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Je suis sauvagement tiré de mon profond sommeil par de gros bras musclés qui me secoue sans cesse.

- Aller, debout le paresseux. Faut sortir, Eun-Ae nous attend. Faut pas la faire attendre.

Déjà ? Le trajet s'est fait plus rapidement que je ne l'aurais imaginé. Ce qui m'étonne encore plus est le fait que j'ai réussis à dormir malgré la petite visite troublante de Jungkook et surtout, surtout, dans un train.

Je décolle difficilement mes paupières si bien soudées et remarque qu'effectivement, le paysage plongé dans la noirceur ne bouge plus.

- Allé tapette, j'ai pas tout mon temps.

Jungkook me tire brusquement de ma torpeur en agrippant mon bras fortement, m'obligeant à me mettre sur mes deux jambes en grognant de mécontentement. Il m'énerve, mais je n'ai pas mon mot à dire. Il est mon hyung, je me dois de le respecter.

- Tu boites. Tu t'es fait défoncer le cul avant de venir ? T'as pas honte ?

Je grogne à nouveau et continue d'avancer. J'ai simplement la jambe engourdie. Il n'a qu'à penser ce qu'il veut, cet imbécile. Je l'entends trotter jusqu'à moi pour me rattraper et nous arrivons enfin sur le quai, bagages en main. Je cherche ma mère du regard tandis que Jungkook demande le numéro à une fille qu'il a accosté au hasard. Imbécile.

- Mon potelé !

La voix criarde, mais à la fois douce de ma génitrice se laisse entendre derrière moi avant de ressentir un lourd poids contre celui-ci. Je ris lorsqu'elle s'agrippe à mon cou, baisant mes joues à multiples reprises.

- Tu m'as manqué, mon mini à moi !

Elle rit et saute finalement au sol. Je me retourne vers elle joyeusement. Elle a changé. Elle semble beaucoup plus en santé qu'auparavant. Ses cheveux d'un faux blond ondulé dansent en harmonie avec ce vent frais d'hiver et son sourire est resplendissant, ça la rajeuni énormément. Ça me rappelle lorsque j'étais plus jeune, on me demandait souvent le numéro de ma grande "sœur". C'était presque insultant de savoir que ma mère avait plus de charme et de conquêtes que moi avec des gens de mon âge. De mon côté, je n'ai que rarement eu droit à des confessions minables.

- Tu m'as manqué aussi, maman.

Je la serre fortement contre mon torse et hume son shampoing me rappelant tant de bons souvenirs. Elle m'avait manqué. Ça doit faire au moins deux ans que je ne l'ai pas vu. Depuis ce qu'il s'est passé, en fait.

- Comme tu as grandi, souffle-t-elle d'émerveillement en se détachant à moi.

- J'espère, je mange tous mes légumes comme tu me l'as appris.

- J'aime entendre que tu te nourris bien.

Elle me détaille de haut en bas, des étoiles dans les yeux. Elle sautille sur place comme une petite gamine et me pince les joues.

- Je suis contente que tu sois là mon chéri.

Je pose ma main contre la sienne emprisonnant l'une de mes pommettes et ne peux m'empêcher de sourire tendrement. Son aura si chaleureuse m'avait manquée. En plein dans nos retrouvailles merveilleuses, Jungkook arrive et chavire notre havre de paix.

- Bon, c'est pas tout, mais j'aimerais bien dire bonjour à ma tante. Apprends à partager, Jimin.

Et sur ces mots, je me décale et lui laisse la place, dédaigneusement. Il faut toujours qu'il gâche tout, cet égoïste. Irrité, je frappe un caillou traînant au sol à l'aide de mon pied encore un peu engourdie. Je suis si épuisé, j'ai envie de m'allonger dans un lit et ne plus jamais me relever. C'est sans doute le changement de température soudain qui à dérégler mon système. Il faisait si chaud que nous nous sommes crû en été toute l'année, mais le climat à subitement changé il y a de cela précisément 2 semaines et 4 jours. La Dame Nature à tous les droits, d'après ce qu'on dit. Elle adore jouer avec nos habitudes, les troubler.

- Mon ange, tu viens ?

