Chapitre 5
Cela faisait une semaine que nous avions débuté nos échanges par messages. Ce n’était que des banalités, mais cela avait le don d’illuminer ma journée. J’avais essayé d’en savoir plus sur ses goûts culinaires. Je tenais à lui faire un gâteau qui lui plairait, tout comme je venais de le faire pour l’anniversaire d’Altie. Mon regard se sépara de l’écran de mon portable, captant l’ambiance dans le salon où la fête avait lieu. Ce n’était pas une très grosse soirée. Il y avait juste un petit comité. Des proches de la star du jour, et quelques autres avec qui elle désirait bien s’entendre. En pensant à ma meilleure amie, je la trouvais bien entourée. Il devait y avoir une dizaine de personnes autour d’elle. Mes prunelles brunes retournèrent sur l’écran de mon téléphone, en constatant que tout se passait pour le mieux. J’étais à l’écart pour le moment, mais je savais que je ne le resterais pas très longtemps. Les membres de la fratrie Winston s’étaient conférés le saint devoir de ne pas me laisser seule. Même quand je le désirais.
[ Tout se passe bien à la fête ? ]
[ Tu t’amuses ? ]
[ Ça se passe bien. Quand à m’amuser… je m’amuse à ma manière, je pense. ]
[ Je devrais te laisser… ]
Je me mordis la lèvre supérieure, devant son message. Je n’avais pas envie qu’il me laisse. Même s’il y avait une certaine distraction à observer comment évoluer la fête. Dire que cela ne faisait qu’une semaine… j’avais cette sensation que cela faisait plus longtemps. J’allais taper un autre message, afin de lui dire que ce n’était pas forcément nécessaire et qu’il me tenait compagnie d’une certaine manière. Qu’il ne m’empêchait pas de profiter de la fête, qu’il l’égayait même pour ma part. Malheureusement, mon portable glissa de mes doigts pour se retrouver entre ceux d’un grand homme brun, aux prunelles lagons. Un petit rictus amusé sur les lèvres, il se fit une place entre moi et l’accoudoir du canapé.
— Arrête de parler avec lui. C’est l’anniversaire d’Althea. Tu dois t’amuser.
— Je m’amuse, repliquai-je, en tendant la main pour qu’il me redonne mon portable.
— Elle n’est pas contente que tu sois le nez sur ton téléphone, même si c’est pour lui.
Je posais mon regard sur ma meilleure amie, et effectivement. Même si j’étais à une certaine distance, qu’elle continuait à parler comme si de rien n’était avec ses convives. Je pouvais apercevoir ce petit tic qu’elle avait quand elle n’appréciait pas quelque chose. Son doigt était entortillé dans une mèche, et son sourire n’avait rien de naturel, du moins, il n’atteignait pas ses yeux bleus. Il y avait même une légère crispation de sa mâchoire.
— Elle a invité tout ce monde, elle ne peut pas espérer que je me mêle à eux, soufflai-je, en agitant un peu mes doigts.
— Il n’y a même pas la moitié de la meute…
— Rien qu’un quart, c’est suffisant pour que je n’ai aucune envie de m’y mêler. Notre meute est l’une des plus grandes de la région de Senex. On compte près de 300 membres actifs, et on approche sans mal des 500 en comptant les non-actifs. Il faut aussi prendre en compte, les nouveau-nés et ceux qui veulent devenir membre de la meute.
Mon regard s’était tourné vers Adam, en même temps que je lui parlais. Ma main était toujours suspendue entre nous, pour qu’il me rende mon portable, mais il le garda dans sa main. Je fronçais des sourcils de contrariété à ce constat. Il ne comptait pas me rendre mon téléphone.
— Tu ne vas pas me le rendre ?
— Pour que tu passes toute la soirée dessus ? se moqua-t-il doucement.
— Tu es jaloux ?
— Jaloux de quoi ?
— Que je ne t’accorde pas d’attention.
