Epilogue

J'ai dû rentrer en urgence de chez mes parents. Laura était sur le point d'accoucher, et son état ne laissait rien présager de bon. J'ai préféré revenir le plus vite possible pour être au chevet de mon amie.

Matthew a absolument tenu à m'accompagner et je l'en remercie. Lorsque nous sommes arrivés, j'ai vu Chris, le mari de Laura, tourner comme un lion en cage dans la salle d'attente. Les médecins l'ont fait sortir de la salle d'accouchement dès que les choses ont tourné au vinaigre.

Depuis plus d'une heure, il n'a eu de nouvelles ni de Laura, ni de leur fille. L'inquiétude se lit sur son visage. Pourquoi est-ce si long ? Le temps s'écoule toujours à une lenteur affolante dans ces circonstances.

Chris semble être à deux doigts de tourner de l'oeil. Je le plains sincèrement. Personne ne devrait subir ces situations et ce stress. Ce devrait être l'un des plus beaux jours de sa vie, pas une torture émotionnelle et mentale.

Je ne tiens plus en place, me lève et prends la direction des toilettes pour me passer un peu d'eau sur le visage. J'observe mon reflet dans le miroir, et me rends compte que j'ai les traits particulièrement tirés et des cernes si bleues qu'elles pourraient faire concurrence à la mer.

En passant la porte, je tombe nez à nez avec un torse dur et musclé. Deux mains se posent sur mes hanches, et je croise le regard de Matthew en redressant la tête.


- Tout va bien ? Tu es pâle.


Je soupire doucement.


- Non, ça ne va pas. Je me fais du soucis pour Laura, pour sa fille, et j'ai de la peine pour Chris qui est dans un tel état d'inquiétude qu'il va finir par en avoir des ulcères à l'estomac.


Matthew m'attire contre lui, m'enlace en me caressant doucement le dos, cherchant à être rassurant. Il m'embrasse le haut du crâne et murmure à mon oreille.


- Ne t'en fais pas. Les médecins savent ce qu'ils font, fais leur confiance.


Il a raison. Ce n'est pas comme si Laura était la première femme enceinte qui avait des complications durant son accouchement, mais c'est toujours différent lorsque c'est un de nos proches qui est concerné.


- Et si elle ne tenait pas le coup ?


Il attrape mon visage entre ses grandes mains, et plante ses yeux bleus et verts dans les miens.


- Elle est jeune et en bonne santé, elle tiendra le coup. Viens avec moi, on va demander des nouvelles à l'accueil.


Il fait glisser une de ses mains dans le bas de mon dos, et m'invite à le suivre.

Nous nous approchons d'un bureau circulaire en bois plaqué, et Matthew s'adresse à la ravissante jeune femme postée derrière.



- Bonsoir madame, pouvons-nous avoir des nouvelles de mademoiselle Rapebach, s'il vous plait ?


La jeune brune qui nous regardait par dessous ses cils, lève ses yeux marrons vers nous en entendant la voix de Matthew. Un étrange sourire étire ses lèvres et elle se met à papillonner.


- Je suis sincèrement désolée, mais nous n'avons pas d'informations supplémentaires à vous communiquer. Vous devez attendre qu'un médecin vienne vous voir.


Elle se redresse, et comme si je n'existais pas, se met à bomber le torse et cambrer les reins en prenant appuie sur son bureau. Sa posture me rappelle instantanément les conseils de Laura lorsqu'elle voulait que je séduise Harry en voyage d'affaire. Sauf que là c'est cette infirmière qui n'a visiblement pas froid aux yeux qui tente de mettre le grappin sur mon Matthew !


- Mais, si vous avez besoin de quoique ce soit d'autre, monsieur, n'hésitez pas à me faire signe. Ajoute t-elle en minaudant.


Pincez-moi, je rêve ! Je suis à deux doigts de lui jeter son agrafeuse en pleine tête. Comment ose t-elle draguer un homme alors qu'elle voit clairement qu'il n'est pas seul ? Je me mords la joue pour éviter de répondre à son audace, préférant laisser Matthew gérer cette situation.

Ce dernier me rapproche un peu plus de lui et resserre sa prise autour de ma taille.



- Merci mais c'était la seule chose que je voulais savoir. J'ai tout ce qu'il me faut. Ajoute t-il en embrassant ma tempe.