La voix de ma mère me parvient aux oreilles, me sortant rapidement de mes pensées. J'acquiesce et ignore le sourire moqueur que m'offre mon cousin en me dirigeant vers la voiture jaune fluo de la famille. Elle ne l'a toujours pas échangé pour un véhicule plus récent ? Je mentirais si je disais que l'idée qu'elle tombe en panne au milieu de l'autoroute bondée et que ses roues abandonnent leur mission ne me tracasse pas. Malgré tout, je m'installe sur le siège arrière après avoir attaché mes valises sur le toit douteux de la voiture. J'aurais bien aimé être près de ma mère durant le trajet, mais Jungkook m'as bien fait comprendre que je n'en n'avais aucun droit. Je sens qu'il fera tout pour me rendre la vie difficile pendant ce séjour.

Le caoutchouc des pneus frotte contre le goudron fraîchement refait des rues de Séoul et pour tout avouer, cette ville est loin de m'avoir manquée. Je me plais beaucoup plus à Busan, loin de tous ces gens hypocrites. Les nombreuses lumières des hauts édifices éclairent mon visage exténué, un combat acharné contre mes paupières pour ne pas qu'elles se soudent ensemble commence. Ce n'est pas le temps de s'entrecroiser, petits cils, encore moins de s'unir, chassie et paupières lourdes. Vous pouvez attendre au moins que je sois rendu à destination. J'ai confiance en vous. Fighting !

Je pince les lèvres et hoche la tête afin de confirmer mes dires.

- Sinon, du nouveau dans vos vies les garçons ?

- J'ai gradué, entame Jungkook jovialement, il était temps.

- Wow, félicitation ! Je suis fière de toi, mon grand.

- Merci, mais attend de savoir ce que Jimin a à t'annoncer...

Il se retourne vers moi et me sourit sournoisement.

- N'est-ce pas Jimin ? Il poursuit.

- Ah oui ? Demande ma mère, curieuse.

- Hum, je m'éclaircis la gorge et fronce des sourcils essayant de comprendre où veut en venir mon cousin, J'ai… J'ai eu une promotion.

- Sérieusement ? Elle me regarde à travers le rétroviseur, souriante, C'est super !

- Oui, effectivement, je ris nerveusement en me grattant la nuque.

Jungkook me foudroie du regard et reporte son regard sur la route. S'il pensait réellement que j'allais tout déballer à propos de ma prostitution, il est complètement illusionniste. Nous arrivons finalement à destination une dizaine de minutes plus tard. J'empoigne mes bagages et entre finalement dans la gigantesque demeure familiale qui n'a aucunement changé, suivit de près par mon cousin qui ne se gêne pas à écraser le dos de mon soulier. Je grogne, mais l'ignore en laissant tomber mes sacs au sol de mon ancienne chambre. Même elle n'a pas changé pour le moindre du monde.

Tout est comme je l'ai laissé à mon départ. Les murs bleus marins s'harmonisant à merveille avec mes couvertures blanches ainsi que ma large commode noire. Oui, tout est parfait. Je me laisse tomber contre mon lit en étoile et souffle de confort. Le matelas n'a pas perdu de sa texture cotonneuse adorée. Je ferme les yeux, sourire aux lèvres, mais me décide finalement à quitter cet endroit paradisiaque.

Bien qu'il soit tard, je veux passer un peu de temps avec ma maman avant d'aller au lit. Je descends les larges escaliers en céramique, penaud, et laisse glisser ma main contre la rampe dorée sur laquelle j'avais l'habitude de me laisser glisser afin d'arriver en bas plus rapidement. Sans oublier mes nombreuses chutes lamentables contre le sol parfaitement lavé.

Je glousse doucement, me remémorant de nombreux souvenirs d'enfance. Quel bon vieux temps. Rendu au pied de l'escalier, face à la porte d'entrée, je distingue la voix de ma mère dans le salon. Je m'y dirige gaîment jusqu'à l'entente d'un rire beaucoup trop familier.

Mon cœur s'arrête, et mes jambes se mettent à trembler tandis que mon sourire disparaît rapidement. Ma respiration saccadée se coupe de temps à autre alors que des sanglots remontent contre les parois de ma gorge serrée. Serait-ce possible ? Comment est-ce possible ? Pourquoi est-il ici ?

Je tente de bouger, mais mes jambes refusent. Mes pieds sont cloués au sol, ils m'empêchent de fuir. Je jure intérieurement d'être aussi faible lorsque je vois son visage se tourner vers moi, orné de son sourire rectangulaire avec lequel j'étais tombé amoureux.

Taehyung.

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