17- Les Masques Tombent


Les bras crispés à quelques centimètre au dessus d'elle et ses beaux yeux noisettes agrandis de terreur, Héloïse luttait pour réfréner les battements de son cœur, de plus en plus persistants.

Son assaillant la dévisageait à travers le viseur, et le moindre faux pas lui vaudrait une mort certaine.

- Retourne toi, ordonna t il d'un ton tranchant. Maintenant, ouvre la porte avec ta main gauche et remet là en l'air.

Tachant de garder le peu de sang froid qu'il lui restait, Héloïse s'exécuta, tremblante.

De sa paume trempée de sueur, elle actionna la poignée, et la porte bailla dans un terrible grincement alors qu'elle relevait sa main en l'air.

- Avance! Aboya le garde, toujours son pistolet braqué sur elle.

Héloïse pénétra dans ce qui semblait être un bureau. Trois silhouettes s'interrompirent pour braquer leur regard sur elle.

- Chef, j'ai trouvé la fille devant la porte, elle vous espionnait. Je dois la buter?

Lorsque l'acier métallique des yeux de Jack se posèrent sur elle, Héloïse se força à ne pas baisser le regard, alors qu'intérieurement, elle mourait de peur.

- Tu peux y aller Franscio, merci.

- Mais chef elle...

- J'ai dit; tu peux y aller.

- Bien chef.

Il s'empressa de déguerpir, non sans avoir jeté un coup d'œil haineux à Heloise.

- Toi aussi Guito, laisse nous seul un instant.

L'homme n'objecta pas, au grand regret de la jeune femme, et quitta le bureau à son tour, laissant Héloïse seule avec ses demis frère.

- Je sais ce que vous êtes!

La pression accumulée ces derniers jours lâcha d'un coup, et elle hurla la phrase avec toute la rancoeur qui l'habitait.

- Vous êtes... vous êtes des gangsters.... vous êtes des dealers... vous êtes des assassins...

Elle cracha ces derniers mots avec un dégoût et une colère qui la fit reculer de quelques pas. Toute l'horreur de la situation remonta dans son esprit et lui sauta à la figure avec tant de réalisme qu'elle s'appuya sur le mur pour ne pas ployer sous l'émotion.

- Comment... comment pouvez vous faire ça! Des gens meurent tous les jours à cause de vous! Vous êtes des MONSTRES!

Elle pleurait à chaudes larmes, et continuait à hurler comme une hystérique;

- Et comment avez vous seulement osé me cacher ça! Putain de merde! Vous êtes des gangsters! Et moi je ne savais rien....

Héloïse tentait de réfréner les larmes qui se déversaient de ses yeux sans succès, et son visage rougi était  l'allégorie de la stupéfaction.

Gabriel se précipita vers elle. Il voulut la prendre dans ses bras mais la jeune femme le repoussa avec force.

- ME TOUCHE PAS!

Il se recula dans un sursaut, comme brulé par son contact.

- Arrête de pleurer.

Jack n'avait encore rien dit, et son intervention tout aussi métallique que d'habitude coupa cours au flux de larmes qu'Heloise ne parvenait plus à arrêter.

Elle releva la tête elle le fixa avec une expression furieuse.

- Toi, tais toi! Tout ça, c'est ta faute, c'est toi le chef de tout ceci! Je te déteste!

En moins de deux secondes, elle se retrouva violemment plaquée contre le mur, une main sur sa gorge, et le visage contracté de son demi frère à deux millimètres du sien.

- Si tu t'avises de m'insulter encore une fois, tu le regretteras, c'est clair?

Héloïse étouffais. Privée d'air, elle posa sans réfléchir ses longs doigts fins sur la grande main de Jack.

Un éclair indéchiffrable passa dans les yeux si fermés du jeune homme, et il la lâcha dans la seconde, rejoignant à grandes enjambées l'autre bout de la pièce.

Héloïse porta la main à sa gorge rougie, avalant de grandes goulées d'air.

- Si tu crois que nous sommes les méchants de l'histoire, tu te trompes.

Intervint Gabriel en passant une main dans ses cheveux blonds tandis que Jack s'appuyait sur son bureau, le dos tourné à la jeune femme.

- Ici, personne n'a de vrai métier. Ils tombent tous dans la mendicité ou dans les crimes, d'une façon ou d'une autre. Nous, nous ne faisons que leur apporter un cadre, une certaine limite, une famille et une sécurité qu'il ne trouveraient nul part ailleurs.

Héloïse le fusilla de ses prunelles noisettes.

- Ne me fait pas croire que vous êtes de super héros qui sauvent votre quartier de la dépravation! Regarde autour de toi putain! Vos hommes tuent, je vous ai entendu tout à l'heure, vous allez attaquez et « pas de quartier »! Comment pouvez vous seulement concevoir QUE DES GENS MEURENT PAS VOTRE FAUTE! ILS MEURENT PUTAIN!

- Tais toi.

Jack se retourna d'un coup. Ses prunelles s'étaient considérablement assombries, et elles fixaient Héloïse avec un air si impérial que la jeune femme s'interrompit net. Sa mâchoire contractée à l'extrême lui souffla la prudence, et on n'entendit plus que la respiration accélérée d'Heloïse troubler le silence du bureau.