La brune me fixe d'un oeil mauvais, tandis que je lui adresse un regard des plus satisfaits. Ça lui apprendra à jouer les allumeuses en public !

Nous retournons nous asseoir et patientons sagement, mais toujours inquiets, qu'un médecin passe enfin cette porte pour venir nous donner des nouvelles de Laura.






Je sens qu'on me secoue légèrement, et j'ouvre un oeil. Je me suis endormie sur les genoux de Matthew, j'ignore combien de temps cela fait que nous sommes là. Lorsque j'aperçois la silhouette du médecin, je me redresse immédiatement. Il ne nous fait pas patienter longtemps, nos nerfs ont assez été mis à rude épreuve ces dernières heures.


- Madame Rapebach est en salle de réveille. Elle va bien et son bébé aussi.


Un souffle de soulagement de toutes les personnes présentes se fait entendre, le mien compris. J'ai eu réellement peur pour mon amie.


- Monsieur, elle va avoir besoin de beaucoup de repos. Je vous avertirai quand vous pourrez aller la voir.


Chris incline la tête, et remercie silencieusement le médecin.


- En attendant, vous pouvez venir rencontrer votre fille.


Les yeux du mari de Laura se mettent à pétiller et un sourire illumine son visage. Sans attendre son reste, il emboite le pas de l'homme à la blouse blanche.

Quelques minutes plus tard, nous avons le droit de venir voir le petit ange, au travers une vitre. Chris est dans la nurserie, nous montrant fièrement sa mini-Laura. J'ai même pu apercevoir une petite perle de bonheur rouler le long de sa joue. Je pense qu'il doit avoir hâte de pouvoir rentrer chez lui avec les deux femmes de sa vie ; ils passeront sans nul doute leur première nuit devant le landau à observer leur enfant, émerveillés.

Instinctivement, je porte ma main à mon ventre. Et dire qu'avant d'être sous nos yeux, ce petit bout de chou a passé neuf mois dans le ventre de sa maman. Je me demande bien quelle est la sensation que l'on ressent lorsqu'on porte la vie en soi. Ce doit être magique et merveilleux.

Ce soir, nous ne pouvons pas voir Laura. Elle ne s'est pas réveillée avant que les visites soient terminées. Nous laissons donc Chris avec sa fille et sa femme. Il n'a pas voulu nous dire le prénom qu'ils avaient choisi, souhaitant que Laura soit là le moment de la révélation venu. Je ne sais pas si l'équipe médical le laissera rester près de sa belle pour cette nuit, mais il est désormais rassuré de savoir qu'elle va bien et que leur fille est en bonne santé également.





J'observe Matthew conduire, calmement. Le tee-shirt qu'il a mis met parfaitement en évidence le tatouage qui orne son avant-bras gauche.


- Dis moi, il a une signification ton tatouage ?


Je vois ses doigts se crisper sur le volant. Je crois que j'ai touché un sujet sensible.


- Plus ou moins.


Je n'ose pas prononcer un mot de plus. Il jette un oeil dans ma direction, souffle doucement et poursuis.


- Plutôt plus que moins en fait. J'étais jeune et con, j'ai fais une connerie en restant avec ces mecs que je croyais être mes amis. Une très grosse connerie. Dit-il plus doucement. Je m'en suis vraiment voulu, et j'ai décidé de m'en faire tatouer la date. Pour moi, c'est une forme de point de départ pour ma rédemption.


Je l'observe, pensive.


- Quel genre de connerie ?


Mais il ne me répond pas. Gardant le regard figé sur la route. Le cuir du volant couine sous la pression qu'exerce ses mains et sa respiration se bloque.


- Nous sommes arrivés, Princesse.


Je tourne la tête et constate qu'effectivement, nous sommes chez lui. Je sais que je n'aurais pas ma réponse ce soir. Un autre jour peut-être, je ne veux pas le forcer à me révéler toute sa vie d'un coup. Il s'apprête à ouvrir sa portière quand j'attrape sa main pour le retenir et l'embrasse avec toute la passion que je ressens à son égard. Il prend mon visage en coupe et m'embrasse encore. Je passe ma main dans ses cheveux avec un petit sourire rêveur.


- Moi aussi, je t'aime Matthew.


Cela fait trois jours qu'il m'a dévoilé ses sentiments et ne m'a pas laissé le temps de lui dire ce que je ressentais pour lui à ce moment là. Comme s'il avait peur que ce ne soit pas réciproque. Mais il aurait dû me laisser parler.

