Chapitre XXIX

Mon père pose le sac de course qu'il tenait et me fixe. On dirait qu'il vient de voir un fantôme. Mon frère, quant à lui, se contente de nous dévisager, Matthew et moi.

J'ai l'impression d'avoir à nouveau quinze ans et de présenter mon premier petit copain à ma famille, en espérant qu'il leur plaise.
Ma mère devient euphorique, et explose littéralement de joie. J'espère qu'elle ne va pas nous demander quand est-ce qu'on compte lui faire des petits enfants.


- C'est votre voiture, dans l'allée ? Demande mon père, un peu sur la réserve.


- Oui, monsieur.


Je me tourne vers Matthew, stupéfaite. Quel ton solennel ! Je suis prête à parier qu'il est impressionné par cette rencontre, ce qui est surprenant venant de lui.
Je dois nous sortir de cet embarras.


- Je vais lui montrer où se trouve sa chambre, vous aurez tout le temps d'apprendre à le connaitre.


J'attrape Matthew par le bras, et le tire vers l'extérieur pour aller récupérer ses affaires dans sa voiture.
Une fois de l'autre côté de la porte d'entrée, il reprend la conversation.


- Tu ne comptes pas dormir avec ton petit ami ?


Il a sourire flambant. Je roule des yeux de manière exagérée pour me moquer de lui.


- Ah tu comptais dormir, toi ?


J'accompagne ma phrase d'un petit sourire mutin, et le sien s'élargit d'autant plus. Il s'approche de moi, m'enserre la taille pour me presser contre lui.


- Tu ne perds rien pour attendre ...


Puis il dépose une rivière de baisers dans le creux de mon cou et je ris de plus belle. Il attrape mon visage entre ses mains et m'embrasse avec avidité. J'en profite pour l'attirer un peu plus vers moi et caresser l'encre qui recouvre son corps. Ses mains viennent agripper mes fesses fortement, et je laisse un petit cri s'échapper.

Alors que notre baiser se fait de plus en plus enfiévré, nous entendons une portière de voiture se fermer juste à côté de nous. Nous tournons rapidement la tête et tombons nez à nez avec une BMW i8 noire hybride. À côté se tient la magnifique Gloria Crayton. Je vois Hector sortir du côté conducteur et une Mercedes SLA blanche fait également son apparition. Que font-ils ici ?
Matthew tient encore mes fesses à pleines mains devant ses parents et le conducteur du nouvel arrivant. Je me sens un peu gênée, mais Matthew ne me lâche pas pour autant. Pourtant il va bien falloir, je n'ai pas envie de me faire d'avantage peloter devant ses parents ! Je me sens quand même honteuse, Hector reste mon patron ... J'ai beau gigoter pour m'extirper de sa prise, rien n'y fait.
C'est à cet instant que je reconnais ses cheveux blonds sortir du véhicule.


Harry.


J'étouffe. Au secours. De l'air. À l'aide !
Il appuie son coude sur la portière de son véhicule tout en observant la scène qui se déroule sous ses yeux, un air très énervé qui ne le quitte pas. Ses yeux n'ont de cesse d'aller et venir entre Matthew et moi. Je me sens devenir plus rouge qu'une tomate cerise oubliée en plein soleil, sans eau, des jours durant !


- Matthew, tu peux lâcher ses fesses deux minutes pour qu'elle puisse au moins nous saluer ? Lance Harry, visiblement plus agacé que je ne le croyais.


Un sourire vil se dessine sur les lèvres du principal intéressé qui décide de renchérir aussi sec.


- Si je dois la lâcher deux minutes, accorde moi quelques instants.


Il se retourne, attrape finalement mon visage entre ses deux puissantes mains et prend pleinement possession de mes lèvres. Je suis littéralement choquée par la force, la passion et la conviction de son baiser alors que nous sommes toujours devant ses parents qui ne disent mots ! Et moi je suis là, les bras ballants, comme une pauvre sotte.
Lorsqu'il décolle son visage du mien, il plante un rapide et dernier baiser sur ma bouche, puis se détourne à nouveau vers son frère. Mes yeux sont aussi ronds que des soucoupes.


- Voilà, je la laisse deux petites minutes à présent ! Mais seulement deux ... Ajoute t-il plus bas à mon intention.


Je crois que tout le monde a clairement compris le message qu'il a voulu faire passer : je suis une chasse gardée.


