Je me souvenais à peine d'elles. Je croyais ne plus jamais les revoir, je croyais qu'elles étaient mortes.

~

Antoine et Sarah, assassinés par des barbares.
Émile, mort de faim après la mort de ses parents.
Alyssia et Anna... aucune nouvelles après qu'elles aient fuient.

Jusqu'à ce qu'un beau jour, par je ne sait quel miracle, Ethan et Taly viennent me voir, les yeux exorbités.

— Elles sont revenu, dit simplement mon ami.

Taly ne faisait qu'ouvrir et fermer la bouche, éberluée.

Je les suivi en courant jusqu'à l'entrée de la ville.

Alyssia était là, seule en compagnie d'Anna. Je devinai donc que les parents de l'une comme de l'autre étaient morts.

On resta là quelques secondes à se regarder puis on se sauta tous dans les bras.

Nous nous reculâmes ensuite.

Anna passa une main dans ses longs cheveux blonds vénitiens, pour dégager ses grands yeux bruns.

Alyssia une petite blonde aux yeux mordorés regardait tout autour d'elle, comme émerveillée de retrouver la ville de son enfance.

— Comment êtes vous arrivez jusqu'ici?! s'exclama Taly.

— C'est une très longue histoire, lui répondit Anna.

Je vis alors arriver Esparia et Samuel.

— Les filles! m'exclamai-je. Je vous présente ma femme, Esparia, et mon fils adoptif, Samuel!

Elle se réjouirent pour moi et firent connaissance avec ma famille avec enthousiasme.

Je leur proposai de nous raconter toutes leurs aventures autour d'un repas et tous acceptèrent avec joie et enthousiasme.

Les filles commencèrent alors à raconter leur histoire.

— On est parties ensemble il y a quoi... une dizaine d'années? commençai Anna. Nos parents étaient meilleurs amis comme vous le savez alors on ne s'est pas séparés. On s'est installés assez loin, au bord d'une belle rivière. Nos parents on construit une maison, on les aidaient un peu. On y est resté plusieurs années jusqu'à il y a environ un an. Une troupe de barbares est débarquée. Ils ont tués... ils ont tués nos parents et on a réussi à s'enfuir.

La jeune fille passa une main sur son visage tandis qu'Alyssia faisait une tête d'enterrement et poursuivait.

— On a erré longtemps avec comme seul but de survivre. Alors qu'on était au bord du désespoir, Anna a repensé à vous et à la capital. Elle m'a pris la main et nous nous sommes téléportés jusqu'ici!

Nous commençâmes à leur poser toutes sortes de questions dans une ambiance chaleureuse. Puis, nous racontèrent tout ce qu'elles avaient manqué, dont ma rencontre avec Esparia, la mort de Carter, d'Allie et de Zain, ainsi que "l'apparition" de mon père lors de la bataille durant laquelle nous avions sauvé Samuel.

Le sujet avait beau être triste, l'ambiance restais chaleureuse et nous riions en chœur lors des moments plus drôles de notre histoire.

Ethan et Taly ne se gênèrent pas non plus pour dire à quel point j'étais tombé bas lorsqu'on m'avait empêché de voir Esparia.

Puis on parla de mes "problèmes" avec le peuple et des Rodj qui étaient sans cesse sur mon dos.

Anna et Alyssia étaient de notre côté. Nous avions de nouvelles alliées contre Bianka-la-pétasse. Elles avaient d'ailleurs adoré le surnom.

La soirée passa vite, les filles adorèrent immédiatement ma femme et lorsqu'il commença à se faire tard, j'allai coucher mon fils, leur disant que je revenais tout de suite.

— Elles sont gentilles tes amies, papa, me dit celui-ci.

— J'étais plus jeune que toi quand je les ai rencontré.

— Moi tous mes amis d'avant sont morts...

— Ils sont parmi les étoiles, Sam. Et tu sais, beaucoup de mes amis aussi y sont.

Il hocha la tête.

Je le couchai dans son lit.

— Fais de beaux rêves, je t'aime.

— Je t'aime aussi papa.

Je retournai ensuite voir mes amis.

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Je ne saurais expliqué quel est l'effet d'être papa.

Tout comme je ne saurais expliqué ce que j'ai ressentis en voyant revenir mes amies.

Tout comme je ne saurais expliqué ce que je ressens tandis que le sang coule de moins en moins et que la vie me quitte un peu plus chaque seconde.

C'est inexplicable, tel est le mot le plus utilisé lorsque l'on parle de notre cœur.

~

Je m'occupais de moins en moins de mon oncle qui avait de moins en moins besoin de moi. Je passais donc de plus en plus de temps avec ma femme, mon fils et mes amis.

Et les Rodj eurent la mauvaise idée de venir se frotter à nous tous.

Bianka arriva, avec sa mère et son père, tous trois flanqués de gardes du corps. Aussi baraqués qu'Ethan.

— Qu'est-ce que vous voulez encore? demandai-je agacé.

— Te faire une dernière offre, répondit Érika.

Taly se leva en premier, ensuite suivi d'Ethan et de tous les autres y compris moi.

— Qu'elle est cette offre?

— Nous épargnerons ta femme et tes amis si tu divorce et que tu te remarie avec notre fille! s'exclama M. Rodj.

Je fis mine de réfléchir.

— Ma femme n'a pas besoin que je la protège. À elle seule elle pourrait vous tuer. Et mes amis...

J'éclatai de rire. Ethan se jeta sur un des gardes, rapidement imité par chacun de nous. Bientôt il n'en resta plus un seul.

— Je crois qu'eux aussi peuvent vous tenir tête. Tous ensemble, on le peu facilement, terminai-je enfin.

Les Rodj s'en allèrent avec leurs bijoux et leurs tissus précieux.

Mes amis et moi nous rassirent comme si de rien était et nous recommençâmes à parler.

Le bonheur commençait à nouveau à imprégner mon cœur. D'autant plus que par un phénomène étrange, je sentais mon père veiller sur moi, sur nous tous.

Mes amies retrouvèrent aussi ma mère qui se montra très heureuse de les revoir, bien qu'extrêmement occupée avec l'organisation militaire de la capital.

Petit à petit, son travail portait ses fruits. Et elle commençait à pouvoir se libérer pour nous voir, me voir et voir mon oncle.

Un soir j'osai lui dire ce que je pressentais depuis des semaines.

— Maman... je crois que papa veille sur nous.

— Je le crois aussi, mon fils, m'avait-elle répondu. Jamais Zack n'abandonnerait ceux qu'il aime.

Je n'avais qu'hoché la tête.

~

Le ciel est nuageux. Le temps est froid.

Le sang coule toujours, bien que moins qu'au début.

Ma femme est toujours si désespérément froide... Morte.

Et mes souvenirs continuent toujours d'affluer.