Chapitre 3 ~ F pour Famine F pour Folie
Ce moment est un des plus terrible de toute cette histoire. Oui... on ne peut point dire que c'était de belles années, pour tous.
~
J'avais quinze ans. Les attaques de barbares persistaient, mais c'était moins pire.
C'est sûr que je ne suis plus monsieur sourire. Depuis mon traumatisme, cette nuit d'hiver, quand j'ai vu tous ces cadavres, je ne souris plus autant, mais ça m'arrive encore.
Et maintenant, un autre problème s'est posé à nous.
Les barbares ont détruit toutes nos réserves de nourritures.
Ça commence à peine, mais c'est déjà la famine. Dans toute sa grandeur d'âme, le roi est une des personnes qui mange le moins, laissant de la nourriture à ses sujet. Ce qui m'inquiète. Si l'on perd le roi... on est morts.
Mon oncle serait le premier.
Je me promène dans le rue, voyant tous ces sans abris se cachant dans les ruelles sombres. Ces gens avaient autrefois une vie agréable, peut-être même grandiose! Mais à cause de ces fichus barbares, ils sont maintenant dans les rues, à attendre leur tour de périr, de faim, de soif, de froid, d'une attaque... les possibilités sont grande, et, au fond, rendu là, ils doivent s'en foutre royalement.
Je vois des enfants, sales, vêtus de haillons. La capital autrefois une ville prospère où la paix régnait n'est maintenant plus qu'un minable tas de ruines...
Et ça ne fait qu'un an que la famine a commencé.
Les barbares vont réussir. Nous allons tous périr. De mes amis d'enfance il ne reste qu'Ethan et Taly. Alyssia et Anna ont fuis avec leurs parents, Antoine et Sarah ont été assassinés par des barbares et Émile est mort de faim, ses parents étant morts, il s'était retrouvé à la rue.
Ceux qui sont encore croyants passent leurs jours et leurs nuits à prier.
Moi je ne crois plus en une quelconque divinité.
J'ai rasé mes cheveux bruns, on les vois, mais seulement comme un duvet. Je suis finement musclé, pas trop, mais je ne suis pas un cure-dent. Je suis très grand, à peu près comme mon père l'était, selon ma mère.
Elle, c'est ma princesse. Sans elle je ne suis rien et sans moi elle n'est rien. Nous nous supportons, veillant l'un sur l'autre.
Mais je sens que je la déçois elle aussi. Je ne suis pas particulièrement bon dans ses entraînements. Ni en combat, ni en magie. Par contre, je n'ai plus peur, comparé à avant. Mes proches sont ma seule faiblesse...
Du moins, c'est ce que je fais croire.
Je suis un bon à rien et l'espoir dans les yeux des gens cède peu à peu la place à la déception, au désespoir.
J'étais un enfant chouchouté de tous, choyé, maintenant je suis un adolescent à qui on a tourné le dos.
Je serre les poings, enfonçant mes ongles dans mes paumes.
Je m'avance vers un enfant. La peau sur les os, il me regarde de ses grands yeux gris. Je lis des l'espoir dans ses yeux et c'est terriblement dur. Car je sais qu'un jour, je le décevrai aussi.
Mais pas aujourd'hui.
Je sors une pomme et un morceau de pain que je lui tends. Il se jette dessus, comme si c'était désespéré de voir enfin un peu de nourriture.
J'avais les larmes aux yeux.
— Merci... a-t-il dit d'une petite voix, faible et rauque.
J'ai sentis mon cœur se déchirer. On toucherait le fond bientôt...
~
Oui, bientôt on a touché le fond. Oh, ça n'a pas été long!
Quand les gens sont devenus si désespérés qu'ils en étaient fous. Quand la famine a cédée la place à la folie...
Ça a été un autre très dur moment, moins d'un an après.
Il ne pleut pas, mais les nuages sont lourd... je me demande combien de temps encore je vais vivre...