- Mais pour qui tu te prends Matthew ?


- Pour son petit-ami, tu n'as qu'à demander à ses parents si tu ne me crois pas.


Harry claque violemment la portière de sa voiture sur laquelle il était encore appuyé, comme s'il tentait de se maintenir debout, et s'approche rapidement de nous, poings serrés.


- Hop hop hop, les garçons ! On se calme. Nous venons à peine d'arriver, vous n'allez quand même pas faire des vagues, si ?


Les deux hommes se jaugent tandis que les mots de leur mère semblent les apaiser, un peu. Je tente de mon mieux de détourner la conversation.


- Hector, Gloria, cela me fait plaisir de vous voir !


- Nous aussi ! Tes parents nous ont invité à venir passer le week-end chez vous. Tu sais, c'est grâce à toi si nous les revoyons, heureusement que tu es venue travailler dans le Cabinet de mon époux !


« Oui, quelle chance ! » Ironisé-je intérieurement, il est vrai que j'en suis ravie, mais la rencontre de ces deux hommes est plus que bouleversante. Ce séjour s'annonce vraiment très particulier ... J'angoisse.
J'attrape quelques sacs pour aider à débarrasser le coffre des voitures, puis me glisse comme une petite souris à l'intérieur de la maison.


Je dépose délicatement les affaires dans l'entrée et me rue dans la cuisine.


- Maman ! Pourquoi tu ne m'as pas dis qu'ils venaient ?


- Qui donc ? Me réponds t-elle, les yeux emprunts d'un grand étonnement.


- Les Crayton, mes patrons !


- Ah oui, c'est vrai ! J'avais oublié de te le dire ! Ils sont déjà là ?


Ma mère et son éternelle étourderie ... Heureusement qu'elle est mignonne comme ça et que je l'aime !


Je lève les yeux au ciel et retourne à l'extérieur pour continuer de donner mon aide au débarassage des affaires. Quand je franchis le seuil de la porte, je découvre Harry et Matthew en grande conversation, mais elle cesse aussitôt qu'ils me voient et se dirigent vers leurs coffres respectifs. Je me sens encore plus mal à l'aise maintenant.


- Hector, arrête de regarder les papillons, tu ne crois quand même pas que je vais tout faire toute seule, encore une fois ?


Gloria peut se montrer rudement sévère même si elle garde sa voix douce pour demander, non imposer à son mari de l'aider. Elle place ses mains sur ses hanches et incline la tête pour continuer à manifester son agacement. Même si elle ne parait pas très crédible dans sa petite robe à fleurs en soie et son air croquignolet, Hector s'exécute.
Ils sont vraiment très mignons ensemble, c'est touchant.


Je me penche dans le coffre de Matthew, tandis que ce dernier se trouve derrière moi, à attendre je ne sais trop quoi. Je comprends soudainement l'agacement de Gloria.
Je me tourne pour lui faire face, et croise les bras sur ma poitrine.


- Il y a un problème ?


- Non, non, j'appréciais tout simplement la vue.


J'esquisse un sourire en comprenant la référence aux deux petites montagnes qui me servent de fesses.
Il vient enfin se poster près de moi et attrape le dernier de ses sacs. J'en profite pour lui poser une petite question.


- Dis moi ... Il y a un problème avec Harry ?


J'ai conscience que ma phrase est mal tournée. Evidement qu'il y a un problème, c'est même moi l'origine de ces soucis depuis que je suis entrée dans leurs vies.


- J'ai des choses à régler avec mon frère, voilà tout.


Il me replace une mèche de cheveux en souriant et je n'insiste pas. Si il a quelque chose à dire à son frère, je n'ai pas à m'en mêler.
Matthew fait volte face et entre dans la maison. Comme j'ai encore les mains vides, je viens en aide à Harry qui est chargé comme un âne. Un de ses sac mal fermé vient s'écraser au sol, laissant s'échapper des vêtements. J'ai comme un goût de déjà-vu ...


- Attends, laisse moi t'aider !


Il me lance un des ses sourires taquin dont il a le secret.


- Heureusement que ce ne sont que des maillots de bain, tu imagines si ça avait été des sous-vêtements sexy ?


Touché. Je rougis immédiatement en comprenant la référence à notre nuit en France, quand ma valise comprenant tous mes dessous s'est ouverte sous le poids d'Harry.


