Harry était assis dans le bureau de la directrice, attendant une réponse de la part de la femme qui se tenait devant lui. Il était tendu, impatient d'entendre ce qu'elle allait dire, mais à la fois angoissé par rapport à ce que ça pouvez être. Mac Gonagall se pinçait les lèvres et paraissait vraiment embêtée par la question que lui avait posé l'élu.

- Vous comprenez bien, Monsieur Potter, que c'est une requête délicate ce que vous me faites là, et qu'elle rompt l'accord que nous avons passé tous ensemble au début de l'année ? Il était clair que vous ne participeriez pas à la coupe de Quidditch ni à la coupe des quatre maisons, étant donné que votre statut est ... spécial.

- Mais professeur, ce n'est pas pour participer à la coupe de Quidditch (tout le monde sait que nous l'aurions gagnée sinon) mais juste pour fonder une équipe et avoir accès au terrain d'entraînement.

- J'entends bien, mais à quoi bon s'entraîner pour ne pas jouer ? Je sais que vous avez une idée derrière la tête.

- Peut-être que l'on pourrait organiser des ... matchs amicaux ?

Au lieu de la réaction qu'Harry avait attendue – un discours sur le manque de temps des élèves pour pouvoir se consacrer à des choses si futiles – il vit son visage s'illuminer. Elle semblait avoir eu une révélation. Elle répondit, tout de suite plus intéressée :

- Mais comment comptez vous motiver les élèves des autres maisons à jouer quand même si ce n'est pour gagner ? Surtout que l'on ne pourra pas se permettre de faire de ces matchs amicaux des événements aussi importants que les matchs de la coupe.

- Le Quidditch est un sport qui n'a pas besoin d'une motivation supplémentaire pour avoir envie de gagner, croyez moi Professeur. Et puis sinon ça fait toujours des entraînements efficaces, de jouer dans des vraies conditions donc ...

- Entendu. Je vous laisse voir tout cela avec Mme Bibine ainsi que vos camarades d'année, de mon côté j'informerais Mme Bibine de la formation de votre équipe. Veuillez noter cependant que les matchs amicaux ne débuteront peut-être pas immédiatement, et qu'ils ne seront pas forcément très fréquents. Vous avez des questions ? Non ? Très bien, vous pouvez disposer Monsieur Potter.

Harry la remercia et sortit, très content de soi. Il allait donc pouvoir fonder une équipe de Quidditch, il allait pouvoir remonter sur son éclair de feu, il sentait déjà des picotements au bout de ses doigts par impatience de reprendre son balai. Il dévala une volée de marches pour arriver finalement aux serres, où Neville allait bientôt leur faire cours. Il arriva pile à l'heure et n'eut pas le temps de répondre au regard inquisiteur de Ron avant que Neville commence à parler des propriétés des orties mordeuses. Les plantes qu'ils étudiaient étaient noires, de la forme d'orties, mais avec à chaque feuille une petite bouche qui pouvait s'ouvrir et où se trouvaient des dents pointues et venimeuses, et tout le monde gardait avec elles une certaine distance. Neville, quant à lui, était passionné par le sujet, comme s'il n'avait jamais rêvé d'autre chose que d'avoir ses propres orties mordeuses dans son jardin. Il tenait une jeune pousse dans sa main et expliquait comment récupérer leur sève, excellente contre les maux de ventre, quand le professeur Chourave fit irruption dans la serre. Elle ne dit pourtant rien, restant à l'arrière écouter ce que son élève expliquait aux autres, et Harry la vit repartir, un léger sourire en coin, mais sans rien dire. Neville n'avait rien remarqué, et Harry vit, en regardant discrètement autour de lui, que, absorbés par le cours du Gryffondor, peu avaient réagi à l'arrivée de leur professeur. Les deux heures filèrent comme le vent, et Harry fut étonné de voir le soleil se coucher derrière le château alors qu'ils étaient par deux en train d'extraire une fiole de sève pour l'analyser. Ils rangèrent donc tous leurs affaires avant de remonter dans la salle commune, où ils allaient travailler. Ron rattrapa le brun qui était déjà reparti vers les grandes portes.

- Bon alors tu vas nous le dire ce que t'es allé demandé à Mac Go ?

- Pas encore, va falloir que t'attendes encore un peu, je sais que c'est dur mais ...

Harry sourit à son meilleur ami. Son impatience et sa curiosité lui avaient manqué pendant ces deux mois. Ron continua d'essayer de lui extirper cette information sur tout le chemin du retour au dortoir mais il ne répondait pas, se contentant de rire à ses essais. Il attendit que tout le monde se soit installé sur les canapés noirs et blancs devant un bon feu pour se lever et leur parler.

- J'ai parlé à la directrice. Elle veut bien qu'on forme une équipe de Quidditch. Alors ? Qui est pour ?

Il y eut un tel mélange de réponses qu'Harry ne put en entendre une seule. Il dut attendre le retour du calme qui prit bien cinq bonnes minutes, et l'aide d'Hermione.

- Je pense qu'on est tous d'accord sur l'attrapeur de l'équipe non ?

Harry jeta un regard désolé à Drago, car il savait que le blond aurait voulu être attrapeur aussi, mais à son étonnement quand il croisa son regard il le vit secouer la tête en signe de négation. Hermione continuait de parler, écoutée car tout le monde savait qu'elle n'allait pas faire partie de cette équipe, et qu'elle était donc peut-être plus objective que beaucoup d'entre eux. Après beaucoup de discussion Ron fut désigné gardien. Ce fut encore plus dur de choisir les deux batteurs.

Suzanne et Hannah avaient l'air intéressées, mais elles n'avaient jamais fait de Quidditch. Hermione prit Harry à part au moment où il s'apprêtait à leur dire non.