— Effectivement, mon petit cœur s’en retrouve blessé que tu préfères cette chose à mon éloquence.
Il déposa mon appareil dans le creux de ma main, tout en esquissant un sourire amusé. Adam était plus un grand frère pour moi, qu’autre chose. Même si parfois nos conversations ressemblaient à un léger flirt, ce n’était jamais sérieux, ou avec une intention derrière. C’était juste de la légèreté, avec de l’amour filiale. Rien de plus. Mon cœur n’avait jamais battu la chamade pour lui, mon estomac n’avait jamais ressenti l’envolé de multitude de papillons. De toute façon, il avait une préférence pour les hommes. Ce qui était triste pour les demoiselles qui cherchaient à attirer son attention.
— Tu restes dormir ? questionna-t-il, en m’incitant à venir me coller à lui.
— Quand sa cour commencera à se disperser pour vouloir rentrer, ta sœur va commencer à boire comme un trou, en m’entraînant avec, et elle va me prendre pour son ours en peluche ou son traversin. Choisis la comparaison que tu préfères.
Je me coulais contre son flanc, posant ma tête contre son épaule. La chaleur d’Adam m’enveloppa, me mettant dans un état cocooning, et me donnant juste envie de fermer les yeux. Son bras autour de moi, comme s’il me protégerait de toutes les menaces du monde. Son odeur de musc, de forêt et de chocolat, me donnait l’impression d’être dans un chalet à boire du chocolat chaud. Douceur sucrée, mais puissante.
— Hé ! C’est pas juste ! s’exclama Matthias, en venant m’écraser de son poids moyen.
— Matthias…, murmurai-je, me sentant déjà à moitié endormie.
— Oui ? sourit-il.
— Ferme-la.
Le jeune homme s’écarta de moi, nous regardant tous les deux. Il fallait dire que nous avions été synchro. Mattie fit une moue boudeuse, croisant ses bras sur son torse. Il revint tout de même contre moi, s’allongeant de telle sorte qu’il n’y ait plus de place pour personne sur le canapé. Je passais un bras autour de lui, alors que mes doigts allaient se perdre machinalement dans sa chevelure acajou.
— Vous passez trop de temps ensemble vous deux, commenta le plus jeune.
— Tu passes plus de temps avec elle que moi, répliqua Adam.
— Et c’est effrayant de voir la symbiose que vous pouvez avoir pour me dire de me taire.
Je venais pincer le nez de Matthias. Il était vrai que je passais moins de temps avec Adam que les deux autres, mais cela faisait depuis le collège que je connaissais Althea. 10 ans que nous étions inséparables, que je venais chez elle. Il n’y avait rien d’étonnant à ce que nous arrivions à dire en même temps cette phrase, surtout pour faire taire Matthias. Il avait une voix qui portait loin, et c’était le pire quand il se mettait à nous crier dans les oreilles. Ce qu’il avait faire quelques minutes plus tôt.
— Tu es venu pour quoi ? s’enquit son frère aîné.
— Vous embêtez.
— Tu flirtais pas avec un des bêtas ?
— Il pense que mon cul serait facile à avoir parce que je suis un jeune Omega sans expérience.
— Il est au courant pour ton don ? s’amusa Adam.
— Aucune idée, un vrai pervers. Il les aime jeune. Tu crois que je devrais prévenir les autorités ?
Sans même lui répondre, je m’étais écartée d’Adam, alors qu’il se levait du canapé. Il allait régler ça de lui-même. Ce loup devait être un étranger de la région. Personne dans la région Senex n’ignorait qui était la famille Imbriumis. Ils étaient l’une des anciennes familles de la meute. Bien que cette dernière ne comptait plus que 3 membres à ce jour.
— Tu l’as fait exprès…
— Adam est à la tête de Neoaqua, l’une des meilleures équipes de l’API. Il pourrait faire partie de la garde rapprochée de l’Alpha. En plus, il a l’habilitation permanente pour agir en toutes circonstances.