- Oui, j'aurai pu être gênée, ajouté-je avec en arquant un sourcil.


Je décide d'en rire plutôt que de me laisser submerger par ce souvenir. J'ai présenté Matthew comme étant mon petit ami à mes parents, il est hors de question que je me laisse d'avantage troubler par son frère.


- Clemence ne se joint pas à nous ?


- Tu aurais voulu que ce soit le cas ? Rit-il de bon coeur.


- Non, mais maintenant que je connais la nature de votre relation, je m'attendais à la voir débarquer.


- Elle ne risque pas de venir, crois moi.


Je le regarde, perplexe. Je suis franchement heureuse qu'elle ne vienne pas. La situation est suffisamment gênante, pas besoin de rajouter une vipère au cocktail déjà explosif.


- Nous ne sommes plus ensembles.


Je garde le contact visuel sans dire mot. J'attends patiemment qu'il se décide à parler.


- Je te raconterai plus tard, si mon frère se décide à décoller ses mains de tes fesses.


Je souffle légèrement, et rentre directement à l'intérieur de la maison. Mes parents ainsi que Gloria et Hector sont déjà en grande conversation. Cela fait une éternité qu'ils ne se sont pas vu. Mayson discute avec Matthew et ont l'air de bien s'entendre.


- Bon, nous allons ranger les affaires, comme ça c'est fait et on en parle plus ! S'exclame ma mère, ravie. Eden, tu m'aides s'il te plait ? Hector et Gloria vont dans la chambre d'amis et le charmant petit Harry dans celle de Fanny qui est absente.


- Et mon frère ? Demande Harry, subitement inquiet.


- Enfin, Matthew est le petit ami d'Eden, nous ne voyons aucun problème à ce qu'il dorme avec elle, n'est-ce pas chéri ?


Mon père se contente d'un hochement de tête silencieux. Même s'il n'est pas emballé, il ne dira rien de plus, sachant pertinemment que je suis une grande fille. À la révélation de ma mère, Harry s'est déconfit et ses parents affichent un air surpris. Matthew quant à lui, aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau, m'enserre la taille et dépose un petit baiser sur ma tempe, comme pour marquer sa propriété face à son frère qui ne rate pas une miette.


- Nous sommes ravis de l'apprendre.


- Il n'y a pas photo, je préfère une belle fille comme Eden, qu'une comme Clemence ! Lâche Hector.


- Comme qui ? Demande mon père.


- La greluche d'Harry, ajoute Matthew.


- Ex greluche ! S'empresse de corriger le principal intéressé qui n'a pas cessé de me fixer depuis l'annonce de ma mère.


- Oui, bon, c'est pareil. Tu nous l'as ramené pendant un bon moment celle là. Elle était plus intéressée par l'argent et le statut que par mon fils. Ce n'était pas une femme pour lui.


Je suis étonnée de voir qu'Hector porte vraiment si peu d'affection pour cette femme, mais en même temps, la connaissant je suis plutôt heureuse que ce soit le cas.


- Soit. Le sujet est clos maintenant. Ajoute Harry, visiblement agacé.


Ma mère attrape quelques sacs et fait signe à tout le monde de la suivre à l'étage.


- Passe devant moi, murmure Matthew au creux de mon oreille, j'ai encore une vue à admirer.


Il me fait toujours autant rire avec ses petites remarques, mais je m'exécute. Harry monte après Matthew qui fait écran entre ses yeux et sa vue.
Vraiment, ce week-end s'annonce mouvementé ...


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Bonjour à tous ! 😊

Je tiens sincèrement à m'excuser pour l'absence de publication la semaine dernière ! Du coup je vous poste ce petit chapitre un peu plus tôt dans la journée pour me faire pardonner ! 😉

Je voulais également vous annoncer une grande nouvelle. Vous savez que la raison pour laquelle je suis parfois en retard dans mes publications de chapitres, c'est mes études. Aussi, j'ai appris cette semaine que j'ai validé mon deuxième semestre avec mention, je suis donc officiellement licenciée en droit ! J'attaque le Master en septembre ! 🎉

Voilà, j'avais très envie de partager cela avec vous !

Sinon, j'espère que la lecture de ce chapitre vous a plu, et je reviens très vite pour la publication du prochain chapitre ! Bisous à tous, et bonne journée !

Calypsote ♥️

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