Je m'étais posé cette question plus jeune aussi.
~
Combien de temps peut-on survivre, au beau milieu d'une ville pleine de folie, sans rien à manger, alors que l'on était le dernier espoir de ces homme et de ces femmes devenus fous?
Je ne devrais pas tarder à finir sur un bucher, comme c'est partit là...
Je soupirai et descendis de la branche sur laquelle j'étais posé. Je regardais l'horizon, par delà les remparts, cet endroit où j'aurais aimé être, libre comme l'air. Mais nous ne pouvons plus fuir la capital, les barbares nous encerclent. Alors que je marche dans la rue pour me rendre au château, une femme, les yeux injectés de sang et les cheveux aussi salle et horrible que ses vêtements, me sauta dessus. Elle se mis à me griffer, autant le visage que les bras et le cou.
Elle me hurla au visage, m'envoyant son haleine putride à grandes bouffées.
— Espèce de petit morveux! Tu devais nous protéger! Tu étais l'espoir de cette ville! Mais tu n'as rien fais!!! Tu n'es pas digne de ton rang! Crève!!!!!!!!
Ces mots restèrent ancrés en moi à jamais.
La femme me mordit le bras, comme si elle tentait de me manger. La folie... elle avait pris l'emprise de tous les pauvres habitants désespérés.
Lorsque je réussi à me libéré, sans faire mal à la femme, bien sûr, je couru le plus rapidement possible, pour la semer. Elle me suivait, mais elle finit par abandonner.
Je ne savais plus où j'étais. Cette petite ruelle sombre et crasseuse ne me disait rien. J'étais perdu...
— Merde!
Je vis, dans un coins sombre, une autre femme, recroquevillée sur le sol.
Elle tourna lentement la tête vers moi. La moitié de son visage était brûlé et une cicatrice passait sur son œil du même côté.
— Bonjour, toi. Tu es mignon...
Elle partit d'un rire dément.
— Vous ne trouvez pas? dit-elle en continuant son rire.
Il n'y avait personne avec elle. Encore une victime de la folie.
— Tu te demandes à qui je parle, hein? reprit la femme.
Je ne bougeai pas d'un poil.
— Je vais te les présenter.
Elle recommença son rire dément et me montra le crâne d'une personne, un homme, selon le reste de barbe s'étendant sur les lambeaux de peaux encore collé sur le visage du défunt. Puis, elle souleva un minuscule cadavre, celui d'un bébé. Il lui restait lui aussi quelques lambeaux de peaux.
— Ce sont ma famille... mon mari et mon bébé! J'ai du les manger pour survivre, tu sais? Mais j'ai gardé leurs visages intacts... ils ont finis par s'abîmer...
Elle éclata soudain en sanglot.
— Je suis désolé!!! hurla-t-elle. Pardonnez-moi!!!
Puis son rire faisant froid dans le dos se mêla à ses sanglots.
— Mais tu es trop mignon, mon petit bébé! Je t'adore, tu sais? Je ne te ferai jamais de mal! Mais j'ai faim... toi aussi? On pourrait manger le garçon qui nous observe... il m'a l'air appétissant.
Cette phrase me sortit de ma paralysie et je me mis à courir.
— Repas!!! Où vas-tu?! hurla la femme en riant. Ma famille et moi, on a faim! Tu n'es pas assez gentil pour nourrir une famille innocente?!
Lorsque je fus assez loin, je m'autorisai à ralentir la cadence.
Je finis par trouver le palais. Enfin.
~
Cette période, je l'ai appelée celle des "deux F". F pour Famine et F pour Folie...
C'était horrifiant.
J'ose un regard vers mon amour tout en me souvenant tout ça...
Elle est magnifique, même lors de son repos éternel.
C'était peux après la période des "deux F" que je l'avais rencontré...
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Hey!
Ce chapitre doit-être l'un de mes préférés!
Vous en pensez quoi?
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