II- Pastel

J'éteins mon réveil, ou plutôt je le lance à travers la pièce. La sonnerie stridente s'arrête brutalement.

Il me faut plusieurs minutes pour retrouver mes esprits.

Finalement, je quitte le confort des draps et j'ouvre les volets.

Le soleil est déjà levé. Le printemps arrive et Paris est reveillé même s'il n'est que six heures et demi du matin.
La rumeur de la ville enveloppe ma chambre et je pars à la recherche de vêtements pour aujourd'hui.

Des piles de livres trainent un peu partout, mon bureau est rempli de feuilles en tout genre, et des habits jonchent le sol.
Je les ramasse et les place dans un panier dans la salle de bain.

Je jette un coup d'oeil dans le miroir en face de moi. Mes cheveux blonds cendrés ondulent en tombant un peu plus haut que mes épaules. Je songe à ce que ma mère me dirait en les voyant aussi longs, elle dirait un truc du genre "Ma mère ferait une syncope si elle voyait son petit fils avec des cheveux aussi longs ! Je te prends rendez vous chez le coiffeur."
Je lui aurait dit que j'aime bien mes cheveux comme ça et s'en serait suivi une immense discussion, elle aurait voulu savoir pourquoi je ne voulais pas les couper et à ce moment là, j'aurais rougis en cherchant une réponse mais elle aurait vu clair dans mon jeu et une petite étincelle serait passée dans son regard puis elle aurait dit d'une voix chantante : "Tu restes comme ça pour une fille n'est ce pas mon chéri ?" 

J'aurai vainement secoué la tête, elle aurait déposé un baiser sur ma joue puis m'aurait assailli de questions et finalement j'aurais cédé et je lui aurai parlé de toi et de tes manies bizarres, de tes qualités, de ce que j'aime chez toi puis de tes petits défauts que je trouve adorables. J'aurais essayé de lui cacher ton prénom, ne voulant pas qu'elle enquête sur toute les filles portant le même que le tien.

Je veux te garder juste pour moi, comme un enfant égoïste mais c'est si simple de se comporter comme un enfant.

Ensuite, ma mère aurait abandonné en me reprochant mon caractère mystérieux et elle serait sortie de ma chambre mais je l'aurais entendu rentrer dans celle de ma soeur et j'aurais écouter tout leurs plans plus farfelus les un que les autres pour essayer de te rencontrer.

Je secoue la tête, face à moi, mon reflet se brouille.

Mes yeux gris sont cernés. Tout ça à cause de mes insomnies.

Je fais couler l'eau chaude et je rentre dans ma douche.

Une fois sec, j'attrape mon jean troué et cherche un pull dans le bazar de mon armoire. Quelques chose attire mon attention. Un fragment bleu.

J'attrape le tissu et le déplie. Je trouve un pull en coton bleu pastel, si clair qu'on croirait un morceau de ciel pendant l'été.

Je l'enfile, il est trop grand pour moi qui suis un peu trop sec.
J'enfile une vieille paire de Vans noire qui traine et je regarde mon reflet.

Le bleu du pull me fait penser à toi.
J'ai l'impression que tous les objets de ce putain de monde sont reliés à toi, comme si on était censés toujours se retrouver.

Tes cheveux étaient aussi clair que le pull, ils s'étaient éclairci depuis notre dernière rencontre, prenant ainsi la couleur du ciel le jour. J'adorais cette couleur, elle te rendait encore plus lumineuse. Je me souviens aussi de ton petit sourire ce jour là quand on s'est revu.

Et toi, tu te souviens de ce jour ?

On devait être en Mars, plusieurs mois étaient passés après notre rencontre au café.

Je mentirai si je disais que tel l'un des héros de mes romans, je t'avais cherché à travers Paris, que je m'étais languis de toi et que je voulais te retrouver coûte que coûte.

En vérité, tu étais juste une fille croisé dans un café qui m'avait embrassé pour se venger de son petit ami trompeur. Une bonne anecdote à raconter à mes amis de la fac en somme.

J'avais essayé de te retrouver après que tu te sois enfuie du café mais je t'avais vite perdu de vue et j'avais abandonné.

La vie avait continué : aller à la fac, rendre visite à ma famille, faire le ménage dans l'appart....

Puis voilà que tu allais réapparaitre dans ma vie.

J'arrivais en retard. Je n'avais pas dormi de la nuit, j'avais dû dormir une heure ou deux seulement. J'étais complétement crevé.

