Prologue

Je suis écroulé sur le sol, mon dos nu contre la terre froide, gelée. Je regarde le ciel, espérant que mes yeux vont se fermer. Je repense à mon père, qui m'attend là-haut, mais aussi à ma mère, qui ne me verra jamais rentrer à la maison. Je suis triste, mais heureux. Je sais que mon père a toujours veillé sur moi et je ne lui en veux pas d'avoir relâché sa vigilance pour une fois. Même si cette "fois" a été cruciale. Le sang coule abondamment de ma plaie, je ne sait même pas où elle est. Je revois le visage de ma mère, elle qui a déjà vécu tant de misère. C'est bien la femme la plus forte que je connaisse. Je cherche la main de l'amour de ma vie, celle qui m'aura menée ici...

Quand je la trouve, elle est glacée, plus que le sol où l'air gelé. Plus que mon cœur, mon corps entier. Des larmes creusent des sillons dans la terre recouvrant mes joues. Fut un temps, où j'aurais tout fait pour son amour et je m'en souviens parfaitement. Maintenant elle aussi m'a quitté, tout comme le monde entier. Je n'étais pas un héro comme mon père, mais dites-moi, est-ce que je méritais vraiment de voir la déception dans les yeux de tous ces gens, tout au long de mon enfance, de ma vie?! Dire qu'après avoir remporté la guerre, ils croyaient les temps durs finis. Ils n'avaient rien compris. Ce n'était qu'un léger temps de répit.

Et lorsque le drame est arrivé, tous leurs espoirs se sont abattus sur mes frêles épaules. Sauf que je n'avais pas le courage de mon père, la force de mon oncle, la détermination de ma mère, l'acharnement d'Alyson, la sagesse de Carter, la puissance d'âme et d'esprit du roi... non, je n'avais rien de tout ça. Je n'étais qu'un petit garçon tête en l'air, impulsif, mais dans le mauvais côté, imprudent, ni sage ni particulièrement intelligent. Je n'étais pas puissant, seulement têtu, mais je ne mettais pas mes priorités aux bonnes places et pouvait-on m'en vouloir? Je n'étais qu'un enfant!

Je ne veux pas quitter ce monde, malgré sa cruauté, simplement car j'ai ma mère et mon oncle, j'ai des personnes qui m'aiment et que j'aime, mais bien trop dans cette catégorie sont partie. Je ne veux pas faire souffrir maman, ou mon oncle, ou même mes vieux amis! Je connais la douleur que cause la perte d'un proche et je ne veux pas la leur faire redécouvrir.

Alors je m'accroche à ce qu'il me reste. Je sers la main de mon amour et plonge tête première dans le paquet de souvenirs qu'est ma vie. Je les repassent tous, l'un après l'autres, laissez-moi vous les montrer.

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