Chapitre 7 ~ Pardonnes-moi maman
Je t'aime, maman. Et je t'aimerai toujours, même une fois que je serai parti.
~
J'étais toujours aussi fâché contre ma mère. J'allais bientôt avoir dix-huit ans, la liberté! Elle a tenté de s'excuser plusieurs fois, de m'expliquer les raisons de ses actes, mais je n'ai rien voulu entendre.
Je m'apprêtais à quitter la maison pour aller m'entraîner avec Ethan et Taly. D'ailleurs, j'avais à peu près retrouvé ma carrure, légèrement musclé, mince, mais plus maigre. J'avais retaillé mes cheveux et effacé toute trace de barbe de mon visage.
Lorsque je mis la main sur la poignée, ma mère m'interpella.
— Haiden... où vas-tu? Tu allais vraiment profiter du fait que je dorme encore pour t'éclipser?
Elle semblait blessée. Je m'en fichais.
— Où je vais, ce n'est pas de tes affaires et oui, je comptais profiter du fait que tu dormes pour partir.
Une larme roula sur sa joue. Elle tendit la main vers la porte et lorsque je tentai de l'ouvrir, je n'y arrivai pas.
— Je ne te laisserai pas partir tant que tu ne me diras pas où tu vas.
Je grognai.
— Je vais voir Ethan et Taly.
— Et vous allez faire quoi?
— S'entraîner, merde! Lâches-moi un peu! Ce n'est pas toi qui m'a aidé lorsque j'en avais besoin al...
— Tu m'aurais écouté si j'avais tenté de t'aider?! Tu aurais accepté mon aide?!
— Non!
— Justement!!! J'ai cru que tu allais te donner la mort, Haiden!!! J'ai eu si peur! Je ne sais pas si je serais capable de continuer à vivre sans toi! Tu es mon fils!!!
Je ne l'écoutais même pas.
— Ouvres la porte.
— Tu n'en as rien à faire, hein?! Tu te fiche totalement de ta mère qui attend jours et nuits que tu daignes ne serait-ce que donner signe de vie, pas vrai?!
— Ouais, répondis-je avec indifférence.
Elle commença à pleuré, mais maintenant, je n'en avais rien à faire.
— Haiden... j'ai perdu trop de gens chers à mes yeux, je ne veux pas t'ajouter sur la liste!
— Je crois que c'est déjà fait. Maintenant ouvre cette porte.
Elle se résigna et me laissa partir.
J'allai m'entraîner avec mes meilleurs amis. Ethan me fit soulever des poids de plus en plus lourd, puis je me battis contre lui. Lorsque l'on se bat, on a pas de règle, parce que lors d'un vrai combat, l'adversaire ne va pas s'en encombrer.
Les deux première fois, Ethan gagna, la troisième, ce fut mon tour.
Je me battis aussi contre Taly, qui me battit une fois sur deux.
Les deux n'étant pas du tout magicien, ce côté de mon entraînement était plutôt oublié. J'étais pas mal, mais sans plus.
J'étais normal. Terriblement normal.
Après l'entraînement, je suis rentré chez moi. Ma mère n'était pas là, heureusement.
Je m'enfermai dans ma chambre et décidai de simplement dessiner. Des brouillons d'Esparia, de mes meilleurs amis, de mon oncle, du roi, de Carter et d'Alyson... Je dessinai les scènes qui m'avaient marqué, comme ma "rencontre" avec cette femme qui avait mangé sa famille lors de la période de "deux F" ou encore la première fois que j'ai vu un cadavre.
Mais aucune représentation de ma mère. Car même si je nourrissait une haine sans nom à son égard ces derniers temps, je la voyais toujours comme une déesse.
Après avoir fini mes dessins, je descendis manger quelque chose et je sortis dehors.
Je marchai jusqu'aux remparts et observai les camps ennemis bâtis tout proche. Je grimpai à un arbre et m'assis sur une branche. Je regardai l'horizon.
Les terres sans fin et au loin les montagnes, le soleil se couchant sur celles-ci...
C'était si beau, si paisible...
J'aurais aimé pouvoir me fondre dans ce paysage, me mêler au vent qui m'emmènerait loin d'ici...
Loin des ennuis, loin des barbares, loin de ma vie si... mal chanceuse.
Loin de l'amour, loin de la haine. Loin de la peur, de la tristesse.
Loin de la vie et de la mort.
Loin de tout.
Une larme roula sur ma joue.
Pourquoi étais-je si faible? Pourquoi n'étais-je pas plus comme mon père? Pourquoi la vie avait-elle décider de faire de moi quelqu'un de terriblement normal? Pourquoi étais-je destiné à décevoir tous ceux autour de moi?