Il comprend qu'il s'agit de ma réponse à sa déclaration de l'autre soir et vient planter des dizaines de baisers sur mes lèvres en souriant, tel un enfant le jour de son anniversaire. Notre baiser s'approfondit et devient de plus en plus pressant, mais on ne peut pas dire que le genre de véhicule qu'il possède permette d'avoir une place suffisante pour poursuivre notre étreinte. Le souffle court, nous sortons du véhicule et marchons en direction de la porte d'entrée.


- Toi, si je t'attrape ... Me menace t-il, joueur.


- Si tu m'attrapes ? Fais-je en entrant dans son manège tout en lui lançant un regard espiègle.


Alors qu'il me saisit par les hanches et me soulève vers le ciel pendant que nous rions sans retenue, des phares viennent nous éblouir.

Il me dépose au sol, et je place une main devant mes yeux pour voir qui arrive. Je reconnais instantanément la marque de la voiture. Le fameux taureau qui cabre. Les phares deviennent de plus en plus net et leur aspect graphique me fait comprendre qu'il s'agit de l'Aventador du soir de l'agression de Matthew. Ce dernier se place devant moi, cherchant à faire barrière pour me protéger.


Les feux s'éteignent et Gavin sort du côté conducteur tandis que deux hommes le rejoignent rapidement.


- Je ne pensais pas que tu aurais de la visite ce soir, Matthew.


J'arrive à percevoir les muscles du dos de mon protecteur se tendre à l'extrême tandis que Gavin se rapproche de nous.


- Je ne me souviens pas t'avoir invité non plus.


- Détend toi, on ne fait que passer. Dit-il en tapotant l'épaule de mon grand brun.


Son regard se porte sur moi, et un sourire malsain se dessine sur ses lèvres.

- Eden. Je suis ravi de te voir, tu es toujours aussi radieuse. Qui aurait cru qu'un jour Matthew ramènerait deux soirs de suite la même fille dans son lit ?



Cette question m'agace profondément et les toutous de Gavin se mettent à rire. Je lui adresse un regard mauvais et veux protester, mais le bras que Matthew glisse entre l'invité et moi me fait comprendre que je dois éviter. En jetant un oeil à sa main, un petit objet métallique y brille.


- Rentre, s'il te plait.


Son ton est presque implorant. Je ne veux pas qu'il ait encore des problèmes et il va vraiment falloir que nous discutions un jour ou l'autre de cette situation. Mais pour l'instant j'écoute ce qu'il me dit, consciente qu'il ne cherche qu'à me protéger et qu'il a plus d'expérience avec ces hommes que moi. Je me saisis de sa clé que je glisse dans la serrure, abaisse la poignée et serre les dents lorsque j'entends encore le son de la voix de Gavin.


- C'est bien Eden, brave petite.


- Tu lui fous la paix.


Je referme la porte, devenant aveugle de ce qui se trame dehors, mais la discussion continue de filtrer au travers l'huis.


- Que vois-je ? Serais-tu capable d'éprouver des sentiments ? Voilà qui risque de devenir intéressant.


- Si tu touches à un seul de ses cheveux ...


- Crois moi, ce n'est pas à ses cheveux que j'ai envie de toucher. Donc je te conseille très amicalement de faire ce que je te dis sans protester, ou ta petite chérie pourrait se retrouver dans une situation assez ... Inconfortable.


Il s'est amusé à accentuer certains mots de sa phrase de manière à leur donner une autre connotation et un frisson d'effroi me parcourt l'échine en comprenant sa phrase, lourde de sens.


- N'oublie pas, mon pote, que tu as toujours une dette envers moi.


Sa voix se fait de plus en plus lointaine. Le moteur de la voiture démarre, si bien que je n'entends plus ce qu'ils se disent. Génial, me voilà aveugle et sourde. S'ils faisaient du mal à Matthew ?

Je recule de quelques pas et bute contre un objet. Je suis dans le noir donc je tâtonne pour découvrir qu'il s'agit d'une chaise et décide de m'asseoir dessus, sous le choc de la situation.

Harry avait raison, Matthew risque de ne pas sortir tout de suite de ce sombre milieu. Je ne sais vraiment pas dans quoi je mets les pieds.


FIN DU TOME UN

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