— Tu le fais travailler alors que c’est son jour de repos, soupirai-je.
— Il s’en remettra…
— Tu donnes aussi du travail à l’Alpha alors qu’il est débordé.
— Donc c’est de ça dont il est vraiment question. Tu as peur qu’il n’a plus le temps de t’envoyer des messages ? se moqua-t-il.
Je lui donnais une tape sur le front devant son effronterie. Ce n’était pas pour ça que je m’inquiétais vraiment. C’était plus de la santé de Karhon. Il travaillait énormément, et il avait beaucoup à gérer. Il trouvait malgré tout un moment pour m’envoyer des messages, mais j’avais peur que sa santé en pâtisse. Je lâchais un soupir, en déverrouillant mon portable. Penser à lui me donnait envie de lui parler.
[ Ne travaille pas trop… ce serait dommage de changer ton gâteau pour une soupe. ]
[ Je suis solide, ne t’en fais pas. ]
[ La soupe serait aussi délicieuse que le gâteau. ]
[ Crétin… ]
Merde ! Mon doigt avait été plus vite que ma réflexion. J’avais tapé le message comme si je parlais avec les Imbriumis. Il fallait dire que je commençais légèrement à piquer du nez dans le canapé. Matthias dormait déjà sur mes genoux, et si Adam était resté, je suis sûre que je me serais endormie à l’heure qu’il est. Je devais trouver un moyen de rattraper ce message.
[ Je suis désolée. C’est pas ce que je voulais dire ! ]
[ Je suis confuse ! ]
Je commençais à lui envoyer tout plein de messages pour m’excuser. Karhon restait l’Alpha de la meute, et je venais de le traiter de crétin. Qu’est-ce qui m’avait pris ?! J’avais envie de m’enterrer sous terre. Je continuais à lui envoyer une tonne de message comme quoi j’étais désolée. Jusqu’à ce que mon portable se mette à vibrer pour un appel entrant. Il m’appelait !
— A… allô ? décrochai-je, peu sûre de moi.
— Elerys… respire.
— Oui.
J’avais arrêté de respirer pendant une fraction de seconde après lui avoir répondu. Sa voix était si… belle, grave et sensuel. Je sentais la chair de poule se répandre sur ma peau. Le frisson descendit le long de ma colonne vertébrale, alors que mon cœur battait fortement.
— Je…
— Tu n’as pas à t’excuser. Je ne l’ai pas mal pris, souffla-t-il à l’autre bout du fil.
— Mais…
— Tout va bien. Tu ne risques rien. Ça me fait même plaisir.
— De… de quoi ?
— Que tu te sentes assez à l’aise pour m’insulter de façon si adorable.
Je devais certainement être plus rouge qu’une écrevisse. Il était vrai que je ne cherchais pas à le blesser ou à être méchante. Le fait qu’il le trouvait adorable, me donnait vraiment des papillons dans le ventre. J’avais la gorge qui commençait à devenir sèche. J’ignorais quoi lui répondre sur le coup, pour poursuivre la conversation. Un silence s’installa, puis j’entendis le bruit de froissement de papier, m’indiquant qu’il devait toujours au travail.
— Je… je vais te laisser tra… travailler…
— Est-ce qu’on peut se voir mercredi prochain ?
— Pour… pour quelle heure ?
— Vers 15h, ça te va ?
— Ou… oui ?
Je réfléchissais quelques instants à mes obligations ce jour-là, mais en dehors du fait que je travaillais le matin entre 9h et 11h, je n’avais rien. Je confirmais tout de même une nouvelle fois avec Karhon que j’étais libre, le faisant légèrement rire. Il avait un si beau rire, faisant fondre mon cœur. On se dit à notre premier rendez-vous, et il raccrocha. Je retirais mon portable pour le fixer un moment. J’avais un rencard avec Karhon. Avec l’Alpha !
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