- Harry, tu ne peux pas leur dire non parce qu'elles n'ont jamais joué ! Oublie le fait de gagner un peu, et réfléchis à pourquoi on a le droit de monter cette équipe. Le but c'est de faire des liens, donc si tu les refuses alors qu'elles veulent jouer ça va pas marcher. Au pire tu leur apprendras, non ?

Elle lui adressa un sourire provocateur et Harry fut forcé d'admettre qu'elle avait raison. Les deux filles étaient donc les deux nouvelles batteuses de l'équipe, sautillant de joie et d'excitation, mais il restait encore trois joueurs à trouver, et ce n'était pas gagné. Après de longues discussions, Drago, Dean et Seamus finirent par être désignés par le reste des 8es années pour être poursuiveurs, et tout le monde avait l'air content. Ils commençaient les entraînements le lendemain, et Harry était si impatient qu'il mit un temps fou à s'endormir. Allongé dans son lit, il repensait sans cesse à ses derniers matchs de Quidditch, à la coupe du monde, à ...

Il était sur un sombral, à la recherche du vif d'or. Pansy était à côté de lui, sur un autre sombral, et elle portait une robe de Quidditch aux couleurs de Serpentard. Ginny gardait les cages à dos de dragon, mais Cedric, qui était habillé en noir et blanc, marqua. Ginny-le-dragon, qui semblaient avoir fusionné, se mit à attaquer tout le monde et à détruire le terrain de Quidditch. L'énorme gueule du dragon avala Cedric, qui cria le nom d'Harry en disparaissant entre les dents acérées. Harry tendit le bras pour le rattraper, puis vit passer le vif d'or devant lui et le saisit à pleines mains, sentant une joie immense l'envahir.

Il sentit pourtant le vif d'or bouger étrangement dans sa main serrée, et se retrouva nez à nez avec Drago, la main serrée sur son épaule. Le serpentard le regardait étrangement, comme s'il se demandait de quelle maladie mentale était atteint l'élu. Il ricana.

- Enfin réveillé Potter ? Tu parles tellement fort dans ton sommeil que t'as réveillé tout le monde! Habille-toi, on descend au terrain de Quidditch quand tout le monde est prêt.

Alors qu'il s'apprêtait à partir, Drago se retourna une dernière fois vers Harry, la mine beaucoup plus sérieuse, et parla très bas, afin que seul Harry l'entende.

- Je t'ai entendu l'appeler Potter ... Si ... Si t'as besoin d'en parler hésite pas, d'accord ?

C'était si inattendu de la part du blond qu'Harry ne put s'empêcher de se moquer un peu.

- Oui maman Drago, j'oublierai pas.

Drago le fusilla du regard avant de partir, retrouva son port hautain et sûr de lui. Il ferma les rideaux et laissa Harry seul, se remettant de son rêve. Il n'y avait qu'une amélioration dans les cauchemars qu'il faisait, c'est que certains devenaient si ridicules qu'ils ne lui faisaient plus peur. Il chassa ces images de sa tête et s'habilla rapidement, et rejoignit les autres dans la salle commune, son éclair de feu à la main. Les autres membres de l'équipe n'avaient pas encore de robes de Quidditch, ils descendirent donc voir Mme Bibine à la réserve pour trouver des robes à leurs tailles.

La matinée était déjà bien avancée quand les 7 joueurs entrèrent sur le terrain de Quidditch, changés et le balai à la main. Dans les gradins se tenaient déjà Pansy, Hermione, Neville et Ernie, et à la grande surprise d'Harry, Hagrid était assis avec eux, une boîte de petits gâteaux dans les mains.

- C'est pour après l'entraînement ! Lui lança-t-il, le sourire aux lèvres.

Harry lui répondit par un pouce en l'air et commença à donner des instructions à Suzanne et Hannah, qui transportaient la caisse des balles.

- Bon les filles, on va poser et ouvrir la caisse. Quand tout le monde aura décollé je libérerais les balles, et on va commencer par se faire des passes tous ensemble en l'air. C'est compris ?

Elles acquiescèrent et cinq minutes plus tard ils étaient tous en l'air en cercle, se lançant tour à tour le souaffle. La balle passait rapidement d'un joueur à l'autre, et Harry était agréablement surpris de voir que ni Suzanne ni Hannah n'avait de problème pour rattraper et relancer correctement le souaffle aux autres. Ils commencèrent bien vite à se mettre en conformation comme pour un vrai match, et Harry passait plus de temps à donner des instructions à ses coéquipiers qu'à chercher le vif d'or. Il dût cependant se mettre à partir activement à sa suite lorsqu'ils voulaient rentrer aux vestiaires, car il fallait bien rentrer toutes les balles dans la malle. Il l'attrapa finalement après un plongeon sous les yeux amusés des autres 8es années, et accrocha toutes les balles solidement à l'intérieur de la malle, et partit avec les autres se changer dans les vestiaires. Il se sentait bien, défoulé et complètement détendu, mais fatigué. Il constata avec plaisir que cette fatigue n'avait rien à voir avec celle qu'il ressentait depuis des mois, mais qu'il était naturellement fatigué par l'entraînement, alors que son esprit paraissait complètement reposé. Il avait l'impression que ses lèvres étaient bloquées en un sourire qu'il ne voulait plus laisser, et que ses pieds étaient beaucoup plus légers que d'habitude. Il se surprit à fredonner un air qu'il avait entendu à la radio pendant l'été. En rigolant avec tous les 8es années, assis dans les vestiaires, il se sentait juste bien. Il était entouré d'amis, revenant de l'activité qu'il préférait faire par dessus tout, et parlant de tout et de rien, ne se souciant de rien d'autre que de ne pas rire trop fort, au risque d'avoir mal au ventre après.