attriste et me désole. Où sont donc passé tous ces pauvres gens? Mes pas me guident entre les étales autrefois chargées d'objet en tout genre. Après ma courte inspection, je rentre. Cette visite m'a mis le moral au plus bas. Je ne reconnais plus mon village. Plus rien ne m'ai familier.
Lorsque je rentre dans la maison, je trouve ma mère toujours endormi et mon père et Étienne en train de se toiser du regard. Mon père détourne les yeux et me regarde.
- Je t'attendais. Viens t'asseoir, ça risque d'être long.
Je lui obéis et m'assois sur le tabouret en bois.
- Où est Mark?
Durant ma visite du village, je n'est pas été le voir car je m'attendais à ce qu'il soit ici.
- Il n'est plus au village.
- Quoi? Mais tu m'as dit que...
- Je sais, me coupe mon père. C'était pour que tu attendes. Mark, comme tous les autres jeunes du village, à disparu. Un peu après ton départ, les marchands d'esclaves ont commencé à arriver en masse. Ils ont pris tous les jeunes. Ne sont restés ici que les vieux comme nous pour attendre de mourir.
- Mais pourquoi?
- Tu n'ai peut-être pas au courant mais une guerre se prépare. Les riches enrôlent de force toute personne valide au combat.
- Je vois. Et pour maman?
- Une épidémie sévis dans la région. C'est miracle que je n'ai pas été encore touché. Bien, je crois t'avoir tout dit. Et toi, comment t'es tu échappé? Tu m'as l'air... Différente.
Différente? Moi? Je ne savais pas. Je pensais être toujours la même. Mais c'est vrai que je l'ai est quitté il y a très longtemps. Lorsque je ne savais pas encore qui j'étais. J'ai du changer depuis le temps.
- Hé bien, je me suis échappé grâce à un coup de chance. Et j'ai ensuite découvert qui je suis vraiment, essayai-je de résumer
- Qui tu es vraiment? Alors tu le sais enfin?
Mon père me regarde. L'expression de ses yeux est indéchiffrable. Que veut-il dire par "tu le sais enfin"? Ne me dites pas qu'il était au courant pendant tout ce temps et qu'il m'a laissé dans l'ignorance? Une bouffée de colère m'envahit.
- Tu le savais? hurlai je presque
- Oui. Nous le savions, moi et ta mère, dit mon père en baissant les yeux
Alors comme ça il me l'avait caché durant toute ma vie. Je ne peux pas le croire. Je ne veux pas le croire. Je reste quelques secondes, silencieuse, le temps pour moi de calmer la rage qui m'envahit.
- Comment l'avais vous su? demandai-je d'une toute petite voix
- Miliana est la tante de ta mère.
Je lâcha un petit gémissement de surprise. C'est quoi cette histoire?
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