19- Le Début de la Fin
A l'annonce de son identité, Héloïse ferma les yeux un instant. Ce n'était pas possible, elle était maudite! Comment pouvait on être aussi malchanceux qu'elle? Se retrouver nez à nez avec le chef du gang ennemi de celui de son demi frère, on ne lui avait encore jamais faite, celle la.
Tout d'abord, elle eut peur. Une peur extrême, impossible à réfréner. Une peur qui s'étend en vous comme une traînée de poudre incendieuse, qui vous anesthésie de tout autres sentiments aussi sûrement que l'aiguille d'une seringue.
Puis elle rouvrit ses yeux noyés d'inquiétude, et se heurta à l'air goguenard d'Alejandro. Il la détaillait sans une once de gêne de manière appréciateur, un sourire amusé au coin des lèvres. Il se délectait de sa terreur, jouissant de l'emprise qu'il exerçait sur elle. Peut être même attendait il avec impatience le moment où elle fondrait en larme.
Héloïse sut alors que pour rien au monde elle ne devait le laisser deviner l'angoisse terrible dans laquelle cette situation la plongeait. Sa seule arme restait l'indifférence, le dédain, l'amusement, même, s'il elle y parvenait.
La jeune femme se constitua une physionomie neutre, un tantinet ennuyée, et plongea ses prunelles noisettes dans celles d'Alejandro.
- Et bien on dirait que je suis votre prisonnière. J'imagine que vous allez m'emmener dans votre quartier général? Alors dépêchez vous! Je commence à me lasser de cette situation.
Un nouvel éclat de surprise traversa les iris d'Alejandro.
- Tu m'as l'air bien sûr de toi pour une prisonnière, et j'apprécie ce sarcasme bien divertissant. Une pointe de menace perça dans sa voix. Mais sache qu'ici, tu ne donnes pas les ordres, tu ne fais que les suivre.
Ce discours lui rappelait étrangement celui de Jack, et elle était bien décidée à ne plus se laisser faire. Héloïse haussa les épaules et remit une mèche derrière son oreille.
- Prisonnière ou pas, je m'ennuie, et je suis sûre que vous ne tenez pas à ce que l'un des hommes de mon demi frère ne vous trouve ici à me menacer.
La jeune femme manqua de se frapper devant l'absurdité de son propos. Pourquoi lui demandait elle de partir alors que rester dans ce bureau présentait une chance de lui échapper? Peut être voulait elle s'affranchir de cette autorité excessive que Jack s'acharnait à exercer sur elle. Après tout, lui aussi était un gangster.
Sa répartie fit mouche, puisqu'Alejandro la fusilla du regard tout en lui donnant raison à demis mots;
- Bon allez, avance devant moi, et souvient toi qu'une arme est pointée sur ta jolie petite tête.
Héloïse s'engagea au dehors de la pièce, déguisant un frisson de peur par un levé de menton dédaigneux.
Sur ses ordres, elle ouvrit la porte. Une vague de froid remonta le long de ses bras à peine couverts d'un chemisier fin, et elle tenta de se réchauffer par de petites frictions continues. Le noir et la tristesse englobaient la rue autrefois si animée. Les lampions éteints, les rires tus, plus rien n'égaillait l'endroit désormais transformé en champ de bataille décimé.
D'abord, Héloïse ne distinguait rien, l'obscurité de la rue contrastait trop avec l'éclairage far de l'intérieur. Une effluve nauséeuse lui envahit les narine, amère, écoeurante. Elle reconnut avec un sursaut de dégoût le parfum métallique du sang. Les yeux écarquillés d'horreur, elle commençait à distinguer des ombres qui se mouvaient silencieusement sous le ciel sans étoiles, et d'autres qui ne bougeaient pas, étendues sur le sol de poussière.
- Allez viens, on va passer par la petite ruelle à gauche. Je te préviens, si tu cris, j'te bute.
En état de choc, Héloïse avança au pas de course, sans broncher ni tenter quoi que ce soit, ses prunelles noisettes rivées sur les ombres qui tuaient sans pitié.
Elles levaient haut leurs grandes mains noires, puis l'abattaient d'un geste sec, vif. Elles se fondaient dans le décor drastique et inconnu de la nuit, esquivant et blessant sans se préoccuper des conséquences, telles des monstres de plombs.
