Chapitre XXV

Je sens le soleil réchauffer ma peau. Mon épaule est toujours douloureuse, mais ma mère est aux petits soins pour moi. Les traces de griffure de Clémence ont presque toutes disparues. Cela me fait du bien de me retrouver à nouveau au sein de ma famille.

En arrivant, Mayson était de passage chez nos parents et m'a serré dans ses bras, j'étais tellement heureuse de le revoir. J'ai laissé les clés de mon appartement à Fanny pour qu'elle puisse retourner à New-York voir Henry, mais j'ai pris Chaussette avec moi ; je sais qu'elle aurait oublié de s'en occuper tellement elle est tête en l'air, et je suis beaucoup trop attachée à mon chien pour rester séparée de lui autant de temps, de toute façon.

J'ai vu mes parents le jour de mon retour, avant qu'ils ne partent en vacances. Ils ont été surpris en ouvrant la porte, me trouvant derrière. Tout comme Mayson, ils m'ont enlacés, tout en faisant attention de ne pas trop me presser à cause de la douleur de mon épaule, mais ils sont rentrés depuis trois jours.
Je me retrouve donc dans la grande maison californienne en bord de mer de mes parents, à me prélasser sur un transat, sur la plage.

Après le fiasco du repas chez les Crayton, je suis rentrée chez moi dans un état d'énervement tel que même mon chien n'a même pas osé venir me faire la fête. Je me suis exilée sous l'eau chaude de la douche qui m'a détendue si bien que je ne sentais presque plus mon épaule. Cela me faisait du bien. J'avais l'impression d'avoir été salis ce soir là, je devais me débarrasser de toutes ces marques et de cette sensation.

Ensuite, je me suis enfouie sous mes couvertures, me mettant en position foetale pour me consoler pendant que je m'effondrais. Le lendemain, je allée voir le médecin qui a conclu à une luxation de l'épaule et un traumatisme psychologique nécessitants un arrêt de travail, que j'ai déposé à Hector. Le pauvre homme n'a eu de cesse de s'excuser ; lui et Gloria se sentaient responsable de ma blessure. Je l'ai rassuré tant bien que mal en lui précisant que ce n'était en réalité la faute de personne, sinon moi lorsque j'avais voulu m'interposer. Enfin, ce n'est pas tout à fait la vérité, mais je préférais m'abstenir de tourmentée d'avantage mon patron qui a quand même tenu à me donner des jours de congés, en sus de ceux de l'arrêt travail.

J'ai croisé Clemence aussi. J'ai pu voir la marque que je lui ai laissé, on ne voyait que son œil au beurre noir ! Elle a détourné le regard et changé de direction en voyant le sourire satisfait que je lui lançais. Elle doit sûrement se sentir honteuse aussi d'avoir été trahie par Harry. D'ailleurs, je n'ai pas croisé ce dernier, à mon grand étonnement. Mais il a essayé plusieurs fois de me joindre. Il était presque implorant dans ses messages.

Matthew aussi a tenté de me contacter, il a même sonné à l'interphone de l'immeuble, mais a dû rebrousser chemin en comprenant que lui ouvrir ne faisait pas parti de mes intentions. Je ne pouvais plus rester. Je voulais m'éloigner, prendre du recul, mais ils faisaient tout pour m'en empêcher. Alors je me suis réfugiée chez mes parents, à la recherche de réconfort et de calme. J'ai passé de nombreuses soirées à pleurer à chaudes larmes, et contrairement à ce que j'ai toujours cru, les crèmes glacées ne sont d'aucun secours dans ce genre de situation. Je suis complètement perdue.

Cela fait maintenant neuf jours que je me suis exilée et je commence à me sentir plus stable émotionnellement. Je me dis que la solution à tous mes maux est peut-être tout simplement de tirer un trait sur les deux frères. Aussi séduisants sont-ils, ils ne méritent pas mes larmes et ont mis toute ma vie sans dessus-dessous. Je suis partie pour mon bien-être, et cette escapade me fait un peu penser à une phrase tirée d'un livre que je suis entrain de lire, sous ce soleil apaisant :

« Je partis dans les bois parce que je voulais vivre sans me hâter. Vivre intensément et sucer toute la moelle secrète de la vie. Et ne pas, quand viendra la vieillesse, découvrir que je n'avais pas vécu. » (1)

Si je veux vivre intensément, ne devrais-je pas justement profiter à fond de ma jeunesse ?

Alors que je suis en proie à mes réflexions, cachée derrière mes lunettes de soleil, une voix masculine m'interrompt.

- Le soleil est agréable ?

J'arque un sourcil, baissant les lunettes par la même occasion pour détailler mon interlocuteur.
Ce jeune homme est tout à fait charmant ! Un beau blond aux yeux bleus océan, large d'épaule et avec des plaquettes de chocolat qui ne risquent pas de fondre sous cette chaleur tant ils elles sont dessinées.

- Oui, merci, parviens-je à balbutier.

Sa façon de m'aborder me laisse sans voix. Que voulez-vous que je lui dise ? "Bonjour blondinet aux allures de Dieu Grecque, vous me montreriez bien votre char céleste ?"

- Vous surfez ?

Ce n'est que maintenant que je me rends compte qu'il tient une planche de surf entre son bras gauche et sa hanche. Je vois également un V superbement sculpté qui donne aux yeux la direction à suivre et ... Oups, je m'égare !

- Je n'ai jamais appris à en faire ...

Je me redresse sur ma chaise longue, glisse mes pieds dans le sable pour lui montrer que je suis intéressée par ce qu'il me dit. "Vivre intensément", ces mots me reviennent inlassablement en tête. Qu'est-ce qui me retient alors ? Rien du tout.

- Si cela vous tente, je peux vous apprendre.

Il m'adresse un sourire charmeur, à tomber.

- Ce serait avec plaisir, oui !

Il me tend sa main libre pour m'aider à me relever, je la saisis et lui fais face. Il ne m'a toujours pas lâché quand il reprend la parole.

- Je m'appelle Zac.

- Eden.

Je vois ses yeux passer de mes yeux à mes lèvres, ce qui me fait sourire. Au moins, ses intentions ont le mérite d'être claires.

- Ravie de faire votre connaissance, Eden ...

Je récupère enfin ma main, et m'apprête à lui répondre avec autant d'entrain, quand je suis coupé net par un bras qui enlace ma taille. Je sursaute face à ce contact.

- Je dérange ?

Zac dévisage le nouvel arrivant et son expression devient mauvaise. Son regard passe désormais du visage de l'homme en question, à son bras autour de moi, me questionnant du regard.

- Oui ! Lancé-je, tentant de me décoller de lui, en vain.

- Dommage, je ne compte pas m'en aller, ajoute t-il, défiant Zac.

Mais bordel, qu'est-ce qu'il fout là ?

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(1) : Le cercle des Poètes disparus, N-H. Kleinbaum

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