Chapitre 15 ~ Adieu mon roi

June, Carter, Allie... ils n'étaient que les premiers d'une longue série. Terminant bientôt par moi.

~

Quelques semaines passèrent après l'attaque, dans un calme presqu'irréel. Le fait qu'Esparia et moi ayons sauvé et adopté un enfant avait calmé les esprits. Ça faisait du bien. Moi, ma fleur et Sam, tous les trois à se promener dans les rues, à inventer un milliard de jeux pour amuser le petit...

C'était anormal tellement c'était normal.

Ce jour-là, en rentrant chez moi, je ne trouvai pas ma mère, seulement un mot disant:

«Rejoins-moi au palais le plus vite possible, je t'aime, maman»

Et oui, j'habite encore chez ma mère, même si je suis marié et Esparia habite encore chez Jules. Sam reste chez moi le soir.

Je confiai celui-ci à Esparia et couru à pleine vitesse jusqu'au palais. Ma mère m'attendait devant la porte des appartement du roi.

— Que se passe-t-il? haletai-je, essoufflé.

— Zain a fait un malaise.

J'écarquillai les yeux.

— Il va bien?!

— Pour l'instant oui... on attend le diagnostic du guérisseur.

— Quel genre de malaise a-t-il fait?

Je sais, j'aurais pu juste rester là et attendre en silence, mais je voulais savoir, pour estimer la gravité de la chose.

— Nous parlions de stratégies pour éliminer les barbares pour de bon, lorsqu'il s'est évanoui soudainement. J'ai cru un instant qu'il était mort! répondit ma mère.

— Quand est-ce que le guérisseur devrait nous annoncer ce qu'il a?

— Bientôt, bientôt... dire qu'il ne reste plus que moi, Thom et Zain...

Je serrai ma mère dans mes bras.

— J'en ai assez de voir des gens mourir! Haiden... si je venais à perdre Zain... il ne me resterait que Thomas-Jared et toi...

— Tu ne me perdras jamais! dis-je, puisque je savais que c'était ce qu'elle voulait entendre.

Elle poussa un soupir que je ne pus identifier.

— Mon fils...

La porte s'ouvrit alors sur un homme sans âge, se tenant droit, mais quand il croisa le regard de ma mère, ses épaules s'affaissèrent.

— Entrez, dit-il faiblement.

Nous obéîmes et vîmes mon oncle sanglotant, serrant la main de Zain dans la sienne.

Ça annonçait de mauvaises nouvelles. Zain caressait les cheveux de mon oncle et nous sourit.

Un sourire qui me montra toute sa force d'âme.

Le guérisseur s'adressa à nous, je supposais que Thomas-Jared connaissait déjà le résulta.

— Notre roi est atteint d'un maladie incurable, je crains... Elle date de la famine, lorsqu'il s'est sacrifié pour ses sujets.

Ma crainte que l'on perde Zain à cause de ça s'était réalisée. J'en étais frigorifié.

— Il ne me reste pas plus d'un an à vivre, murmura Zain.

Il ne paraissait pourtant pas triste pour un sous, il semblait parfaitement naturel. Confiant, même.

Alors que mon oncle pleurait à chaudes larmes.

Mon cœur se serra dans ma poitrine. Mes yeux s'embuèrent. Zain était comme un oncle pour moi, au même titre que Thomas-Jared. Il était aussi un roi bon et généreux, à la grandeur d'âme inégalée. Ce serait une lourde perte pour l'humanité.

— J'irai rejoindre mon père, soupira-t-il, sans tristesse ni joie.

J'eus envie de me jeter à son cou, mais me retins. Une larme se mis à rouler sur ma joue.

— Ne pleurez pas. Déjà trop de larmes ont été versées. Thomas-Jay, tu prendras ma place à ma mort.

— Ne dis pas ça, dit mon oncle dans un sanglot.

— C'est la pure vérité. Je te fais confiance, mon amour.

Zain soupira.

— Mais je ne suis pas mort en ce moment, alors profitons-en!

~

Oh, Zain... tu nous manqueras à tous.

~

L'état du roi empirait de jour en jour. Des plaques noires parfois immenses couvraient sa peau. Il toussait du sang, saignait souvent du nez et il lui arrivait même de pleurer du sang.

Le guérisseur lui donnait deux semaines à vivre, beaucoup moins qu'à la base.

C'est un jour que j'étais avec ma femme et mon fils adoptif que ma mère vint me chercher.

— Il va mourir, dit-elle simplement.

Nous nous précipitâmes au palais, le cœur battant la chamade.

Une fois devant les appartements royaux, ma mère frappa à la porte. Il n'y eut aucune réponse, alors elle entra. Je la suivis, le cœur plombé.

Lourd.

J'avais l'impression que mon cœur, mon corps entier pesait des tonnes. J'avais l'impression que j'allais m'enfoncer dans le sol tellement j'étais lourd.

Je vis mon oncle, au chevet de Zain, qu'il n'avait pas quitté depuis des semaines, tenant toujours sa main, et pleurant toujours autant. J'étais presque surpris qu'il lui reste encore des larmes à verser.

Ma mère et moi nous assîmes de l'autre côté du lit et Zain nous fit un sourire resplendissant.

Sa tête était redressée par des oreillers pour éviter que des caillots de sang ne se forment lorsqu'il saignait du nez et pour qu'il ne s'étouffe pas lorsqu'il crachait du sang.

Les draps était blancs, ils avaient étés changés le matin même.

— Haiden... souffla l'homme.

Je relevai vers lui des yeux emplis de tristesse et de peur.