Soupirant, je repensai à ma mère, lorsqu'elle se bat, elle est comme une déesse vengeresse qui ne vit que pour protéger ceux qui lui restent. Ses longs cheveux bruns ayant ici et là des mèches blanches virevoltent dans les airs tandis qu'elle interprète gracieusement la danse de la mort.
Une autre larme roule sur ma joue. Malgré tous mes efforts, je n'arrive pas à détester ma mère. Tout comme je serais incapable de d'haïr mon père, de lui reprocher de m'avoir abandonné. Car ce n'est pas leur faute. C'est le monde, c'est la vie... c'est moi. Je suis un incapable! Je laisse partir l'amour de ma vie et je fais pleurer ma mère dès qu'elle me voit.
Je m'endors sur ma branche. Les larmes se tarissants peu à peu.
~
Le ciel est toujours lourd, nuageux. Mon souffle faible fait de la buée devant mes yeux.
Je ne veux pas mourir et je veux quitter ce monde en même temp. Je ne veux pas quitter ceux que j'aime, mais je suis pressé de retrouver ceux qui sont partis.
Ah, ce que la vie est compliquée.
Je me souviens, lorsque j'étais rentré chez moi, après m'être réveillé, au beau milieu de la nuit.
~
J'ouvris délicatement la porte et enlevai ma veste ainsi que mes chaussure. Je traversai la salle à manger à pas de loup pour rejoindre ma chambre, mais je fus arrêté au beau milieu de la pièce. Un éclair de lumière magique avait illuminé la pièce.
— Haiden! Bon sang! hurla ma mère en se jetant à mon cou. Où étais-tu?! J'ai eu la peur de ma vie!!!
Je ne lui répondis pas.
— Haiden, je suis désolé, laisses-moi t'expliquer mes raisons...
— J'étais en ville, je suis désolé de t'avoir fait peur. Je regardais l'horizon et je me suis endormis.
C'était un signe que j'étais prêt à l'écouter.
La pièce était plongée dans le noir, mais je discernai tout de même l'éclat de joie qui illumina ses yeux. Elle s'assit sur une chaise et je fis de même.
— Haiden, je n'ai jamais voulu te séparer de ton amour, seulement éviter que les choses empires. Vois-tu, Esparia n'est pas... une jeune femme faite pour toi. J'ai été convoquée par ton oncle et Zain. Ils m'ont dis...
Elle tenta de retenir ses larmes.
— Ils m'ont dis que le peuple voulait te voir au bûcher.
Ma mère éclata en sanglots. Je la serrai contre moi, tentant de digérer la nouvelle. Après quelques minutes de silence, ma mère reprit.
— Zain m'a assuré qu'il ne laisserait jamais faire une telle chose. D'après ce qu'il m'a dit, ta... "fréquentation" avec Esparia a envenimé encore plus les esprits tordus de ces gens. Le seul moyen que l'on avait pour apaiser les choses était de t'empêcher de la voir. Je suis désolé Haiden, je tentais simplement de te protéger. Tu es tout ce qu'il me reste de Zack.
Elle éclata de nouveau en sanglot, mais continua son discourt.
— Je n'avais jamais imaginé que tu tomberais dans les substances et que tu resterais enfermé dans ta chambre!
— Comment le sais-tu? m'exclamai-je.
S'il y avait bien une chose que je ne voulais pas qu'elle sache c'était ça.
— Je suis ta mère, Haiden. J'ai passé mon temps à veiller sur toi sans rien faire concrètement car tu n'aurais pas accepté mon aide. Ethan et Taly voulaient faire quelque chose, je les ai encourager à aller te parler... Je ne t'aurais jamais laissé seul!
Je réalisais à quel point elle tenait à moi, à quel point elle était toujours là... Je réalisais qu'elle ne m'abandonnerait jamais.
— Et pourquoi tu as les larmes aux yeux lorsque tu me regarde? demandai-je, inquiet d'une réponse dure.
La main de ma mère se mis à briller et elle observa, avec cette lumière, mon visage.
— Tu lui ressemble tellement. Plus tu vieillis, plus tes traits deviennent les siens. Tes cheveux sont toujours les miens, mais tes yeux... tu as exactement les mêmes yeux que ton père, Haiden. Plus tu vieillis, plus tu lui ressemble.
Ses yeux s'embuèrent.
— Il me manque...
Elle tentait de retenir ses larmes, sans grand succès. Mon père était un sujet sensible pour elle, mélange touchant de bonheur, de tristesse et de nostalgie.
Je caressai les longs cheveux bruns chocolats de ma mère qui pleurait toujours.
— Tu vois, Haiden. J'ai beau être Alleb Delevia, je suis tout aussi humaine que les autres.
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Si seulement j'avais réussi à uniquement me baser sur cette phrase. Je ne serais pas ici en ce moment. Au seuil de la mort.
Ah... Pardonnes-moi, maman.
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