J'avais renversé mon café sur moi avant de partir, et j'avais mis un temps fou à trouver mes clès. Un belle journée de merde s'annonçait.

En plus de ça, j'étais en retard et j'allais devoir batailler pour trouver une place libre dans l'amphi'.

J'inspirai profondément en passant les portes de la fac. Mon bonnet gris sur ma tête et mes écouteurd vissés dans mes oreilles. Je n'étais pas d'humeur particulièrement sociale.

Je ne trouvais pas la salle dans laquelle le cours avait été délocalisé et ça commençait à me faire sérieusement chier. Je soufflais d'impatience en descendant pour la deuxième les escaliers principaux. Même le plan affiché dans le hall était faux.

J'attrapais mon smartphone et envoyait un message à un ami pour savoir dans quelle classe ils étaient. En même temps, j'augmentais le son de la musique.

En attendant la réponse, je m'assis.

Puis je t'ai vu.

Honnêtement, je ne t'ai pas tout de suite reconnut. J'ai juste vu une fille, les cheveux aussi bleu que le ciel. Une touche de lumière dans la petite foule d'étudiants fades. Instinctivement, je te suivais du regard, tu portais une robe qui ressemblait plus à un t-shirt noir beaucoup trop grand pour toi. Une paire de vans noir aux pieds et un sac en toile à l'effigie d'un groupe de rock à ton épaule. Tu semblais chercher quelque chose.

Aujourd'hui, je me plais à croire que c'était moi que tu cherchais. Tu n'as jamais voulu me dire comment tu avais atteri dans ma fac.

Bref. Je fus coupé par la sonnerie de mon portable. On m'avait répondu.

Je rassemblais mes affaires et quittait ma place. Je pris la direction du dernier étage.

Je traversais le hall et passais juste devant toi qui étais plongée dans la lecture d'un papier. Je m'arrêtais subitement, étonné. J'enlevais mes écouteurs, m'approchant prudemment.

Quand tu le relevas la tête, il n'y avait plus de doute, c'était toi. J'avais retrouvé la fille du café, la fille un peu décalée, la fille qui m'avait embrassé pour se venger de son copain. Je t'avais retrouvé, Aerin.

Tu semblais bien moins surprise que moi. Un sourire en coin fiché sur ton visage. Tes lunettes tombant légèrement sur le bout de ton nez.
Je brisais le silence, la voix encore rauque du matin.

"Aerin : c'est toi ?"

Question complétement idiote. Personne n'avait tes yeux vairons, tes tâches de rousseurs ou ton sourire.

Tu me dis juste :
" Tu m'emmenes jusqu'en salle 101 ?"

Ton accent n'avait pas changé.

Puis je me ressaisis. Qu'est ce que je faisais là à te contempler telun idiot ? J'étais en retard, je devais me rendre en cours le plus vite possible.

Maintenant, je sais pourquoi je voulais juste rester là à te regarder en train de me sourire.  Je voulais graver ça dans ma mémoire, prendre une sorte de photo mentale si tu préfères. Car tu es inaccessible, tu es comme le vent, on te sent, tu peux tout détruire sur ton passage mais on ne peut t'attraper. Tu es libre, insaisissable mais j'allais trouver un moyen d'attraper le vent, de le toucher. Je le devais.

Le destin, je pense que c'est une belle connerie. Un truc crée pour qu'on puisse blâmer quelque chose d'autre que nous même. Comme ça, si quelque chose arrive, on se dit : "C'est le destin." On reste passif, on cherche pas à changer les choses comme ça puisque c'est le "destin" qui veut ça.  J'y crois pas du tout, mais bordel, comment est ce qu'on a pu se retrouver à aller tous les deux dans la salle 101 de cette fac parmi toutes  celles de Paris.

Je crois que t'avoir rencontré a chamboulé toute ma vie en fait.

Mais moi, est ce que j'ai changé la tienne ? Est ce que j't' ais fais ressentir des trucs que tu n'avais jamais ressenti avant ? Est ce que quand tu me voyais tu avais des papillons dans le ventre ? Est ce que le soir, une fois seule tu te rappelles des moments passés ensemble et que tu les rejoues à l'infini dans ton esprit avec un sourire flottant sur tes lèvres ? Est ce que tu m'aimes ?

Parce que moi oui, putain. J'allais complétement tomber amoureux de toi. Je suis le minable qui est tombé amoureux de la fille semblable au vent. J' suis amoureux toi Aerin et j'me sens complétement con de devoir te l'écrire au lieu de te le dire à vive voix.

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