Il tenta de me rassurer d'un sourire. Puis son regard glissa sur ma mère.

— Mademoiselle Alleb Delevia, dit-il d'un ton un brin moqueur, comme pour la taquiner.

Elle lui fit un maigre sourire entre ses larmes.

Il regarda ensuite mon oncle et lui caressa le visage.

— Thomas-Jay... mon amour...

Il prit une grande inspiration.

— Vous êtes réunis ici, les personnes que j'aime le plus au monde. Les dernières personnes qu'il me reste, car je vous fait mes adieux... on dirait que je préside une cérémonie, plaisanta-t-il.

Sa poitrine vibra faiblement sous l'assaut de son rire tout aussi faible.

— Allez, ne faites pas cette tête d'enterrement! Ce n'est pas un adieu. C'est un simple au revoir. Car on se reverra, mais pas maintenant... mon père m'a quitté, Zachary, Carter, Allie, je vais les rejoindre... et vous viendrez nous retrouver un jour, vous aussi! Mais pas maintenant... du moins j'espère. Rendez-moi hommage, massacrez ces barbares et ramenez la paix à notre peuple qui l'a depuis bien trop longtemps perdu.

Nous hochâmes tous la tête.

— Alleb, petite tête de mule, guides les hommes aux front. Tant qu'ils voient que toi, leur déesse, leur reine de cœur, leur héroïne, a toujours espoir, ils l'auront eux aussi.

Ma mère acquiesça, les joues inondées de larmes.

— Tu nous manqueras à tous, Zain, répondit-elle.

— Ça ne durera qu'un temps. Comme toute autre chose, toute autre personne, je m'effacerai tranquillement des esprits.

— Certaines personnes ne sont jamais oubliées.

Il lui sourit. Puis se tourna vers moi.

— Haiden Hayle Delevia. Je sais pertinemment qu'il t'arrive de douter. Il n'y a pas raison de le faire. Tu as toi aussi ta place, tu es quelqu'un de bien et je sais que tu feras de grandes choses. Ne crois pas ces gens qui te diront que tu es un monstre. Ils ont peur c'est tout.

J'hochai la tête, retenant à grand peine mes larmes.

— Tu sais, Haiden, quand ton père est arrivé ici, même mon père, le roi, ne lui faisait pas entièrement confiance. Les gens le craignaient. Et maintenant, il est un héros.

J'acquiesçai à nouveau, des larmes roulant désormais sur me joues.

Le géant blond se tourna vers mon oncle et lui demanda de sortir un paquet posé sous le lit.

Thomas-Jared le prit, ses yeux si semblables aux miens toujours débordants de larmes. Il me tendis le paquet, emballé dans un tissu fin et doux.

Je l'ouvris.

Un livre. Un énorme manuscrit écrit entièrement à la main... écrit entièrement de la plume de Zain. En cuir, le livre était magnifique. Une reliure d'or et d'argent, une couverture gravée de motifs et le titre en lettre d'or: L'histoire d'un héros.

Je relevai mes yeux vers Zain, me posant des milliers de questions.

— Ce sont... comment dire... ce qui s'approche le plus des mémoires de ton père. Je l'ai écrit avec l'aide de Thomas-Jay et même un peu de ta mère, de Carter et d'Allie. Il y est relaté toute notre histoire, notre vision de ton père évoluant, et dépendant de la personne. Par exemple, la vision de Zack par Thom a toujours été emplie de tendresse tandis que celle de Carter était pleine de haine, de rivalité et de jalousie. Carter n'a pas toujours été un grand sage...

Cette remarque arracha un léger rire à ma mère et même à mon oncle.

— Bref, continua Zain, j'estimais qu'il te revenait... gardes-le précieusement.

— Promis. Merci beaucoup... murmurai-je. Tu vas me manquer.

— Tu sauras surmonter cette épreuve. J'ai fois en toi.

Il détourna la tête vers Thom et ma mère se leva discrètement, m'entraînant avec elle pour leur laisser un peu d'intimité.

Peu de temps après, un guérisseur entra dans la chambre sans faire attention à nous et demanda à mon oncle de sortir. Celui-ci protesta vivement jusqu'à ce que son mari l'implore d'obéir et ne lui dise: "à plus tard".

Mon oncle s'effondra sur le sol près de nous et éclata en sanglots. Ma mère le pris dans ses bras et ils pleurèrent ensemble la mort d'un ami cher, d'un roi, d'un mari...

La mort de quelqu'un qui ne sera jamais, jamais oublié.

~

Je me souviens que le guérisseur était sortit, plusieurs minutes plus tard, et la mine basse avait secoué la tête en signe de négation. Mon oncle s'était mis à hurler. Ma mère l'avait serré fort contre elle jusqu'à ce qu'il se calme et lui rende fermement son étreinte.

J'avais pu apercevoir, dans l'entrebâillement de la porte, le visage paisible de Zain, sans vie.

Je m'étais dis que la mort détruisait des gens, en regardant mon oncle. Et en regardant Zain, je me suis dis que ça avait l'air tellement plus facile pour lui.

Cette scène m'avait marquée.

J'ai toujours une main dans les cheveux auburn de ma fleur d'espoir. J'ai une pensée pour mon petit bonhomme, Sam...

Je me dis que je laisse presque personne derrière moi... et ça m'attriste autant que ça me soulage.

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Ok, sincèrement, moi j'ai pleuré comme un bébé!

Salut!

Vos avis sur le chapitre?

Qui écoute les chansons en média?

À dimanche!

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