- Tu ne sais rien, gronda t il. Absolument rien. Penses tu seulement que nous avons le choix? C'est vivre ou mourir, tuer ou être tuer. La loi de la jungle tu connais? Ici c'est la même chose.

Il se tenait aux côtés de Gabriel.

- Si tu ne fais rien...

En un éclair, il bondit derrière son frère, lui tira la tête en arrière et porta une lame venue de nul part contre sa gorge.

- Ton ennemi te tuera.

Héloïse restait pétrifiée. Jack appuya un peu plus la lame sur le cou de Gabriel, et une goutte de sang pourpre perla long de sa chair.

Il le garda quelques secondes à sa merci, le regard encré dans celui, pétrifié, de la jeune femme, puis le poussa en avant, le libérant du pouvoir de l'arme blanche.

Le jeune homme rangea nonchalamment le couteau dans la poche arrière de son jean.

- Maintenant, t'as intérêt à me dire pourquoi tu nous as suivi, si tu veux pas que je passe du côté de tes ennemis.

Devant la menace très clair, Héloïse déglutit.

- Depuis le premier jour j'avais compris que vous me cachiez quelque chose. Je voulais savoir quoi, alors je vous ai suivi.

- Et comment t'as su qu'on partait ce soir?

La jeune femme hésita à répondre.

- Parle!

Héloïse sursauta, surprise par ce rugissement terrifiant. Pour la première fois, Jack perdait le contrôle.

- J'ai écouté une conversation avec Marco ou vous disiez que vous sortirez ce soir, avoua t elle en s'efforçant de maîtriser les tremblements de sa voix.

- Décidément, écouter aux portes est une de tes manies les plus récurrentes, railla Gabriel.

Jack passa une main dans sa crinière ébène, le visage toujours fermé.

- T'es vraiment insupportable. Qu'est ce qu'on va faire de toi?

- Comment oses tu me traiter d'insupportable! Se rebiffa Héloïse en lui faisant face. Ce n'est pas moi qui est menti, tué, dealé.

Toutes traces de peur avait quitté ses yeux.
 
Jack la fixa, le regard terrible. Il se demandait pourquoi il se montrait aussi patient avec elle. Si c'était n'importe qui d'autre, elle aurait fini avec un revolver pointé sur elle et une menace de mort depuis bien longtemps.

Au lieu de ça, il la laissa déverser sa colère sur lui, sans broncher. Quand elle eut fini, le souffle court, il ordonna à Gabriel;

- Ramène la à la maison, et met lui quelque chose sur la tête. Il faut que personne n'aperçoive son visage.

- Je ne veux pas rentrer, Jack.

Elle prononça son prénom.

Se fut la fin de toute retenue.

Dans un élan de fureur et d'une émotion inconnue, le jeune homme saisit un foulard qui trainait sur son bureau et se précipita sur elle.

D'une main, il la ramena à lui avec force, la planquant contre son torse dur et la maintenant d'une main le long de son dos. De l'autre il noua le foulard comme un voile autour de sa tête, insensible aux coups qu'elle lui administrait.

- Lâche moi! Mais LACHE MOI PUTAIN! ARRÊTE! GABRIEL! DIS QUELQUE CHOSE! GABRIEL JE TE DÉTESTE! JE VOUS DÉTESTE TOUS! LASSE MOI JACK! T'ENTENDS?! LACHE MOI CONNARD!

Mais malgré ses cris les plus perçants et ses maigres tentatives de se débattre, Jack la maîtrisait dans un calme presqu'insultant.

Les mains du jeune homme effleuraient son visage à plusieurs endroits, et Héloïse haïssait cette sensation d'électrochoque qu'elle ressentait à chacun de ces frôlements.

Et cette main ferme dans son dos la faisait se sentir si mal... Elle lui rappelait tant de mauvais souvenirs. Mais Jack, malgré ses multiples assauts, ne la libérait pas.

Ils n'ouvrit pas la bouche, toujours cette lueur sombre encrée dans ses yeux métalliques.

Enfin, il finit de lui attacher le foulard. Il lui crocheta le poignet à lui en faire mal, et s'élança vers la porte.

- Maintenant ça suffit. On rentre. Gabriel, je te confie mes hommes pendant mon absence.

Ce dernier hocha la tête en jetant à Héloïse un regard désolé.

Mais avant que Jack n'ai pu franchir le seuil de son bureau, la porte vola avec fracas.

Guito pénétra dans la pièce, le visage sombre.

- J'espère que tu as une bonne raison d'entrer sans y être invité.

Lança froidement Jack sans lâcher le poignet de la jeune femme. Celle ci profita de son inattention pour le lui arracher d'un coup sec, et elle miaula de douleur en se massant sa chair endolori.

Jack resta impassible, mais sa mâchoire se contracta d'avantage, et Guito s'empressa de parler avant qu'il ne l'étripe.

- Chef, nos éclaireurs viennent de revenir, les Brotherhead sont en route. D'après leurs estimations, ils seront là dans une quinzaine de minutes.

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