« Plus vite! »
L'écho de cette voix résonnait dans sa tête. Plus vite. Plus vite. Plus vite. L'orde se mélangeait à l'ambiance glaciale, à toutes ces silhouettes qui la dégoûtaient, à tout ce sang qu'elle ne voyait pas mais qu'elle inhalait en masse. Sa tête la lançait et elle réfrénait à grande peine une forte envie de vomir.
Sans s'en rendre compte elle dépassa la scène d'horreur, et une voiture aux vitres teintées se dressa devant elle.
Mais elle n'en avait que faire; la vision fictive des cadavres et l'odeur du sang la hantaient, la musique cruelle du crime ne la quittait plus.
Héloïse sentit qu'on la poussait sur un siège de cuir, qu'on l'enfermait dans un véhicule inconnu.
La façade indéchiffrable qu'elle s'était composée avec tant de soin vola en éclat, et le choque peignit sur son visage figé par l'effrois une expression perdue, aussi flottante qu'une bouteille envoyée à la dérive.
Alors que la voiture filait à travers les favélas en sang, Alejandro fixait sa prisonnière, une expression amusée brillant au fond de ses prunelles vertes;
- Bienvenue dans le milieu, trésor.
*****
- Jack! A ta droite!
Le jeune homme se tourna à une vitesse impressionnante avant d'exécuter son assaillant d'un coup de couteau. C'était moins une. Il jeta un regard à la ronde, tentant de discerner son sauveur dans la pénombre.
Et Jack l'aperçut, debout, qui lui faisait un signe amicale de la main avant de se concentrer sur un Brotherhead.
Son sang ne fit qu'un tour, une panique sans nom monta à la vitesse de la lumière jusqu'à son cerveau. La panique se mua en rage. Il se débarrassa de ses adversaires comme s'ils n'étaient que de vulgaires parasites avant de fondre les rangs amis et ennemis pour se ruer vers Guito.
A peine à sa hauteur qu'il lui appliqua une droite dont le pauvre se souviendra longtemps. Son ami tomba à la renverse sous le coup de la surprise et le fixa comme s'il était fou, portant une main à l'hématome que se dessinait déjà sur sa mâchoire abîmée.
- Qu'est ce qu'il te prend? T'es devenu f...
Une deuxième droite l'interrompit, et il poussa un mugissement de douleur.
- Jack! Explique moi!
- Pourquoi n'es tu pas avec elle?
Guito blêmit. Il comprit au ton de son chef qu'il avait commis une grave erreur.
- Pourquoi n'es tu pas avec Héloïse?
Le ton froid employé accentua le mal aise de l'homme qui devinait la colère destructrice qui se cachait derrière son calme apparent.
Les poings serrés et la mâchoire contractée ne trompaient pas. Jack fulminait, et s'il ne l'apaisait pas dans le seconde, il ne donnait pas cher de sa peau.
- Tu m'as dit de la mettre en lieu sûr, c'est ce que j'ai fait. Ensuite j'ai cru nécessaire de vous rejoindre pour... il s'interrompit devant le regard ombrageux de son interlocuteur.
- Imbécile, gronda t il, je ne t'ai jamais ordonné de la laisser seule.
Jack jeta un coup d'œil aux Brotherhead qui s'enfuyaient, en déroute, sous les assauts de son gang.
- Je vais allé la voir. Trouve mon frère et dis lui de prendre la direction des opérations en mon absence. Il transcenda Guito de deux orages sombres. S'il lui est arrivé quelque chose, ma colère sera terrible.
Jack s'élança vers le quartier général, l'estomac broyé d'un douloureux étaux. Quatre à quatre, il gravit les escaliers en une poignée de seconde, ouvrit le porte à la volée, pénétra dans son bureau, se rua dans le cachette.
« Héloïse! Tu peux sortir! C'est Jack! »
Pas de réponse. Fou d'inquiétude, il actionna l'interrupteur et éplucha tous les rayons un à un, un désagréable goût amer qui se répandait à travers sa bouche âcre.
Elle n'était plus là. Héloïse n'était plus la.
Un hurlement rageur s'échappa de sa gorge, puissant et terrifiant.
Le nom du coupable apparut dans son esprit comme une évidence.
- Tu vas payer, Alexandro.
Coucou tout le monde!
Excusez moi pour cette absence de 2 semaines, mais avec les cours, les dst et tout, c'était assez compliqué... mais me revoici, avec notre chère Heloise! Alors merci de me suivre, c'est ouf, et je vous adore!!
🔥bisous à vous tous!!🔥
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